Annonce de service : je ne peux pas beta-relire

lolcat_kill_plotzC’est une annonce un peu difficile à faire et que j’ai essayé de mentionner à demi-mot une ou deux fois ici, mais, dans l’intérêt d’éviter des déceptions, de passer pour un goujat qui ne remplit pas ses engagements, il me faut le dire clairement. Il m’arrive de recevoir de plus en plus souvent des textes d’auteurs débutants qui voudraient mon avis sur leur travail. Je suis très touché de cette marque de confiance – révéler son texte à un inconnu, ou quelqu’un qu’on ne connaît que virtuellement, montre un sacré courage. Je suis également honoré que vous considériez que je puisse avoir quelque chose à dire d’intéressant sur votre travail. 

Hélas, pour autant que j’aimerais pouvoir aider et potentiellement transmettre ce que j’ai pu apprendre jusqu’ici, la réalité des choses me montre que je ne peux pas le faire, et il me faut dorénavant être ferme (pour moi) et clair (pour tout le monde) : chers lecteurs et participants des ateliers d’écriture, je ne peux pas beta-relire (ou simplement lire) vos textes.

Cela mérite une explication… et d’ajouter que je peux aider et partager ma modeste expérience d’autres façons pour lesquelles je reste aussi disponible que je peux l’être.

Pourquoi ?

Je ne vais pas chouiner comme une pauvre petite fille riche, alors, de manière concise :

1. Relire, annoter, commenter prend un temps certain. Il ne suffit pas de lire et de dire « c’est sympa ». Le retour informé d’un beta-lecteur nécessite une attention différente de la simple lecture sur le canapé et une réflexion après coup qui nécessite une disponibilité certaine. La trouver n’est pas évident. Dans les faits, hors horaires de travail, je l’ai très peu ; et je reçois, par ailleurs, de plus en plus de requêtes de ce genre. Si j’en honore une, je devrais les honorer toutes, et c’est matériellement impossible.

2. C’est un vrai métier, c’est celui d’éditeur. Il m’arrive de diriger des ouvrages (revues, anthologies) et, pardonnez-moi cette franchise, mais on me paie pour cela. Quand je passe 2 à 10 h (parfois même plus) sur un texte en fonction du niveau de commentaires, c’est autant que je ne passe pas à gagner ma vie (qui en a besoin) ni avec moi-même (j’en ai besoin aussi) ni avec mes proches (qui en ont besoin également, quoique là, j’admets que ça reste plus mystérieux).

3. Corollaire des deux raisons précédentes : je suis en retard, et ça me rend coupable. Je vois ces textes, ces demandes gentilles, je suis accaparé par autre chose, je ne le fais pas, je procrastine encore plus parce que je me sens coupable (comment revenir vers la personne après deux mois de silence ?), en face je passe pour un type hautain qui n’en a rien à foutre, etc. Bref, on est tous malheureux. Donc : no more.

4. Vous ne voulez pas mon retour. Je vous assure. Un(e) jeune auteur est plein(e) d’allant, d’idéaux et – bien souvent – de manque de confiance en lui/elle. L’expérience prouve que demander un avis dans ces conditions, c’est surtout espérer que je réponde combien c’est super. Sauf que l’écriture est mon métier. Du coup : d’une, le texte est un matériau avant d’être de l’affect ; de deux, j’ai un regard très, TRÈS sévère, parce que j’ai tendance à conserver la même exigence qu’avec un(e) pro. Je ne lis pas un texte en me disant « allez, c’est pas mal », je le lis en me disant: « est-ce que ça tient éditorialement la route? » Malheureusement, quelques jeunes auteurs sont ressortis un peu traumatisés par ce genre de session. Or, si, dans le cadre d’un atelier d’écriture, c’est le jeu et les paticipants sont même là pour ça, dans le cadre d’un avis informel à travers le Net, ça s’est un peu trop souvent terminé en malentendu. Et, parmi mes missions sur Terre, il y a « mettre le pied à l’étrier des gens », pas « leur casser le moral ». (Ni « m’en prendre plein la gueule en ayant voulu rendre service », ce qui est arrivé aussi, et là ça me rend méchant.)

Comment je peux me rendre utile

Il faut savoir ce que l’on fait bien… et c’est ce sur quoi je vais me concentrer dorénavant dans ce domaine. On dit dans ce métier « you can never pay back, only pay forward » – on ne peut pas rendre à ceux qui nous ont donné notre chance, mais hisser ceux qui viennent après nous. C’est important pour moi. Je m’efforce donc de redistribuer ce que j’ai pu apprendre à travers plusieurs initiatives dans lesquelles j’investis beaucoup d’énergie :

 

En particulier, en ce qui concerne le blog, je suis toujours ouvert à vos questions portant sur l’écriture. Je prends parfois du retard dans leur traitement, j’en suis navré, mais je m’efforce de corriger le tir afin de publier des articles développés qui alimenteront la discussion de tous. Si vous avez donc une ou plusieurs questions sur l’écriture, le métier, la technique narrative, etc. balancez-moi un courriel. Si je sens que j’ai quelque chose d’intelligent à proposer sur la question, je rédigerai un article qui deviendra disponible pour tous. Et il deviendra possible d’en discuter, d’apporter la contrepartie, et ainsi de suite.

2017-03-13T19:03:13+01:00vendredi 16 août 2013|Technique d'écriture|26 Commentaires

Prix Lacour de l’Imaginaire 2014

lacour2013Comme tous les ans, le prix Lacour de l’Imaginaire se propose de publier un premier manuscrit avec contrat d’éditeur à la clé. On peut arguer qu’un prix dont la récompense est une publication n’est pas un prix, c’est simplement un processus de sélection de manuscrits, mais devant la difficulté à franchir parfois ces fourches caudines, cette occasion peut être signalée, surtout dans le cadre de l’imaginaire. C’est déjà l’assurance d’être lu, ce qui est hélas de plus en plus difficile quand on débarque de nulle part.

EDIT – suite aux commentaires (à consulter) – par contre, caveat : la rémunération est assurée en livres, et en numéraire qu’à partir de 750 exemplaires – soit probablement jamais, au vu des chiffres de ventes moyens dans le genre. Voir les conditions. Sachez dans quoi vous vous engagez, et sachez que ce « prix » ne sera pas un couronnement mais un début, et qu’il vous faudra vous promouvoir activement si vous êtes retenu(e).

L’envoi des manuscrits est ouvert jusqu’au 1er mars 2014 pour la sélection de l’année prochaine. Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site.

2014-08-05T15:16:33+02:00mardi 13 août 2013|Technique d'écriture|10 Commentaires

Productivété (7) : les outils de base, vivre dans le nuage

mushroom_cloud(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

OK, maintenant, on se rapproche de plus en plus de la pratique. Avant d’aborder en détail les outils directement liés à l’organisation et aux systèmes comme GTD, nous allons passer en revue les principes des outils « génériques » qui semblent indispensables afin que la technologie travaille pour soi et non l’inverse.

Des principes de base

Voici ce que la technologie apporte (ou que l’on peut attendre d’elle) :

  • Qu’elle nous rappelle ce que l’on ne veut pas avoir à se rappeler (rendez-vous…)
  • Qu’elle note et sauvegarde de façon sûre ce qui nous vient en tête
  • Qu’elle conserve et fournisse les informations usuelles importantes (contacts)
  • Qu’elle nous permette de tirer avantage de chaque moment libre (à glander dans une file d’attente) (si on le souhaite)
  • Qu’elle tienne prêtes les informations concernant les projets en cours et en prenne soin
  • … sans employer une myriade d’outils.

Cela se fait aujourd’hui avec l’emploi massif du cloud, ou nuage. Pour ceux qui ont passé les trois dernières années dans une cave de Plan-de-Cuques, le cloud est une forme de stockage de données décentralisée : elles deviennent accessibles par le Net, et tout changement apporté à celles-ci se trouve répercuté sur tous les terminaux qui s’en servent. Plus besoin de transporter le rapport Cofredip sur une disquette 5″1/4, la dernière version est accessible de n’importe quel terminal autorisé.

On ne peut toutefois compter sur une connexion permanente au Net ; on considérera qu’une version locale, ou hors-ligne, de toute application sera indispensable avant de considérer sérieusement un service.

Ne faites pas votre mijaurée…

… ouvrez un compte Google.

Oui, Google mange nos enfants et achète le Norfolk pour y cultiver du paprika, mais il y a une raison, c’est qu’ils fournissent les services les plus efficaces et les mieux conçus qui soient dans le cloud. Un compte Google vous offre, à tout le moins :

  • Un agenda employant les formats standard, synchronisé avec votre smartphone (Android, ça va de soi), qui vous envoie tous les rappels que vous voulez
  • Un courriel accessible de partout, avec un espace de stockage pharaonique, sans même nécessiter de changer d’adresse
  • Et aussi :
    • Une application de gestion de tâches (Google Tasks) suffisante pour des besoins de base (… mais il y a mieux, on verra ça la semaine prochaine)
    • Une application de prises de notes (Google Keep)… rudimentaire (trop)
    • Un outil de stockage de fichiers dans le cloud, Drive… auquel on préférera Dropbox !

GMail est en soi une plate-forme si puissante qu’elle nécessite un mot à part entière : il existe des knowledge workers qui font tout, absolument tout, depuis GMail, même gérer leurs tâches. Devenir un pro et maintenir son inbox à zéro nécessiterait un article en soi (… que je n’écrirai pas parce que je peine chroniquement à tenir le rythme de mon courriel et qu’on ne va pas se moquer du monde) mais, s’il existe une seule raison de passer sous GMail, c’est ActiveInbox. Ce plugin freemium incorpore un véritable flux de travail à la GTD dans GMail : chaque courriel est traité selon qu’il nécessite une action, urgente ou pas, qu’il attende une réponse, et il est possible de demander à AIB de ressortir un certain message à une date donnée. Le courriel se transforme en véritable assistant personnel à l’aide de scénarios, très simples à définir, comme : « J’ai demandé une information dans ce message, si je n’ai pas de réponse d’ici dix jours, ressors-le-moi pour que je relance. » Dans l’intervalle, le message disparaît et on peut sereinement l’oublier pour passer à autre chose.

aib

Mon Activeinbox, configuré selon mon goût actuel.

Notons que GMail se synchronise aussi avec les applications de gestion de courrier comme Thunderbird, et propose un mode hors-ligne aux utilisateurs de Chrome.

Il existe bien sûr d’autres solutions que Google, qu’adopteront ceux que la firme rebute (et on peut les comprendre). Cependant, cela nécessite des compétences en informatique largement supérieures à cette solution clé en main, et si nous sommes une auguste communauté, je ne pars pas ici du principe que tout le monde biberonne EMACS depuis la naissance. N’hésitez toutefois pas à partager vos propres solutions en commentaires.

Stockage de fichiers

dropboxLe stockage en ligne est la grande mode et la guerre des tarifs fait rage. Toutefois, tous les services ne sont pas égaux. Certains proposent de stocker les fichiers en ligne et d’y accéder d’un navigateur ; cependant, depuis Dropbox, on ne saurait considérer sérieusement ce genre d’offre sans synchronisation automatique et copie locale des données. Voici ce qu’on doit attendre d’un service de stockage dans le cloud :

  • Rapidité, sécurité des données
  • Stockage local des fichiers aussi bien que dans le cloud (pour y accéder hors ligne). Dans les faits, cela se traduit par un dossier sur le terminal qui se comporte normalement, mais dont on sait que les données sont en même temps synchronisées partout.
  • Synchronisation à travers un réseau local (pour restaurer facilement et rapidement une éventuelle copie de sauvegarde)
  • Conservation de l’historique des versions de fichiers (pour restaurer un effacement accidentiel)

Les ténors du genre aujourd’hui sont

  • Dropbox (le plus ancien et donc l’entreprise la plus expérimentée)
  • Google, avec Drive (mais qui ne propose pas de synchro en réseau local)
  • Amazon, avec Cloud Drive (pas cher, mais dont l’outil de synchro locale est assez jeune)
  • Microsoft, avec son jeune service Skydrive.

J’utilise Dropbox depuis des années avec bonheur et joie. C’est compatible avec pour ainsi dire tout, et l’équipe reste très active sur l’ajout de fonctionnalités. On peut reprocher le prix un peu élevé des formules payantes, mais le service est irréprochable, et il offre l’avantage de ne pas être lié à un autre écosystème numérique que le sien. Pour ouvrir un compte, c’est par là1. Gràce à cela, vos notes sont disponibles partout, vos textes sont synchronisés et partagés entre terminaux, vous pouvez passer de la tablette à l’ordinateur portable sans manipulation autre qu’attendre quelques minutes la propagation des données.

Bientôt, le boulot

Tout cela constitue l’infrastructure de base pour bâtir ensuite un système d’information qui travaillera pour vous. Ce que nous verrons la semaine prochaine dans un catalogue d’applications qui tiendra probablement de l’inventaire à la Prévert, pour suivre les tâches, gérer la documentation, lire et se concentrer, avant tout, sur le travail.

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2018-07-17T14:18:16+02:00lundi 12 août 2013|Technique d'écriture|2 Commentaires

Productivété (6) : Passer à l’action, le matériel

Photo par Pizarros, CC-By-SA

Photo par Pizarros, CC-By-SA

(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

Maintenant que nous avons fait un relatif panorama des méthodes les plus populaires d’organisation et de productivité, il s’agit d’implémenter tout ça. Ce sera l’objectif de ce mois d’août, avec, à nouveau, une emphase sur des principes plutôt que des outils précis, mais, comme il est impossible de tout envisager, j’aurai néanmoins tendance à recommander certaines applications testées et approuvées. Bien sûr, votre kilométrage peut différer.

Nous vivons des temps intéressants (comme on dit en Chine), avec toute une pléthore de smartphones, tablettes, assistants personnels, applications destinées à la productivité. Tellement intéressants que chacun y va de sa contribution, en espérant toucher le pactole en ayant inventé la prochaine application magique qui fera de lui le Google du pétrole.

Du calme.

De quoi avons-nous besoin ?

Avant de partir à la quête de l’Outil Ultime (TM), il convient de définir ce que l’on cherche. Il semble que c’est assez simple, finalement :

  • Conserver les informations des projets en cours…
  • … avec une recherche facile
  • Bosser dessus (produire, et non organiser)
  • Une forme de calendrier pour se rappeler les impératifs du jour
  • De quoi noter l’idée du moment 

Le dernier point est spécialement important. Les idées viennent aux moments les plus incongrus, et s’il y a bien un conseil d’écriture à donner, c’est d’avoir en permanence sur soi de quoi écrire, et de noter les idées dès qu’elles viennent. Pas demain, pas dans cinq minutes. Tout. De. Suite. L’expérience prouve que vous les oublierez.

L’expérience prouve aussi que si elles semblent idiotes sur le moment, votre futur vous-même saura s’en servir.

La clé du matériel, c’est d’avoir un outil qui vous corresponde, que vous ayez plaisir à utiliser, et qui soit portable. S’il est nécessaire de multiplier les approches en fonction des usages, tentez le coup, mais multiplier les outils, c’est courir le risque de perdre des informations. Prudence et concision.

mskLow-tech

Les impératifs énoncés plus haut signifient-ils que nous avons forcément besoin de smartphones, de cloud, de connexion à Internet ? Non. On était productif avant la 3G, on peut l’être encore. Un bon vieil agenda et un crayon suffisent amplement.

La tendance est même au low-tech. Le « Hipster PDA » symbolise l’opposition à la fuite en avant du tout-numérique et se compose d’un tas de fiches bristol réunies par une pince à dessin. Pour ma part, malgré l’emploi de smartphones et autres assistants personnels, je tends à recommander fortement l’usage de calepin pour les notes « libres » – cette idée de roman qui vous vient dans le train, ce nom de personnage qui trotte dans la tête, cette blague idiote qui ne fait rire que vous mais ne voulez pas perdre. Je suis un grand fan du petit Moleskine qui se glisse n’importe où (et je suis loin d’être le seul).

Mais pour le reste, la technologie permet de sacrés gains de temps, et j’en recommenderais l’usage (raisonné).

Hi-tech

Bon, vous n’avez pas besoin qu’on vous guide pour employer un papier et un crayon, non ? Alors parlons geekeries.

Les « nouveaux outils » de communication amènent quantité de possibilités d’organisation liées à l’informatique précédemment inenvisageables. Si vous avez une quelconque affinité avec la technologie, si vous avez la sensation que celle-ci doit être à votre service et pas l’inverse, si vous avez envie de vous y plonger pour lui faire cracher tout le temps qu’elle peut vous faire gagner, l’outil qu’il vous faut, de base, est le smartphone. C’est le minimum. Sérieusement. N’imaginez pas avoir un bureau mobile informatique sans.

desire_Z

Le but : il remplace votre agenda et carnet d’adresses. Il synchronise vos données, vous rappelle vos rendez-vous. Il complète aussi le calepin où vous prenez des notes libres (mais, dans ce cas, ne peut en prendre entièrement la place). Il se connectera au cloud qui stockera vos informations et les mettra à jour en permanence, les rendant disponibles sur tous vos terminaux. C’est votre secrétaire automatisé, votre cerveau externe qui prend en charge tout ce dont vous ne voulez pas vous rappeler. 

Mon dégoût pour Apple (verrouillage des appareils, politique du store révoltante, prix prohibitifs) est de notoriété publique, et il me semble que la plate-forme Windows Phone est encore trop jeune (pas assez d’applications). Je suis donc un utilisateur d’Android, que je recommande en raison de la variété des appareils, la possibilité de prendre la main sur sa machine moyennant quelques installations, l’expérience de Google en termes de service web1 et l’envergure de l’offre matérielle. Si vous n’aimez pas les écrans tactiles, il existe des modèles à clavier physique (j’ai longtemps utilisé le HTC Desire Z, ci-contre).

Une connexion Internet musclée (forfait 3G confortable, voire 4G si vous avez les moyens) est indispensable en termes de confort. Si ce n’est pas déjà fait, activez le wi-fi chez vous (avec une sécurité robuste) et configurez le téléphone pour qu’il s’y connecte sans effort. Vous êtes connecté(e) au nuage. (Et à PRISM. Et la NSA. Souriez et dites du bien de Barack Obama.)

Le set-up de base, ne JAMAIS sortir sans.

Le set-up de base, ne JAMAIS sortir sans.

 

En complément

Après, si vous êtes technophile et/ou fréquemment en déplacement, il convient d’ajouter à la panoplie (par ordre décroissant d’importance) :

Le miniportable. Netbook ou ultrabook, un petit ordinateur portable, au clavier confortable (pour écrire, c’est le but, pas jouer à Plants Vs. Zombies dans le train). Prévoir une connexion Internet 3G pour les mêmes raisons que ci-dessus. Pour éviter de multiplier les frais, prévoir de partager celle du smartphone (tous les opérateurs ne le permettent pas), peut-être en déplaçant la carte SIM dans une clé USB dédiée à cet effet.

La liseuse. On parle d’écriture, qui dit écriture dit lecture. Vous relire, lire les autres, vous documenter : vous allez (devez) bouffer du texte. Aux fêtes de l’année dernière, on a parlé des tablettes et des liseuses, je n’y reviens pas, à deux détails près :

  • Toi qui veux écrire, prends une liseuse en tout premier lieu, c’est bien plus confortable qu’une tablette pour la lecture (testé et comparé) ; 
  • Je signalais que mon choix s’était porté sur le Kindle, mais j’en reviens, à la longue, surtout en voyant les facultés des Kobo pour gérer le PDF (le Kindle étant purement inutilisable sur ce point).

La tablette. Qui vient en dernier, et qu’on utilisera comme super-smartphone et en remplacement possible du miniportable. Prévoir du wi-fi pour synchroniser l’engin au moindre point d’eau Internet qu’on trouve, et y ajouter un clavier Bluetooth si l’on compte vraiment s’en servir pour remplacer un ordinateur lors des déplacements.

Après, prévoir de quoi stocker tout ça, et faire un choix en fonction des circonstances. Sinon votre bureau mobile risque vite de ressembler à ça :

Photo Bjarni Juliusson, domaine public

Photo Bjarni Juliusson, domaine public

Ce qui n’est plus, ahem, mobile.

Cet article ne fera probablement que récapituler des détails connus de beaucoup. Pourquoi tout ça ? Pour employer, à pr »sent, tout un tas d’applications liées aux principes d’organisation exposés les semaines précédentes, ce que nous allons aborder en août, dans la pratique véritable. Disons qu’il s’agit d’une semi-introduction à la suite des événements.

Auguste lectorat, as-tu des appareils précis à recommander (on ne parle pas encore de logiciels) ? C’est le moment de défendre la machine que tu aimes d’amour et sans laquelle tu n’imagines plus ta vie.

  1. Je sais qu’ils nous espionnent, etc. Si vous ne voulez pas prendre ce risque, utilisez un hipster PDA.
2018-07-17T14:18:25+02:00lundi 5 août 2013|Technique d'écriture|10 Commentaires

Productivété (5) : la méthode Pomodoro, vaincre la procrastination sans effort

(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

On continue le tour d’horizon des méthodes et des astuces pour mieux jongler entre les priorités et réaliser ce qui nous tient à coeur par un problème tout simple, résumé ci-dessous :

procrastination-flowchart

… vous avez la liste des projets en cours, vous savez quoi faire, et, pour une raison que vous ne parvenez pas à vous expliquer, vous glandez sur Facebook, tondez la pelouse, faites les courses au lieu d’attaquer l’écriture de ce roman… ou votre déclaration d’impôts. La journée file, vous n’avez rien fait, et la culpabilité vous ronge…

Pourquoi ?

procrastinationLes causes de la procrastination sont encore sujettes à débat entre les spécialistes. Il est probable que ce comportement ne soit pas la conséquence d’un profil psychologique défini, ni ne s’enracine dans un seul ensemble de causes, quand l’on constate la variété des situations où elle intervient. .

Tout d’abord, certaines pratiques empirent le problème : notre cerveau n’est pas multi-tâches, et met un léger délai à s’accoutumer au travail auquel on l’applique. Par conséquent, en changeant régulièrement de tâche, on paie une « taxe » fixe en terme de concentration, que l’on ne paierait qu’une fois en groupant en une seule plage les travaux connexes. Par exemple, il vaut mieux réserver une heure entière au courriel que six pauses de dix minutes. Nous en avions déjà parlé ici.

La procrastination surgit fréquemment dans le cadre de projets d’envergure, comme écrire un roman, une thèse, monter un événement… qui tiennent pourtant à coeur à ceux qui les montent. On peut raisonnablement isoler deux causes (parmi d’autres) à cela :

1. Un manque de définition de la tâche. « Écrire un roman » n’est pas une action réalisable d’un coup ; cela comporte plusieurs sous-actions, comme « Définir le personnage du héros » et « Faire des recherches sur l’époque concernée ». Dans les mots de David Allen, « nous ne pouvons pas accomplir des projets, seulement des actions » ; réduire la taille d’une entreprise à un (peut-être grand) nombre d’actions unitaires réalisables représente déjà un grand pas.

2. La taille même du projet. Nous l’avons abordé, l’énergie doit se gérer avec intelligence : de la même manière qu’un athlète ménage sa forme physique et l’entretient, un travailleur intellectuel doit prendre garde à sa motivation et son énergie, et la protéger. Une liste de choses à faire, bien définies, mais interminable, peut agir comme repoussoir. « Regardez-moi tout ça ! J’en ai déjà marre avant de commencer. Je n’y arriverai jamais. »

C’est là qu’intervient la méthode Pomodoro, un petit hack tout simple et pourtant d’une redoutable efficacité.

Travaillez, soufflez

pomodoro-techniqueCette méthode vise précisément à répondre au point 2.) du paragraphe précédent. La procrastination prend souvent sa source dans le découragement : je dois faire tout ça ! Une résistance naturelle s’installe alors. Cela conduit à ne pas commencer du tout, à se mettre la tête dans le sable, plutôt que prendre le risque de se lancer et se confronter aux problèmes qui ne manqueront pas de surgir. La procrastination est une position de repos et de sécurité. 

Mais le rhum ne se fait pas en un jour, et vos gros projets non plus. Plutôt que de se fatiguer l’esprit d’avance en affrontant un tunnel de travail de 4h qui ne débouchera pas sur l’achèvement du projet, quand le cerveau voudrait juste se reposer, la méthode Pomodoro propose de passer avec soi-même un contrat simple :

Je définis ce que je cherche à accomplir dans la demi-heure qui vient. 

Je travaille 25 minutes là-dessus, d’arrache-pied. Pas plus. 

Ensuite, je peux me reposer 5 minutes. 

Attention, c’est un contrat ferme. Pas de passage sur Facebook, de courriel, de téléphone (sauf si cela concerne le travail à accomplir), de caresse au chat. Il faut tenir 25 minutes.

Mais la contrepartie, c’est que ce n’est que 25 minutes. Et ensuite, le cerveau aura toute latitude pour buller sur Facebook, le courriel, etc. pendant 5 minutes.

Affronter un tunnel de 4 heures sans distraction est rédhibitoire surtout quand on mêle deux boulots, qu’on est fatigué, que les tâches pressantes s’accumulent. Mais 25 minutes ? C’est facile.

  • Le repos est en ligne de mire (et ne porte aucune culpabilité : ces 5 minutes ont été méritées)
  • Ce sont 25 minutes efficaces (de concentration réelle et absolue)

Une fois le cycle d’une demi-heure terminé, on recommence, autant de fois qu’on le peut dans la plage horaire disponible. Et si vous êtes lancé(e) et certainement pas prêt à vous arrêter après les 25 minutes ? Continuez ! La méthode Pomodoro est un starter mental, pas une règle rigide.

Le plus agréable est que tout le matériel sur cette technique est disponible gratuitement (en anglais) sur le site http://www.pomodorotechnique.com/. On y trouve davantage de raffinements, mais le coeur est là.

  • Travaillez sans interruption pendant un temps donné.
  • Prenez un temps de repos.

Essayez. Vous serez étonné(e) de ce que vous aurez accompli (… alors que vous n’auriez certainement rien fait sinon !).

Et pour l’écriture ?

Le bénéfice de la méthode Pomodoro est double dans le cas de l’écriture :

  • Se forcer à s’y mettre. C’est fréquemment le plus difficile. En se fixant comme but de travailler 25 minutes au lieu de réaliser 10 pages, on abaisse notablement l’enjeu et donc la résistance. Je connais une romancière de talent, productive, qui m’a confié se fixer un seul objectif quand elle s’installe devant le clavier pour écrire : rédiger 20 lignes. C’est souvent tout ce qu’il lui faut pour aller au-delà et réaliser une bonne session de travail. Mais son contrat est simple, et accessible : 20 lignes.
  • Se forcer à se concentrer. L’inspiration ne vient pas immédiatement, en général. Il faut réfléchir à ce que l’on veut dire, s’installer dans une scène, pour commencer à la décrire. Mais ce travail peut être long, et peiner à écrire les premières lignes peut être démoralisant. En s’engageant à ne pas lâcher le morceau dès que se présentent des embûches, on augmente les chances de les surmonter au lieu de remettre au lendemain, en espérant que l’inspiration viendra. 

On notera toutefois que 25 minutes représentent souvent une durée trop faible pour vraiment bien rentrer dans une scène un processus d’écriture. On pourra avec profit augmenter la durée du pomodoro en une heure, ou 1h30, en fonction des habitudes de travail, et se ménager une pause en conséquence.

2014-08-05T15:18:26+02:00lundi 29 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|24 Commentaires

Oui, la critique peut être objective (1)

Walk-a-Mile-in-My-Shoes-criticismAlors, tiens, on parlait de Pacific Rim sur Facebook, et, comme c’est souvent le cas quand les avis divergent sur un film / livre / concert / gâteau à la framboise, à un point de la discussion, est venue sur le tapis la question du goût.

La critique (de fiction) est-elle objective ? N’est-elle condamnée qu’à dire « j’aime » ou « je n’aime pas » et sommes-nous voués à n’exprimer que nos goûts, privés de grille de lecture, naviguant à vue dans un univers d’oeuvres indécodables ? 

Hein ? Hein ?

Ce suspense est insoutenable.

Bien, tout d’abord, je ne fustige en rien ceux qui exposent goûts et appréciations personnelles, aussi arbitraires soient-ils (ce qui est, ahem, contenu dans la défintion). Nous faisons tous cela au quotidien. « J’kiffe Naruto parce qu’il est, tu vois, intestable. » 1 Bien des blogueurs de renom et de talent fondent leurs billets sur ce ressenti, et l’assument parfaitement. Aucun problème : c’est la première grille de lecture et la plus valide de toutes, car éminemment personnelle. Et, au final, pour savoir si une oeuvre nous parle, il faut la voir / lire / entendre, n’est-ce pas ?

La clé est là : l’assumer. Là où cela ne fonctionne pas, c’est qu’il existe aussi des critiques qui opèrent selon ce mode, mais prétendent juger depuis les hauteurs suprêmes du Bon Goût (TM). Sauf que le Bon Goût est éminemment, lui aussi, personnel.

En revanche, il apparaît qu’il existe quelques critères selon lesquels il est possible de jauger une oeuvre. Quand je faisais de la critique – et que j’en fais encore -, je m’efforce d’opérer selon ceux-là. (Évidemment, vous aurez repéré que je suis en train de vous dire que mes critères, à moi, sont objectifs. Je le pense, mais je reconnais tout l’égocentrisme de la situation, et je vous signale aussi que vous pouvez ne pas être d’accord. À tout le moins, je référencerai cet article pour expliquer sur quelle base théorique se fondent mes critiques sur ce blog.) Pour rendre à César la petite monnaie sur le pain, je les pique à / remixe de l’école de critique littéraire.

J’en discerne (à l’heure actuelle) trois : l’impératif de moyens, l’impératif de cohérence et l’impératif d’intention. Ils ne suffisent pas à jauger du plaisir suscité par une oeuvre puisque, par définition, celui-ci est subjectif, mais au moins – et c’est, je crois, l’obligation de toute critique qui aspire à l’objectivité – ils fournissent une grille d’analyse qui permet d’élargir la lecture et la perception dès lors que l’on cherche à prendre de la hauteur. En tout cas, c’est ma façon de faire ; mutatis mutandis, etc.

Je précise que je me place dans le cadre de la fiction, et que pour moi, la fiction aspire à narrer une réalité imaginée destinée à impliquer son spectateur (ou lecteur, ou auditeur, etc.) dans le déroulé de ses événements, dans un état s’apparentant au rêve, à la transe, voire à une fugue dissociative bénigne2. Vonarburg et Gardner l’ont dit avant moi, et c’est une définition qui me plaît en plus de me paraître fonctionnelle (ou fictionnelle ? Ha ha.).

shatner-bad-actingL’impératif de moyens

Le plus facile. Si les trucages d’un film sont visibles, si les acteurs jouent comme des patates, si le style est indigent, alors il y a faute (au sens du manque) de moyens. Ce manque de moyens agit comme autant de dissonances qui sortent le spectateur (au sens large) du rêve fictionnel.

Évidemment, il y a une part esthétique là-dedans. Les trucages de Méliès n’ont rien à voir avec le blue screen et l’animation de synthèse moderne, mais cela ne les empêche pas d’être empreints de poésie et de servir leur fin.

Laquelle dépend de l’impératif d’intention (voire plus bas).

Par Camille Harang (source)

Par Camille Harang (source)

L’impératif de cohérence

Facile aussi.

L’univers dépeint dans le rêve fictionnel obéit à un certain nombre de règles, tacites (la gravité, les gens doivent manger et boire, si on leur tape dessus on peut les tuer) ou établies (nous sommes en 2040 et une civilisation de presse-purée galactiques a envahi la Terre, les dinosaures n’ont jamais disparu mais ont fondé une société secrète dans la terre creuse et pilotent l’histoire en sous-main, nous vivons dans une civilisation parfaitement éclairée).

Quand l’oeuvre enfreint ces règles, elle crée une incohérence, un trou de scénario plus ou moins gros (et visible), susceptible encore une fois de rompre le rêve fictionnel. Là aussi, il y a une considération esthétique : Bruce Willis peut dégringoler du 15e étage et survivre dans un film d’action sans problème, dans un compte-rendu réaliste de la vie des financiers pendant la crise de 1929, ça passera beaucoup moins bien.

Ce qui nous amène au principal, et aussi au plus polémique : l’impératif d’intention, qui nécessite son propre article, demain.

  1. Je suis navré mais cette phrase est authentique, entendue un jour dans le métro.
  2. Ça ne mange pas de pain de préciser aussi que tout cela est une réflexion en cours, et que je n’ai la prétention d’être professeur mais de faire un usage opérant des signes qui font des mots – ah ouais, les lettres.
2014-08-05T15:18:27+02:00mercredi 24 juillet 2013|Best Of, Le monde du livre, Technique d'écriture|12 Commentaires

Productivété (4) : La matrice d’Eisenhower, ou trier ses priorités

gtd_kitteh(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

Quatrième semaine de cette série d’articles estivaux sur l’organisation du travail et la productivité personnelle. Nous avons parlé de lifehacking, de GTD, puis de Personal Kanban dans l’optique de mieux organiser son travail et ses priorités. J’en profite pour vous remercier de votre suivi de cette série d’articles, et surtout de vos commentaires. Lesquels vont, d’ailleurs, me faire dévier de mon plan d’origine pour pour traiter plus en profondeur les questions qui sont apparues au fil des publications.

Nommément, le choix des priorités, l’organisation en un moment donné des choses à faire, l’inventaire des projets et le tri entre ceux-ci. L’article de la semaine dernière donne des pistes, mais je pense qu’un complément peut servir.

Aussi, sans davantage de tergiversations, vous proposé-je (fond sonore : Ainsi Parlait Zarathoustra) : la matrice d’Eisenhower.

Oui, on parle bien d’Eisenhower, le président. Vaguement moins connue que ses autres petites réalisations, genre ses victoires pendant la Seconde Guerre Mondiale ou son discours de fin de mandat1, sa matrice organise les tâches et projets selon deux axes : l’urgence et l’importance.

Les projets sont donc, au choix :

  • Urgents et Importants (je dois rendre ma déclaration d’impôts demain, la Française des Jeux m’appelle pour dire que j’ai gagné au loto, ma maison est en feu)
  • Urgents et Non Importants (les Témoins de Jéhovah sonnent à ma porte, un collègue me propose un café, je reçois une lettre-chaîne à renvoyer à tous mes contacts dans les dix minutes sous peine d’attraper le tibouti transcendental)
  • Non Urgents et Importants (mon Grand Roman dont je repousse l’écriture depuis 15 ans, rénover mon appartement, me documenter sur les pistes présentées par Davoust pour parfaite mon système d’organisation)
  • Non Urgents et Non Importants (glander sur Facebook, vérifier mon mail toutes les deux minutes, me perdre en recherches inutiles pour le livre que je cherche à écrire)

Ce qui se résume ainsi :

CC-By-SA par Infofiltrage

CC-By-SA par Infofiltrage

… ce qui constitue un outil à la fois très simple et élégant pour faire l’inventaire des tâches à un moment donné, et décider de ce qui doit être traité aujourd’hui et dans les semaines à venir, selon le principe de limitation des tâches concomitantes introduit par Personal Kanban.

Les tenants de cette matrice mettent en avant que les deux quadrants « Pas Important » doivent être minimisés autant que faire se peut. Notamment les interruptions (Urgent et Non Important) et les distractions (Non Urgent et Non Important). C’est vrai dans la mesure où jouer à Candy Crush Saga ne vous fera pas écrire de pages, mais le livre Personal Kanban avance que ces quadrants ont leur utilité, à ne pas négliger. Repos et distractions permettent à l’esprit de garder de la fraîcheur et du dynamisme et sont donc aussi vitaux à l’existence que la réalisation brute de tâches. Tout est, bien entendu, histoire de dosage.

En août, une fois les méthodes et systèmes passés en revue, nous verrons en détail les multiples outils qui facilitent la vie et font gagner du temps, mais je dois d’ores et déjà faire un aparté. Quasiment aucun outil (à part un bon vieux tableau effaçable ou votre tête) ne propose l’approche selon la matrice de l’oncle Dwight, à part Sandglaz, une application web qui organise d’elle-même les tâches de cette manière, et couple le tout à un calendrier, afin de classer ce qui compte et ce qui est facultatif de semaine en semaine :

sanglaz_screen

Cliquez pour un agrandissement

La méthode est incroyablement simple mais permet, d’un seul coup, d’acquérir une grande clarté d’esprit quand on la couple à un inventaire à la GTD.

Hélas, Sandglaz reste à mon sens bien trop rudimentaire pour fonctionner comme application centrale d’un système d’organisation. Il manque notamment une vraie application mobile utilisable hors connexion. Personnellement, je préfère un gestionnaire de tâches / projets plus flexible où je peux émuler cette approche comme bon me semble. Néanmoins, bien des utilisateurs sont conquis. À vous d’essayer ici si cela vous chante2, le compte basique est, comme toujours pour ce genre de service, gratuit.

Et pour l’écriture ?

Je ne reviens pas pour la quatrième fois sur la valeur qu’une telle hauteur de vision procure quand il s’agit d’organiser une vie bien remplie pour trouver le temps d’écrire.

Dans l’écriture, la matrice s’avère, à mon sens, profondément utile quand il s’agit de préparer une histoire ou de se sortir de l’ornière quand on travaille de façon instinctive. Je citais l’abus de recherches pour écrire des livres, un piège de procrastination très répandu. Quand on bloque dans l’écriture, il me semble qu’une approche féconde consiste à se demander : « pourquoi bloqué-je ? » Y a-t-il un personnage que je ne « sens » pas assez ? Le décor ? L’action ? Une fois des débuts de réponses trouvés à ces questions, la matrice fournit un plan de bataille tangible selon lequel agir, et de différencier le réel travail de recherche des dérivatifs.

Exemple fictif…

sandglaz_writing

… Il ne reste plus qu’à traiter les problèmes un par un, et de continuer à abattre des pages.

  1. « Dans les conseils du gouvernement, nous devons prendre garde à l’acquisition d’une influence illégitime, qu’elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un développement désastreux d’un pouvoir usurpé existe et persistera. » Sachant que c’est un général cinq étoiles qui parle.
  2. Lien parrainé.
2014-08-05T15:18:27+02:00lundi 22 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Productivété (3) : Zen to Done et Personal Kanban, trier et réduire la charge

(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

Image trouvée sur le Keep-Calm 'o Matic - comment se fait-il que je découvre seulement ce site maintenant ?

Image trouvée sur le Keep-Calm ‘o Matic – comment se fait-il que je découvre seulement ce site maintenant ?

La semaine dernière, nous avons parlé en détail du poids lourd des méthodes de productivité, Getting Things Done (GTD). Bien que GTD ait constitué une véritable révolution dans l’organisation personnelle, le système prête le flanc à certaines critiques, dont : un manque de hauteur de vision (ce à quoi Allen répond presque dans Tout accomplir sans effort) et des difficultés dans le choix des tâches et l’établissement des priorités.

Allen stipule que le contexte et la hauteur de vision conférée par l’inventaire total de ce que l’on a à faire suffisent à donner cette clarté de décision. Je ne suis pas d’accord (et je ne suis pas le seul). Pour peu qu’on soit complétiste, obsessionnel-compulsif ou même un procrastinateur qui évite de s’atteler aux tâches vraiment difficiles, on peut parfaitement se noyer devant l’ampleur et la multiplicité des choses à faire (ce que vos commentaires de la semaine dernière confirment). À moins d’une discipline d’airain, GTD ne suffit pas ici.

Heureusement, d’autres ont réfléchi à la question, et ont une réponsee à fournir, simple et élégante, qui tourne autour d’une seule idée, à graver en lettres de feu :

Limiter à tout moment le nombre de travaux en cours.

L’idée paraît évidente, et pourtant. Nous avons tous une tendance à nous croire multi-tâches, or, nous savons que c’est une illusion et qu’au contraire, cela réduit notre efficacité en plus de représenter un potentiel mécanisme de fuite. Nous pensons qu’en oeuvrant sur plusieurs fronts à la fois, nous effectuons davantage de choses. Mais c’est archi-faux. Notre énergie est une sorte de débit d’eau continu, et nos projets sont des récipients. Une fois le récipient plein, le projet est terminé. Nous pouvons diviser ce débit en trois ou quatre réservoirs, personnels et/ou professionnels, ou bien en quinze, vingt, trente récipients. Plus nous nous dispersons, plus le débit se réduit, jusqu’au point où le remplissage devient indétectable, ce qui nous démoralise parce que plus rien n’avance. La machine est grippée.

Les hyperactifs peut éprouver une forte résistance à l’idée de réduire le nombre de travaux en cours. Quoi ? Faire moins de choses ? Mais non ! La vie est si riche, l’univers si vaste, je dois tout faire en même temps, c’est à moi d’avoir l’énergie d’avancer !

Illusion que tout cela. J’étais (et je reste dans une certaine mesure) ce genre d’hyperactif, mais je peux témoigner qu‘il est plus efficace et encourageant de terminer quelque chose dans un délai raisonnable, en y consacrant son énergie, puis de passer au projet suivant, plutôt que de jongler avec dix torches enflammées à la fois. L’une d’elles vous retombera sur la tête, c’est une certitude.

Les deux systèmes cités dans le titre de cet article viennent donc compléter GTD, soit activement, soit s’installer en parallèle : Zen To Done et Personal Kanban.

Zen To Done

poweroflessZTD est l’acronyme employé par Leo Babauta, un fervent tenant du principe que « moins, c’est plus » (less is more). Il recommande de faire l’inventaire de ce que l’on cherche réellement à accomplir, puis de limiter drastiquement le nombre de tâches journalières et hebdomadaires, partant du principe que, de toute façon, vous n’arriverez pas à faire plus, mais que ce que vous vous êtes fixé, vous devez le faire. Comme dit précédemment, cette limite peut sembler drastique de prime abord, mais la pratiquer est profondément instructif. Non, limiter le travail en cours ne conduit pas à faire moins, mais à faire plus sur le long terme. Les récipients des projets se remplissent plus vite, ce qui donne le moral et permet de les considérer terminés dans un délai réaliste, ce qui donne l’occasion d’avancer sur autre chose au lieu d’éprouver ce flou vague et cette culpabilité d’avoir d’innombrables choses à faire qui empoisonnent nos vies.

Il résume tous ses principes dans un livre court (comme il se doit), The Power of Less (non traduit, mais d’un anglais facile), qui sera la lecture de choix et la seule à vraiment faire. Pour les irréductibles de GTD, il propose un « patch » plus spécifique dans le livre Zen to Done. Enfin, son blog, Zen Habits, est un énorme succès et propose déjà beaucoup de contenu librement accessible.

Personal Kanban

Ma dernière découverte et, à mon sens, le complément idéal d’un GTD patché en ZTD. (Oui, ça devient complexe, mais j’avais précisé en intro que ces systèmes doivent s’apprivoiser, que nul ne détient la vérité ultime, et qu’il faut les adapter à soi.)

Le kanban personnel vient du monde de l’industrie automobile. Pour ré-impliquer ses ouvriers dans leur travail et améliorer la qualité des produits, un certain Taiichi Ohno, alors cadre chez Toyota, eut l’idée de jouer la complète transparence en exposant à tous l’avancée des travaux dans chaque domaine sur un grand panneau d’affichage (un kanban). Chacun, en voyant à quoi il contribuait, et quels étaient les objectifs de chaque département, s’est senti davantage concerné par sa tâche, et Toyota améliora ses produits, sa réactivité, sa communication au sein de l’entreprise et son atmosphère générale.

Le kanban personnel est une adaptation de cette technique à soi. Les deux règles sont :

  1. Visualiser le travail à faire
  2. Limiter les travaux en cours (sounds familiar ?)

En plus, c’est ludique. L’idée de base consiste à prendre un grand tableau effaçable et à coller les tâches à faire sur des post-its. Tracez trois colonnes, « Prêt », « En cours » et « Fini ». Déplacez les post-its d’une colonne à l’autre à mesure que vous avancez. Ça semble basique ? Ça l’est. Mais il y a une astuce : comme chez Babauta, il est interdit d’avoir plus de 3 (ou 4, ou 2) post-its à la fois dans la colonne « En cours ».

Les adeptes du PK prônent l’analogie entre énergie et débit avancée ci-dessus. Nos activités ne sont pas un jeu de cubes ou de Tetris où tout doit rentrer au millimètre, c’est un flow, un flux plus ou moins constant, plus ou moins tendu. Notre vie ressemble à une autoroute : en-dessous de 75% de circulation, tout va bien, mais davantage, c’est très rapidement la congestion. Nul ne peut remplir sa vie à 100%. Il nous faut un peu de marge, de mou. Il faut être fluide, et les deux clés sont : visualisation et limiter les tâches en cours.

Notons avec beaucoup d’appréciation que le PK est par nature fluide. Contrairement à GTD et même ZTD qui donnent beaucoup de systèmes et de méthodes, PK ne donne que les deux ci-dessus. Le reste est à adapter, personnaliser, en fonction des besoins.

Il existe un livre en français sur cette méthode que je n’ai pas lu et ne peux donc commenter (mais je le signale pour les anglophobes). Honnêtement, le livre anglais est plutôt dispensable. PK misant tout sur la fluidité et l’adaptation, on tirera autant de profit en lisant le site web dédié, qui propose même une série d’articles pour concilier GTD et PK

Et pour l’écriture ?

Un peu comme pour GTD, ces principes n’aident pas directement à l’écriture, même s’ils mettent l’accent sur une vérité importante : les projets artistiques sont longs par nature, et pour les conduire à terme, il semble préférable de limiter leur nombre. Les autres peuvent être notés, parqués à part, pour être attaqués dans un second temps.

L’effet magique de ZTD / PK se situe dans leur doctrine principale : limiter les tâches simultanées. Plus encore que l’inventaire proposé par GTD, cette restriction du nombre de fers que l’on conserve au feu est un prélude indispensable à libérer énergie et disponibilité pour écrire un roman en ayant une vie à côté. L’écriture est une de cette poignée de priorités que vous décidez de conserver à un moment donné. Le reste ne rentrera pas dans l’inventaire, en tout cas pas avant d’avoir fini ce livre-là. C’est comme ça, c’est un choix qu’il faut consciemment faire. Mais, à terme, vous serez plus efficace au lieu de vous disperser, vous aurez un livre terminé, et vous pourrez attaquer les autres projets qui vous attendent avec la même énergie et la libération d’avoir accompli des choses.

2014-08-05T15:18:27+02:00lundi 15 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires

Productivété (2) : Getting Things Done, le bestseller

Getting_Things_Done(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.) 

Maintenant que les bases sont posées, passons à une revue des systèmes majeurs destinés à, prétendent-ils, nous rendre la vie plus facile, plus productive, avec moins d’efforts.

Le best-seller dans le domaine, rédigé par David Allen, lequel a accédé au statut de quasi-gourou parmi les managers et coaches modernes, est sans l’ombre d’un doute Getting Things Done (traduit en français sous le titre S’organiser pour réussir). GTD, en raccourci, est devenu un véritable phénomène qui a généré des milliers de sites, puis de logiciels se réclamant de la méthode.

Comment ça marche ?

GTD se caractérise par l’application d’une méthodologie systématique à toute situation professionnelle (et même personnelle), dès qu’il s’agit d’avancer sur une réalisation (de rendre le rapport de la Cogip à concevoir un nouveau jardin). De l’aveu de bien des gens, la principale difficulté rencontrée à notre époque consiste en une masse écrasante d’informations, de sollicitations, d’interruptions, qui brouillent à l’extrême notre clarté de vision et nous « alourdissent », nous rendent apathiques et incapables de décider sur nos priorités, et donc d’agir.

GTD a été conçu spécifiquement pour répondre à cette contrainte et à faciliter au maximum l’action, sans stress, et l’efficacité dans l’action. La méthode s’efforce de faire appel aux comportements humains courants, réduisant au maximum les efforts d’apprentissage et de discipline, et présente une conscience très aiguë de la tendance naturelle de l’humain à remettre les difficultés à plus tard.

La méthode s’articule autour d’un flux de travail immuable en toutes situations :

Collecter les entrées – c’est-à-dire recueillir, dans un nombre minimal de « paniers », les informations entrant dans nos vies : les idées qui nous viennent en tête, le courrier, les coups de fil, les messages, les courriels, etc. Le but est double : ne rien perdre, et éviter au maximum de stocker les informations dans sa propre mémoire – laquelle est globalement inefficace pour ce faire. Notre tête est faite pour inventer et créer, pas pour nous rappeler de payer nos factures et d’acheter du pain alors que nous sommes au milieu d’une réunion ou en vacances à Plan-de-Cuques. Vider sa tête dans un système externe et fiable est essentiel pour voir et penser clairement.

Traiter ces entrées. Attention, il ne s’agit pas de « faire » ce qu’elles représentent, au contraire. Il s’agit de se demander, simplement : « qu’est-ce que c’est que ce truc ? » Est-ce que c’est une information sur laquelle j’ai besoin d’agir (payer une facture) ? Est-ce que ça sera rapide (auquel cas, m’en débarrasser directement), ou long (auquel cas, consigner un rappel dans un système fiable auquel je reviendrai pour l’effectuer) ? Quelle est l’action immédiate qui permettra de faire avancer le schmilblick ? Mais cela peut être aussi un élément de référence (auquel cas, si je n’en ai pas besoin dans l’immédiat, il me faut un endroit pour le stocker) ou encore, si je n’ai pas envie de décider maintenant (parce qu’il me manque des infos ou que je ne veux pas y penser pour le moment), GTD prévoit aussi une catégorie « remis à plus tard » – tant qu’il ne s’agit pas de procrastination, bien entendu. Décider sur l’instant ce dont relève tout élément entrant dans nos vies est une des habitudes les plus capitales que GTD peut apporter, surtout à nous, bordéliques qui avons constamment des piles informes de papiers de nos bureaux « dont il faudra faire quelque chose à un moment ».

Organiser. Une fois que j’ai traité toutes mes entrées, comment les organisé-je pour les rendre claires et lisibles ? Quelles sont mes priorités du moment ? Quels outils vais-je utiliser ?

Passer en revue. Si des entrées se sont accumulées sans avoir été traitées, mettre en ordre. Et surtout, surtout, passer en revue, au moins une fois par semaine, la situation courante pour garder le système à jour et décider des priorités pour la semaine à venir.

Faire. Ben oui, c’est bien joli tout ça, mais on construit tout ce bousin pour agir, alors, à un moment, il faut faire les trucs, pour de bon.

Le diagramme de GTD, devenu célèbre, se résume simplement ci-dessous :

Par Psychoslave, CC-By-SA

Par Psychoslave, CC-By-SA

À cette dimension « horizontale » (de l’arrivée d’une entrée à la réalisation des projets), s’ajoute une dimension « verticale », ou horizons d’action (horizons of focus, j’ignore la traduction officielle) qui vise à organiser nos buts et priorités dans la vie, de la gestion quotidienne à nos objectifs et valeurs dans la vie. Des passages en revue, plus ou moins fréquents en fonction de la hauteur de vue, s’ajoutent au système de base, et permettent de garder le cap sur nos désirs.

Est-ce que ça marche ?

david-allen-gtd-making-it-all-workFranchement, oui. La réputation de GTD n’est en rien usurpée. Rien que la lecture de Getting Things Done agit comme une bouffée d’air frais mentale : Allen a parfaitement cerné les tendances à la procrastination et à la désorganisation de tout être humain normalement constitué et lui donne des réflexes simples pour remettre un peu d’ordre là-dedans, et surtout – c’est probablement le point capital – se sentir bien. Il donne une foule de petits conseils qui semblent idiots ou simplistes, mais que personne n’applique pourtant, alors que, bon dieu, ils tombent sous le sens. Surtout, il laisse la place à la personnalisation des principes par chacun, et au choix des outils. Au coeur, GTD est un processus et pas une méthodologie, ce qui le rend facile à intégrer, et applicable à toute situation dès que l’on veut réaliser quelque chose, que ce soit un site web ou une fête de mariage.

Toutefois, GTD n’est pas aussi facile à adopter, en tout cas dans les premiers temps, qu’Allen le prétend. Le système est en soi intuitif, mais il repose sur un certain nombre de principes qu’il faut absolument respecter (Allen lui-même insiste dessus) sous peine de voir tout l’édifice s’écrouler misérablement. Bien des personnes disent avoir voulu adopter GTD et échoué. J’en fais partie ; j’ai fait deux tentatives ratées, mais parce que je me croyais plus malin et mieux organisé que la méthode et que je pouvais me dispenser de certains de ses principes. J’ai réussi quand j’ai décidé de balancer mes idées préconçues par la fenêtre et de suivre scrupuleusement les recommandations avant de les remettre en cause. Et là, ça a marché tout seul.

J’insiste en particulier sur la revue hebdomadaire du système, le temps de recentrage où l’on recolle les morceaux de la semaine et se prépare à la suivante. Sans elle, GTD ne fonctionne pas, point. J’ai essayé, et me suis planté dans le décor comme une otarie bourrée à la bière. Il faut passer en revue le système chaque semaine – même dix minutes seulement s’il y a panique en la demeure – pour s’assurer qu’on n’oublie rien, et surtout que les rouages ne s’encrassent pas pour devenir une nouvelle masse inerte qu’on n’ose ouvrir, par peur que toutes les tâches non effectuées, qu’on a bennées là comme la poussière sous le tapis, viennent nous sauter à la figure.

J’ajouterai que GTD nécessite, à mon sens, certaines adaptations et personnalisations pour fonctionner vraiment. Tout d’abord, sans les outils correspondants, le système est difficile à appliquer, et Allen ne donne – volontairement – aucun conseil, laissant chacun décider de son implémentation. Par chance, nous vivons une ère de smartphones et de 3G, ce qui représente un excellent complément (nous parlerons des outils dans un article ultérieur).

GTD recommande de traiter les entrées dès que possible et de faire immédiatement toute action nécessitant moins de deux minutes, mais je modérerai cette position. Les interruptions sont juste trop nombreuses, dans notre quotidien, pour rendre cette règle viable ; on se retrouve à ne gérer que des interruptions. GTD préconise également de réaliser l’inventaire de tous les projets en cours, mais aussi de ceux qu’on voudrait faire ; or, cela supprime, à mon sens, toute notion de priorités et présente le danger d’un autre type de noyade, plus pernicieuse. Pour ces raisons, je trouve que GTD fonctionne bien si on le couple à une méthode qui permet de réduire le nombre de travaux simultanés en cours (work in progress) tels que Zen To Done ou Personal Kanban, ce que nous verrons la semaine prochaine.

Allen a publié trois livres :

Disons-le tout de suite, Ready for Anything est largement dispensable, c’est une collection de trucs et astuces que remplaceront avantageusement des recherches sur le Net et même un abonnement à la lettre d’informations de David Allen. Getting Things Done est évidemment le must pour s’atteler à la méthode : le livre résume le système et ses principes, et permet d’adopter le système sans mal.

Toutefois, conscient des critiques énoncées ci-dessus (qui sont fréquentes chez les utilisateurs de GTD), Allen a ajouté la dimension verticale et les horizons d’action pour mieux établir les priorités et faire l’inventaire de ce que l’on désire réaliser, ce qu’il expose dans Making it all Work. Bien qu’une lecture utile et agréable, ce livre n’est toutefois pas à la hauteur du premier et il fournit davantage un intéressant complément qu’une véritable révolution. À lire si l’on se révèle conquis par GTD et pour aller plus loin si l’ajout d’un Personal Kanban (dont nous parlerons lundi prochain) ne convainc pas.

Et pour l’écriture ?

Honnêtement, GTD ne donne pas de vraies révélations pour construire des bouquins. Par contre, le système produit, par ricochet, une des situations les plus précieuses pour écrire : la clarté de vision. En armant son utilisateur pour choisir ses priorités, trier rapidement et efficacement les affaires courantes, GTD libère l’esprit de tout ce qui l’alourdit et fournit les conditions pour tirer avantage du moindre intervalle de temps. D’autre part, les réflexes que cultive GTD donnent une attitude proactive. Cela réduit, à mon sens, le temps passé à réfléchir inefficacement, à pédaler en vain sans savoir où avancer sur un projet de roman, pour poser des questions utiles : pourquoi suis-je coincé ? De quoi ai-je besoin pour avancer ? Qu’est-ce qui me déplaît dans la situation actuelle ? Comment agir pour résoudre ce blocage ?

2014-08-05T15:18:27+02:00lundi 8 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|15 Commentaires

Productivété (1) : l’enjeu de l’organisation en solitaire

Image trouvée ici

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Nous sommes le premier juillet ! L’été est là (en principe), de longues vacances se profilent (peut-être), le rythme ralentit (normalement), c’est pour beaucoup le temps de faire le point en prévision de l’année à venir.

En 2012, la série hebdomadaire des déclencheurs a rencontré un certain succès, ce qui me pousse à proposer une nouvelle série d’articles pour l’été, profitant du temps dont beaucoup disposent pour faire le point sur l’écriture et encourager à s’y exercer.

Un des articles les plus populaires de ce blog est celui-ci, pourtant constitué de pensées éparses jetées à chaud sur le sujet de la procrastination, même encore aujourd’hui, trois ans plus tard. Ce qui montre combien l’organisation du travail, la multiplicité des interruptions dans une vie professionnelle (et personnelle) présentent de défis et de difficultés quand on cherche, simplement, à conduire un projet à son terme – plus encore quand on écrit, une tâche par définition solitaire et, au début d’une carrière tout du moins, sans autre motivateur que l’envie (pas de date de remise, pas d’argent à la clé)…

Qui n’a jamais rendu un travail scolaire au dernier moment ? Qui ne s’est pas senti submergé par une multitude de tâches réclamant toutes autant notre attention, dépassé par les sollicitations provenant du téléphone portable, du courriel, des réseaux sociaux, des mémos laissés sur le bureau ? Bien de jeunes auteurs se lamentent de vouloir écrire « sans avoir le temps ». Si l’on peut arguer que le temps se crée, qu’il faut de la volonté pour se réserver des fenêtres de travail, il faut reconnaître que le rythme effréné de notre époque et notre état de connexion semi-permanent brouille les frontières entre les différents compartiments de notre vie et rend difficile l’état de concentration sur la durée nécessaire à l’accomplissement de toute tâche un tant soit peu complexe, comme la rédaction d’un roman.

C’est là qu’intervient le life hacking. Selon les mots de Wikipédia :

Le life hacking renvoie à toute astuce, raccourci, compétence ou méthode nouvelle visant à augmenter la productivité et l’efficacité, dans tous les domaines de l’existence ; en d »autres termes, tout ce qui règle un problème du quotidien d’une manière rusée et peu évidente de prime abord peut être qualifié de life hack.

(De life, vie, et hack, bien sûr.)

Bien des pionniers, coaches personnels, essayistes ont pris à bras-le-corps les défis présentés par la nécessité de produire du travail, dans le contexte actuel d’outils et de communication et, avec l’appui de la science et de la psychologie, se sont efforcés de proposer des réponses et des méthodes, chacune avec leur philosophie. Nous ne parlons pas ici d’approches très basiques du genre « établir une liste de chose à faire » mais bien de systèmes, parfois globaux, visant à mêler efficacité et facilitié, pour accomplir les buts que l’on souhaite.

Dans le domaine de l’écriture, où la résistance à l’action est particulièrement présente (qu’est-ce qui vous motive à rester écrire le soir quand vos amis vous invitent pour une soirée, quand Facebook vous tend les bras, quand la télé est à deux mètres, quand il fait beau dehors ?), ces approches me semblent particulièrement utiles, mais elles ont été évidemment conçues dans une optique plus large, et pourront convenir à tous ceux qui en ont assez de ne pas accomplir ce qu’ils veulent – que ce soit boucler le rapport Cogedip ou tondre la pelouse – ou de ramer parmi leur priorités, ce qui les conduit au surmenage, à l’inefficacité et donc à la déprime.

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J’étais il y a quelques années dans cet état, et c’est ce qui m’a poussé à chercher une meilleure manière de vivre, en appliquant une forme de méthode rationnelle à ce que j’identifiais comme problématique dans mon existence : un manque de direction, un flou dans les priorités, et une insatisfaction générale. En donnant un cadre plus clair à mon quotidien, j’ai finalement acquis davantage de liberté. Cela m’a permis, entre autres, de publier trois livres en seulement deux ans tout en co-dirigeant deux anthologies, en assurant leur promotion, en partant en volontariat écologique, le tout en entretenant ce blog (de façon quotidienne depuis presque un an). Cela ne signifie pas que je ne suis jamais en retard sur la correspondance, ou même, parfois, sur le rendu d’un travail, que je n’ai jamais de périodes effrénées à 15h par jour ; mais je sais à présent que si c’est le cas, ce n’est pas par manque de vision, mais à cause de circonstances extérieures (ou parce que j’ai trop à faire en même temps, ce qui doit pousser à réfléchir sur la pertinence d’accepter tant de projets).

Voilà donc le thème de cette série d’articles de « productiv-été » : être efficace tout en se détendant, et en contrôlant mieux ses priorités et ses buts. Bien sûr, je parlerai de leur application dans le cadre de l’écriture, mais on dépassera largement ce cadre, et j’espère que même les non-écrivants en tireront profit ; aucun de ces systèmes ne fonctionne en vase clos ; les adopter dans un domaine, c’est vite les étendre à toute l’existence – et tant mieux.

Vaste progamme, n’est-ce pas ? Mais faisable.

Faisable à condition de conserver plusieurs considérations en tête.

  1. Rien n’est magique dans le life hacking – même si on vous le promet et si, honnêtement, ça paraît effectivement tout résoudre dans un premier temps (c’est trompeur). Entamer cette démarche, adopter un système, nécessite une réelle volonté de s’y conformer, d’y réfléchir activement, et surtout d’adapter les méthodes employées à son fonctionnement propre. Comme dans l’écriture : il faut s’approprier le discours des autres par rapport à son propre fonctionnement. 
  2. Je ne suis pas un coach personnel. J’entends par là que je ne suis pas un expert ultime en life hacking, en productivité, en management personnel. Je suis juste un individu profondément intéressé par le principe (faire plus en se fatiguant moins, qui ne serait pas séduit ?), j’ai pas mal lu sur la question, j’ai construit (et suis encore en train de construire) un système qui commence à tenir la route. Je vous propose de partager cette expérience, toujours dans l’idée que j’écris sur ce blog ce que j’aimerais trouver si je l’ignorais ; mais je n’ai pas la science infuse. Vous fonctionnerez peut-être (probablement) différemment. N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaires.

Voilà pour l’entrée en matière. Nous commencerons dans les premières semaines à passer en revue les systèmes les plus connus (pour ceux qui connaissent, GTD, PK, etc.), ce qui, à mon sens, les rend pertinents ou non, comment ils s’appliquent à l’écriture, et nous verrons, aussi, comment les implémenter sur le terrain à l’aide des outils modernes.

Intéressé, auguste lectorat ?

2014-08-05T15:18:27+02:00lundi 1 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires
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