Un petit service tout simple pour arrêter de se perdre sur YouTube

MAIS OUI.

Il y a quand même un truc chouette dans l’économie numérique (PAS DIGITALE, digitale c’est les doigts, ou bien une plante toxique, si vous parlez d’économie digitale, que vous le vouliez ou non, dans un cas comme dans l’autre, vous avez une optique très particulière pour vos clients), c’est que de petites boîtes se créent sans cesse pour répondre à des besoins tout simples, dont tu te dis : « COMMENT AI-JE FAIT SANS ». C’est un peu le chausse-pied ou le gratteur de dos du XXIe siècle, quoi.

Le problème : tu te perds sur YouTube sans cesse parce que son terrifiant, diabolique algorithme de recommandation te montre plein de vidéos chouettes dans la barre latérale qui attirent ton cerveau reptilien (c’est-à-dire, celui qui conspire contre toi, c’est écrit dessus, c’est reptilien. Demain, on parlera du cerveau Illuminati). Dans le meilleur des cas, tu termines avec trouze bazillions d’onglets Internet ouverts avec des vidéos que tu ne regarderas jamais PARCE QUE TU N’AS PAS LE TEMPS EN FAIT et tu te sens coupable, coupable, shame.

La solution : collationner toutes ces vidéos dans un trou noir, euh, dans un service fait exprès pour les collecter et te les rendre disponibles plus tard. Un jour. Peut-être. Genre, comme Instapaper ou Pocket, mais pour les vidéos. Tu peux dorénavant cliquer comme un taré sur toutes ces vidéos que tu ne regarderas jamais mais, tu le fais avec bonne conscience.

OK, en fait, inventer le chausse-pied était peut-être un peu plus haut sur la liste des priorités de la civilisation.

Non mais sérieusement, en fait : les concepteurs de Vookmark (parce que c’est ainsi que ça s’appelle) sont des malins. Ils ont compris qu’ils traitaient de vidéo, et ont donc des applications disponibles sur à peu près toutes les plate-formes reliées à un écran, soit, pas spécialement l’ordinateur, mais plutôt la télé. Tu as une télé Android (désolé) ou une Apple TV (bravo), tu as une application Vookmark dessus, et la prochaine fois, plutôt que d’ouvrir YouTube ou Netflix, tu pourras te plonger dans ce didacticiel de moldovalaque ou cette retransmission de l’Assemblée Nationale que tu voulais absolument regarder pour t’éduquer.

NAAAAAN on sait bien que tu vas regarder des comparatifs de l’Enterprise au fil des âges et l’intégrale de Message à caractère informatif, mais je comprends, vois-tu, je comprends.

Ça marche super simplement. Tu ouvres un compte, tu installes l’extension pour ton navigateur, l’application pour ton appareil mobile, et zou. Dès que tu vois une vidéo, tu la balances à Vookmark (ça fonctionne avec YouTube, Reddit, Facebook, Vimeo, Dailymotion HAHAHA pardon HAHA Dailymotion), comme tu le ferais avec Instapaper et Pocket, et la prochaine fois que tu poses ton sympathique postérieur sur ton canapé moelleux (tu peux inverser les adjectifs si tu le souhaites), toutes tes vidéos de dressage de chats et le Star Wars Christmas Special seront là à t’attendre.

Vookmark est gratuit et financé par la pub, mais on peut payer un abonnement d’une dizaine d’euros par an pour soutenir le développement, virer la pub et gagner quelques fonctionnalités supplémentaires. J’ai vite craché au bassinet, parce qu’en l’espace de quelques semaines, le service est devenu aussi indispensable à ma veille et à ma vie sur Internet que Pocket ou les flux RSS.

2020-07-11T09:21:18+02:00mercredi 13 mars 2019|Geekeries|Commentaires fermés sur Un petit service tout simple pour arrêter de se perdre sur YouTube

Allez quoi, c’est pas si mal, Iron Fist

Best moment de la série ever.

Attention divulgâchage, on va potentiellement basher, donc ne pas lire si vous n’avez pas vu au moins jusqu’à la saison 1 de The Defenders.

Je suis ultra déçu, auguste lectorat. Je boude, je te fais la tête. Quand on a discuté des séries Marvel sur Netflix, tu m’as promis tes grands dieux qu’Iron Fist était une bouse sans nom, une purge aussi ridicule qu’insupportable. Étant lancé dans le projet insolite de me taper toutes ces séries dans l’ordre avant leur possible retrait de Netflix au service du nouveau service (heu, répétition, pardon aux Antidotes) de streaming créé par Disney, je devais forcément y arriver, après m’être enfilé (métaphoriquement, hein, ça va quoi) Daredevil (pas mal), Jessica Jones (brillant) et Luke Cage (WTF sur les bords), venait, oui, le fatidique Iron Fist et, bordel, j’avais hâte ! J’aiguisais déjà mes popcorns en me réjouissant d’un séance nanardesque en riant cruellement, car je suis comme ça, quand je suis tout seul et que personne ne me regarde.

Eh bah je suis ultra déçu, parce que j’ai pas trouvé ça aussi mauvais qu’on me l’avait promis. Alors oui, c’est sûr, la série présente beaucoup de problèmes d’écriture, de caractérisation et de thèmes. Oui, c’est assurément la plus faible des quatre. Oui, on va dire ce qui ne va pas, ne partez pas, je vous sais méchants.

Mais commençons par nous opposer (parce que je dis « nous » parce que je suis royal, c’est comme ça) à la critique la plus fréquente adressée à cette série : le personnage de Danny Rand, supposément débile comme un clou, insupportable et mal campé. Objection, Votre Honneur, disait Matt Murdock un soir qu’il remplaçait Phoenix Wright parti chez son coiffeur. Danny Rand est certes totalement inadapté au monde moderne, mais le personnage tient (à peu près) debout narrativement, en tout cas dans les premiers épisodes de la série. Il débarque d’un monastère avec un iPod première génération (THE HORROR) en étant resté figé à dix ans d’âge et un syndrome de l’abandon gros comme le complexe de Midland Circle. On peut trouver ça gonflant en fonction de ses goûts personnels, mais moi je dis : ça tient debout, ou du moins, c’est pas plus mal écrit que Mariah ou surtout Diamondback (bordel, Diamondback) dans Luke Cage, et si on a toléré les deux premiers, moi je dis, car je dis beaucoup : tu dois pouvoir accepter Danny Rand comme il est, c’est-à-dire tout bancal dedans.

Alors par contre, oui, Iron Fist (j’ai l’esprit mal tourné de ne pas pouvoir écrire ce titre ce série sans grimacer à l’intérieur ?) a trois problèmes principaux, mais bon, si tu sais ce que tu achètes, une série basée sur un comics très grand public, donc avec les ressorts du média d’origine, tu ne peux pas décemment grogner pour deux d’entre eux, ou alors uniquement si tu veux lancer une manif’ pour que tout soit du niveau de Jessica Jones (brillant, superbement écrit, intelligemment symbolique, mais on en parlera peut-être un autre jour) et là je suis d’accord avec toi, mec ou nana, mais en même temps c’est pas la même dialectique, en fait. Bref : on est dans la tradition hollywoodienne très grand public.

Donc, les ressorts : l’écriture, le scénario, le traitement (les thèmes).

L’écriture. Bon, c’est pas compliqué, Danny Rand a visiblement trois phrases à son répertoire : « I’m fine », « We need to attack now », « We’re running out of time ». C’est presque risible quand on passe à The Defenders, ou au début, chaque personnage paraît directement découpé de son univers / série d’origine : Murdock, Cage et Jones sont égaux à eux-mêmes voire meilleurs, mais tu vois Danny Rand, et là tu ne peux que te dire : « wouah, mon pauvre, t’es toujours aussi mal écrit, toi ». Mais après, tu te rappelles ce que tu regardes : une série fondée sur un comics très grand public, et est-ce que tu peux en vouloir au média de s’exprimer ainsi ? Y a un méchant, faut aller le tataner, vite parce que New York est en danger. On est dans une situation finalement assez paradoxale et agréable : certaines productions dérivées de comics nous ont habitués à une vraie qualité dépassant les attentes (le premier Iron ManJessica Jones) et forcément, maintenant, on en veut davantage. Eeeeh ouais. C’est assurément une bonne chose. Mais quand l’écriture est « seulement » fidèle à des récits vieux de plusieurs décennies et originellement plutôt destinés à un public adolescent, du coup ça dépare un peu. Problème de narration ou de structure ? Je laisse le jury décider.

Le scénario. Manquerait pas grand-chose, mais les méchants de cet univers, Madame Gao et Bakuto en tête, paraissent un peu parachutés dans tous les sens juste pour donner l’opposition nécessaire au gentil du moment, et amener le coup de théâtre qui va bien pour sauver la situation / la retourner / donner l’information cruciale (rayez la mention inutile). Madame Gao n’aime pas Nobu. Nobu fait partie de The Hand. Attendez, Gao aussi. Ah bon ? Bakuto est chelou, mais bon, il a l’air sympa. Il emprisonne Gao. Donc c’est un copain. Attends, il est de The Hand aussi ? Et ils veulent quoi, en vrai ? Distribuer de la came ? Pour faire des sous ? DANS QUEL BUT ? Et tout ça passe sans rétribution autre que des menaces vagues (dans The Defenders, on apprend qu’ils passent leur vie à s’assassiner mutuellement, faut bien passer le temps quand on est immortel, j’imagine). Comment cette organisation a-t-elle tenu aussi longtemps avec tant de rivalités ? Mais là aussi, on est dans les règles du genre : les méchants sont tellement méchants qu’ils préfèrent céder à la méchanceté qu’à l’intelligence. Ça tient un peu du grand-guignolesque à la longue – une série comme Alias, qui jouait de ces ficelles PLUSIEURS FOIS par épisode, s’en moquait tellement à force que c’en était réjouissant et méta ; on pourrait arguer qu’il manque cette intelligence à cet univers, mais bon, encore une fois, c’est vouloir Jessica Jones à chaque fois, et pour ça je suis d’accord, dans l’absolu, hein, mais je trouve que nous ne pouvons pas être tellement plus royalistes que le roi, même en disant « nous ».

Traitement et thèmes. Là, par contre, c’est le vrai problème à mon sens en 2018. On ne peut pas faire grand-chose à l’histoire de Danny Rand, mais ça fleure quand même un peu l’appropriation culturelle : c’est l’histoire d’un blanc blondinet qui débarque dans un monastère tibétain et qui fait tout mieux que tout les locaux et obtient leur pouvoir suprême. Ça fait un peu « j’y arrive parce que je suis blanc et riche », et ça aurait pu être évité avec une écriture un peu plus maligne, en ne faisant peut-être pas tant reposer Danny le fait qu’il était juste plus têtu que les autres, ainsi que sur sa cosmoénergie et son septième sens qu’il déploie quand il est suffisamment colère (parce que ça fait vraiment ça, sérieux)… Ce n’est pas du tout le premier récit de l’histoire de la narration à faire ça, on est d’accord, mais on est en 2018, pas en 1988 où l’on commençait à se demander si l’idée d’avoir un blanc qui donne des leçons aux locaux ne rappellerait peut-être pas un chti peu le colonialisme.

On pourrait aussi parler du traitement des femmes désagréablement maladroit après Jessica Jones. Colleen Wing, une femme indépendante, une guerrière loyale et solide se transforme peu à peu en princesse Disney à mesure qu’elle côtoie Danny, à qui il donne d’ailleurs peu à peu des cours d’arts martiaux comme à une grosse noob alors que la relation partait au début sur un agréable terrain égalitaire. Joy Meachum, femme d’affaires solitaire et impitoyable, fond comme du sucre à la réapparition de Danny et si le vide psychologique de l’absence familiale est abordé, ça n’est jamais traité avec finesse ; les actes de compassion et de chaleur envers Danny sont plutôt mis sur le compte de son caractère, parce que c’est une gonzesse, tu comprends, et une gonzesse, c’est forcément fragile. (Dans le genre, Jeri Hogarth tient bien mieux debout.) Et Davos (qui n’a pas inventé les Daleks, pourtant), qui devient méchant alors qu’il n’a quand même pas l’air bien Américain comme il faut, on en parle ? (La série joue même clairement là-dessus à son apparition quand il fait des shurikens en papier d’alu – d’ailleurs pardon, mais un peu lol quand même – me dites pas qu’il ne fait pas tueur envoyé par Al-Qaïda, parce que ça me paraît clairement l’intention qu’on cherche à faire passer au spectateur.) Tout ça, c’est quand même pas très adroit.

Entendons-nous bien, auguste lectorat : je ne suis pas en train de dire que l’histoire de Danny Rand ne peut plus être racontée en 2018 ; que Joy Meachum n’a pas la latitude pour avoir une psychologie faible ; mais que, quand on s’aventure sur ces terrains, de nos jours, c’est rendre hommage à son public comme à son époque d’essayer de faire spécialement gaffe au traitement. Colleen donne un peu l’impression de s’effondrer non pas parce que l’organisation qui l’a élevée et a construit sa vision du monde est finalement maléfique (vu son endoctrinement, à part la trahison de Bakuto, elle a finalement assez peu d’éléments pour se ranger pleinement du côté de Danny), mais parce que l’amûûûûr a frappé son petit cœur et que pfiou elle sait plus trop quoi penser et que mon chéri a forcément raison. Ça aurait été bien si ça avait été un peu plus subtil que ça, si les personnages avaient tenu debout par eux-mêmes, en explorant davantage leurs forces et faiblesses en tant qu’individus, au lieu de tous se rattacher à Danny (qui dérive déjà lui-même comme un radeau sans amarres, alors on est mal).

Ward Meachum à la rescousse. Quand soudain, un inconnu vous offre des fleurs. Je vais te confier, auguste lectorat, pourquoi j’ai finalement passé un agréable moment avec Iron Fist (non, sérieux, ce nom, y a que moi qui… ?) : Ward Meachum. Ce personnage de fils, pas brillant et cornaqué par un père abusif et immortel dans l’ombre m’a semblé, pour le coup, tout droit sorti de Jessica Jones pour sa finesse psychologique et son côté torturé. Trop moyen de partout pour se débrouiller tout seul, dissimulant sa terreur et son manque d’assurance sous une allure gominée presque plastifiée, même pas foutu d’être authentiquement salaud quand il essaie de repousser sa sœur pour son bien, cherchant désespérément à quitter tout ce qu’il a bâti et sombrant dans la came, jusqu’au parricide symbolique (et inutile), son trajet m’a absolument fasciné, et la paire avec le père (arf) fonctionne particulièrement bien. Tom Pelphrey, l’acteur, me semble assurément le meilleur de toute cette série, presque au niveau d’un David Tennant (de son côté presque sous-exploité, d’ailleurs) alors que c’est un rôle secondaire, et je n’ai vécu que pour suivre son parcours : même trois minutes du naufrage terriblement humain de Ward Meachum dans ce monde de cinglés, j’étais content. Et je regarderai la saison 2 d’Iron Fist rien que pour lui, et pour voir si des mèches se rebellent dans sa coupe impeccable. Mais je crains que son fil narratif, avec la mort du père, n’ait touché à sa fin.

Donc voilà, et maintenant j’attaque The Punisher, dont tout le monde m’a dit un bien suprême, et selon toute logique, je dois en déduire que je ne vais pas aimer et vous détester encore plus, hein ? (Maiiiis non, je sais que c’est bien.)

2018-09-23T22:47:52+02:00mercredi 26 septembre 2018|Fiction|14 Commentaires

Comment les métadonnées de vos photos vous trahissent en ligne (et comment y remédier)

Un petit truc aujourd’hui que j’ai envie de partager, avec surtout quelques informations sur les données privées, parfois sensibles, que l’on peut rendre publiques sans s’en rendre compte sur les réseaux sociaux, nos blogs, etc.

Vos photos contiennent votre emplacement géographique.

Tout le monde le sait à peu près de nos jours : quand l’on prend une photo avec un smartphone, celui-ci adjoint au fichier image tout un tas d’informations, notamment la position GPS de l’image (cela fait partie desdites « métadonnées », comme le modèle de l’appareil, les réglages de la photo, etc.). C’est drôlement pratique quand l’on veut retrouver une série prise à un endroit donné, ou que l’on veut se remémorer un voyage en particulier. Ci-dessous, par exemple, un résumé des photos prises par mon iPhone dans la péninsule de la Snæfellsnes, qui retranscrit notamment mon volontariat de cette année auprès d’Orca Guardians :

Cependant, ces informations ne regardent pas nécessairement le monde entier. Tout particulièrement, si l’on prend chez soi un selfie pour se composer un avatar, la photographie d’une couverture de livre pour rédiger une chronique sur son blog, on oublie que l’on peut très probablement, par inadvertance, partager dans l’image sa position – et potentiellement son adresse personnelle. Ce qui, en cette époque de sécurité en ligne et de harcèlement potentiel, peut représenter un risque assez gênant.

Quand et comment la position se trouve-t-elle partagée ?

Depuis quelques années, par bonheur, les réseaux sociaux majeurs (Facebook, Twitter, Instagram) suppriment systématiquement l’emplacement d’une photo au téléchargement. Ils vous proposent au moment de la mise en ligne de rendre le lieu public (lu dans l’image), mais c’est volontaire ; si l’on ne précise rien, en principe, la métadonnée est supprimée du fichier final.

Le risque principal concerne aujourd’hui blogueurs et webmasters indépendants qui mettent ligne leur propre contenu. Fréquemment, ceux-ci et celles-ci récupèrent les photos qu’ils et elles ont pris en branchant directement leur téléphone à leur ordinateur, par exemple, ou en le récupérant via récupérant via un service de sauvegarde automatique dans le nuage type Dropbox. Le problème, c’est que dans ce cas-là, on obtient le fichier brut, avec toutes ses métadonnées, et donc ses emplacements géographiques… ce qui peut, ou pas, représenter un problème.

Tous leurs systèmes ont leurs idiotes syncrasies et je ne saurais les couvrir toutes (j’ai piscine à 65°15’04.7″N x 23°15’00.0″W), mais voyons comment régler cela de manière très simple avec la bibliothèque de photos iCloud. Dans les préférences, il suffit de décocher l’option de partage de la position quand l’on exporte un fichier pour en faire usage sur les autoroutes de la désinformation :

On ne veut pas de cette option.

Toutes les autres métadonnées seront sauvegardées à l’export, mais nul ne saura pour vos vacances à Plan-de-Cuques.

Rattraper le coup après le (coup)

Et si j’ai déjà mis en ligne quinze ans de photos depuis l’époque où je bloguais sur Mygale avec mon adresse Caramail ? Suis-je condamné à voir débarquer des hordes de témoins de Jéhovah à ma porte parce que j’aurais confondu un jour la Grande Babylone avec la station de métro Sèvres-Babylone ? Que puis-je faire ?

C’est un peu technique, mais pas tellement difficile. En gros, il faut rapatrier ses images (typiquement par FTP), leur appliquer un nettoyage de masse, puis renvoyer les versions purgées de ces fichiers à leur place. Quel outil ? Je suis bien content que vous me posiez la question, parce que l’outil fantastique du moment, à mon goût, est Retrobatch. Ce logiciel récemment sorti (sous Mac) est un extraordinaire couteau suisse de l’image : convertir, changer, mélanger, ajouter des bordures, altérer les métadonnées, il sait tout faire à l’aide d’une interface en briques Lego d’une merveilleuse simplicité :

On adjoint les modules de traitement comme une simple chaîne. Dans notre cas présent, il suffira de lire les images, appliquer l’action « Remove GPS », sauvegarder le résultat, et presto. J’ai ainsi nettoyé toutes les images du présent site – presque 25 000, quand même – eh ouais, le temps passe, et puis on en poste en une année, des conneries – il y a quelques semaines en moins d’une demi-heure (le gros du travail ayant constitué à télécharger les fichiers et contrôler le résultat, parce que je suis comme ça).

Cela en vaut la peine ; c’est un peu barbant d’avoir à se taper cette tâche de maintenance, mais si vous êtes blogueur ou blogueuse, que vous divaguez gentiment sur Internet dans votre petit coin de paradis, alors faites-vous une faveur, nettoyez vos images. Et contrôlez vos prochains fichiers en paramétrant leur export. Ça permet d’avoir l’esprit libre, et puis ça vous évitera une énième discussion sur le bienfait des transfusions sanguines.

2019-06-01T14:41:09+02:00lundi 6 août 2018|Best Of, Geekeries|2 Commentaires

Axiom Verge – le meilleur Metroid depuis Metroid

Ces temps-ci, j’ai à peu près l’occasion de finir un jeu vidéo tous les trois ans (véridique : le précédent était – si l’on exclut le temps passé à tester Psycho Starship Rampage, bien sûr – Sleeping Dogs). Je crois que je paye encore ma dette en vitamine D à World of Warcraft – ooooh, c’est joli à l’extérieur de la maison, le moteur graphique est vachement poussé et y a plus de 16 millions de couleurs. Cherchant un truc rapide pour me poser devant ma PS4, j’ai donc lancé Axiom Verge, et si le jeu est sorti en 2015 (2017 sur Switch), j’ai envie d’en dire un mot, parce qu’il me semble relativement unique à plein d’aspects.

Qu’est Axiom Verge ? Un Metroid, dans sa plus pure expression : c’est assurément le fils spirituel des versions d’origine sur NES et Super NES dans son expression distillée avec amour, recréant les sensations à l’époque des consoles 4k. Je veux dire, suffit de regarder une capture d’écran pour comprendre direct :

Mais Axiom Verge est aussi bien davantage que cela : il reprend ce gameplay éprouvé et millimétré et y ajoute ses propres variations, l’amène à notre époque, et parvient avec brio à se détacher de son modèle pour devenir sa propre œuvre. Le jeu est le fruit du travail d’un seul homme, Thomas Happ, pendant cinq ans (dont une partie financée par Sony, qui sentait le potentiel du titre) : code, graphisme, musique (du chiptune étrange, débordant sur le glitch, du plus bel effet) et histoire. Et cela se sent. Ce que je retiendrai assurément d’Axiom Verge, c’est son ambiance qui va clairement lorgner du côté de chez Gyger et son scénario très sombre, dont on ne donne au joueur que les éléments absolument nécessaires, l’encourageant à aller interpréter la moindre parcelle d’information, à se poser ses questions, à réfléchir, à la fin du jeu, sur ce qui s’est vraiment passé. Ça commence traîtreusement comme Another World – un scientifique se trouve propulsé dans un monde parallèle à l’issue d’un accident d’accélérateur de particules – mais celui-ci se retrouve à la surface d’un monde mourant, face à des entités entre la divinité et la machine, qui ont désespérément besoin de réparations. Et très vite, les questions commencent et les mensonges suivent, jusqu’à ce que le personnage, comme le joueur, s’aperçoive des énormes failles dans les renseignements qui lui sont donnés, et qu’il manque beaucoup.

On peut traverser Axiom Verge le plus rapidement possible, en mettant en avant la skill, la recherche des plus grosses armes (dont beaucoup sont optionnelles, Metroidvania oblige), mais le jeu n’est pas très long (je l’ai fini en un peu moins de 14h sans avoir tout trouvé, ce qui semble la moyenne d’après les forums). Le jeu a mis du sens et de l’amour dans ses références, dans son esthétique, et il serait vraiment dommage de le rusher de la sorte (on peut toujours le refaire ensuite en mode speedrun si on le souhaite). Axiom Verge s’efforce réellement d’amener à notre époque de satisfaction immédiate le plaisir et, oui, la frustration à l’ancienne d’être perdu, de mourir quinze fois devant un boss parce qu’on n’a pas compris la stratégie (sans aller vers la violence d’un Souls, bien entendu), mais à une dose humainement acceptable dans la seconde moitié des années 2010. Le jeu a toujours des solutions en stock, il ne prend jamais le joueur en défaut ; si quelque chose coince dans un combat de boss, ce n’est pas un bug, ce n’est pas un oubli, ce n’est pas (souvent) un problème de skill – c’est qu’il y a une combinaison d’objets que l’on possède à laquelle on n’a pas pensé.

Le jeu m’a cependant semblé souffrir d’une petite perte de rythme vers ses 2/3 où l’espace ouvert devient un peu vaste et exige beaucoup d’allers-retours parfois un peu frustrants dans des tableaux labyrinthiques, mais il faut admettre que cela fait partie du concept. Une fois les débuts franchis, il faut donc jouer à Axiom Verge avec au moins 2h devant soi à mon sens, pour se donner le loisir d’explorer, de se perdre, d’essayer de comprendre où est la suite, de tenter des choses, pour avoir la satisfaction d’enfin trouver la solution et avancer. Une énorme quantité d’informations sur le scénario se trouve dispersée sous forme de notes optionnelles à dénicher, très allusives, dont il faut élucider le sens.

Axiom Verge est une sorte d’œuvre totale, qui n’oublie pas qu’elle est avant tout un jeu vidéo, et qui irrigue son atmosphère, son expérience, de ses mécanismes mêmes, comme le font tous les bons jeux. Toutes les questions relatives à la nature même des événements de l’histoire, et leurs réponses, se nourrissent de cette errance, de cette atmosphère désespérée, oppressante, dérangeante, que le joueur se met à ressentir viscéralement (et tout ça sans moteur 3D dernier cri…). Metroid est à peu près la licence la plus sombre de l’univers Nintendo, mais on est clairement ici dans un discours beaucoup plus mature, qui pose des questions proprement dickiennes. Et Axiom se paye en plus le luxe de briser discrètement le quatrième mur en jouant avec la nature de son propre média (un outil principal du jeu est le disrupteur d’adresse, qui permet de créer des bugs dans le jeu comme on pouvait en voir autrefois sur NES), ou en faisant des références explicites à ses inspirations (comme le boss qu’on peut tuer très facilement en passant derrière lui – hommage à un exploit célèbre de Super Metroid). Et rien de tout cela n’est gratuit.

En définitive, si l’on aime un tant soit peu le jeu à l’ancienne, si l’on apprécie les frustrations ponctuelles propres aux Metroidvania, Axiom Verge est un indispensable, qu’il faudra siroter comme un bon whisky en résistant absolument à la tentation de regarder gameFAQs au moindre blocage (tout est à peu près trouvable avec de la persistance, en tout cas pour finir l’histoire) et qu’on envisagera (je ne dis pas ça souvent) de boucler à 100% pour avoir vraiment toutes les informations en main. Et se demander ensuite ce que l’annonce d’un Axiom Verge 2, toute récente, peut signifier…

2018-07-15T19:35:07+02:00mardi 17 juillet 2018|Geekeries|2 Commentaires

Un an avec une montre connectée

OK, auguste lectorat, j’assume, j’ai un seul vrai luxe dans la vie (au sens où j’achète des trucs parfois pas trop nécessaires, mais qui me font plaisir et dont je me sers et qui au final me rendent toujours un peu plus efficace), c’est la technologie. Est-ce que j’avais besoin d’une Apple Watch il y a un an et demi ? Pas vraiment (à part que je n’avais plus de montre et que, tout bien considéré, ça coûte vachement moins cher qu’une montre « bijou », un achat bizarrement bien plus accepté socialement). Mais ça fait maintenant un an et demi que je l’ai, je me rends compte que je m’en sers régulièrement, et je me disais : hé, essayons de faire le bilan et de voir si l’on peut répondre à la question :

Ça sert vraiment, ces trucs-là ? 

Poils de bras fournis en option.

Le matériel

Étant passé totalement dans l’écosystème Apple il y a près de trois ans, la logique voulait donc que je finisse de vendre en âme en achetant une Apple Watch : série 2 (donc sans connectivité cellulaire), en 42mm (la grande, parce que je suis grand, enfin presque), liée à mon iPhone. Les goûts et les couleurs jugeront de l’engin, mais au quotidien, je la trouve jolie et plutôt élégante : elle se remarque (ça reste une tocante, c’est censé être un peu sympa), mais pas trop. La qualité de fabrication est sans reproche – la mienne a voyagé en Islande, Australie et j’en passe (elle repart avec moi en fin de semaine) et ne montre aucun signe d’usage supérieur à une tocante classique.

Au début, je la portais résolument au quotidien pour en prendre l’habitude, et force est de constater que l’habitude a pris sans aucun effort. Même si je la recharge tous les soirs (quoique elle tiendrait deux jours sans problème), ça n’est pas plus compliqué que de recharger son téléphone, ce qu’on fait déjà de toute façon, et le geste supplémentaire ne coûte rien.

Ce que ça fait

À l’usage, l’Apple Watch (qui est leader du marché) fait principalement trois choses :

Déporter les notifications du téléphone au poignet. Ça paraît ultra gadget comme ça mais en fait, c’est drôlement utile, à condition évidemment d’être un peu un ninja de la notification. C’est-à-dire de trier drastiquement ce qui remonte au poignet pour ne pas être submergé dès le moindre spam qui débarque. C’est mon cas, et je sais donc que quand mon poignet vibre (elle peut sonner, mais je n’en vois absolument pas l’intérêt), c’est quelque chose dont je veux être au courant : messagerie instantanée (SMS ou autres), un appel (je ne perds plus d’appels importants parce que je n’ai pas entendu mon téléphone alors que je suis en vadrouille), le quai d’où partira mon train avec le rappel de ma place, etc. Cela rend un nombre étonnant de services au bon moment.

Tracker de santé. C’est le gros argument mis en avant par Apple, et en tant que sédentaire qui bouge (si, si, ça existe – j’écris assis sur mon steak – comme on dit au Québec – dans des endroits très variés), je pensais la chose parfaitement superflue, et, aaaah, ils m’ont eu ces enfoirés. Oui, j’ai envie de fermer mes trois anneaux tous les jours : dépenser des calories, faire 30′ d’exercice, me lever au moins une fois par heure (utile pour un sédentaire qui bouge). Je me rends compte à l’usage que ça ne coûte finalement pas si cher de remuer un peu et si ça ne fait pas de moi un athlète de haut niveau, ça pourrait peut-être me permettre de, pour reprendre l’expression de ma chère maman il y a des années, « mourir en bonne santé ». C’est rigolo, ça donne bonne conscience, et pour la marche rapide, le capteur d’activité cardiaque est bien pratique pour rester dans la bonne zone qui fait travailler le cardio au bon niveau. Bref, même pour quelqu’un qui n’est pas un foudre de guerre du sport, l’Apple Watch m’a sensibilisé à faire un peu attention à moi parce que c’est marrant à utiliser, et là, c’est quand même une grosse victoire.

Déporter des informations importantes au poignet (applications). Une montre connectée, c’est comme un petit smartphone, évidemment, donc il y a des applications, forcément simplifiées et encore très inféodées au téléphone (mais ça évoluera forcément). Utiliser une application sur un écran de 42 mm n’est pas la joie, donc beaucoup de choses passent par des commandes vocales et je me surprends à utiliser Siri de plus en plus, et, truc de dingue, ça marche globalement bien. Faire ma valise pour partir en salon (ou à l’autre bout de la Terre) et demander à Siri le temps qu’il fait là-bas ; penser à un truc et demander à Siri de me le rappeler ; consulter ma liste de courses les mains libres chez Carouf ; dire à Siri d’envoyer un SMS prévenant que j’aurai cinq minutes de retard à ma destination ; présenter le QR code de mon billet de train au contrôle alors que j’ai les mains chargées de bagages et que mon téléphone est rangé ; consulter mon OmniFocus ; minuter un pomodoro ; être guidé vers ma destination à l’étranger sans loucher sur mon téléphone comme un gros touriste, etc.

Et l’usage le plus génial qui soit, payer.

Payer sans contact avec sa montre, en toute sécurité, est un vrai geste de science-fiction qui est aussi drôlement pratique (plus de monnaie à se trimballer) – et, get that, ça marche à l’étranger de manière totalement transparente. Tellement de science-fiction que ça fait un an et demi que je l’ai, donc, et ça ne loupe encore jamais, à chaque fois, les commerçants me regardent d’un air halluciné comme si je venais de leur révéler le secret de la fusion froide. (Soit dit en passant, quand je constate le nombre de Watches à l’étranger, je me dis que notre pays est parfois un peu en retard sur le présent.)

Bon, et c’est indispensable, alors ?

Franchement ? Ça dépend du mode de vie. Le mien est celui d’un indépendant qui passe plus de la moitié de son temps hors de chez soi, en salon littéraire, en conférence, en volontariat et j’en passe. Le travail mobile permis par la technologie a été une vraie bouée de sauvetage pour moi, me permettant de bosser à peu près normalement à peu près n’importe où (et étant à peu près n’importe où à peu près n’importe quand, c’était bienvenu). Dans ces conditions, la Watch me rend quantité de petits services extrêmement appréciables, et me pousse en plus à prendre soin de moi, ce qui est toujours une bonne chose. Avoir mes billets de train, ma carte bancaire, les informations importantes du moment accessibles rien qu’en levant le poignet est extrêmement agréable. Si vous êtes du même genre, un peu technophile et/ou vaguement sportif (quelqu’un de très sportif possédant déjà sans doute une montre connectée dédiée à la performance et plus précise), eh bien, la Watch, c’est chouette. Je ne vois pas comment dire autrement : c’est chouette, vachement chouette.

Maintenant, soyons clairs : je ne trouve pas ça transformatif comme l’est un smartphone. Sans smartphone, je suis vraiment embêté : je peux évidemment fonctionner, mais des tas de frictions qui avaient disparu refont surface et me compliquent drôlement la vie. L’absence de la Watch ne génère pas ce niveau de complication1, mais je m’y suis suffisamment attaché pour maintenant regretter son absence quand le cas échée. Tout en considérant que c’est juste « vachement pratique » et non « quand même pas mal nécessaire » comme l’est le téléphone.

Mais n’en doutons pas, l’avenir est aux wearables – la technologie qui se porte sur soi. La Watch me montre tous les jours ce que ce produit est appelé à devenir et tout le potentiel qu’il représente. On n’en est qu’aux balbutiements, mais aussi, on est actuellement en train de sortir du public d’early adopters comme l’est ton humble serviteur, auguste lectorat, pour arriver au grand public. Ça tombe bien, la technologie commence à être mature (la Watch série 4 devrait sortir cette année avec la cinquième itération du système d’exploitation, watchOS) et je crois que l’informatique personnelle (informatique, quel mot étrangement daté dans ce contexte) en passera, lentement mais sûrement, par là, et qu’un jour, le smartphone semblera aussi curieusement daté que le moniteur cathodique.

Mais on n’y pas encore, et dans l’intervalle, c’est chouette.

  1. Si vous en avez une, vous apprécierez ce jeu de mot puissamment rigolo.
2018-04-05T07:58:10+02:00jeudi 5 avril 2018|Geekeries|17 Commentaires

Comment rester informé sans les réseaux sociaux (dans le sillage de #DeleteFacebook )

Je dois être prescient (ou très chiant, ça sonne presque pareil), mais avant le scandale Cambridge Analytica et la campagne #DeleteFacebook, je commençais à ressortir pas mal d’outils datant d’avant l’explosion des réseaux sociaux et à me réapprendre à m’en servir parce que, Facebook, quoi. Pour mémoire, ledit scandale désigne la manière dont le réseau bleu a partagé de manière totalement irresponsable les données d’utilisateurs avec une compagnie qui travaillait en réalité pour Donald Trump de manière à orienter leurs votes à l’aide de publicités ciblées. Il semble aussi que la même compagnie ait pesé dans le vote du Brexit. (Plus d’infos ici) C’est la goutte d’eau qui a fait déborder l’océan de n’importe quoi qu’est Facebook et un certain nombre d’utilisateurs font maintenant campagne pour supprimer l’application (#DeleteFacebook)

Mais je te comprends, auguste lectorat : comment faire, bon sang, pour rester informé et avoir mon fix de mèmes, de nouvelles quotidiennes si je n’ai pas Facebook pour me servir sous les yeux ce que je dois savoir pour être au top à la machine à café de la Cogerep ? Rester en contact avec mes amis, OK, je peux leur envoyer des messages ou leur téléphoner (même si c’est so 1990), mais le vaste monde ?

C’est là que ressuscite une technologie venue du fond des âges (le tournant de l’an 2000) : le RSS (pour Really Simple Syndication). Et le RSS, c’est vraiment vachement bien, parce que cela met le pouvoir entre les mains de l’utilisateur, sans les algorithmes à la con du flux d’informations de Facebook qui choisit quoi vous montrer.

À peu près tous les sites vaguement modernes (c’est-à-dire, qui n’ont pas laissé tomber cette technologie en misant tout sur Facebook, hahaha, montrons-les du doigt et moquons-nous) présentent, quelque part, cette fonctionnalité. Elle est indiquée par un symbole ressemblant vaguement à ça (sur le côté). De quoi ça s’agit ? Eh bien Jamy, c’est très simple. Un flux RSS est un petit fichier qui se met à jour en temps réel quand le site qui le publie est mis à jour (par exemple quand un article est ajouté). Avec le lecteur adapté, on peut donc s’abonner à ces flux. On reçoit donc, centralisées au même endroit, toutes les nouveautés des sites que l’on désire suivre. Sans filtrage. Et sur la base d’une liste qu’on a soi-même constituée. 

Prenant de plus en plus de distances avec Facebook, je me suis remis à dépoussiérer mon vieux compte RSS et à réfléchir à me recomposer une veille personnelle dont je serais le maître et je dois dire que je suis enchanté pour l’instant du voyage. Le réflexe de la pause s’est décalé de cliquer sur Facebook (on le fait tous, alleeeeeez) à sortir mon client RSS pour lire ce qui avait bien pu arriver sur les sujets qui m’intéressent. Et ce qui est merveilleux, c’est que d’une, j’apprends des choses, de deux, vient un moment où j’ai fini de tout lire (si j’ai un nombre d’abonnements raisonnable) au lieu du piège infini du réseau social, de trois, je ne risque pas de partir en argumentation stérile sur un truc qui m’énerve pendant une heure alors que j’étais juste venu voir des chatons. J’ai d’ailleurs composé un flux de lecture et d’archivage qui fera l’objet d’autres articles, mais dans l’heure, que faut-il pour pratiquer le RSS comme un pro ? 

Deux choses, qui peuvent être conjointes, mais pas nécessairement :

  • Un service pour agglomérer les abonnements au flux qu’on désire (l’équivalent d’abonnements à des magazines)
  • Un logiciel où les lire (l’équivalent d’une boîte aux lettres)

Les systèmes les plus simples vous proposent tout au même endroit. Par exemple, Firefox propose de s’abonner directement dans le navigateur, ce qui crée des signets spéciaux qui sont mis à jour à mesure que le site parent publie du contenu. Feedly, un des principaux acteurs du domaine, propose le service ET un logiciel de lecture au même endroit. Pour démarrer et commencer à se familiariser avec le truc, je recommanderais de jouer avec ces deux possibilités, qui offrent suffisamment de fonctions gratuites pour mettre le doigt dans cet engrenage (qui est positif, lui) et trouver ça quand même super plus chouette que Facebook.

Voyons dans les deux situations comment ça marche.

Firefox

« Fichtretiens, voici le site d’un écrivain chauve aux splendides lunettes dont je suivrais bien les expériences en temps réel », se dit tout à coup un lecteur au goût très sûr. Cliquant sur l’HÉNAURME bouton RSS à droite, Firefox lui propose de :

Cliquez pour agrandir

Et hop ! Un signet dynamique est ajouté où on le souhaite, et un simple clic dévoile la liste des derniers articles. Joie !

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Dorénavant, dès que l’on se promène sur la Ternette, il devient possible de s’abonner à toutes les sources fun et bigarrées que l’on rencontre. Et s’affranchir de Facebook.

Feedly

C’est un peu plus pointu, mais ça fonctionne en gros pareil – l’intérêt de ce genre de plate-formes est évidemment leur présence avec des applications dédiées sur mobile, par exemple. Je peux m’abonner sur mon ordinateur de bureau et lire mes flux dans la file d’attente de la boulangerie.

Un service de ce genre offre une recherche intégrée directement dans le lecteur (une fois mon compte ouvert), je peux entrer l’adresse du site qui m’intéresse et Feedly va aller le fouiller à la recherche d’un flux RSS (même s’il n’est pas visible clairement sur la page – bien des flux sont cachés aujourd’hui) :

Cliquez pour agrandir

Et hop, dès que j’ouvrirai Feedly, tous mes flux me seront proposés ; je peux aussi les classer en dossiers (Écrivains chauves, écrivains avec des cheveux etc.) d’une manière qui me convient. L’intérêt de ce genre de service est aussi qu’il se rappelle ce que j’ai lu ou pas ; pas besoin de revisiter quinze fois le même contenu.

Vers l’infini et au-delà

Le RSS fait un peu peur car il est ancien et conserve une image de technicité mais c’est en réalité une technologie très simple que les fournisseurs ont pris grand soin de rendre accessible – un peu comme le courriel. Les joies – je n’hésite pas – du RSS, ce sont :

  • la liberté totale qu’il offre dans le choix des sujets que l’on veut suivre
  • la possibilité de construire sa veille comme on le souhaite, sur les sujets qu’on désire, sans que personne ne voie que vous avez liké cette page sur Mon Petit Poney ou le bondage artistique ; la possibilité de passer en revue très vite ses flux sans n’ouvrir que ce qui suscite vraiment l’intérêt
  • l’assurance de ne rater aucune information potentiellement intéressante parce que Facebook a décidé de vous la planquer

En gros, le RSS, c’est l’information entre les mains de l’utilisateur, ce que ça aurait toujours dû être. 

Le niveau au-dessus consiste à prendre un service indépendant, payant, qui offre des tas de fonctionnalités avancées en terme de recherche, de filtrage, et de choisir le logiciel de son désir, ce qui offre le meilleur des deux mondes quant à l’expérience de lecture et de filtrage (c’est un peu comme choisir d’acheter une imprimante multifonctions – à moins de mettre le prix, on se retrouve avec une mauvaise imprimante et un mauvais scanner – ou de choisir individuellement des appareils qu’on a réfléchis). Alors c’est un peu payant, OK, mais ça reste très accessible (dans les 20$ / an) et rappelons-nous, comme Facebook l’a prouvé, que si c’est gratuit, c’est toi le produit. Je préfère savoir où va mon argent pour soutenir une entreprise qui n’a pas besoin, du coup, de vendre mes données pour manger.

Car sinon, c’est elle qui me mange.

J’en reparlerai en exposant ma chaîne de lecture et de veille un de ces quatre.

2019-06-04T20:22:13+02:00mercredi 28 mars 2018|Best Of, Geekeries|28 Commentaires

Live report : Alcest + Anathema à l’Étage à Rennes, 3 octobre 2017

Oh mon dieu, cet endroit serait-il un blog où je parle de trucs que je fais et vois ?

Choc.

Ça fait cinq ans que je n’ai pas écrit de chroniques de concerts, alors je m’y remets un peu, parce que ça me fait plaisir. Là.

(Non, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti depuis cinq ans.)

(Encore que.)

L’Étage à Rennes est une salle un peu bizarre, que je n’aime pas trop, car étroite et organisée toute en longueur avec des gradins à l’arrière et un écran pour relayer ce qui se passe au fond (alors qu’elle n’est pas si grande que ça – juste curieusement agencée). On a rapidement une fausse impression de distance, et paradoxalement les meilleures places sont donc sur les côtés… Pour moi, il n’est pas facile de conquérir le public dans ce décor, et soit un groupe le transcende, soit il se rate. Et j’ai vécu les deux expériences ce soir-là.

Alcest

Alcest à l’Étage

Inconnus pour moi (et j’aime bien découvrir les premières parties sur place pour me laisser emporter le cas échéant), Alcest a été une excellente découverte. Post-black-metal, post-rock, j’ai retrouvé le son du disparu (ou perpétuellement inactif) Crowhead avec bien davantage de sensibilité mélodique, des évolutions progressives naturelles et bien construites. Un son parfaitement équilibré, puissant sans être brouillon, retranscrivant l’équilibre entre les gros riffs et les arpèges mélancoliques, et une batterie qui te colle un délicieux crochet à l’estomac à chaque coup de grosse caisse. Et surtout une présence scénique emplie d’authenticité et de générosité : un jeu parfait, intense, couplé entre les morceaux à une forme de timidité touchante de la part des musiciens collant parfaitement au trip intimiste et puissant à la fois. La sauce hypnotique et nostalgique m’a emporté sans effort, et j’en aurais bien pris deux fois plus long.

Anathema

Bon, donc auguste lectorat, tu te doutes que le bât a blessé, et je ne m’attendais absolument pas que ça soit avec une tête d’affiche avec l’expérience d’Anathema (presque 30 ans, quand même). Mais, en résumé, je me suis largement ennuyé – alors que l’ouverture par Untouchable (ma préférée pour certaines raisons personnelles) aurait dû me conquérir.

Anathema à l’Étage

Mais toute la prestation m’a semblé crouler sous le poids de ses ambitions conceptuelles et de son univers sonore. Deux longues introductions électroniques (et pas renversantes quand on vient du domaine) sans voir un musicien, suscitant l’ennui plutôt que l’attente à la longue. Une scénographie étrange, avec deux claviers et un vocodeur qui ont trôné en fond de scène, bien en vue, pour ne servir à peu près qu’une fois (un espace donc proprement gâché, où l’on aurait mieux fait de placer le batteur, par ailleurs époustouflant dans sa maîtrise des signatures rythmiques bancales, prog’ oblige). Une dynamique de scène inexistante, presque fatiguée, oscillant entre l’immobilisme et le jeu pour soi, avec un Daniel Cavanagh presque désagréable (« Jouez tel truc ! » « I’ve played it like five thousand times. Play it on your iPod at home. » – « Je l’ai jouée, genre, cinq mille fois. Passe-la sur ton iPod chez toi » – okay…) Un son très mal équilibré (avec une caisse claire sonnant comme un bidon en plastique) – Daniel Cavanagh ayant dû se réaccorder plusieurs fois et rajuster ses retours (peut-être la source de son agacement). Et une tendance à s’appuyer bien trop sur des bandes ou des boucles enregistrées pour retranscrire la richesse de l’univers sonore, donnant un son statique et artificiel. Je comprends l’idée quand Within Temptation y fait appel pour son orchestre symphonique et ses chœurs, mais quand il s’agit surtout de clavier et de cordes, et qu’on voit une formation comme Eluveitie1 placer dix musiciens sur scène avec des instruments par définition pas faits pour la sonorisation (aux dernières nouvelles, le micro n’était pas inventé à l’époque de la vielle à roue) dégager une énergie stupéfiante avec un son toujours parfait (y compris à l’Étage), la comparaison était franchement défavorable. J’aurais aimé voir un vrai électronicien (tant qu’à placer des synthés en milieu fond de scène !), et/ou un violoniste… Il n’y a guère que Lee Douglas (chant féminin) qui semblait se préoccuper d’émotion. Le groupe m’a seulement réveillé vers les deux tiers en abordant les morceaux plus violents, dégageant – c’était presque obligatoire – davantage d’énergie et arrivant donc à transmettre de la conviction.

Après, à voir l’ambiance dans la salle, je crois que je suis pisse-vinaigre, parce que les premiers rangs semblaient très contents – et tant mieux, et il faut le signaler ; je ne doit pas être un reflet de l’atmosphère de ce soir-là. Si je me suis ennuyé, c’est peut-être une conjonction de la salle mal adaptée à la formation avec une scénographie défavorable dans ce contexte, du son difficile à équilibrer, etc. Mais il reste que, pour moi, ce live n’a strictement rien apporté par rapport aux albums – et enlevait même avec un son mal équilibré. La prochaine fois, plutôt que faire le déplacement, je prendrai deux heures pour écouter les albums à fond avec un casque.

En revanche, Alcest rejoint sans hésiter ma liste très fermée des « premières parties que j’irai voir sans me préoccuper de qui est la tête d’affiche ». Bravo les gens, et merci !

  1. Qui ne m’a jamais déçu, soit dit en passant, alors que je ne suis pas plus fan que ça, mais parvient à dégager une énergie et une générosité formidables à chaque fois, même quand la fatigue se lit clairement sur leurs visages en fin de tournée.
2017-10-05T10:20:47+02:00jeudi 5 octobre 2017|Décibels|14 Commentaires

Y a-t-il un ghost dans le film ?

Ghost in the Shell, c’est LA référence du cyberpunk – on serait tenté de dire même du post-cyberpunk, puisque l’œuvre traverse allègrement les âges sans rester ancrée dans la fin des années 1980 qui l’a vue naître (une des caractéristiques sur laquelle certains critiques définissent, et bornent à présent le genre). À ce jour, peu (voire aucun) de récits ont traité avec une telle profondeur et une telle totalité l’évolution de l’humanité dans le cadre de sa fusion avec la machine, abordant avant tout la transcendance (notamment à travers la notion de ghost, qui définit l’humain), mais aussi la politique internationale (dans la série Stand Alone Complex) et la vie privée. Ghost in the Shell, c’est un monument, et quand l’annonce d’une adaptation en prise de vues réelles a été annoncée sérieusement en 2008 (après une rumeur tenace impliquant que James Cameron s’y collerait au tournant des années 2000), on était en droit de frémir.

L’œuvre d’origine est foisonnante, profonde, visionnaire et carrément métaphysique par moments – comment cela allait-il résister à la moulinette d’Hollywood ?

Cette adaptation retrouve le futur proche où la cybernétique est reine. Mira Killian a été sauvée d’une noyade mortelle par Hanka Robotics et cybernétisée totalement : seul son cerveau survit dans un corps augmenté. Elle travaille pour la Section 9 du gouvernement, un groupe d’intervention anti-terroriste semi-secret avec une immense latitude de moyens. Or, un certain cyber-hacker nommé Kuze s’en prend aux hauts responsables d’Hanka ; Mira Killian, devenue le Major, apprendra les secrets de ses origines et de sa fabrication à travers une enquête qui la conduira aux plus hauts échelons de la compagnie.

Là où cette adaptation est une réussite incontestable, c’est dans le domaine visuel. La Hong-Kong ? Tokyo1 ? du futur est impressionnante, avec ses tours démesurées, des hologrammes publicitaires de dizaines de mètres de hauteur. On serait quand même tenté de glisser que le film n’invente rien (Blade Runner est passé par là il y a 35 ans), mais l’aspect poisseux, bondé, interlope de ce futur sombre va un cran plus loin que tout ce qu’on a pu voir. Plus impressionnant à mon sens, c’est la fidélité aux personnages : on a amplement critiqué le fait de donner à une Occidentale (Scarlett Johansson) le rôle d’une Asiatique, mais il faut avouer qu’elle est parfaite dans le rôle du Major (au moins sur le plan de l’esthétique), dans ses poses et son jeu toujours à la limite de l’uncanny valley. (Même si un peu trop sérieuse, mais c’est le scénario qui veut ça – voir plus bas.) Takeshi Kitano en Aramaki est un délice, coupe de cheveux improbable incluse (et parle en japonais dans le texte), et Batô (joué par Pilou Asbæk) est splendide, même si son rôle est un peu mineur. Le film montre résolument les corps cybernétiques en construction, réparation, etc. ce qui suscite bien cette étrange distance avec la chair mise en avant notamment dans le premier long-métrage de 1995, et les scènes d’action sont impressionnantes – comme on est en droit de l’attendre en 2017.

Si je commence par là, auguste lectorat, c’est que tu te doutes qu’il y a un « mais ». Le « mais », et il est de taille, et il est fort regrettable quand on dispose d’un matériau aussi puissant que Ghost in the Shell, c’est le scénario. Avec cette toile de fond magnifique, ces concepts passionnants comme le ghost dans la trousse à outils, le film ne nous pond qu’une histoire des origines du Major totalement convenue vue et revue y compris hors science-fiction (coucou, Jason Bourne), et dont le spectateur un tant soit peu réveillé (et surtout le passionné par la licence, qui a déjà navigué sur des mers conceptuelles autrement plus audacieuses) aura vu venir la fin à douze kilomètres. Que dis-je, la seule bande-annonce (« où suis-je, qui suis-je, que m’ont-ils volé ») suffit à comprendre ce qu’il en sera. Sur ce plan, le premier Matrix (qui a déjà… 18 ans) frappait cent fois plus fort et plus juste.

Et c’est là qu’on entre dans des choix qui deviennent franchement incompréhensibles et qui poussent sincèrement à s’interroger sur les forces présidant à la narration dans l’industrie cinématographique aujourd’hui. Ce film avait à sa disposition plusieurs épais manga, quatre longs métrages, trois séries télévisées pour puiser concepts et histoire : et le réalisateur / les scénaristes ont indubitablement fait leur boulot de recherche. On ne compte plus les scènes culte reprises verbatim du premier long-métrage : la construction du corps cybernétique du Major ; sa plongée dans le vide du haut du gratte-ciel ; le combat dans l’eau en camouflage optique (repris à l’identique ou presque) ; la plongée dans le port et j’en passe. Jusqu’à des plans entiers, comme l’envol d’oiseaux / le passage de l’avion vus dans le ciel depuis une rue étroite des quartiers populaires ou la sémantique des reflets, mais hélas, tout cela se trouve tiré hors contexte et sans la force symbolique de base, et sonne comme un simple décalque non compris. Le jeu avion / oiseau traite de l’évolution du biologique vers le mécanique, mais l’ordre est bêtement inversé dans ce film et ça ne signifie plus rien ; à la base, le jeu sur l’image vient du fait que le Major est, du moins sur l’apparence extérieure, un modèle courant et donc peut croiser ses propres copies dans la rue, d’où la signification du miroir. Or, si le Major, dans cette version, est unique en son genre, l’image perd son sens…

Le fan service est également omniprésent : les interfaces informatiques en cercles viennent directement des représentations de la matrice de Stand Alone Complex ; on trouve parmi les chiens errants un basset, le chien favori de Mamoru Oshii qu’il colle dans tous ses films dont, notamment, le premier long-métrage de 19952 ; le dactylographe fou à vingt doigts fait une apparition éclair ; on a un Saito (le sniper apparu dans Stand Alone Complex) qui a droit à une ou deux secondes à l’écran ; le thème immortel de Kenji Kawai (UTA) fait son apparition…

Et tout ça pour… pour… une origin story totalement Batô (alors là, pardon, mais ça fait vingt-cinq ans que je rêve de la caser).

Pourquoi, grands dieux, avoir repris l’esthétique, les codes (sans forcément tous les comprendre), des scènes entières du premier film, et n’avoir pas calqué le scénario – encore puissant aujourd’hui – du premier long-métrage3 ? Trop « audacieux » pour les pontes du cinéma ? Quand comprendront-ils qu’à jouer la prudence – sur une licence éprouvée depuis bientôt trente ans, grands dieux ! – ils ne conduiront au mieux qu’à des résultats tièdes ? Je suis sûr qu’un jour, quelqu’un sur YouTube va remixer toutes ces scènes esthétiquement bluffantes et coller dessus les dialogues du film de 1995…

Bon, je coupe court aux diatribes4, mais sincèrement, que reste-t-il de cette adaptation ?

Passées les cinq premières minutes qui feront s’exclamer « WHAT THE PINNIPÈDE ? » au connaisseur de la licence, avec l’avertissement qu’il ne faut pas en attendre un « vrai » scénario à la Ghost in the Shell, on passe un moment correct. L’aficionado que je suis a éprouvé un plaisir sincère à voir, tournées en images réelles, toutes ces scènes devenues mythiques. Mais l’impression de creux, de manque, restera, y compris à celui ou celle qui découvre l’univers. On sait depuis longtemps que l’univers de Ghost in the Shell fonctionne un peu comme une licence de comics : les récits ne se succèdent pas forcément, il s’agit plutôt de versions parallèles reliées par les mêmes personnages et les mêmes problématiques. Dans ce cadre, ce film forme un récit parallèle de plus, probablement le plus impressionnant visuellement, et l’un des moins profonds conceptuellement. (Mais après tout, comparé au globiboulga du manga Man-Machine Interface, ce film ne s’en sort pas si mal.)

Des images plein les mirettes, avec l’enthousiasme de retrouver cet univers que j’adule, une fois sorti de la salle, je n’avais qu’une seule envie, me remettre devant le film de 1995 pour retrouver justement toutes ces scènes, mais AVEC la profondeur.

 

  1. Probablement Tokyo, vu qu’un morceau de la bande-originale fait référence au quartier d’Aokigahara, même si Ghost in the Shell se déroule classiquement dans une ville inspirée de Hong-Kong et que l’esthétique du film y correspond davantage.
  2. Et aussi, notamment, Avalon.
  3. L’arc narratif du Marionnettiste, bien sûr.
  4. Il faudrait encore parler de l’attitude sous-jacente des œuvres respectives vis-à-vis du transhumanisme, le film jouant plutôt la carte de l’angoisse de la transformation alors que toutes les versions précédentes jouaient, au pire, celle de l’inquiétante étrangeté, mais exhibaient plus souvent un sincère positivisme – mais je pense qu’il y aurait là carrément matière à un article universitaire…
2017-04-18T16:52:08+02:00mardi 18 avril 2017|Fiction|12 Commentaires

Le MacBook Pro 2016 est une machine fantastique – ne croyez pas les rageux

Apple était attendu au tournant en fin d’année dernière : le MacBook Pro devait recevoir une mise à jour conséquente depuis longtemps. La sortie de cette machine, avec un certain nombre de choix de conception tranchés, n’a pas fait l’unanimité, c’est un euphémisme. Partout, les aficionados de la marque (dont pas mal d’écrivains) ont professé leur déception, voire leur refus catégorique de passer sur cet engin. Connectique limitée, insuffisante pour les power users, batterie trop faible et j’en passe.

Auguste lectorat, en vérité je te le dis : ceux qui critiquent cette machine ne l’ont pas eue entre les mains, ou ne savent pas utiliser un ordinateur dans toute sa puissance et devraient se contenter de travailler sur un iPad (ce n’est pas une critique, on fait de très bons trucs sur un iPad, hein ; iOS peut couvrir à peu près 80% des besoins – mais cela ne suffit pas pour un power user un peu fanatique). Moi, je l’ai entre les mains, et je te dis maintenant ce qu’il en est vraiment, parce que je m’en sers. À savoir, que cette machine est tout simplement le meilleur ordinateur portable que j’aie jamais eu, et peut-être même le meilleur ordinateur tout court.

My precious. Gris sidéral, évidemment.

Ce que je fais

Évaluer une machine n’est pas très pertinent si on ne sait pas d’où vient l’utilisateur. Moi1 : power user autoproclamé (TextExpander, Alfred, Keyboard Maestro, Hazel, la totale), sortant l’année dernière de vingt-cinq ans de tristitude Windowsienne et découvrant avec délices qu’on peut non seulement ne pas se battre contre l’ordi, mais le faire danser et chanter de deux commandes. (Ce qui explique pourquoi, même en déplacement, je préfère un bon ordinateur puissant à un iPad, même si j’adore cet appareil notamment pour l’écriture manuscrite.)

Usage : je passe la journée devant un moniteur, quel qu’il soit. Pour écrire, principalement, mais aussi pour faire de la photo en amateur éclairé (c’est important d’être éclairé dans la photo, heh), et surtout pour de la production musicale entre électronique et symphonique avec Ableton Live.

J’ai vécu sur un tout petit MacBook Air l’année dernière mais mes déplacements professionnels se multiplient, au point de passer à peu près 1/4 de mon temps en vadrouille, notamment dans des trains. J’ai aimé cette machine, mais j’ai buté de plus en plus contre ses limitations au fil du temps, et il m’est apparu nécessaire qu’il me fallait un ordinateur m’offrant la même flexibilité qu’un fixe. Donc, un MacBook Pro. Je rechignais, à force de lire quantité de critiques négatives, mais nécessité fait loi – et j’ai donc commandé le mien, en m’apprêtant à demi à le renvoyer dans les deux semaines.

Pour la petite histoire, et parce qu’il faut bien que je m’énerve un peu là-dessus, ça a tardé : DHL – honte sur eux – a « perdu » (ahem) mon colis juste avant son arrivée. UPS a par contre acheminé le remplacement sans erreur, et grande classe à Apple, qui, pour compenser le désagrément encouru, m’a fait une petite remise commerciale (alors que ça n’était absolument pas leur faute).

(Pendant ce temps-là, Microsoft intègre de la pub dans Windows 10. Je dis ça, je dis rien.)

La splendeur (ce qu’il fait merveilleusement bien)

Cela a été déjà amplement loué, donc pas la peine d’insister (je parlerai davantage des critiques courantes), mais, en gros, cette machine est fantastique parce que :

  • Son écran Retina est d’une beauté absolue. Et quand on passe toute sa journée devant du texte et qu’on est bigleux comme un dauphin d’eau douce, la finesse d’impression de ce qu’on lit n’est pas un luxe, et c’est devenu pour moi une nécessité.
  • Il est prodigieusement léger et portable. Vu que l’idée consiste à travailler en déplacement (c’est tout le concept d’un ordinateur portable), c’est assurément un atout. Pour avoir dû trimballer une monstruosité MSI de 12 tonnes pendant des années, notamment jusqu’à La Réunion, je m’extasie à chaque fois du contraste.
  • La puissance est au rendez-vous. Ableton Live et les plug-ins que je lui balance ne bronchent absolument pas.
  • Il est p*** de beau. OK, c’est accessoire. Mais quand on gagne sa vie avec un ordinateur en passant des heures dessus, le plaisir d’usage de l’outil n’est finalement pas si secondaire.

Les critiques (qui ne sont pas fondées)

OK, parlons des sujets qui fâchent : quid des critiques adressées à cette machine ? Moi, je m’en sers, contrairement à quantité de ses détracteurs, et voilà ce que je peux dire :

Les bugs. Il paraît que des machines en ont ; ça arrive, surtout pour une première génération. Je touche du bois, le mien tourne sans problème. Le service client d’Apple étant exemplaire (voir plus haut) et échangeant les modèles défectueux sans discuter, il faut être de mauvaise foi pour en vouloir à l’engin sur la base d’un défaut de fabrication.

Le clavier. Le clavier incarne la deuxième génération du mécanisme ultra-plat inauguré avec le MacBook-tout-court de 2016. Il n’avait pas plu à tout le monde, et beaucoup de personnes râlent dessus, parce qu’il est, eh bien, très plat. Le toucher ressemble plus à des micro-switches qu’à de vraies touches, et c’est vrai que c’est déroutant au début, surtout quand on a l’habitude de cogner sur ses touches comme un sourd. Alors, bon, j’écris des trucs pour gagner ma vie, je le dis tout net : j’adore ce clavier. C’est peut-être le meilleur que j’aie eu entre les doigts (et j’en ai essayé un paquet). Il m’a fallu une ou deux heures d’adaptation, mais à présent, c’est de l’amour tout rose que j’ai pour. Le fait d’effleurer à peine les touches pour qu’elles réagissent, de minimiser au maximum le mouvement des doigts, est simplement prodigieux et merveilleusement reposant. Jamais je n’avais eu aussi peu d’effort à fournir pour actionner un clavier – et c’est tout ce que j’aime. En comparaison, le Magic Keyboard du fixe me fait maintenant l’effet d’une Remington rouillée (je rêve  qu’Apple porte ce mécanisme de touches à leurs Mac de bureau). Après, certains détestent. Je peux l’accepter intellectuellement. Dans mon cœur, non. Je saigne et j’ai envie de condamner les hérétiques au bûcher.

Les ports. J’ai envie de dire que c’est la critique la plus absurde qu’on ait pu formuler à l’encontre de cette machine. Surtout de la part des photographes de forum dits « pro ». Scandale ! Pas de lecteur SD ! Et mes photos de pro, alors, comment je fais ? C’est marrant comme quantité de ces photographes n’ont visiblement pas d’appareil à… CompactFlash, standard qui équipait quand même quantité d’appareils professionnels (je dis justement ça en pensant au 7D Mark I, resté longtemps l’appareil de référence pour la photo animalière, pour parler de ce que je connais). Les pros d’aujourd’hui (les vrais) ont depuis longtemps des cartes à wi-fi…

Et puis, pas de port USB-A, que de l’USB-C ! Et mes clés et mes périphériques ? C’est que je suis un power user, moi, madame, j’ai des trucs à brancher pour faire des machins. Alors je n’imagine justement pas, en 2017, un power user passer régulièrement par un port USB pour connecter des bidules ou transférer des données régulièrement. Un power user, ça utilise le cloud depuis 2010, ça a son propre serveur et son réseau, peut-être sa dedibox quelque part, ça utilise AirDrop et AirPlay et ça ne sait même plus où sont ses clés USB. Les câbles, le bon vieux sneakernet, ça fait partie d’une époque révolue depuis longtemps. Et pour les périphériques existants ? Les contrôleurs musicaux, par exemple, les surfaces type DJ ou production musicale ? Question : vous en vous servez en déplacement, vous – c’est-à-dire, dans un train, dans un avion ? Non, évidemment. Ces périphériques, par nature, s’utilisent en configuration dockée, soit avec la machine connectée sur une table et de la place pour les mettre autour. Dans cet état des choses, brancher deux ou trois convertisseurs – ou une station d’accueil – pour utiliser des appareils plus anciens devient un non-problème. Avec l’USB-C, on gagne la polyvalence, l’avenir d’une connectique universelle qui s’imposera comme standard et qui permet, justement, de brancher tout et n’importe quoi de façon modulaire, et ça, c’est bigrement beau.

Par contre, oui, je regrette la disparition du Magsafe. Mais dans les faits, la batterie fournit justement assez de puissance pour n’avoir pas besoin de se brancher au café du coin en milieu de session. Ce qui m’amène à…

La batterie. Là, ce que je lis, c’est carrément de la mauvaise foi. Sortant d’un MacBook Air, j’avais très peur de ce que j’avais lu à ce sujet. Allais-je revenir au bon vieux temps de mon transportable Windows qui tenait trois heures les jours de grand vent ? Plusieurs semaines après l’installation – soit après que le système est stabilisé, que l’indexation Spotlight est terminée, et autres rodages, voici ce que m’indiquait FruitJuice lors d’un voyage en train, alors que je bossais sur du texte :

LOL.

Oui, Apple dit « 10h d’autonomie », et oui, ça s’entend en ne forçant pas trop la luminosité de l’écran et en ne faisant pas tourner trouze mille machines virtuelles qui mangent la puissance de calcul. Faudrait voir à être un peu réaliste et ne pas espérer tenir 10h en faisant du montage vidéo 4k. Quand je lance Ableton Live dans le TGV, pour monter un épisode de Procrastination, par exemple (pub gratuite), oui, je vois la batterie fondre beaucoup plus vite. Évidemment ! Personne ne s’offusque de voir la batterie de son téléphone fondre plus vite quand il lance un jeu 3D gourmand en ressources. Râler que la batterie ne tienne pas alors qu’on tire sur la puissance de la machine est idiot. Dans un usage bureautique normal, oui, la batterie tient 10h, sans problème. Je me regarde un petit épisode de série sans que ça ne pèse trop non plus. Je gère un peu ma batterie, quoi, et d’ailleurs, bien, bien moins que je ne m’y attendais. Tout cela est normal. Oui, le MacBook Air tient davantage, mais le MacBook Air ne fait pas ce que fait un MacBook Pro. C’était pas l’idée, justement ? Le Pro peut à peu près passer pour un Air quand on s’en sert de la même façon… Et fournit la puissance d’un Pro quand c’est nécessaire.

Soit dit en passant, je comprends pourquoi Apple a retiré l’estimation du temps restant dans la barre de menus, parce que oui, ça varie énormément en fonction de l’usage. Si je me fonde sur FruitJuice, je vois l’estimation fluctuer beaucoup en fonction de ce que je demande à la machine. C’est acceptable de la part d’un utilitaire tiers (installé par quelqu’un qui comprend que ces données soient variables), mais pour un indicateur fourni par le système, ça fait bizarre et l’utilisateur moyen ne comprendrait pas.

La Touch Bar. « lol sa ser à rien. » Bande de nazes. C’est une trouvaille qui n’a l’air de rien, mais qui est prodigieuse. Les prétendus power users râlent – là encore en ne s’en étant pas servi – parce qu’ils connaissent les raccourcis clavier, eux, et que ça ne leur servira pas, à eux. Ils n’ont rien pigé, là encore. (Parce que moi, si. Parfaitement. Ben quoi ?) Cette trouvaille est excellente car elle s’adresse à toutes les catégories d’utilisateurs. Celui qui peine à utiliser un ordinateur trouvera toutes les options courantes dans une barre facile d’accès et visible – c’est parfait pour mamie Gertrude. Et le power user ? Le power user, il sera gentil de mériter son nom et de a) configurer sa Touch Bar application par application pour effectuer des manips plus avancées et surtout de b) acheter BetterTouchTool s’il ne l’a pas déjà fait (et s’il ne l’a pas fait, on peut lui retirer l’appellation de power user) et de scripter, configurer, customiser sa Touch Bar dans tous les sens avec des macros, des gestes et tout ce que son esprit réjoui par tant de puissance débloquée devant lui lui offrira. Il verra alors la lumière (en OLED).

Le prix. Okay, cette machine est très, très chère. (Honnêtement, je jouis du rabais éducation que m’offre mon statut de vacataire à la fac, et ça a clairement pesé dans la balance.) On est d’accord. Mais il faut considérer aussi que cette machine a) est appelée à durer (au bas mot) une demi-douzaine d’années, comme tous les Mac b) peut remplacer très avantageusement un ordinateur fixe en étant docké c) offre une expérience utilisateur à nulle autre pareille. Pour ma part, c’était une dépense et une décision professionnelle, poussée par la nécessité. Très franchement, je voulais vraiment attendre au minimum la Rev. B à la rentrée. C’est avec un rein en moins et la peur au ventre d’acheter à prix d’or une machine mal fichue que j’ai passé ma commande, parce que, étant passé sous Mac, je n’avais pas tellement le choix si je voulais un équivalent desktop (j’aurais pu prendre un MacBook Pro ancienne génération, mais quitte à investir sur la durée, je veux rentabiliser mon investissement, pas re-changer de machine dans trois ans parce que la puissance me limitera ; j’ai déjà fait cette erreur en voulant économiser sur le MacBook Air, qui heureusement, devrait rapidement trouver un acquéreur). Bon, au pire, je pouvais toujours la renvoyer et demander un remboursement. Bref, ça valait le coup de tester.

Pour acheter un ordinateur (surtout une machine à usage professionnel, quand on est indépendant), il faut penser comme pour une voiture : combien de temps vais-je garder cet engin, quel m’en sera l’usage, quel entretien (en temps, surtout, pour un ordinateur) aurai-je à prévoir ? Quelle dépense cela représente-t-il ? Ramenée à un tarif mensuel ? Maintenant, à combien estimé-je la dépense mensuelle, professionnelle, que je puis effectuer pour un outil de travail sur lequel je vais passer un temps conséquent ?

Pour moi, le calcul était clair : comme je le disais plus haut, j’en suis à un stade de ma vie professionnelle où je ne peux littéralement pas me permettre de voir ma productivité dégringoler pendant 1/4 de mon temps dans l’année2, surtout que cette part de déplacement risque d’augmenter encore.

Et je suis ravi, au final, de ne pas avoir attendu la Rev. B du MacBook Pro, car celui-là, j’en suis sûr, m’accompagnera jusqu’à 2023, au moins.

  1. Parce que c’est bien de se mettre en gras, et puis j’ai un peu profité ces derniers temps, d’ailleurs.
  2. Je n’ai aussi pas le droit de tomber malade, mais c’est un autre problème.
2017-03-14T11:48:44+01:00mardi 14 mars 2017|Geekeries, Humeurs aqueuses|24 Commentaires

Passer sous Mac, c’est facile ?

Suite à ma conversion miraculeuse, digne d’un Clovis étendant sa puissance (parce qu’il faut bien se la raconter un peu), quelques discussions avec des camarades ont toutes plus ou moins gravité vers cette même angoisse : « je passerais bien sous Mac, mais ce n’est pas un peu compliqué à faire ? » Alors ?

Non. (Salut, merci, bonsoir)

La question est légitime – les Macs avaient jadis la réputation de former un univers très à part, avec leurs applications, leurs formats de supports de données, de documents… Et c’est vrai, dans les années 90, convertir un document entre PC et Mac pouvait nécessiter de faire intervenir des applications tierces, et chaque plate-forme avait ses programmes spécifiques.

Depuis OS X (renommé macOS l’année dernière) et les années 2000, ce n’est plus du tout le cas. Les documents sont parfaitement intéropérables entre plate-formes (pourvu qu’on ait le programme qui va avec, bien sûr), et bien des applications sont développées à la fois pour Mac et Windows, en tout cas pour les ténors du genre : Microsoft propose un Office quasiment égal à son comparse sous Windows (surtout avec l’abonnement 365), et avec la croissance des applications web, de toute façon, la question se pose de moins en moins. (Le Mac offre, en revanche, un système mille lieues plus évolué que Windows et des applications qui doublent la productivité.)

Donc, rejoindre le côté en aluminium brossé de la Force est facile, à condition de garder en mémoire un certain nombre de petites choses.

N’oubliez pas de…

Avant de franchir le pas, inventoriez vos besoins réels. Notamment les logiciels indispensables à votre activité. Tous les ténors existent sous Mac aujourd’hui, mais certains demeurent quand même absents, en particulier des applications propriétaires, métier ou qui ne sont plus maintenues. Mais il existe des contournements, à savoir Boot Camp et la virtualisation. Boot Camp permet d’installer sur le Mac une partition Windows et de démarrer dessus comme un simple PC. La virtualisation consiste à faire tourner un Windows « virtuel » dans le système du Mac. Pour ma part, j’emploie la seconde solution à cause de vieux dictionnaires virtuels (notamment le Harrap’s Unabridged) dont j’ai besoin pour la traduction, et ça fonctionne à merveille. (Il a fallu ajouter à mon investissement une licence de Parallels, mais ça en valait la peine.) Testez donc la chose, si possible, mais sachez qu’elle est très probablement réalisable.

Vérifiez la compatibilité de vos matériels. Là encore, les pilotes existent généralement pour Mac et Windows, mais on n’est pas à l’abri d’une mauvaise surprise, notamment pour votre vieille imprimante matricielle de 1983. Assurez-vous que vos périphériques – surtout ceux qui sont indispensables à votre activité – fonctionnent. (Pour un écrivain, ça va rarement au-delà d’une imprimante, et normalement, c’est pris en charge, mais on ne sait jamais.)

Le faire sans douleur

Windows 10 tourne sagement dans mon Mac à côté de toute le reste.

Vérifiez l’état de vos licences. OK, vous avez vos programmes, vous constatez qu’ils existent sous Mac, tout va bien. Assurez-vous que les licences soient valides aussi sous Mac. C’est l’usage très répandu, mais certains éditeurs n’ont pas la possibilité de transférer une licence d’une plate-forme à une autre en raison de fonctionnalités très différentes. Un exemple notoire pour l’écriture est Scrivener. Acceptez de devoir racheter une ou deux choses, y compris, peut-être, de petites moulinettes qui viendront répondre à certaines habitudes que vous aviez sous Windows (notamment des utilitaires, lesquels, pour le coup, ne seront jamais compatibles).

Employez le cloud. Sérieusement, ne vous embêtez pas à graver des DVD (qui grave encore des DVD en 2017 ?) ou à passer par trente allers-retours de clé USB pour transférer vos données… Utilisez un système de stockage en ligne type Dropbox. MacOS a encore quelques petites réticences avec les disques Windows, surtout s’ils sont récents. Un Mac peut les lire, mais pas toujours écrire dessus1. Faites plus simple, mettez vos données dans une Dropbox, laissez tourner toute la nuit les deux machines pour qu’elles se synchronisent, et c’est réglé.

Gardez votre vieille machine un petit moment. Ne vendez pas tout du jour au lendemain, on ne sait jamais ; en cas de problème, vous pourrez rebasculer sur l’environnement de travail connu le temps de régler le problème.

Soyez prêt.e à (ré)apprendre

Comme me le disait un ami informaticien : « je me rends compte que je n’utilise probablement pas mon Mac au mieux de ses possibilités, parce que je m’en sers comme d’un PC ». Voilà. MacOS n’est pas Windows ; si un utilisateur vaguement informé saura s’y retrouver très vite, en profondeur, le système est assez différent. Tirer avantage du Mac implique d’accepter de réapprendre de nouvelles manières de faire les choses. Les raccourcis clavier, la gestion des fenêtres et des applications, l’emplacement des caractères spéciaux… Mais ce n’est pas vain ; à l’usage, on se rend compte que le Mac est bien plus robuste et mieux pensé qu’un Windows (avec ses trois chartes graphiques différentes, ses options incohérentes, et j’en passe).

La meilleure source pour apprendre est probablement le vénérable podcast Mac Power Users (en anglais, hélas) ; l’épisode 311 est en particulier dévoué tout entier au passage de Windows à Mac. Un autre bon point de départ pour commencer à voir ce que le Mac peut faire pour vous est cette liste d’Asian Efficiency sur les meilleures applications pour la productivité, qui m’a conduit sur mes premiers pas et montré le réel pouvoir de cette machine toute mince.

Dans deux mois, cela fera un an que j’ai entamé mon passage de l’un à l’autre, et je n’ai qu’un seul regret, c’est d’avoir été si bête et d’avoir attendu aussi longtemps pour le faire.

  1. Pour les spécialistes : macOS, de base, lit mais ne sait pas écrire sur du NTFS, à moins d’acheter un driver spécifique comme celui de Parangon Software (qui marche très bien, d’ailleurs).
2017-02-25T18:58:01+01:00jeudi 2 mars 2017|Geekeries|32 Commentaires
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