Du processus de construction de « Les Dieux sauvages »

Il m’arrive de recevoir des questions, tant sur l’écriture qu’en réaction à ce que je peux dire ici ou là, et c’est un plaisir, et je me dis souvent : « ah, ça nécessite une réponse un peu fouillée, pour rendre à la personne de la substance, afin de la remercier de l’attention qu’elle a prêté à ce que je peux écrire ou dire » – et puis, life happens, genre une main temporairement invalide, et je termine comme un gros naze à ne pas l’avoir fait.

Qu’il soit donc pris ici une résolution de nouvelle année en mai (ben quoi ? Si on n’avait pas introduit les années bissextiles, je suis sûr qu’on serait le 31 décembre quelque part, en tout cas ça l’est dans l’univers) : m’efforcer d’être bien meilleur là-dessus et donner à tes questions, auguste lectorat, la plus haute priorité ici. (Ceci ressemble dangereusement à une promesse électorale, mais comme vous n’avez pas à voter pour moi, on est en sécurité)

Couv. Alain Brion

Avanti. Pour commencer, un retour et des interrogations sur le processus de construction de « Les Dieux sauvages »1. Le tout garanti sans divulgâchage (donc en restant plutôt autour du tome 1).

Merci pour cette lecture et ces questions.

Dans quelle mesure tu avais prévu quels personnages seraient des personnages points de vue à l’avance et quels personnage le sont devenu au fil de l’écriture?

En gros, dans la manière dont j’approche les choses, il y a d’une part la trame de l’histoire (les événements) et de l’autre la manière de la raconter (le découpage scénique et les points de vue). La première concerne plutôt ce qui se passe, la seconde la façon de le faire vivre au lecteur de la façon la plus intéressante et efficace possible (et amusante à écrire, aussi !).

Du coup, il y a globalement dans « Les Dieux sauvages » deux types de personnages à la construction : ceux dont il était évident qu’ils ou elles seraient point de vue (Mériane, Erwel, Luhac, Ganner, plus tard Maragal…) parce qu’ils se trouvent au centre du maelström, et ceux qui se sont présentés sur la scène en disant « je figure dans cette histoire, et ça serait vachement plus intéressant que tu la racontes à travers moi » (Juhel, Izara, même Leopol…). C’est sans lien aucun avec la densité de chaque fil scénaristique, d’ailleurs. La preuve en est le cas de Chunsène, qui a failli ne jamais apparaître dans la série du tout. Mais elle m’a tiré la manche, tellement fort que j’ai dit « okay, on va faire un bout d’essai » et… elle s’est révélée l’un des personnages les plus importants et les plus intéressants de la saga.

La morale de ça ? La pensée consciente, c’est bien, mais toujours faire très, très attention à ses tripes et aux personnages qui s’imposent à vous.

Quand tu as écrit La Messagère du Ciel, dans quelle mesure ton histoire était proche des personnages, par rapport a une approche par événements ? En gros est ce que t’as travaillé l’histoire de Mériane, puis entremêlé celle de Juhel puis celle de Chunsène… ou alors tu as défini les événements majeurs de l’histoire (et l’implication des personnages dans ceux-ci) puis ajouté le liant pour que les personnages aient chacun des arcs intéressants ?

Un peu des deux. Comme je disais plus haut, il y a les grands événements, les grands temps de l’histoire (sachant que je sais très exactement où je vais et quel est le fin mot de tout ça). J’ai donc une vision « macro » de l’histoire, mais cela revient à préparer une rando pour un groupe en étudiant une carte. Tu te dis que tu vas passer par là, que tu vas t’arrêter pour la nuit ici, que tu vas montrer tel paysage à ton groupe, etc.

Et puis tu pars sur le terrain, et là y a un de tes touristes qui finalement n’a pas pu venir, remplacé par un autre ; le chemin que tu voulais prendre s’avère beaucoup plus escarpé parce que tu as mal lu les courbes de niveau ; tel camp a été ravagé par une inondation et tu ne peux pas t’arrêter là ; le paysage que tu voulais montrer à ton groupe (tes personnages) est finalement naze parce qu’il y a de la brume par contre tel autre champ de fleurs s’avère magnifique par total hasard et tu décides de rester plutôt là pour la journée… 

Il y a les intentions, la direction, le cap, l’impulsion, et il y a la réalité de ce que vivent les personnages et ce qu’ils vont vivre, désirer, accomplir dans la réalité de l’écriture, d’une phrase à l’autre. Et à un moment, quelle que soit ta préparation, tu dois descendre sur le terrain aux côtés des personnages et découvrir le voyage. Il est vital, à mon sens, de savoir les accompagner là dans ce qu’ils te servent, parce que c’est là que se trouve la vie, l’inconscient, le mystère créatif. (C’est comme ça qu’une trilogie devient une pentalogie, aussi…)

Donc : dans la grande trame, j’avais forcément l’histoire de Mériane autour de qui tout tourne, celle de Ganner, les coulisses politiques donc Juhel, Luhac, Izara, mais chacun.e m’a aussi apporté sa vision, en particulier Juhel. Chunsène a fait son truc, rencontré des gens intéressants (ahem), et m’a montré tout ce qu’elle était. Dans pas mal de cas, dans ma vision macro, j’ai le « quoi » (il se passe tel événement, par exemple le premier chapitre de La Fureur de la Terre a toujours été prévu de très longue date) mais pas forcément le « comment ». Mon boulot consiste beaucoup à voir ce que l’inconscient / la Muse / le mystère m’a « servi » comme images, comme visions, comme impulsions, et à comprendre consciemment comment les pièces sont déjà en place et comment elles s’emboîtent vraiment (Chunsène et tout ce qu’elle vit s’est avéré absolument fondamental à l’équilibre de la série – je ne sais pas comment j’aurais fait sans elle – mais il se serait peut-être passé autre chose). Tout Évanégyre est comme ça, d’ailleurs : une recherche archéologique pour révéler ce qui veut exister.

Alors parfois, effectivement, il faut creuser un peu plus un arc narratif pour comprendre comment le personnage se rattache individuellement à la grande histoire, et cela veut dire l’étudier, mais souvent, cela revient toujours à la question « okay, où en es-tu, et qu’est-ce que tu veux maintenant et comment vas-tu t’y prendre ? »

Et après, mais c’est plus une discussion qu’une question, je conseille souvent « Les Dieux sauvages » avec beaucoup d’entrain, et les gens sont heurtés par le premier chapitre de La Messagère du Ciel. Moi j’ai trouvé ça très cohérent avec ce qu’il s’y passe, mais ya des gens que ça rebute assez fortement et je les pousse à lire la suite parce que c’est génial. Moi dans ce premier chapitre j’ai vu un parlé divin, qui était du coup onirique et supérieur dans le ton, parce que c’est des dieux et que c’est normal, ça me parait opportun et juste comme style pour ce chapitre. Je suppose que des gens ont déjà dû te parler de ce premier chapitre, et je me demandais comment tu les a reçu, ce que tu a pu en tirer comme conclusions, et quelle avait été ton intention réelle sur ce départ.

Aha.

D’abord, merci beaucoup pour ta recommandation et ton enthousiasme pour la série. Et content que tu aies marché.

On a un peu discuté de ce premier chapitre (pour mémoire : deux pages et demi un peu ésotériques et conceptuelles de débat entre deux divinités) avec Critic, et la question m’a été posée : « tu es sûr que tu veux commencer comme ça ? » J’ai dit « oui » – et le débat s’est arrêté là, parce que chez Critic, ils sont super, ils me font confiance.

Sur le moment : je le sentais absolument comme ça. Parce que je voulais que dès la toute première page de cette saga, les réponses soient déjà présentes, dissimulées, mais capables de prendre tout leur sens quand tu as enfin trouvé les clés en faisant le voyage avec les personnages. C’est pour moi un plaisir de lecteur de voir tout ce qu’un auteur a semé sur son chemin et de voir la signification me sauter au visage quand je sais enfin, alors forcément, c’est une chose que j’aime faire aussi.

Après, oui, ce passage est un peu nébuleux – mais c’est le jeu. Je suis toujours le premier à dire que notre travail doit être accessible – qu’il doit emporter le lecteur dans l’histoire. Je suis aussi le premier à critiquer l’interminable prologue de Tolkien dans Le Seigneur des anneaux. Mais « le lecteur » n’est pas un absolu. « Les Dieux sauvages » est une saga complexe, avec beaucoup de personnages (six à huit points de vue par tome), de la stratégie militaire, de la politique, des alliances, dans un univers sombre et dur. (Et beaucoup de révolte contre celui-ci, du coup.) Il y a de l’humour, mais c’est un humour plutôt noir, celui avec lequel on se défend face à une opposition qui semble irrépressible à première vue.

Et donc ce que je vais dire est une analyse a posteriori, mais : ces premières pages forment aussi une sorte de promesse narrative, d’avertissement. En gros, ça dit : ça va être complexe, il va falloir faire un peu gaffe, et surtout, je vous invite à faire gaffe, justement, parce qu’il y a des miettes dans tous les coins, et si vous voulez jouer à essayer de piger le fin mot de l’histoire, ça promet d’être rigolo, parce que je vais quelque part. Voilà peut-être la promesse narrative importante des chapitres « Ailleurs » dans La Messagère du Ciel : accrochez-vous à votre siège, parce qu’on va quelque part. Il y a une vraie fin qui viendra justifier tout le voyage (et qui est, pour moi, la raison d’être de cette saga). Je pense que le pari était le bon, parce que par la suite, aucun lecteur n’a critiqué ces pages en me disant qu’elles étaient superfétatoires ; on les a trouvé parfois complexes, c’est vrai, mais toujours intrigantes, ce qui est le but.

Maintenant, note bien que quand on m’a proposé de publier le premier chapitre en ligne pour donner envie, j’ai expressément dit de ne pas commencer par les premières pages mais de démarrer directement sur le « vrai » chapitre 1, où l’on découvre Mériane dans la forêt relevant ses collets et se confrontant aux dangers de la zone instable – la narration plus classique. Les premières pages n’ont de sens que si tu as acheté le livre et donc décidé, au moins pour un temps, de faire l’effort de t’investir dans la saga. Donc, s’il s’agit de donner envie rapidement entre deux portes, ignorer ces premières pages n’est pas une mauvaise idée. Par contre, si l’on fait le choix de faire ce voyage, de s’y investir, alors elles prennent tout leur sens.

Et puis, franchement, ce n’est que deux pages et demie. Je sais que nous vivons dans une époque d’immédiateté absolue, mais justement, j’ai envie d’espérer qu’on peut encore survivre à seulement deux pages et demi un peu nébuleuses, qui suscitent le mystère, sans avoir la moindre réponse servie prémâchée tout de suite, surtout si elles servent une finalité narrative !

Merci pour tes questions et ta lecture !

  1. Par défaut, je conserve l’anonymat de ceux et celles qui s’interrogent, ce n’est pas un oubli
2020-05-08T10:56:19+02:00jeudi 7 mai 2020|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|2 Commentaires

Nous avons besoin d’un cerveau externe (et les outils existent déjà)

En début d’année, auguste lectorat, je t’avais invité à un voyage : celui d’étudier la question de la prise de notes et de la gestion de la connaissance. Et puis bon, life happened, et la volonté de partager des expérimentations tout au long de cette année est un peu tombée à l’eau.

Mais l’avantage d’avoir une main en vrac, c’est d’avoir le temps de réfléchir et de lire et finalement, ma réflexion est allée beaucoup plus vite que mon partage d’icelle. Après l’organisation de la productivité personnelle (la mouvance Getting Things Done), mon but suivant était l’organisation, cette fois, de la connaissance. GTD organise l’action mais reste assez évasif sur le savoir, la réflexion, les idées (tout ce qui est « référence ») – et c’est normal, ce n’est pas le sujet.

Cependant, tout particulièrement dans le domaine des « knowledge workers« , nos « notes » au sens large – c’est-à-dire les informations dont nous avons besoin – représentent une masse à la fois de plus en plus importante et de plus en plus cruciale. Si nous vivons dans une économie du savoir et de l’information, alors capturer, organiser et retrouver ces informations de manière efficace est une compétence cruciale (et peut faire une énorme différence dans le fonctionnement d’une organisation – nous avons tous des exemples de dysfonctionnements en tête, y compris personnels).

En exclusivité mondiale, une IRM de mon cerveau (Photo by Hans-Peter Gauster on Unsplash)

David Allen, dans Getting Things Done, mentionne le terme de « cognition externe » (ou distribuée). Pour simplifier, noter une chose à faire sur une liste (externaliser le processus de souvenance) offre presque le même soulagement que d’avoir fait la chose (dès lors que l’on résout de revenir à cette liste pour la faire vraiment, sinon le cerveau est pas con, il voit l’embrouille). Nous utilisons déjà à peu près tous un système de cognition externe évident et simple… un agenda.

Ordonner cela est d’autant plus important dans le cadre de la gestion du savoir – et ce « savoir » couvre absolument toutes les informations de référence, les « notes » sus-citées, dont l’on peut avoir besoin : du manuel de son four à micro-ondes parce qu’on sait jamais comment régler l’heure à chaque changement de saison bordel, jusqu’à l’immensité des informations, recherches, idées que l’on rassemble pour son Grand Projet de Roman.

Plus je réfléchis à la question pour mon propre usage et plus je pense qu’un système de gestion de savoir personnel – un PKM, pour Personal Knowledge Management, s’organise de manière éminemment individuelle, en fonction des usages que l’on en a. De la même manière que si vous avez une vie compliquée avec des tas de facettes et de casquettes, OmniFocus est votre ami, mais pour la plupart des gens normalement constitués, un bullet journal suffira pour s’organiser, par exemple.

Il semble cependant que, comme les cinq grands axes de GTD, il y ait quelques axes fondamentaux dans l’organisation d’un PKM, et c’est une réflexion en cours, mais voici à quoi j’en arrive. (Je proposerai des sources dans des articles à venir, là, je pose juste des bases appelées à être développées dans les semaines / mois à venir.)

Stockage, découverte et ordonnancement

  • Un PKM nécessite une friction nulle à la capture. Il doit pouvoir absorber des informations de toutes les sources possibles, en particulier venant d’Internet (source majeure d’information aujourd’hui). Il doit pouvoir permettre un classement rapide et sans effort de l’information.
  • Un PKM doit permettre de retrouver aisément l’information cherchée. Beaucoup de personnes décrivent Evernote comme étant « write-only » – c’est-à-dire qu’il est très facile d’y stocker des trucs, mais il est facile d’en faire un trou noir d’où l’on ne ressort jamais rien. Il faut qu’on puisse en sortir aisément ce qu’on y a mis, sinon, quel intérêt ?
  • Un PKM doit faciliter la découverte et la mise en rapport d’informations de façon dynamique. La créativité repose aussi sur les étincelles qui jaillissent quand on fait se rencontrer des choses qui ne se croisent que peu ou jamais (la question en « et si… ? »). Il doit également être possible de rassembler plusieurs informations autour d’un même projet pour le développer.

Substance du PKM

  • L’aspect le plus évident d’une note est son contenu. L’information qu’il y a dedans. Mais c’est la face visible de l’iceberg, car d’autres aspects apparaissent très importants dans l’assimilation de la connaissance et la stimulation de la créativité :
  • La pensée est une activité qui s’écrit. Je parlerai en longs détails amoureux de l’ouvrage How to Take Smart Notes de Sönke Ahrens et du Zettelkästen (teasing, baby), mais dès lors, convenons d’une notion simple : si je veux retenir ou réfléchir à une idée, c’est plus efficace de me forcer à formuler mes idées par écrit pour les ruminer et les évaluer que d’y réfléchir à moitié le nez en l’air entre deux posts Facebook.
  • La valeur est dans les liens autant que dans le contenu. L’esprit est un réseau, la connaissance se met en action autant au-travers d’elle-même que des relations qu’elle établit avec d’autres domaines (c’est spécialement criant dans l’activité artistique et l’écriture romanesque, où il faut des recherches parfois abracadabrantes pour écrire juste un paragraphe ou, encore une fois, mettre en contact des choses précédemment séparées pour en faire émerger du nouveau).

Comment faire tout ça ? N’aie crainte, auguste lectorat, je me suis aventuré une fois de plus avec ma Maglite aux frontières du réel et j’en rapporte des tas d’idées pratiques dont je pourrais, honnêtement, faire un bouquin (et ça viendra peut-être), mais que je vais commencer par exposer et tester auprès de toi. Et j’ai tellement lutté pour y arriver, pendant des années, que ça me fait super plaisir.

2020-04-12T16:05:40+02:00lundi 13 avril 2020|Best Of, Lifehacking|3 Commentaires

Procrastination podcast S04E12 – Les arcs narratifs partie 2

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S04E12 – Les fils narratifs partie 2« .

Suite et fin de l’exploration des trames narratives, avec un accent plus spécifique sur le roman choral. Lionel commence par récapituler les notions de progression évoquées dans l’épisode précédent, et aborde les questions de rythme et de complexité liées à la forme ; Estelle insiste sur le fait que l’auteur décide sur quoi il attire l’attention dans son récit, notamment par rapport à la temporalité de l’histoire. Mélanie aborde quant à elle l’ordonnancement et l’équilibre des éléments dans une trame donnée.

Références citées
– Tragédies, Racine
– Princess Bride, roman de William Goldman, adapté par Rob Reiner
– South Park, créé par Trey Parker et Matt Stone (pas Oliver !). Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=vGUNqq3jVLg

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:18+02:00jeudi 2 avril 2020|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S04E12 – Les arcs narratifs partie 2

Intentions derrière « Les Dieux sauvages » et leur place en fantasy [entretien]

Couv. Alain Brion

Marc : Pourquoi avoir choisi de raconter l’histoire de cet univers sur plusieurs siècles ? Comment est né l’univers d’Évanégyre ? Avais-tu prévu de le développer à ce point dès La Volonté du dragon ? 

LD : Alors, déjà, autorise-moi un petit aparté à présent que nous entamons les questions sur la fiction. Quand j’ai reçu tes questions, dans le domaine des romans, j’ai constaté qu’elles commençaient beaucoup par « pourquoi ». Je voudrais en profiter – en toute amitié, hein ! – pour peut-être désamorcer une idée qui me semble assez fréquente dans l’analyse littéraire : « pourquoi » suppose une raison, un calcul, un discours. Mais le travail créatif est beaucoup plus chaotique que cela, et la raison, pour ma part, est souvent « parce que j’avais envie » ou, plus profondément, « parce que ça me semblait juste pour cet univers / personnages / histoire ». 

Lire l’entretien complet

Les Chroniques du Chroniqueur me proposent une LONGUE interview autour de « Les Dieux sauvages », la fantasy, l’évolution du genre. Merci à Marc de faire de La Fureur de la Terre une des œuvres de son programme de recherche littéraire !

Lire l’entretien sur Les Chroniques du Chroniqueur.

2020-03-15T10:46:05+01:00mardi 17 mars 2020|Best Of, Entretiens|6 Commentaires

Procrastination podcast s04e11 – Les arcs narratifs partie 1

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s04e11 – Les arcs narratifs partie 1« .

Les fils ou arcs narratifs, trajets concernant personnages et intrigues, forment une brique fondamentale de l’évolution d’un récit, tout particulièrement dans le roman choral (à plusieurs points de vue) et la saga. Dans ces deux épisodes, Estelle, Mélanie et Lionel décortiquent la notion, sa construction et ses exigences. Estelle commence par la définir comme le parcours d’une histoire, pouvant – et c’est fondamental – être composé d’intrigues entrecroisées ; Lionel insiste tout particulièrement sur l’aspect de progression, de parcours et d’évolution. Mélanie donne le point de vue de la nouvelle, où l’arc est souvent unique, et où les fils s’entremêlent le cas échéant de façon plus immédiate.

Références citées
– « Game of Thrones », G. R. R. Martin
– Buffy contre les vampires, série créée par Joss Whedon
– Les Simpsons, série créée par Matt Groening
– Monty Python : Sacré Graal !

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:19+02:00lundi 16 mars 2020|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s04e11 – Les arcs narratifs partie 1

À venir : « L’Impassible armada » en version Redux chez 1115

Doooonc si les éditions 1115 (Contes hybrides) présentent leurs vœux avec une carte des voyages littéraires à venir pour cette année (une splendide carte !)…

… je peux vous dire qu’il y a mon nom dedans, hein ?

Un nouveau petit livre sortira effectivement en juin chez la chouette maison d’édition lyonnaise, parce que travailler sur Contes hybrides était une grande joie (d’ailleurs, pour mémoire, le livre a été retenu dans la sélection trimestrielle du prix Bob Morane !). Et c’est officiel avec le programme 2020 des éditions 1115 dévoilé sur Just A Word :

Pour ce qui est du reste de l’année, nous pouvons déjà vous annoncer la réédition en juin de L’Impassible armada de Lionel Davoust, une novella qui se déroule dans les eaux gelées du Pôle, à bord d’un bateau prisonnier des glaces. Un texte à la frontière du réel, qui mêle humour et montées d’angoisse à la perfection. À tel point que nous travaillons à l’enrichir d’une manière pour le moins inédite, parce qu’une aventure pareille demandait un écrin ad hoc, qui mette en valeur ses zones d’ombre et son étourdissante richesse. Quitte à plonger dans cet étrange Flux qui circule entre la coque des bateaux, autant aller voir ce qui se cache sous la surface.

Couv. Julien Delval

« L’Impassible armada » était à l’origine une nouvelle publiée dans la toute première anthologie des Imaginales dirigée par Stéphanie Nicot, Rois et Capitaines, en 2009. Nous allons reprendre le texte… et donc, y ajouter un petit, mettons, contrepoint. Contrechant. Contrerécit ? Bref, d’où l’appellation de travail « Redux » ici ces lieux.

Cela restera un petit livre, facile à emporter, à dévorer – où se noyer :

Le jour où Jacke a sauté par-dessus bord, j’ai compris qu’il était temps d’agir.

Il ne l’a pas fait sans me dire mes quatre vérités, ça, non. Tout ce temps, je croyais qu’on était frères de bord, partageant les dangers de la bataille et le réconfort des camarades. Eh bien, il est sorti en uniforme d’apparat sous la lune perpétuelle qui dirige maintenant nos chiennes de vies. J’ai tout de suite vu que ça n’allait pas ; aucun de nous ne fait plus très attention à la discipline vestimentaire. Il est venu vers moi de ce pas raide et décidé qu’on a appris à reconnaître, les yeux dans le vide, fixés un peu au-dessus de ma tête, comme si j’avais un oiseau perché sur le crâne. Et puis il m’a dit avec cette voix monocorde, glacée, mécanique :

« Davenport, tu as une tête de rat, le caractère d’une fouine, je sais que tu triches aux cartes et je ne supporte plus d’entendre ton rire de hyène. »

Et puis il m’a salué, il a marché vers le bastingage, l’a enjambé et il a sauté.

Premières lignes de « L’Impassible armada ».

Plus d’infos au fur et à mesure !

2020-05-04T09:14:19+02:00jeudi 30 janvier 2020|À ne pas manquer|2 Commentaires

Une liste de lecture pour Léviathan (« La Voie de la Main Gauche »)

J’en avais proposé une pour « Les Dieux sauvages », une liste de lecture (oui, bon, une playlist) d’inspirations musicales-slash-bande originale fantasmée si j’avais tout le budget de la défense américaine et que tout le monde veuille bien travailler avec moi, y compris des gens qui ne sont plus de ce monde, bref, vous voyez l’idée. Bien sûr, je suis peut-être le seul à y voir (entendre) ce que j’y entends (vois), mais avec l’existence des services de streaming, je trouve sympa de pouvoir partager les morceaux qui ont pu spécialement influencer la genèse d’un travail.

Il en existe à présent une pour tout l’univers de « La Voie de la Main Gauche » (la trilogie « Léviathan » et le recueil numérique Quatre voies de la Main Gauche). C’est écoutable librement sur Apple Music ou ci-dessous (ou directement sur mon profil, ici). Je les étoffe régulièrement.

<iframe allow="autoplay *; encrypted-media *;" frameborder="0" height="450" style="width:100%;max-width:660px;overflow:hidden;background:transparent;" sandbox="allow-forms allow-popups allow-same-origin allow-scripts allow-storage-access-by-user-activation allow-top-navigation-by-user-activation" src="https://embed.music.apple.com/fr/playlist/la-voie-de-la-main-gauche/pl.5090fecaad0042bfb539d327e6ebe0ac"></iframe>

Rappelons aussi qu’il existe une véritable bande originale inspirée par la saga « Léviathan », composée par Jérôme Marie et disponible en CD et en ligne ici !

2019-11-14T02:11:09+01:00jeudi 21 novembre 2019|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Une liste de lecture pour Léviathan (« La Voie de la Main Gauche »)

Le dynamisme d’un scénario expliqué en deux minutes

Je ne sais plus qui m’a recommandé cette vidéo apparemment assez connue (plus de 150 000 vues, je pense que ça va, c’est connu), mais en seulement deux minutes, elle va au cœur d’un principe fondamental de la narration et du dynamisme :

Trey Parker et Matt Stone, créateurs de South Park, expliquent en termes très simples (et en fucks bipés) que :

Euh, non. Enfin, si, mais pas là.

Si on regarde l’enchaînement des scènes de son scénario et qu’elles se relient par les mots « et ensuite », il y a un problème. Il se passe A, et ensuite B, et ensuite C → ce n’est pas une histoire. Où est l’unité ? La causation, les conséquences que l’on attend dans une histoire ? Si c’est une collection de scènes sans impact les unes sur les autres… ben ça court le risque que ce soit chiant, en fait.

À la place, deux mots sont autorisés :

  • Donc
  • Mais

Il se passe A, donc il se passe B, mais il se passe C… 

Voilà une histoire avec un cheminement, une énergie (coucou Aristote), et surtout une cohérence narrative qui conduit d’un point A à un point Z.

C’est une idée à la fois tellement simple et efficace que ce serait idiot de ne pas la garder en tête, surtout pour accroître la tension d’une histoire qui semblerait en manquer, ou pour aider à relancer une écriture qui s’enlise. Changer un « et ensuite » en un « donc » peut faire une immense différence.

2019-10-21T09:49:49+02:00jeudi 19 septembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|8 Commentaires

« Les Dieux sauvages », de l’intention à la réalisation au long cours [entretien vidéo avec ActuSF]

Aux Imaginales, Estelle Hamelin, pour le site de référence ActuSF, m’a fait le plaisir d’un entretien sur « Les Dieux sauvages », des intentions à la réalisation d’une saga sur plusieurs années – et elle a eu la gentillesse de me laisser causer librement, ce qui est toujours un peu périlleux, car je peux être très bavard si on me laisse faire… Merci !

L’entretien vidéo dure une vingtaine de minutes et est disponible ci-dessous (où l’on aura la preuve, avec mes grimaces à cause du soleil et mes reflets violets, que je suis en réalité le cousin d’Edward Cullen – démasqué, damned !).

2019-08-02T17:31:45+02:00mardi 6 août 2019|Entretiens|Commentaires fermés sur « Les Dieux sauvages », de l’intention à la réalisation au long cours [entretien vidéo avec ActuSF]

L’impact du Trône de Fer sur la fantasy, depuis 20 ans ou presque [Entetien]

L’œuvre de Martin a-t-elle eu un impact sur votre manière d’écrire ? Sur les thématiques que vous abordez dans vos livres de manière plus générale ?

J’ai eu la chance d’interviewer Martin en 2003 (si ma mémoire est bonne) pour un dossier spécial dans la revue Asphodale, que je dirigeais à l’époque, et il m’a expliqué – ce qui est largement connu aujourd’hui – ses influences principales, notamment Maurice Druon avec Les Rois maudits.

La Garde de Nuit est l’un des plus grands sites et associations français consacré à l’univers célébrissime de « Game of Thrones ».

Dans le contexte des dernières Imaginales, l’association a établi un panorama de l’influence de l’œuvre de G. R. R. Martin sur la fantasy à travers des entretiens réalisés avec des auteurs français : j’ai eu le plaisir de me prêter à l’exercice. On y parle de construction de saga, de leur lenteur d’écriture, de la série télé et de sa conclusion : c’est à découvrir ici. Merci à la Garde de Nuit !

2019-07-11T09:20:22+02:00mardi 16 juillet 2019|Entretiens|4 Commentaires
Aller en haut