Procrastination podcast S06e05 – Lire quand on écrit

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S06e05 – Lire quand on écrit« .

Est-il encore possible d’être candide quand on s’intéresse suffisamment à un art pour en apprendre, puis en pratiquer les techniques et les ficelles ? Pratiquer l’écriture vous condamne-t-il à vous éloigner du plaisir de lire ? D’abord, il est question de rappeler l’importance de la lecture ! Mélanie parle de l’élargissement des horizons et des possibles qu’elle suscite ; pour Estelle, c’est la première école, et une manière d’apprendre tant les tropes que le paysage éditorial. Lionel insiste sur l’aspect du plaisir que l’on est censé éprouver à recevoir l’art que l’on pratique. Il est ensuite question de l’évolution du goût avec l’apprentissage de la technique, et des nouveaux plaisirs qu’elle ouvre.

Références citées

– Gabriel Ariñ-Pillot

– Johnny Hallyday, Allumer le feu

– Manon Fargetton, Tout ce que dit Manon est vrai

– Floriane Soulas, Les Oubliés de l’amas

– Les éditions du chat noir, Dawn Kurtagich

– Hellblade, Senua’s Sacrifice (Ninja Theory)

– Outer Wilds (Mobius Digital)

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Bonne écoute !

2021-12-01T18:09:54+01:00lundi 15 novembre 2021|Procrastination podcast|2 Commentaires

Procrastination podcast s06e04 – L’autocensure

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e04 – L’autocensure« .

Un sujet qui se révèle beaucoup plus vaste qu’attendu, où il s’agit d’aborder ces moments où l’auteur ou autrice peine à aborder certains terrains, ou bien redoute d’être reconnu·e dans ses thèmes ou traitements.
Mélanie révèle avoir longtemps lutté contre cette question, en se forçant à traiter des angles ou des questions qui ne lui étaient pas aisés, conduisant peut-être à un effet d’étrangeté en représentant le réel tel qu’il est au lieu de la manière dont le lectorat peut l’attendre. Lionel soutient que le risque d’être vu·e dans ses textes est assez faible, car la fiction noie le personnel dans le récit, et seuls les plus proches de soi peuvent éventuellement deviner les vrais éléments personnels de l’auteur ou autrice. Estelle parle du paradoxe du comédien, lequel exprime d’autant mieux sa sincérité derrière un masque ; mais elle dévoile que l’autocensure est revenue d’une direction inattendue et désagréable, liée à sa place d’autrice.

Références citées

– John Dos Passos

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2021-11-15T18:39:13+01:00lundi 1 novembre 2021|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s06e04 – L’autocensure

L’originalité en fiction : grand concept et grand traitement

Dans le sillage de nos réflexions collectives dans Procrastination autour de l’originalité en fiction qui infuse à travers la personnalité de l’auteur ou autrice (sujet qu’on a notamment traité dans l’épisode 403), j’en suis parvenu à cerner potentiellement deux axes autour desquels « l’originalité », la nouveauté, peuvent s’articuler dans les littératures de l’imaginaire. Et pour tester la pertinence d’un concept, rien de tel que de s’astreindre à l’énoncer clairement et de le livrer en pâture au vaste monde. Faites-en ce que vous voulez – et voyez ce que vous pensez. Personnellement, ce que je pense aujourd’hui est plus intelligent qu’hier, et plus stupide que demain, YEAH.

L’originalité en SF&F (et le désir, louable, des jeunes auteurs et autrices de celle-ci) est presque toujours associée au poids des géants du domaine, ledit « âge d’or » où quantité de concepts se sont développés voire sont apparus : par exemple en SF, les tropes du voyage dans le temps, du voyage interstellaire, du premier contact alien et j’en passe ; en fantasy, l’essor du médiéval-fantastique, la réinvention des bestiaires, le héros maudit surpuissant, le multivers et tant d’autres. On peut avoir la sensation qu’à l’époque, par rapport à maintenant, tout restait à inventer et découvrir, et si on peut attribuer une prudente part de mérite à l’argument (plus facile d’inventer des trucs quand on est au début d’un genre) – comme nous l’avons avancé dans Procrastination, l’originalité se niche dans des dimensions plus vastes, qui viennent s’enraciner dans la personnalité même du créateur ou créatrice. (C’est même une des composantes philosophiques fondamentales du droit d’auteur, venue de Kant, à travers la théorie de la personnalité – l’œuvre est le reflet direct et unique de la personnalité de celui ou celle qui crée, déterminant donc son ascendant sur son travail.)

Mais cette conception de l’originalité – la « bonne idée » – n’est qu’une partie de l’équation, et elle n’est absolument pas indispensable pour construire une œuvre notable et majeure. Quantité de travaux d’envergure ne reposent pas sur des idées bouleversantes, mais sur une approche travaillée et réfléchie d’un environnement, de thèmes, de personnages, et c’est par la finesse narrative, la personnalité de l’auteur ou autrice, la qualité du traitement que l’œuvre ressort. Avec tout l’immense respect et le goût que j’ai pour un récit comme, par exemple, « Game of Thrones », on n’y trouve – qu’on me pardonne – aucune « grande idée ». Dragons, Marcheurs blancs (= fléau zombie), rivalités politiques, worldbuilding, tout cela sont des éléments et des tropes déjà connus ; ce qui fait la force de l’œuvre, c’est la galerie des personnages, la puissance du traitement, le souffle épique, l’inventivité narrative, bref, tout ce qu’on raconte.

L’originalité, donc, a pour moi deux dimensions en imaginaire qui peuvent se mêler à des degrés divers :

Le grand concept. C’est ce à quoi on pense souvent, comme exposé plus haut, quand on pense « originalité » : c’est « l’idée » peu explorée, voire totalement novatrice, sur laquelle on va faire reposer une histoire, voire un univers. Le paradoxe du grand-père. L’épée buveuse d’âmes. La Force. Je crois qu’on a un peu toutes et tous envie de trouver de grands concepts, car je pense qu’ils forment fréquemment nos premiers vertiges SF&F, et allument en nous le désir de la même inventivité. Cependant, comme dit précédemment, ce n’est nullement obligatoire. Car il existe aussi :

Le grand traitement. Cela rejoint l’idée selon laquelle la personnalité et l’originalité de chaque personne apportera, si elle est sincère, une vision unique et novatrice de thèmes parfois ancestraux (G. R. R. Martin produit, selon cette définition, un « grand traitement » avec « Game of Thrones »). Le grand traitement n’est absolument pas moins noble que le grand concept, et peut même se montrer parfois plus accessible (car il repose sur une plus vaste communauté d’expérience) : vous savez quel genre indémodable repose presque exclusivement sur du grand traitement ? Le roman sentimental. On réinvente le thème de l’amour depuis que notre espèce à se raconte des histoires et on trouve constamment de nouvelles choses pertinentes à dire sur le sujet. Et ça n’est absolument pas moins noble.

Évidemment, ça n’est pas une dichotomie, et ça ne s’oppose pas du tout. Un twist fameux d’un trope connu peut devenir un grand concept pour un point précis d’un univers à l’intérieur d’un grand traitement ; inversement, un grand concept qui n’est pas traité avec la finesse et l’intelligence d’un grand traitement tombera à plat. De la rencontre de tropes archi-connus peut éclore un fantastique grand concept (je pense par exemple à l’épisode Heaven Sent de Doctor Who, le fantastique épisode du confession dial1 qui, en mélangeant quantité de concepts classiques, crée quelque chose d’unique). J’ai récemment chroniqué Outer Wilds – grand concept impeccablement traité – et Grisgrand traitement (car en son cœur, ce n’est « que » un jeu de plate-forme, mais quel jeu de plate-forme). Ce sont tous deux des chefs-d’œuvre à mes yeux.

Si je vous raconte ça, c’est pour relativiser une fois de plus, suite à une conversation échangée aux Imaginales2, la pression de l’originalité, surtout dans nos genres, et l’angoisse de se dire « tout a déjà été écrit, que puis-je donc ajouter ? » L’originalité est bien des choses, et elle s’enracine dans la passion, la peur, les questionnements de la personne, qui seront ensuite servis par la technique littéraire. Un grand traitement, par sa puissance et son envergure, peut devenir un grand concept à part entière à travers sa seule existence – peut-être pourrait-on dire cela du Seigneur des Anneaux quand on connaît l’envergure de l’inspiration mythique de Tolkien. Et ma foi, il y a pire ascendance.

  1. Meilleur de Peter Capaldi, et chant du cygne de Steven Moffat, qui était décidément à bout de souffle sur cette saison.
  2. Salut à toi, je sais que tu traînes ici 😉
2021-10-23T15:57:33+02:00mercredi 27 octobre 2021|Best Of, Technique d'écriture|5 Commentaires

Procrastination podcast s06e03 – Écrire la nourriture et la boisson

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e03 – Écrire la nourriture et la boisson« .

Attablez-vous et prenez un verre pour un épisode sur la présence de la nourriture et de la boisson dans la fiction ! Lionel casse direct l’ambiance : ça n’est pas son truc en tant que lecteur, et il ne s’y intéresse que pour le worldbuilding, l’aspect culturel et la fourniture d’accessoires de mise en scène. Mais pour Mélanie et Estelle, c’est un vrai plaisir, et la possibilité de rapprocher le réel d’un univers de fiction. Mélanie évoque ses forts et persistants souvenirs de lecture, et insiste sur le plaisir qui s’y relie ; la caractérisation des personnages et des lieux qui en découle. Estelle rappelle qu’il existe de bonnes et mauvaises scènes de repas comme dans tout, et met l’accent sur leurs significations et spécificités, qu’il s’agisse d’un banquet ou d’un humble casse-croûte.

Références citées

– Le Poney rouge, John Steinbeck

– Poppy Z. Brite

– La Nouvelle-Orléans

– Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand

– Le Festin de Babette, réalisé par Gabriel Axel

– Francis Berthelot

– Marcel Proust (la madeleine, Du Côté de chez Swann)

– Les madeleines Eco+

– Germinal, Émile Zola

– Des souris et des hommes, John Steinbeck

– Kaamelott, série d’Alexandre Astier

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2021-11-01T18:46:53+01:00vendredi 15 octobre 2021|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s06e03 – Écrire la nourriture et la boisson

Aeon Timeline v3 est disponible, et ça a l’air assez génial

Aeon Timeline, application recommandée pour gérer des frises chronologiques, vient de sortir sa version 3, et les changements paraissent d’envergure. La v2 du logiciel laissait affleurer la base de données sous-jacente (une chronologie n’est jamais qu’une base de données ordonnée selon le temps), mais cette v3 semble d’être approfondie en système relationnel complexe, permettant de visualiser ses informations de manière extrêmement poussée et inventive. Et le logiciel se synchronise apparemment de façon transparente à Scrivener, dans les deux sens en plus.

Ce que je trouve très alléchant, c’est que cette approche permet comme toujours de construire non seulement la chronologie des événements d’un récit, mais qu’elle semble permettre de planifier carrément celui-ci dans l’application, du chapitre jusqu’à, peut-être, le temps de la scène.

Aeon Timeline est un logiciel simple à prendre en main (n’importe qui peut faire une chronologie avec) mais dont la puissance nécessite un investissement certain (pour prendre en main ce moteur sous-jacent de base de données et le plier à ses besoins). J’avoue que cela fait une éternité que je veux réaliser cet investissement, mais… le temps et les bouquins à rendre, vous voyez ? Mais là, cette nouvelle version semble offrir ce qu’on n’avait pas forcément demandé, mais qu’il serait drôlement cool d’avoir : d’outil spécialisé dans un rôle bien précis, Aeon Timeline est peut-être devenu un outil surpuissant dans un domaine où on ne l’attendait pas, et qui, en plus, se trouve faire des frises chronologiques en passant.

➡️ Le site d’Aeon Timeline (disponible sur Mac, Windows et iOS avec un achat unique pour un an de mises à jour).

2021-10-03T17:36:32+02:00jeudi 7 octobre 2021|Geekeries, Technique d'écriture|16 Commentaires

Procrastination podcast s06e02 – La narration au présent

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e02 – La narration au présent« .

Un épisode peut-être encore plus axé sur la subjectivité et la perception que d’habitude, tandis qu’il est temps (heh) de discuter du présent de l’indicatif dans la narration. Quelles en sont les forces et les faiblesses ? Doit-on le réserver à certains types de récits uniquement ou bien est-il plus riche qu’on ne pense ? Est-ce la lutte des classiques contre les modernes ?
Pour Estelle, il transmet une oralité, mais surtout une immédiateté qui en font les forces. On l’imagine souvent réservé à la littérature jeunesse, mais absolument pas !
Lionel (définitivement dans le camp classique cette quinzaine) met en garde contre la sécheresse qu’il peut induire et questionne le bien-fondé de la perte de la voix du conte, disputant l’immersion que le présent procure.
Mélanie attire l’attention sur certaines situations peu maniables avec les temps classiques (notamment la narration à première personne du singulier au passé simple), que le présent résout élégamment, et expose son usage intuitif de la forme.

Références citées

– Jean Genêt, Notre-Dame des Fleurs

– Virginie Despentes, Les Jolies choses

– Francis Berthelot, Rivage des intouchables

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2021-10-20T18:06:51+02:00vendredi 1 octobre 2021|Procrastination podcast|2 Commentaires

Procrastination podcast s06e01 – Le grand format et la sélection des manuscrits, avec Pascal Godbillon

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e01 – Le grand format et la sélection des manuscrits, avec Pascal Godbillon« .

Procrastination a l’immense plaisir de démarrer sa sixième année en recevant Pascal Godbillon, qui dirige depuis 2006 l’une des collections d’imaginaire patrimoniales françaises majeures, Folio SF (Gallimard), ainsi que la collection grand format Lunes d’Encre chez Denoël. Deux collections d’imaginaire de renom, où l’on trouve à la fois les immenses jalons du genre (Shelley, Wells, Asimov chez Folio SF, par exemple), mais qui font aussi la part belle aux auteurs et autrices contemporain·es de langue française et d’ailleurs (il publie entre ses deux collections Sabrina Calvo, Alain Damasio, Catherine Dufour, Laurent Genefort ou encore Jean-Philippe Jaworski).
Dans ce premier épisode, Pascal partage sa vision générale de l’édition, à travers le processus du choix des manuscrits et le rôle de la ligne éditoriale ; il prend l’exemple du concours des 20 ans de Folio SF pour rappeler qu’il ne faut pas hésiter à écrire et envoyer sa productions aux maisons d’édition ; il aborde aussi l’importance de la lecture dans la formation de l’écriture et pointe quelques maladresses courantes dans les manuscrits reçus.

Procrastination remercie profondément Pascal Godbillon et les éditions Gallimard. Pour retrouver les collections en ligne :

– Folio SF http://www.folio-lesite.fr/SF-Fantasy (Facebook : https://www.facebook.com/editionsfolio , Twitter : https://twitter.com/editionsfolio , Instagram : https://www.instagram.com/editionsfolio/ )

– Lunes d’Encre http://www.denoel.fr/searchdenoel/advanced?category_id=13&SearchAction=1 (Facebook : https://www.facebook.com/EditionsDenoel/ , Twitter : https://twitter.com/EDITIONSDENOEL )

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2021-09-29T18:14:06+02:00mercredi 15 septembre 2021|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s06e01 – Le grand format et la sélection des manuscrits, avec Pascal Godbillon

Vous voulez écrire de la SF ou de la Fantasy ? Attention à ces pièges

… est le titre de l’article réalisé par Marcus Dupont-Besnard pour Numerama, qui synthétise (car je parle beaucoup trop si on me laisse faire) un très long et chouette entretien autour de Comment écrire de la fiction ? et des particularités de l’écriture d’imaginaire :

Ces genres ont-ils une particularité dans le domaine narratif ? « On ne peut pas imaginer un bon roman d’imaginaire qui ne soit pas un bon roman tout court  », prévient Lionel Davoust. « Mais l’imaginaire ajoute des difficultés techniques supplémentaires. » Nous lui avons demandé s’il existait des pièges et idées reçues spécifiques à ces genres, que les jeunes auteurs et autrices devraient soigneusement éviter dans l’écriture d’un manuscrit.

Merci à Marcus et à Numerama pour leur intérêt envers ce livre, et envers ce que je crois avoir appris au bout de beaucoup trop de temps passé à faire ce métier forcément malhonnête.

➡️ Lire l’article – entretien de Numerama sur Comment écrire de la fiction ?

2021-08-26T16:35:30+02:00lundi 30 août 2021|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|6 Commentaires

Création produit > identité de marque

Histoire d’être plus rigolo et parce que cela rejoint ce dont on a déjà parlé sur le mythe des réseaux pour se faire connaître où j’ai pu constater des opinions divergentes, je vais commencer par vous en raconter une (d’histoire).

C’est (donc) l’histoire (ben oui, suivez) de quatre-cinq gugusses (et à un moment, une gugussette) de 20 ans fraîchement inaugurés qui se mettent dans la tronche qu’ils vont devenir le nouveau Nightwish / Dream Theater / Cradle of Filth / Muse (il y a un intrus dans cette liste, sauras-tu le retrouver ?) selon leurs fantasmes personnels (et on voit tout de suite que ça va déconner, mais un peu de clémence, les gugusse·ette·s – orthographe inclusive FTW – n’avaient donc que 20 ans tout mouillés, donc). Donc ils font des répétitions, commencent à composer, à un moment quand même boivent plus de bière au bar que composer, mais ils sont des pros, tu comprends, donc ils savent ce qu’ils font – ouais, c’est l’équivalent métal du type à cheveux longs qui glande au Starbucks avec un MacBook Air couvert d’autocollants qui va écrire le prochain grand roman social, promis juré, mais demain.

Bon, alors, avant que ça râle, au cas où ça n’aurait pas suivi, j’étais évidemment un des gugusses en question, hein, avec mes cheveux longs et mes doigts gras sur mes synthétiseurs (sachant qu’il aurait parfois mieux valu que je laisse jouer les arpégiateurs, c’est pas par hasard que je produis depuis en différé), et j’étais pas le dernier quand il s’agissait d’imaginer les concerts de cent mille personnes où même le tout-Paris s’étonne en pensant qu’il existait une alchimie secrète convertissant la bière en bonne musique. (Résistance, quand tu nous tiens.) Donc, je dis ça avec la tendresse qu’il faut avoir envers les ambitions qu’on a à vingt piges (à cet âge-là, j’ai aussi fantasmé un monde imaginaire qui se déclinerait en nouvelles et sagas sur des années de création avec un énorme plan maître et on va dire que ça s’est beaucoup mieux passé, donc bon, faut surtout pas avoir peur de rêver). (Incidemment, tout ça pour dire : être wannabe, je sais ce que c’est, j’en rigole ou cringe selon les jours et quand je parle de la quantité de boulot à investir dans son art, c’est pas pour emmerder le monde, c’est que je sais beaucoup trop bien.)

Tout ça pour en arriver à une certaine anecdote saillante (c’est de saison, l’escalade sportive était aux JO) résumant tout le bouzin : à un moment, lesdits gugusses + gugussette se sont dits, avec probablement une compo et demie dans l’escarcelle à ce stade : « hé, les gens, il faut absolument qu’on fasse un logo, et un site web pour se promouvoir ». (Il est très possible que je sois moi-même le responsable de cette connerie.)

Bon. Eh ben non, hein ? On continue à bosser, peut-être, d’abord.

Je parle de ça parce que ça m’est revenu après quelques écoutes de podcasts disparates sur l’écriture et les réseaux, et que certaines stratégies employées par des jeunes auteurs m’ont frappé comme étant, eh bien, l’équivalent 2021 du groupe des gentils couillons pensant au management avant le cœur du métier. Qui est : créer des choses de qualité, donc apprendre et améliorer son art, le travailler diligemment (et il y a fichtre de choses à apprendre, toute sa vie mais encore plus au début, forcément). Au lieu de cela, j’entends parler de « stratégies contenu » entre blog, newsletter, formations qu’on donne, comptes Instagram, communautés Discord, tweets, pages Facebook et évidemment, tout ça en parallèle12.

Bon. Heu. À ce stade, j’ai juste envie de poser une question, gentiment hein, mais le cœur du métier, c’est community manager ou écrivain·e ? Sérieusement, où diable trouvez-vous le temps d’écrire ? (J’écris à plein temps depuis plusieurs années et je n’en ai déjà fucking pas assez ! J’ai plutôt fait l’inverse : j’ai quitté tous les réseaux et tout récemment, la majorité des forums que je fréquentais aussi parce que, qui a le temps et la bande passante mentale pour ça ?)

Encore une fois, comme me le disait un de mes MJ de Donjons et Dragons dans une incarnation immortelle de tous les aubergistes du monde qui n’ont pas envie de répondre aux questions des joueurs : « chacun fait ce qu’il veut » mais j’interroge, juste, la pertinence de développer la stratégie média de la Lyonnaise des Eaux quand on n’a peut-être que quelques nouvelles publiées ici et là (ce qui est bien, hein ! on parle des à-côtés).

Ce n’est pas votre présence en ligne qui vous fera connaître, ce sont de bons textes. Mireille Rivalland l’a dit dans Procrastination, spoiler : Pascal Godbillon le dira aussi à la saison 6, et je vous invite, pour l’exercice, à aller regarder exactement combien d’auteurs et d’autrices découvert·es ou qui publient de premiers romans chez de grandes maisons ont une présence en ligne d’envergure sur les cinq dernières années. Personnellement, j’ai plutôt l’impression de constater (au doigt mouillé) une relation proportionnelle inverse entre les démarrages de carrières prometteuses et le plan média personnel de ces auteurs. Évidemment, un canal, un point d’eau (disons un site, peut-être un blog et/ou une newsletter), c’est nécessaire aujourd’hui ne serait-ce que pour qu’on sache où vous trouver et créer du lien avec votre communauté naissante (ce qui est chouette !), mais je pense que l’idée d’une galaxie média est une vache de fausse route quand on en est encore à faire ses gammes…

Alors, comme toujours, si ça vous amuse, c’est cool, et c’est autre chose. Il peut y avoir un plaisir sincère à rester sur Twitter (j’ai joué hardcore à WoW, qui suis-je pour juger des addictions des autres ?), et il y a un réel bénéfice à l’entraide des communautés en ligne. Et puis même, fantasmer sur le logo de son groupe qu’on aura en grand derrière soi sur la scène du Zénith, ce n’est pas interdit, ça fait rêver, et les rêves, c’est chouette, les accomplissements commencent toujours par là.

Mais on est d’accord, hein ? Ce n’est pas du boulot. Le boulot, c’est la création, la production. C’est là qu’on apprend et c’est là qu’on crée des choses à montrer et qu’on progresse. Le groupe de métal devra se soucier de son logo et de son site, bien sûr, mais ça vient quand on a déjà 10-15 compositions qu’on peut jouer sans pain de façon fiable et régulière (et ça n’est pas donné à tout le monde) (et non, effectivement, on n’est jamais arrivé à ce stade, vous l’aviez deviné, hein ?).

Et c’est là-dessus qu’il faut bosser, le reste viendra quand il devra venir. That’s all I’m sayin’.

  1. Je laisse de côté l’autoédition, que je connais beaucoup trop mal et qui peut nécessiter ce genre de chose, mais cela me semble ajouter à une charge de travail déjà considérable, ce qui constitue un solide argument en faveur de l’édition traditionnelle.
  2. Je laisse aussi de côté les gens qui ont des équipes pour les épauler et gérer ça pour eux.
2021-08-08T11:03:24+02:00mardi 10 août 2021|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Procrastination podcast S05e20 – Non, l’éditeur ne veut pas vous formater

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S05e20 – Non, l’éditeur ne veut pas vous formater« .

L’épisode aux opinions peut-être impopulaires, mais concernant une idée reçue tellement fréquente qu’il convient de lui tordre le cou une bonne fois pour toutes : non, une maison d’édition ne veut pas formater votre travail ni lisser votre personnalité. Mélanie met déjà en avant l’immense diversité du paysage éditorial et donc des sensibilités, et revient sur la notion de ligne éditoriale, qui n’est pas un prétexte pour rejeter les manuscrits, mais au contraire un repère précieux pour s’orienter. Lionel explicite la différence souvent mal comprise entre la personnalité souhaitée dans une œuvre et les moyens que l’auteur ou autrice acquiert au cours de son mûrissement, tant personnel que technique. Estelle insiste sur l’importance de chercher les bons partenaires, de cibler ses projets, et rappelle qu’un artiste apprend ce qu’il ou elle désire à mesure qu’il ou elle pratique son art.

Références citées

– Le festival Imaginales, http://www.imaginales.fr

– Le festival Utopiales, http://www.utopiales.org

– Mireille Rivalland

– « Les Archives de Roshar », Brandon Sanderson

– Django Reinhardt

– Free Bird, Lynyrd Skynyrd

– Régis Goddyn

– Stefan Platteau

– Donjons et Dragons le film, réalisé par Courtney Solomon

– Le Seigneur des Anneaux, série de films réalisés par Peter Jackson

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Bonne écoute !

2021-08-12T18:10:01+02:00jeudi 1 juillet 2021|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S05e20 – Non, l’éditeur ne veut pas vous formater
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