Écrire en musique avec Poolside FM

Ce truc est le truc le plus mignon qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps.

MAIS REGARDEZ-MOI CETTE ESTHÉTIQUE CROQUIGNOLETTE D’APPLI MAC CLASSIQUE

Poolside FM, c’est à la base une radio avec un site proposant le rétro-design le plus fantastique du monde :

Moi, je suis littéralement love. Et donc, pool side, c’est une radio qui conviendrait parfaitement aux après-midi chaudes au bord de la piscine à Ibiza – idéal pour rêver à des étés un peu plus faciles que celui qui vient de s’écouler (mais qui reviendront) : de la house tropicale, baléarique, pour se passer une bonne petite musique d’ambiance lounge si c’est votre truc.

Pour l’écriture (parce qu’on ne va quand même pas écouter de la musique pour s’amuser ou même, horreur, pour danser, nous sommes des gens sérieux et poussiéreux ici), je vous recommande chaudement le canal Hangover Club (fantastique nom) qui va davantage vers le chill out et le downtempo, c’est donc moins agressif et plus textural pour écrire. Ça faire une bonne variation du canal Alpha Chill de focus@will (test du service), si vous voyez le genre.

Poolside FM est donc un site et aussi (surtout, dirais-je) une application gratuite sur le Mac App Store, what’s not to like ?

2020-09-12T20:04:51+02:00lundi 14 septembre 2020|Best Of, Décibels, Technique d'écriture|2 Commentaires

L’EW-System renaît de ses cendres ! (système de jeu de rôle libre et gratuit)

L’EW-System, c’est un chouette souvenir : aux alentours de 2005, nous fondions avec quelques joyeux compagnons une maison d’édition de jeu de rôle, Extraordinary Worlds Studio. À l’époque, le marché se cherche un peu : l’évolution des loisirs a laissé le jeu de rôle dans un entre-deux, les joueurs de la première heure ont grandi, ont souvent des familles, et donc moins de temps.

Avec EwS, nous nous proposons de répondre à cette situation avec des jeux de rôle fouillés, amusants, faciles à prendre en main, mais surtout prêts à l’emploi, sous un format hybride entre le livre et le magazine. Quatre numéros par gamme avec de nouvelles mécaniques, du background et des épisodes d’une campagne complète qui se construit d’épisode en épisode ; c’est ainsi que naît le premier de la gamme, Arkeos, qui mélange pulp, Indiana Jones et soupçon d’ésotérisme :

Couv. Mike

Suivront notamment Cirkus (emmené à l’époque par Jean-Laurent Del Socorro), Sovok (par Cédric Ferrand, dont le roman est sorti chez les Moutons Électriques) ainsi que des ouvrages indépendants (par Emily Tibbats). Olivier Trocklé est aussi rapidement devenu un pilier de l’équipe graphique. Beaucoup d’autres auteurs, intéressé•es par l’aventure EWS, sont venus apporter des contributions, notamment à l’aspect règles de jeu.

Car, qui dit jeu de rôle dit système. 2005, c’est aussi l’explosion du d20 System de Donjons et Dragons 3, et nous trouvons qu’un système sous licence libre est une excellente idée, mais qu’il est dommage qu’il n’en existe qu’un seul qui écrase pour ainsi dire tout. Les petits Frenchies que nous sommes nous attelons donc à concevoir notre propre système pour nous frotter au géant Wizards of the Coast (peur de rien, les mecs), résolument cinématique (limitant les jets de dé) et entièrement modulaire, de manière à greffer de nouvelles mécaniques en fonction des besoins des jeux, mais aussi pour que les joueurs construisent les leurs. L’EW-System est né.

Couv. El Théo

Fidèle à l’idée de licence libre, nous distribuons gratuitement l’EW-System sur le site à l’époque, ainsi qu’une version papier accompagnée de son écran vendue à prix modique. C’est assez fou, d’ailleurs, de voir que le mythique Casus Belli donne à l’époque 5 étoiles au système et lui prédit un bel avenir… 

Hélas, EwS cessera ses activités en raison de sombres histoires de promesses non tenues par des banques… Et l’EW-System disparaîtra d’Internet, même si j’en trouvais parfois des miroirs survivant aux années. De loin en loin, je recevais des mails me demandant des copies, mais n’étant pas le seul auteur du système, je ne pouvais prendre sur moi de diffuser l’ouvrage.

Et à présent, grâce au Rafiot Fringant, co-auteur et prodigieux directeur artistique (qui travaillait aussi sur Asphodale !), ancien des éditions Sans Détour (le look fantastique de leurs ouvrages, c’est à lui qu’ils le doivent), l’EW-System est à nouveau disponible en ligne, en téléchargement gratuit.

C’est par là que ça se passe, avec une autre rétrospective à lire chez lui quant à cette belle aventure. Et attention, c’est la version complète de chez complète : version « deluxe », écran, version « lite », tous les modules additionnels (armes, arts martiaux, livret de campagne…). Profitez-en !

2020-09-09T20:51:17+02:00jeudi 10 septembre 2020|À ne pas manquer, Geekeries|2 Commentaires

Écrire en musique : Ad Vitam

Ad Vitam, c’est une de ces rares séries de science-fiction française à exister, et en plus, elle n’est pas mal du tout. Sa bande originale, composée par HiTnRuN, lorgne clairement vers la synthwave tout en adoptant un son plus moderne et donc peut-être plus intemporel. Plutôt douce et atmosphérique par moments, elle peut apporter un fond agréable pour l’écriture, a fortiori évidemment quand on écrit de la dystopie ou du cyberpunk. Disponible sur YouTube ci-dessous et sinon sur tous les services de streaming (Apple Music / lien affilié). Morceaux recommandés : « Sunset » (le générique) et « Darius ».

2020-08-25T09:41:28+02:00jeudi 27 août 2020|Décibels, Technique d'écriture|7 Commentaires

Le lecteur RSS Reeder actuellement gratuit

Ah ben tiens, on en parlait lundi des flux RSS (pour mémoire, c’est vachement bien, reprenez le contrôle de votre information en-dehors des réseaux commerciaux) : Reeder, mon lecteur de flux RSS de choix (parce qu’il est simple mais quand même puissant, et se contente d’un achat unitaire au lieu d’un abonnement) est actuellement gratuit sur les App Store Mac et iOS. Pourquoi ? Comment ? Aucune idée (la dernière fois que Reeder était gratuit, c’était en prévision d’une nouvelle version), mais si vous voulez le récupérer et coupler ça avec un compte Feedly ou Inoreader, vous voilà idéalement équipé•e pour découvrir le merveilleux univers du RSS et ce pour pas un sou. (Sauf si vous devez acheter l’iPhone qui va avec, mais Feedly et Inoreader, par exemple, proposent leurs propres applications de lecture sur Android, sinon.)

➡️ iOS App Store

➡️ Mac App Store

2020-08-15T21:12:59+02:00mercredi 19 août 2020|Geekeries|Commentaires fermés sur Le lecteur RSS Reeder actuellement gratuit

Reprenez le contrôle de votre information avec les flux RSS

Donc, j’ai récemment quitté les réseaux commerciaux, redécouvrant il y a quelques années le plaisir de contrôler mon information, mes sources, mes intérêts au lieu d’avoir Facebook et Twitter qui cherchent à me faire réagir parce que « machin a liké ça » et « truc a commenté ceci ». Pour mémoire, ce que vous montrent les réseaux n’est pas calibré sur ce qui vous intéresse, mais sur ce qui vous fera réagir ; le but de ces entreprises, c’est de vous conserver le plus longtemps possible sur leur plate-forme, afin de vous montrer de la publicité.

Heureusement, il existe une meilleure manière de faire. En fait, elle existe depuis très, très longtemps, faisant partie des premières technologies du web : le RSS (pour Really Simple Syndication) est un protocole âgé de plus de vingt ans, mais toujours bien vivace, qui permet de suivre les sources d’information et les sites que l’on choisit, sans aucun autre algorithme que son libre arbitre et son goût personnel.

Le principe du RSS

C’est tout simple. Un site (comme celui-ci même, fantastique et merveilleux) propose un flux compatible. Tous les sites de bon goût, surtout de nos jours, en sont équipés.

L’utilisateur (c’est vous, c’est moi, c’est nous) s’abonne avec un service compatible, un « agrégateur de flux », qui garde la trace de tous les sites auxquels il ou elle s’est abonné.

Dorénavant, chaque mise à jour de tous les sites auxquels on s’est abonné apparaît dans l’agrégateur. Dès lors, il est possible de lire l’article si ça semble prometteur, de l’écarter dans le cas contraire, de l’exporter ailleurs pour le lire plus à son aise, etc. Car le RSS est un protocole standard.

Évidemment, tous les abonnements (tous les « flux » auxquels on s’est abonné) peuvent être organisés et classés comme on le souhaite : pour ma part, j’ai par exemple un dossier pour les actualités technologiques, un dossier pour les actualités littéraires, un dossier pour les blogs des copains, un dossier pour les sites débiles qui vident agréablement le cerveau, etc.

Une beauté de la chose est que tous les articles publiés ainsi sur les flux ont une date d’expiration : vous ne serez jamais submergé•e par 12000 mises à jour non lues, car les vieilleries disparaissent automatiquement (après un délai raisonnable, fixé en moyenne à 30 jours).

En gros : ça se consulte comme Twitter, mais avec vos sources, vos décisions, et sans personne qui vous engueule.

Comment ça marche ?

Eh bien, Jérôme Bonaldi1, c’est très simple. Certains navigateurs, comme Firefox, proposent une implémentation rudimentaire du RSS, mais je recommanderais, pour être à l’aise et apprécier la chose, de s’inscrire à un vrai agrégateur offrant moult avantages et fonctionnalités confortables pour bien profiter de l’expérience. Voici ce dont vous aurez besoin :

  1. Vous inscrire à un agrégateur de flux RSS (nécessaire, mais gratuit)
  2. Un chouette lecteur de flux (optionnel, payant, mais confortable)

L’agrégateur est donc la plate-forme qui collationnera tous vos abonnements, les ordonnera selon vos goûts, et interrogera les sites pour vous. Il fournira ensuite ces données selon une forme (assez) standard, lisible dans une application compatible. Mais comme les choses sont plutôt bien faites, la plupart des agrégrateurs fournissent aussi un environnement de lecture intégré, donc l’étape 2. n’est pas nécessaire en toute rigueur.

Le service gratuit le plus populaire dans ce domaine est Feedly. Le compte gratuit de base est extrêmement généreux (100 abonnements inclus), et l’agrégateur fournit des applications de lecture sur presque toutes les plate-formes. Si vous découvrez le système et voulez commencer à jouer avec, c’est le point de départ idéal.

Commencez par vous inscrire :

➡️ https://feedly.com/i/welcome

Et ajoutez par exemple votre premier flux, trop génial par essence :

➡️ https://lioneldavoust.com/feed

Vous consultez compulsivement des sites à la recherche de leurs nouvelles actualités ? Mettez-les dans Feedly. C’est exactement pour cela que ça a été conçu. Vous êtes à l’affût d’infos sur ce groupe moldovalaque qui produit un single tous les cinq ans ? Idem. Toutes les mises à jour se retrouvent au même endroit sans avoir à chercher partout.

Petite astuce : les flux des sites se trouvent en général toujours à la même adresse : http://nom-de-domaine.com/feed ou /rss. Et le plus simple, évidemment, consiste à rechercher l’icône du RSS sur le site d’intérêt (ci-contre) et cliquer dessus.

Passer power user

Maintenant, si l’on veut aller plus loin, le RSS un outil que l’on peut pousser et personnaliser de manière extrêmement puissante, jusqu’à construire une veille poussée, quel que soit le domaine. Feedly et ses concurrents (j’utilise pour ma part Inoreader) proposent tous des paliers d’abonnement payants (mais restant raisonnables à l’année) ajoutant quantité de fonctionnalités très puissantes. Par exemple, mon abonnement à Inoreader me donne, entre autres :

  • La possibilité de programmer des recherches automatiques de termes sur tous mes abonnements (si je surveille un sujet ou un produit précis, par exemple) ;
  • La possibilité de brancher des sites dans l’agrégateur même s’ils ne sont pas compatibles RSS ; il est ainsi possible de suivre des comptes Twitter de l’extérieur sans être membre de Twitter soi-même (intéressant pour les sites d’information… et les photos de chats) ;
  • La possibilité de renvoyer ses newsletters à son agrégateur, pour éviter d’encombrer sa boîte mail et centraliser davantage les informations qu’on survole ;

Et j’en passe.

L’autre possibilité pour améliorer son expérience, évoquée plus haut, consiste à utiliser un lecteur de flux dédié, qui offre un confort de lecture souvent meilleur que les applications des agrégateurs (dont ce n’est pas la priorité : leur priorité, ce sont les fonctionnalités de veille). Cherchez « RSS reader » dans votre App Store préféré et vous tomberez sur des dizaines d’applications compatibles.

Pour ma part, sous iOS et macOS, j’utilise Reeder, qui n’est pas la plus puissante ni la plus jolie, mais elle offre l’énorme avantage de ne pas avoir succombé aux sirènes de l’abonnement. Pour un achat unique sur Mac et iOS, j’ai une application robuste, raisonnablement puissante et agréable qui me permet de consulter mes flux sur n’importe laquelle de mes plate-formes avec des repères identiques. Comme on dit au Québec, ça fait la job, et ça la fait bien.

Révoooolte

En ces temps où il est avéré que les réseaux monétisent nos données et manipulent l’opinion, et où, surtout, on se colle la rate au court-bouillon avec des inconnus pour une virgule de travers, les flux RSS offrent un merveilleux espace de silence et de libre-arbitre. Personne ne consulte à quoi vous vous abonnez et vous conservez le total contrôle de votre information. En résumé, le RSS, c’est le même plaisir de silence et d’espace mental que lire un bon livre, adapté au web.

  1. Pfiou le vieux.
2020-08-12T21:41:44+02:00lundi 17 août 2020|Best Of, Geekeries|7 Commentaires

Il faut que je vous parle d’Alfred

Auguste lectorat, cela fait un moment que je me dis qu’il me faut absolument parler de l’application qui à elle seule (bon, pas forcément, y a aussi OmniFocus, DEVONthink, Hazel…) me rend incapable de me rasseoir devant une machine Windows. Le petit bout de logiciel qui me donne l’impression d’avoir des superpouvoirs informatiques comme ces hackers d’Hollywood qui piratent des vaisseaux spatiaux rien qu’en tapant très très vite sur des touches.

Qu’est-ce qu’Alfred ? C’est Spotlight sous stéroïdes.

Qu’est-ce que Spotlight ? OK, on rembobine.

Sur Mac, commande-espace permet d’invoquer Spotlight : un petit champ de texte tout bête accessible de n’importe où qui permet de chercher des documents, des dossiers, et de lancer des applications d’un petit coup de clavier. Genre

Avec fraute de fappe intégrée, zéro souci

Déjà, c’est cool. Ben Alfred, c’est ça en douze mille fois mieux.

Alfred permet comme Spotlight de chercher des documents et de lancer des applications sans toucher la souris. Mais il permet aussi et surtout de commander littéralement son ordinateur pour faire tout et n’importe quoi, simplement en ajoutant des mots-clés, à la manière de commandes. Par exemple :

Effectuer une recherche Internet sur le moteur de son choix.

J’ai évidemment choisi les moteurs de la liste.

Effectuer une recherche Internet personnalisée littéralement sur le site que l’on veut, avec une commande définie par l’utilisateur.

On reconnaîtra deux classiques, que j’ai défini moi-même dans mes préférences en deux clics. Le plus long a été de trouver les images pour aller avec.

Donner les commandes de base à son ordinateur : veille, économiseur d’écran, redémarrage, verrouillage etc.

Mais surtout, c’est là que ça devient incroyable : Alfred peut, moyennant l’achat du « Powerpack », lancer de véritables programmes conçus par la communauté pour commander des applications ou réaliser des opérations complexes. Il y a un répertoire de presque 1500 workflows (!) pour à peu près toutes les applications de la Terre, et si vous ne trouvez pas votre bonheur, rien ne vous empêche de coder le vôtre. Alfred fait à peu près tout, sauf le café, et encore, je suis sûr qu’il peut lancer un ordre à une cafetière connectée.

Par exemple… 

Conversion d’unités à la volée – inestimable en traduction.
Créer des feuilles dans Ulysses, ou rechercher dans ses textes.
Piloter sa bibliothèque musicale.
Accéder immédiatement à ses contacts.
Générer un lorem ipsum !

Et mon préféré, qui me sert des dizaines de fois par jour :

Faire une recherche dans Antidote.

Tout ceci n’est qu’un aperçu de toute la puissance d’Alfred ; si vous possédez un Mac et que vous avez envie de passer au degré de maîtrise supérieur, c’est une application littéralement indispensable. Le tout pour… rien.

Alfred en version de base est gratuit. Oui, oui. Le Powerpack est payant, mais c’est un achat unique, pas d’abonnement, pas de fil à la patte, et il est même possible d’acheter une formule avec mises à jour à vie pour 45 livres. Et il le vaut bien.

Comment commencer à apprivoiser Alfred ? C’est très simple.

  • Commencez par les fonctionnalités de base. Apprivoisez les recherches sur les sites, les commandes pour piloter la musique, les fonctions système en vous baladant dans les préférences de l’application (accessibles directement depuis Alfred avec le mot-clé « Alfred preferences »).
  • Une fois que ça vous a donné faim, achetez le Powerpack et direction Packal.org. Entrez dans le champ de recherche le nom des applications dont vous vous servez régulièrement. Et voyez ce qui s’offre à vous en termes d’automatisations, de commandes, de recherches. Ajoutez-en petit à petit, et voyez vos superpouvoirs s’étendre.

Alfred va figurer dans la boîte à outils de l’écrivain parce que c’est réellement un outil de productivité indispensable dès qu’on commence à le creuser. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2020-07-20T09:14:31+02:00mercredi 22 juillet 2020|Best Of, Geekeries|3 Commentaires

Journey est un classique du jeu vidéo poétique

Donc 8 ans après sa sortie, j’ai enfin fait Journey, l’ancêtre de Gris, que j’avais adoré ( https://tinyurl.com/vbhxzuj ).

Splendide aventure brève mais intense, poétique et hautement recommandée (mais attention, ça peut secouer, à vous de voir si c’est bien le bon moment).

2020-03-22T11:07:54+01:00jeudi 26 mars 2020|Brèves, Geekeries|Commentaires fermés sur Journey est un classique du jeu vidéo poétique

Quelques séries TV d’imaginaire françaises récentes

À la Worldcon, j’ai eu l’honneur d’être invité à participer à une table ronde sur les séries télé d’imaginaire étrangères, et donc, étant le Français de service, sur les séries françaises.

Ce à quoi j’avoue que ma première réaction a été : « heu, on en a ? »

Médisance ! Mauvaise langue ! Oui, on en a (surtout grâce aux efforts de Canal+ et d’Arte, qui produit depuis plusieurs années des mini-séries de SF – vous avez peut-être entendu parler notamment de Trepalium). Et donc, je m’étais tapé un marathon de séries d’imaginaire françaises récentes pour me distraire de mon plus gros marathon (entamé en avril 2018 : me taper toutes les séries Marvel Netflix dans l’ordre, j’ai bientôt fini, mais ça n’en finit pas de finir, bientôt je vous dirai quoi penser, car j’ai forcément raison).

Alors, que trouve-t-on comme productions relativement méconnues, comparées aux rouleaux compresseurs américains ? Petit tour d’horizon d’une sélection un peu aléatoire, remontant sur les dernières années, en mode vignettes et avis rapides pour partager ce qui pourrait être intéressant ou pas1. Beaucoup ont évidemment déjà parlé de ces séries à leurs sorties, l’idée ici est seulement de partager ma session de rattrapage, si vous les avez ratées comme moi à l’époque.

Osmosis (SF)

Production : Netflix.

Le pitch : Présenté comme le Black Mirror français. Dans un futur proche, une startup française mêle la technologie des réseaux commerciaux à l’intelligence artificielle pour concevoir un implant neuronal assurant de trouver l’âme-sœur.

Ça vaut le coup ? L’idée de base est excellente, il y a des développements et arguments qui pouvaient être riches de réflexions (humanisme contre transhumanisme), mais le tout est gâché par une implémentation hasardeuse du concept (l’amour semble ici exclusivement fondé sur le physique, ce qui est absurde) et surtout par un scénario cousu d’invraisemblances, des acteurs très insuffisants et une « chute » qui ne peut plus être originale dans la SF du XXIe siècle. Je n’en garde qu’une petite tendresse pour Hugo Becker qui campe un substitut de Steve Jobs pas inintéressant. Ne pas y aller.

Ad Vitam (SF)

Production : Arte.

Le pitch : L’humanité a déjoué la vieillesse : dans un futur proche, tout le monde peut se régénérer à partir de 30 ans et connaître ainsi la jeunesse éternelle. Un flic centenaire enquête sur une vague de suicides de jeunes qui semble être un acte de protestation contre le système.

Ça vaut le coup ? L’idée est simple mais bien explorée à travers une intrigue relativement concentrée (l’enquête policière), le scénario n’est pas démonstratif ni verbeux mais laisse son univers s’établir et respirer, les acteurs sont solides. La fin pourra peut-être laisser un peu indécis – elle me semble là un peu manquer son impact par un discours trop elliptique – mais si l’on n’attend pas une chute en forme de coup de poing, il y a de quoi beaucoup réfléchir dans cet univers jeune et apparence, mais vieux dans sa tête. Si la thématique vous parle, oui, allez-y.

Les Revenants (fantastique)

Production : Canal+.

Le pitch : Dans un petit village de montagne dominé par un barrage hydroélectrique, les morts reviennent à la vie sans aucun souvenir de leur disparition. Des familles brisées se ressoudent tant bien que mal autour du retour d’un enfant mort, des conjoints pleurant des amours disparus les voient revenir, la vie du village est bouleversée et les réactions se polarisent.

Ça vaut le coup ? Les Revenants fait un tragique grand écart entre une saison 1 de haute tenue (pour peu qu’on accepte un rythme lent, très psychologique) et une saison 2 beaucoup plus bancale. Les personnages sont riches et bien campés ; la multiplicité des points de vue est maîtrisée ; les nombreuses intrigues ont toutes quelque chose à dire ; l’idée est explorée dans toutes ses ramifications et la série joue intelligemment en filigrane avec certains codes de l’horreur. Hélas, le scénario laisse entendre depuis le début qu’il va quelque part, sauf que pas vraiment. La saison 2 flirte avec quelques clichés et se termine sans les révélations qu’on attendait et avec une mystique qui n’est pas à la hauteur de tout ce qui a précédé. Si l’on aime les intrigues familiales et les ambiances de villages en huis-clos, on y trouvera son compte, mais il faudra préférer le voyage à la destination.

Transferts (SF)

Production : Arte.

Le pitch : Dans un futur proche (encore…) la technologie permet de transférer l’intégralité d’un esprit d’un corps à un autre. Un père de famille plongé dans le coma depuis des années se retrouve dans le corps d’un capitaine de la brigade spéciale justement chargée de traquer et surveiller ces « transférés ». Il doit apprendre à naviguer dans un monde qu’il ne reconnaît plus en protégeant sa véritable identité pour espérer retrouver son ancienne vie et sa famille.

Ça vaut le coup2 ? Transferts est juste assez foutraque, avec des idées dans tous les sens, une Église catholique qui retrouve son ascendant sur la société, une brigade spéciale littéralement fasciste et un personnage central complètement paumé quant à ce qui lui arrive pour que ça marche. Certaines ficelles de l’histoire sont vraiment grosses, mais il y a des idées de personnages brillantes dans un univers cohérent et bien exploité, vu à travers son relatif loser de héros qui ne sait plus du tout où il en est, et l’équilibre entre idéalisme et cynisme est ménagé de façon intéressante. Il devait y avoir une saison 2 qui ne verra probablement jamais le jour, aussi certains coups de théâtre lancés dans le dernier quart d’heure de la saison 1 ne connaîtront pas de réponse, mais en-dehors de cela, les intrigues principales sont bouclées. C’est suffisamment singulier pour vraiment valoir le coup de se lancer.

Le Secret d’Élise (fantastique)

Production : TF1 (là je triche un peu pour la France, Le Secret d’Élise étant fondé sur un concept américain, qui a donné également Marchlands en Grande-Bretagne).

Le pitch : Tout s’organise autour de l’histoire parallèle de trois familles ayant vécu à trois époques différentes dans la même maison, en 1969, 1985 et 2015. Un drame ayant eu lieu en 1969 a des répercussions sur toutes les époques, jusqu’à la découverte de la vérité.

Ça vaut le coup ? Le Secret d’Élise ne révolutionne rien, mais a visiblement fait ses devoirs et étudié les tropes pour s’en servir avec une intelligence. La série est davantage une saga familiale qu’un récit de fantastique (même s’il est fondamental au déroulement) et l’histoire est archi-classique, mais la production est absolument irréprochable. Les trois époques prennent vie à travers un intelligent jeu de décors et de colorimétrie et on se prend à s’émouvoir des drames familiaux traversés aux trois époques. C’est très classique, mais c’est exécuté avec intelligence et cœur, et donc – à condition d’être sensible au format de la saga familiale et de ne pas chercher un fantastique très poussé – cela fonctionne très bien.

Trepalium (SF)

Production : Arte.

Le pitch : Dans un monde dévolu toujours davantage à l’hypercapitalisme, le chômage atteint les 80%. Les « actifs » sont littéralement esclaves de leur entreprise et se livrent une guerre incessante de performance et de productivité, au sein d’une ville située derrière un mur qui les sépare d’une immense « zone », où sont relégués ceux qui n’ont plus rien et se battent pour survivre.

Ça vaut le coup ? Trepalium oscille sans arrêt entre le brillant et l’horripilant. La série semble très consciente qu’elle descend d’une certain archétype de l’âge d’or de la SF qui mettait davantage l’accent sur une idée, souvent à travers l’opposition entre une élite déshumanisée et une foule déshéritée, et lui rend d’innombrables hommages. Les inspirations art nouveau, la technologie bizarrement rétro, l’architecture et les costumes donnent à l’ensemble une patte graphique extrêmement réussie. Malheureusement, Trepalium tient beaucoup trop à son discours de dénonciation politique du productivisme pour laisser la place à ses personnages d’exister par eux-mêmes, à son scénario de reposer sur des piliers solides… et à son spectateur de s’investir dans le récit. L’impression d’assister à un prêche domine : l’industrie c’est mal, le travail c’est l’esclavage, l’ambition rend fou, le fanatisme vous coupera des vôtres – s’adresser avec davantage de subtilité à l’intelligence du spectateur, au lieu de lui marteler ce qu’il est censé penser, aurait probablement mieux servi le propos. À mon sens, le traitement de Trepalium est hélas trop léger pour pouvoir recommander la série sans hésiter.

  1. Je laisse évidemment de côté Kaamelott, d’une part parce que tout le monde connaît, et d’autre part parce que la licence génère pour ainsi dire sa propre catégorie : c’est génial.
  2. Donc oui, ca peut rappeler Carbone modifié, mais en uniquement en surface : à l’existence du transfert près, on pourrait tout à fait se trouver en 2019.
2019-09-23T14:59:34+02:00lundi 23 septembre 2019|Fiction|6 Commentaires
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