Live report : Alcest + Anathema à l’Étage à Rennes, 3 octobre 2017

Oh mon dieu, cet endroit serait-il un blog où je parle de trucs que je fais et vois ?

Choc.

Ça fait cinq ans que je n’ai pas écrit de chroniques de concerts, alors je m’y remets un peu, parce que ça me fait plaisir. Là.

(Non, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti depuis cinq ans.)

(Encore que.)

L’Étage à Rennes est une salle un peu bizarre, que je n’aime pas trop, car étroite et organisée toute en longueur avec des gradins à l’arrière et un écran pour relayer ce qui se passe au fond (alors qu’elle n’est pas si grande que ça – juste curieusement agencée). On a rapidement une fausse impression de distance, et paradoxalement les meilleures places sont donc sur les côtés… Pour moi, il n’est pas facile de conquérir le public dans ce décor, et soit un groupe le transcende, soit il se rate. Et j’ai vécu les deux expériences ce soir-là.

Alcest

Alcest à l’Étage

Inconnus pour moi (et j’aime bien découvrir les premières parties sur place pour me laisser emporter le cas échéant), Alcest a été une excellente découverte. Post-black-metal, post-rock, j’ai retrouvé le son du disparu (ou perpétuellement inactif) Crowhead avec bien davantage de sensibilité mélodique, des évolutions progressives naturelles et bien construites. Un son parfaitement équilibré, puissant sans être brouillon, retranscrivant l’équilibre entre les gros riffs et les arpèges mélancoliques, et une batterie qui te colle un délicieux crochet à l’estomac à chaque coup de grosse caisse. Et surtout une présence scénique emplie d’authenticité et de générosité : un jeu parfait, intense, couplé entre les morceaux à une forme de timidité touchante de la part des musiciens collant parfaitement au trip intimiste et puissant à la fois. La sauce hypnotique et nostalgique m’a emporté sans effort, et j’en aurais bien pris deux fois plus long.

Anathema

Bon, donc auguste lectorat, tu te doutes que le bât a blessé, et je ne m’attendais absolument pas que ça soit avec une tête d’affiche avec l’expérience d’Anathema (presque 30 ans, quand même). Mais, en résumé, je me suis largement ennuyé – alors que l’ouverture par Untouchable (ma préférée pour certaines raisons personnelles) aurait dû me conquérir.

Anathema à l’Étage

Mais toute la prestation m’a semblé crouler sous le poids de ses ambitions conceptuelles et de son univers sonore. Deux longues introductions électroniques (et pas renversantes quand on vient du domaine) sans voir un musicien, suscitant l’ennui plutôt que l’attente à la longue. Une scénographie étrange, avec deux claviers et un vocodeur qui ont trôné en fond de scène, bien en vue, pour ne servir à peu près qu’une fois (un espace donc proprement gâché, où l’on aurait mieux fait de placer le batteur, par ailleurs époustouflant dans sa maîtrise des signatures rythmiques bancales, prog’ oblige). Une dynamique de scène inexistante, presque fatiguée, oscillant entre l’immobilisme et le jeu pour soi, avec un Daniel Cavanagh presque désagréable (“Jouez tel truc !” “I’ve played it like five thousand times. Play it on your iPod at home.” – “Je l’ai jouée, genre, cinq mille fois. Passe-la sur ton iPod chez toi” – okay…) Un son très mal équilibré (avec une caisse claire sonnant comme un bidon en plastique) – Daniel Cavanagh ayant dû se réaccorder plusieurs fois et rajuster ses retours (peut-être la source de son agacement). Et une tendance à s’appuyer bien trop sur des bandes ou des boucles enregistrées pour retranscrire la richesse de l’univers sonore, donnant un son statique et artificiel. Je comprends l’idée quand Within Temptation y fait appel pour son orchestre symphonique et ses chœurs, mais quand il s’agit surtout de clavier et de cordes, et qu’on voit une formation comme Eluveitie1 placer dix musiciens sur scène avec des instruments par définition pas faits pour la sonorisation (aux dernières nouvelles, le micro n’était pas inventé à l’époque de la vielle à roue) dégager une énergie stupéfiante avec un son toujours parfait (y compris à l’Étage), la comparaison était franchement défavorable. J’aurais aimé voir un vrai électronicien (tant qu’à placer des synthés en milieu fond de scène !), et/ou un violoniste… Il n’y a guère que Lee Douglas (chant féminin) qui semblait se préoccuper d’émotion. Le groupe m’a seulement réveillé vers les deux tiers en abordant les morceaux plus violents, dégageant – c’était presque obligatoire – davantage d’énergie et arrivant donc à transmettre de la conviction.

Après, à voir l’ambiance dans la salle, je crois que je suis pisse-vinaigre, parce que les premiers rangs semblaient très contents – et tant mieux, et il faut le signaler ; je ne doit pas être un reflet de l’atmosphère de ce soir-là. Si je me suis ennuyé, c’est peut-être une conjonction de la salle mal adaptée à la formation avec une scénographie défavorable dans ce contexte, du son difficile à équilibrer, etc. Mais il reste que, pour moi, ce live n’a strictement rien apporté par rapport aux albums – et enlevait même avec un son mal équilibré. La prochaine fois, plutôt que faire le déplacement, je prendrai deux heures pour écouter les albums à fond avec un casque.

En revanche, Alcest rejoint sans hésiter ma liste très fermée des “premières parties que j’irai voir sans me préoccuper de qui est la tête d’affiche”. Bravo les gens, et merci !

  1. Qui ne m’a jamais déçu, soit dit en passant, alors que je ne suis pas plus fan que ça, mais parvient à dégager une énergie et une générosité formidables à chaque fois, même quand la fatigue se lit clairement sur leurs visages en fin de tournée.
2017-10-05T10:20:47+02:00jeudi 5 octobre 2017|Décibels|14 Commentaires

Une installation autour de Tuning Jack

« Tuning Jack », c’était ma première publication professionnelle dans la revue Galaxies ancienne série en… 2004. (Mon dieu.) C’est l’une des premières nouvelles dont je me sois dit “cette idée est trop idiote pour que je ne l’écrive pas”, et j’ai été aussi stupéfié qu’honoré de la voir terminer directement finaliste du prix Rosny Aîné. Depuis, le texte a été repris dans L’Importance de ton regard, et placé en diffusion libre (lisible gratuitement ici).

Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec toi, auguste lectorat, le travail fantastique de Noémie Desard, diplômée du Master NUmérique et Médias Intéractifs pour le Cinéma et l’audiovisuel (Numic) qui, pour son mémoire, a conduit toute une réflexion autour de la lecture à l’ère du numérique, de l’augmentation possible de celle-ci tout en respectant le cœur de l’expérience de lecture, en s’appuyant pour cela sur « Tuning Jack ». Elle a recomposé le texte en véritable plasticienne, tourné avec ses camarades (bravo et merci, les gens !) des tas de petites vignettes incroyables autour des publicités idiotes présentes dans la nouvelle, et les voir m’a fait rire comme un imbécile (le texte commence à être ancien dans ma mémoire) tout en étant super ému. Je me souviens en revanche parfaitement des conditions d’écriture il y a presque quinze ans, quand je prenais des notes sur l’essai des Techniques du corps de Marcel Mauss sur ma petite table d’étudiant dans le coin cuisine, alors que j’avais des cheveux, et que cette idée à la con (y a pas d’autre mot) a germé dans mon cerveau malade ; je n’imaginais pas un seul instant à l’époque qu’un jour, quelqu’un de talentueux comme Noémie aurait envie de s’emparer de cette histoire et de lui donner vie de façon aussi cinglée que j’y pensais.

Je ne dévoilerai pas en détail les mécaniques auxquelles elle a pensé pour “augmenter” la lecture, parce que c’est son travail et c’est à elle de le faire si elle le souhaite – voir la présentation du concept ici –, mais je dirai juste que c’est l’un des très rares projets qui m’aient semblé pertinent dans ce domaine (d’où le fait que sois doublement ravi que « Tuning Jack » ait servi de support à ses idées). Il y a six ans, j’écrivais ça sur le livre enrichi, partie 1, partie 2 – et je reste assez d’accord avec moi-même (preuve de constance ou de rigidité intellectuelle ?), mais Noémie a très intelligemment contourné ces embûches en se rappelant les raisons pour lesquelles on lit, et propose une vraie voie intéressante avec des tas de mécanismes inédits sur le sujet. J’espère qu’elle pourra les développer et les creuser comme ils le méritent, parce que , je trouve qu’il y a des idées, de la matière, une voie.

La soutenance s’est déroulée sous la forme d’une installation de salon de body tuning, pour se rendre beau en se faisant mal :

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Merci encore pour ton travail, Noémie, qui m’a quasiment mis la larme à l’œil en retrouvant toutes ces idées et cet univers ancien, et en le voyant prendre vie de la sorte… Et bravo ! 

2017-09-13T16:34:12+02:00jeudi 21 septembre 2017|Journal|Commentaires fermés sur Une installation autour de Tuning Jack

Soirée de lancement mercredi pour La Messagère du Ciel, à Rennes !

Eh bien, auguste lectorat ! Avec la sortie de La Messagère du Ciel, jeudi dernier, s’ouvre le premier volet de la trilogie « Les Dieux sauvages », un gros (énorme) (déraisonnable) projet sur lequel je travaille depuis un an et demi. Je suis très content de pouvoir enfin dévoiler ce projet au long cours !

Pour en parler plus en détail, mercredi soir (10 mai) se tiendra une soirée de découverte et de lancement du livre à Rennes, à l’Heure du Jeu. Ce sera l’occasion d’en discuter autour d’un entretien, et, si j’ai été convaincant (j’espère), de repartir avec, un petit orque dessus en prime, si l’on en a envie bien entendu !

L’Heure du Jeu se situe 11 boulevard Magenta, à Rennes (l’une des deux “rues de la gare”) et nous nous retrouverons à partir de 20h00 pour l’entretien (et boire un verre, bien entendu).

2017-05-12T18:12:32+02:00lundi 8 mai 2017|À ne pas manquer|2 Commentaires

Samedi après-midi, retrouvons-nous à Rue des Livres

Affiche Séverine Lorant – Le Jardin Graphique

Hey ! Cette année (et ce week-end), comme tous les ans, le très chouette festival Rue des Livres reprend ses quartiers à Rennes, à la Halle sportive des Gayeulles (infos pratiques).

Présence réduite pour ma part parce que je n’ai pas de nouveauté à présenter (La Messagère du Ciel et la réédition Folio SF de Port d’Âmes sortent en mai) et que je suis concentré à plein temps sur le deuxième tome de la trilogie « Les Dieux sauvages », La Fureur de la Terre. Je serai là samedi après-midi en dédicaces : 15h-16h30 et 17h30-19h, et j’espère qu’on pourra s’y voir quand même !

2017-03-23T18:32:21+01:00lundi 13 mars 2017|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Samedi après-midi, retrouvons-nous à Rue des Livres

Rennes : un mini-salon littéraire pour les fêtes

Auguste lectorat rennais ! Il se passe un truc vachement chouette dans ta ville mercredi prochain, organisé par l’illustre librairie Critic : un mini-salon littéraire en soirée avec plein d’auteurs sympas pour faire le plein de cadeaux de Noël (pour tes proches, ou pour toi, hein, on ne le dira à personne, va) :

2016-minisalon-critic

C’est à l’Heure du Jeu, bar vraiment sympa où l’on joue, mange et boit (près de la gare). À partir de 20h, environ, pour la soirée. Venez, y a du saucisson et du jus d’orange (selon vos inclinations). Et puis des livres ! Mais ça ne se boit pas. KNOW THE DIFFERENCE IT CAN SAVE YOUR LIFE.

2017-01-01T17:41:31+01:00mercredi 7 décembre 2016|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Rennes : un mini-salon littéraire pour les fêtes

Capitalisme, fais-moi rêver

Tu te hâtes dans ton centre commercial, pressé d’atteindre ton but et de ressortir aussi sec malgré la foule qui s’agglutine dans les allées, façon ninja ou braquage, selon ton idée du glamour. Et soudain, parlant de glamour, le centre commercial, pinacle de la consommation, tient à te dire qu’il y a du nouveau.

poletoilettes

QUOI MON DIEU INCROYABLE JE NE PEUX Y CROIRE COMMENT AI-JE VÉCU SANS DORÉNAVANT JE VIENDRAI ICI JE N’IRAI PLUS CHEZ MOI.

Non mais sérieusement.

(Centre Commercial Colombia, Rennes.)

2016-01-24T16:29:14+01:00jeudi 28 janvier 2016|Expériences en temps réel|24 Commentaires

Dans le giron du château

lesenchanteurs-chateaugiron-2015jpg
Un bref mot pour saluer très, très bas l’équipe d’organisation et tout le salon, les bénévoles du salon les Enchanteurs, qui porte bien son nom, puisqu’il a réellement enchanté : entre le cadre sublime du château de Châteaugiron, les nombreux costumes, stands, activités, le public sincèrement intéressé par les livres et toute l’équipe d’une prévenance et d’un rigueur rares, c’était un vrai succès et un plaisir. Merci à Bernard pour la modération de la table ronde, tous les bénévoles, bibliothécaires, animateurs, et à toi, auguste lectorat, pour être venu si nombreux (et parfois de loin : chapeau, Marine !)

Auguste lectorat, si tu étais en région rennaise ce week-end et que tu n’es pas du tout venu faire un petit tour, tu as raté quelque chose ! La prochaine édition, si je ne me trompe pas, aura lieu en 2017.

2015-11-23T17:52:40+01:00mercredi 25 novembre 2015|Carnets de voyage|Commentaires fermés sur Dans le giron du château

Ce samedi, dédicace à Rennes

La Route de la Conquête est sorti, et ce qui doit suivre logiquement, c’est une séance de dédicaces, si possible à la librairie que le monde entier nous envie, Critic.

Je serai donc en signature ce samedi 6 septembre après-midi, à la librairie Critic, 19 rue Hoche, à Rennes. 

(C’est pour La Route de la Conquête, mais il n’est évidemment pas interdit de vouloir des livres antérieurs.) Et il n’est pas exclu que je ressorte la tenue steampunk pour l’occasion…

2014-09-01T11:27:57+02:00lundi 1 septembre 2014|À ne pas manquer|11 Commentaires

Dédicace à Rennes

t_critic

Eh bien fichtre, me voici revenu d’un week-end bien rempli : les Futuriales samedi, à Aulnay-sous-Bois, et ImaJn’ère dimanche, à Angers. Merci aux équipes de deux manifestations pour leur chaleureux accueil, aux bénévoles qui prennent soin de nous avec une attention digne d’une chanteuse d’opéra au bord du rhume, à mes compagnons de table qui ont partagé à la fois mes bêtises (quand j’étais en forme) et mon apathie (quand je ne l’étais plus). Avec une bise toute particulière à Sylvie-Jeanne pour sa merveilleuse hospitalité. Pas de photos, hélas, j’étais très occupé à être bête ou apathique.

Samedi, je serai en dédicace à la librairie Critic, que les Rennais connaissent bien (ceux qui ne la connaissent pas se terrent, de honte, dans des caves humides), 19 rue Hoche, de 16h à 19h, avec notamment Léviathan : Le Pouvoir et la réédition poche de La Chute. Venez, ou bien je trouverai la cave humide où vous vous cachez et je vous traînerai à Critic par le fond du pantalon où vous serez forcé de casser votre PEL pour acheter tous les bons livres qu’ils ont en rayon.

2013-06-12T09:41:01+02:00mercredi 12 juin 2013|À ne pas manquer|2 Commentaires

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