Best-of expériences en temps réel

Je n’aime pas les bilans de fin d’année, ils me donnent l’impression de se reposer sur ses lauriers au lieu de regarder vers l’avant. Mais l’excellent John Scalzi fait ça très bien, et je vais donc honteusement lui piquer son format avec un best-of de cette année (et ça donnera un prétexte pour parler de l’évolution et du trafic sur le site, lequel a beaucoup changé cette année).

Hello, Dave.

Votre choix

Parlons chiffres : le trafic du site et du blog a littéralement explosé cette année : merci de votre fidélité ! D’un gros millier de visites en début d’année, le compteur affiche en ce moment 5589 pour le seul mois de décembre (un mois plutôt creux en principe). J’ai l’impression que poster tous les jours, fût-ce pour une connerie (okay, beaucoup de conneries) et non une à deux fois par semaine te convient mieux, ô auguste lectorat, et c’est ce que je vais m’efforcer de continuer à faire en 2011, parce que, comme le dit très bien Holly Lisle, les sites existent pour les gens, pas l’inverse, et que j’ai beau prendre beaucoup de plaisir à l’expérience du blogging, le but est quand même que les visiteurs y trouvent leur compte. (C’est, soit dit en passant, une expérience très étrange de me dire qu’il y a maintenant vraiment des gens qui lisent cet endroit – coucou. Au début, à part une poignée de fidèles, c’était forcément désert. Maintenant, il y a même des inconnus qui réagissent. Cela me fait très plaisir mais c’est évidemment plus impressionnant que de beugler dans une salle vide. Pas d’inquiétude, le ton ne changera pas pour autant – au contraire, c’est plutôt un blanc-seing pour me lâcher davantage. HAVE PHEAR)

Bon, alors, auguste lectorat, qu’est-ce qui t’a le plus plu cette année ?

Vos visites viennent très principalement des réseaux sociaux, Facebook et Twitter, ce que je n’aurais pas forcément imaginé au premier abord. Seul un petit nombre d’entre vous utilise le flux RSS. Loin devant, le mot-clé de recherche le plus fréquent aboutissant ici est… mon nom, ce qui prouve qu’a priori, au moins, les visiteurs trouvent ce qu’ils viennent chercher (savoir si ça les satisfait ou même s’ils deviennent cinglés, c’est une autre histoire).

Lifeguard on duty

Pour sauver l’article A, tapez 1. Pour sauver l’article B, tapez 2.

Je ne me dresse évidemment pas contre ta volonté, ô auguste lectorat (et je suis plutôt d’accord avec toi sur la sélection de l’année de toute manière), mais les concours de circonstance, de mauvais choix de ma part ont parfois fait passer quelques articles à la trappe. Voici donc un peu de lecture pour terminer l’année, histoire de les repêcher au rattrapage :

Enfin, juste pour le plaisir :

And now, the same, but different

Tandis que 2010 tire progressivement sa révérence tel un catarrheux en phase terminale (aucun rapport avec les hérétiques), la tradition veut que l’on parle projets. Pour l’écriture, c’est ici ; faire un bilan des publications serait parfaitement égocentrique aussi m’en abstiendrai-je comme un électeur moyen un jour d’élections régionales, mais j’aimerais bien, en revanche, vous confier ce que j’aimerais faire en 2011. S’il y a matière à, je ferai le. Pour le site, ma foi, Victor, mon intrépide stagiaire, revient en début d’année avec des idées, m’a-t-il dit, moi je possède un fouet, nous nous entendrons donc dans une relation de hiérarchie parfaitement saine.

Plus sérieusement, auguste lectorat, s’il y a des trucs que tu voudrais voir davantage (ou moins), c’est le moment : en quoi puis-je rendre ta user experience plus friendly et fulfilling que now ? Des trucs pas commodes ? Des envies ? Parle-moi sur l’oreiller d’un ton suave et doux. Nous irons gambader dans les prairies virtuelles de Désirs d’avenir.

Photo évidemment tirée de 2001, L’Odyssée de l’espace, (c) MGM.

2010-12-30T12:14:58+01:00jeudi 30 décembre 2010|Geekeries|11 Commentaires

Dernières nouvelles (avant 2011)

Non, ce blog n’est pas mort, il n’est même pas parti pendant les fêtes (les blogs ne fêtent pas Noël, ils fêtent à la place une date obscure et mystérieuse connue d’eux seuls, hors du calendrier des mortels, déterminée et construite à l’avènement des premiers sursauts de conscience dans la mer informationnelle d’Internet, conscience à présent suffisamment mûre pour fomenter notre annihilation pendant que nous restons encore persuadés que nos gentils PC sont de dociles machines qui disent HELLO WORLD quand on le leur demande). Je profite du calme relatif de la période pour écrire le jour, pour écrire la nuit, j’y mets tout mon coeur, wo hoooo c’est le bonheur. Les activités normales reprendront en début de semaine prochaine. Mais, dans l’intervalle, des infos, des nouvelles, des trucs et des machins !

Couv. Anne-Claire Payet

L’Importance de ton regard sélectionné par Mythologica !

C’est un superbe cadeau de fin d’année : L’Importance de ton regard figure parmi la sélection des meilleurs livres de 2010 opérée par Mythologica… Et il est même choisi comme prix spécial !

Je suis très heureux que ce livre commence à faire parler un peu de lui après La Volonté du Dragon, vu qu’il est à mon sens très différent. Tu ne sais peut-être pas, auguste lectorat, que sous sa carapace de lumière et son regard fixé sur l’horizon, tout écrivain cache plus ou moins une personnalité résumée par Jacque Lacan sous l’appellation scientifique “omondieu omondieu mais pourquoi je fais ça ça n’intéresse personne j’en suis sûr je vais plutôt aller élever des singes rhésus en Papouasie Nouvelle-Guinée”. En ce qui me concerne, en plus de me faire évidemment très plaisir, ces retours si positifs tendent à me faire pousser un énorme “ouf” de soulagement : tout cela n’est pas entièrement vain, il y a des gens que ça a pu toucher en-dehors de moi, mon poisson rouge et mon singe rhésus, et cela me donne l’encouragement le plus important qui soit : continuer, paradoxalement, à n’en faire qu’à ma tête.

Alors, merci ! 🙂

Causing in ze poste

The Portal, le site international dont j’ai déjà dit tout le bien que je pensais, m’a fait le plaisir d’une petite interview pendant les Utopiales (dieu que cette phrase comporte de liens). C’est en anglais dans le texte, mais si cela ne vous rebute pas, cela peut se lire ici.

Demain

Je tente un truc de ouf que j’ai piqué à John Scalzi : le best-of de l’année. Je vous donnerai aussi un peu des stats de lecture sur ce lieu de perdition, comme ça, parce que ça se prête bien à discussion de comptoir. “Sais-tu que la fréquentation des flux RSS a grimpé de 12,78 % en deux ans, et que cela se reflète sur la fréquentation du blog ?” Ça va être trop bien.

Non, mais partez pas, hé, hééé.

2010-12-29T12:39:24+01:00mercredi 29 décembre 2010|Actu|Commentaires fermés sur Dernières nouvelles (avant 2011)

Joyeux affreux solstice

Chanté sur l’air de Carol of the Bells, bien entendu (paroles) ; petit film approuvé par l’inénarrable H.P. Lovecraft Historical Society, responsable de ces merveilleuses créations que sont ces chants de Nowel horrifiques.

(Éternels – et dans ce domaine le terme prend un sens bien particulier – remerciements à Mélanie Fazi pour m’avoir fait découvrir cette merveille.)

Peluche Cthulhu de Nowel trouvée chez Entertainment Earth.

2010-12-27T11:18:15+01:00lundi 27 décembre 2010|Expériences en temps réel|4 Commentaires

Keeper of the glyphs

J’ai récemment reçu dans le cadre des articles sur l’écriture la question “où allez-vous chercher tout ça ?” Avant de construire un billet bien ordonné, je pensais donner un premier élément de réponse personnel :

Faut que je traverse R’lyeh dès que je veux utiliser un caractère spécial.

Ça laisse des traces, j’avoue.

Depuis, il m’arrive de me réveiller la nuit trempé de sueur, emmêlé dans les draps, en hurlant des trucs sur les cédilles tombées du ciel, les créatures venues d’outrespace insécable et les chevrons noirs des bois.

(Cette carte de clavier signale toute une ribambelles de glyphes spéciaux enfin accessibles simplement sous Windows d’une seule combinaison de touches avec Alt-Gr. Il faut pour cela installer un pilote de clavier très léger conçu par Daniel Liégeois et téléchargeable gratuitement sur son site. Merci à Oliver Gechter d’avoir signalé cet outil génial !)

2010-12-23T12:12:28+01:00jeudi 23 décembre 2010|Expériences en temps réel|6 Commentaires

Ebook et phares au Zénon (2) : la fonction et l’organe

J’ai commencé l’écriture de cette note dans le train qui m’emmènait à la fac d’Angers pour donner un cours avec d’authentiques lolcats dans le texte et, suite à une histoire fort classique de retards et de correspondances, je me suis retrouvé à sillonner la rame en quête d’un contrôleur. Et, au fil de mon passage, j’ai vu à peu près deux à trois ordinateurs portables par wagon, cinq ou six paires d’écouteurs trahissant des baladeurs MP3, mais un seul Kindle.

Et encore, c’était la première liseuse que je voyais hors de mon cercle de copains (et c’était en première classe, cela va sans dire).

Pourtant, le livre électronique, c’est demain, c’est l’avenir, il faut s’y mettre tout de suite, sinon on va mourir, c’est le futur et le sauvetage de la littérature.

Zénon strikes back

Les éditeurs exclusivement numériques ont fleuri et défendent souvent un modèle de commercialisation et de rémunération un peu alternatif, pendant que la grande édition classique persiste à vendre des fichiers à peine moins chers que le papier et truffés de DRM, ce qui pour un geek est un tue-l’amour équivalent à la culotte de grand-mère (« même pas la lumière éteinte j’en veux »).

Le livre électronique représente une forme d’avenir, c’est très probable (comment je me mouille avec cette phrase) : consultation rapide, prise de notes, dictionnaires intégrés, légereté et même contenus augmentés (quoique là, je doute que ça dépasse le gadget). D’où le bouillonnement qui l’entoure. Cependant, si c’est le grand sujet qui agite le milieu littéraire parce qu’il est certain de façonner les modèles de demain, le paradoxe de Zénon menace de frapper à nos portes. Et je pense qu’il menace tout particulièrement les éditeurs tout électronique, qui s’efforcent comme ils peuvent de faire progresser l’idée qu’on peut lire en numérique, mais, comme pour Facebook, Twitter, le téléphone portable, je gage que les réactions sont souvent : “OK, mais à quoi bon ?” J’en faisais partie avant d’acheter ma liseuse.

Je passe évidemment sur la difficulté de passer commande sur certains sites, les systèmes et formats propriétaires, etc. Cela n’a pas dérangé l’implantation de l’iPod ni même celle de la vidéo numérique.

Pourquoi ça piétine autant avec les bouquins ?

Le problème à l’envers

Pas sexy.

À mon très humble avis, je crois qu’on prend le problème du livre électronique à l’envers. C’est-à-dire qu’on se focalise sur l’offre (formats libres ? facilité de commande ? regardez, j’ai tout le catalogue classique retraduit ! etc.) alors qu’en vérité, même si c’est contre-intuitif, rares sont les innovations qui se sont implantées par la qualité de leur offre ou même de leur standard. Alors ? C’est parce que la lecture, c’est ringard ? Non.

La vérité, c’est qu’il faut vendre l’appareil avant de vendre le contenu. Et c’est là que ça coince.

Le marketing d’Apple est extrêmement éclairant à ce titre. Regardez : ils sont capables de vous vendre des baladeurs fermés fonctionnant avec une solution propriétaire (l’iPod), des ordinateurs fermés plus chers que tout le monde compatibles avec peu de trucs (le Mac), même une tablette assez inutile mais bon dieu qu’est-ce qu’elle est cool (l’iPad). Qu’est-ce qu’on s’en fout, en vérité, de ce qui marche dessus ? Peu importe. Apple vous donne envie. Apple vous explique qu’avoir un iPod, c’est la liberté, c’est jeune, c’est cool ; Apple vous garantit qu’utiliser un Mac est facile, et en plus ça fait classe dans le salon. Apple vous vend un ordinateur portable pas forcément génial, mais il est plat, putain, tu te rends compte ? Il est plat ! C’est dingue (le MacBook Air).

Qui fait ça avec le livre électronique ? Personne – à part Amazon qui s’est beaucoup concentré sur le Kindle aux USA avec succès (mais qui aurait pu être bien supérieur, je pense, si le Kindle n’avait pas été si… moche), et Apple qui arrive discrètement avec l’iPad et même l’iPhone.

Mais est-ce qu’on achète un iPad pour se dire “je vais lire le New York Times dessus” ? À mon avis, non, pas initialement, en tout cas. On achète un iPad parce que c’est cool. Et beaucoup d’utilisateurs se sont rapidement retrouvés quelques mois après à se dire : “mais pourquoi j’ai acheté ce truc, moi, déjà ?”

Sexy, et pourtant inconfortable.

Si l’on veut vaincre le paradoxe de Zénon appliqué à l’innovation technologique, si l’on veut accompagner le grand public vers le livre électronique, il faut à mon sens déplacer la communication de l’offre de contenu vers l’aspect sexy des choses. Vers le mode de vie que l’on vend avec la machine, qui fera de vous quelqu’un de beau, de branché, de cool, parce que lire, c’est fun, ça s’adresse à tout le monde, toi la lycéenne à couettes roses, toi le Black en costume cravate, toi la senior aux dents blanches qui éclate de rire devant la version numérique de Notre Temps, et en plus, lire, ça vous fait paraître intelligent, yeah ! L’offre ? Mais on s’en fout, de l’offre ! Une fois qu’on leur aura vendu les machines, on trouvera bien à quoi les abonner !

Au lieu de ça, on s’étripe sur des considérations certes fondamentales, mais parfaitement absconses, et dont le grand public se contrefout royalement. Paradoxe de Zénon again, parce que l’édition numérique est soit réalisée par la grande édition qui connaît mal ces nouvelles habitudes de consommation, soit par de micro-structures trop légères pour sortir du Net (et donc d’un public déjà partiellement acquis).

C’est cet aspect qui donne petit à petit des parts de marché à l’iPad, pas parce que c’est une meilleure machine ou que son offre est supérieure, mais parce qu’ils vous vendent un mode de vie qui vous renvoie une image flatteuse de vous-même à travers l’usage que vous faites de l’appareil. C’est ce qui va placer Apple en position dominante de distributeur de contenu parce qu’ensuite, ils contrôlent les canaux et, sans comprendre comment c’est arrivé, vous, éditeur, vous retrouvez à leur mendier une place au catalogue.

Je crois que la littérature pourrait rencontrer là une fantastique occasion de redorer son blason auprès d’un public jeune qui considère un peu ça comme un loisir de vieux chiant. Mais j’avoue que je suis un peu inquiet quant à la faisabilité de la chose. Les acteurs sont trop morcellés. Ou alors, il viendra d’Apple, Amazon et Google.

Parce qu’ils ne vendent pas du contenu, ils ne vendent pas des trucs utiles, ils ne cherchent pas à raisonner avec vous. Ils créent votre envie, et puis ils la satisfont.

Photos : matériel d’impression par Rama, licence CC-BY-SA-2.0-fr ; liseuse par Rico Shen, licence CC-BY-SA-3.0 ; iPad par FHKE, licence CC-BY-SA-2.0.

2018-07-17T14:29:06+02:00mercredi 22 décembre 2010|Le monde du livre|10 Commentaires

Ebook et phares au Zénon (1) : comment l’innovation segmente le public

Houu là là mais qu’il est chiant Davoust en ce moment, il fait rien qu’à écrire des articles de douze kilomètres et des phrases à peine moins longues, genre il se prend pour Bernard-Henri Lévy alors qu’à la base moi je voulais lire des aventures avec des démarcheurs téléphoniques.

Je sais. Le problème n’est pas tant de donner la parole à des gens ; le problème, c’est qu’ils s’en servent. En plus, j’y prends goût, on est mal.

L’autre problème c’est que, depuis que je suis chez Free, les démarcheurs n’ont plus mon numéro de téléphone, me plongeant dans un isolement digne d’un quartier de haute sécurité.

Pour me faire pardonner, voici un chat qui louche.

AWESOME!!1

Et maintenant recausons d’Internet (l’article suivant causera de l’ibouque).

Et plop

La bulle Internet a fait plop comme un calamar géant remonté trop vite des abysses : elle a éclaté (ouais, c’est dégueulasse). Mais elle est arrivée dix ans trop tôt, c’est à mon avis la raison. À l’époque, il « fallait » être sur le réseau, être le premier pour occuper le marché, la position, comprendre avant tout le monde, balancer des tonneaux de dollars à la mer – et puis couler. On a vu fleurir des centaines de concepts stupides et/ou géniaux (la limite est toujours très floue sur le réseau) qui sont retombés comme un misérable soufflé que j’aurais cuisiné moi-même. Aujourd’hui, le paysage n’est pas si différent, mais les entreprises vivotent.

C’était dix ans trop tôt.

Aujourd’hui, si vous écoutez les « experts web 2.0 » (dont le gros des troupes se situe à peu près entre l’arracheur de dents et la cartomancienne saoule question fiabilité), tout passe forcément par Internet. Aucune présence, aucune promotion, aucune existence possible en-dehors : il te faut ton site, ta page Facebook, ton compte Twitter, sinon t’es mort. Optimise ton placement moteur de recherches, théorise la gestion de la communauté, choisis tes Google AdWords, et fais fortune (ou pas).

Facebook, Twitter, les blogs sont évidemment nécessaires et s’approchent de l’indispensable aujourd’hui. Mais, bercés par quelques success stories retentissantes, beaucoup s’imaginent encore qu’à partir du moment où ils auront un site, un blog, une page Facebook, les clients accoureront chez eux. Archi-faux, bien sûr. Pour se faire connaître, il s’agit de faire de la communication, ce qui est un travail entièrement différent et bien plus pointu que celui de ces prétendus « experts ». Tout le monde peut être expert. Je suis expert. Même Horatio Caine est expert, alors hein.

Le paradoxe de Zénon

Bon OK j'ai pas d'image du paradoxe d'Achille.

Zénon d’Élée était un Grec qui vivait au Ve siècle avant Djizeus Kraïste, principalement connu pour  le paradoxe auquel il a donné son nom, également connu sous le nom d’Achille et la Tortue. Il se formule ainsi : soit un coureur allant d’un point A à un point B. Viendra forcément un moment où il aura parcouru la moitié du chemin ; il ne lui restera donc que l’autre moitié. Puis il aura parcouru la moitié du chemin restant ; il lui restera la moitié de la moitié (un quart). Puis il lui restera la moitié de ce quart restant. Si l’on pousse le raisonnement à l’infini, il devrait toujours rester à notre coureur une moitié de moitié de moitié… de chemin restant. Et donc, il devrait jamais arriver. Pourtant, il arrive quand même (même si les grimpeurs du col du Tourmalet doivent éprouver une sensation proche de cet infini-là). (Pour ceux que ça intéresse, ça se résoud à l’ère moderne par une histoire de convergence de séries.)

Il me semble qu’on assiste exactement à la même chose dès qu’une innovation technologique arrive sur le marché, et c’est encore plus vrai avec les technologies dites communicantes (mail, Facebook, Twitter, etc.). Du moins, dans notre pays qui présente une inertie certaine dans l’adoption des nouveaux médias (ce qui n’est pas toujours un mal, d’ailleurs). Chaque fois qu’on franchit un saut technologique, on laisse une quantité importante de personnes sur le carreau (mettons la moitié pour les besoins de la démonstration, comme avec Achille et la tortue) ; ces dernières passeront peut-être le pas, mais cela peut prendre un temps certain (nous avons tous dans notre entourage des réticents à Internet ; des réticents au téléphone portable ; des réticents à Facebook ; des réticents à Twitter, etc.). Attention, il ne s’agit nullement d’un jugement de valeur, les raisons pour détester (ou quitter Facebook) sont multiples ; il s’agit d’une simple constatation.

C’est là que les choses se compliquent. L’innovation dans ces domaines est à la fois bouillonnante et incessante ; il sort une nouveauté tous les six mois. Facebook change d’interface tous les ans. Si l’on exclut les technophiles, geeks, testeurs en tous genres et que l’on se concentre sur le grand public,  celui-ci peine souvent déjà à voir l’intérêt d’une première technologie répandue (ma chère mère, loué soit son nom et bénies soient ses chevilles, trouve toujours en 2010 qu’Internet ne sert à rien, et je ne vous parle pas de ma grand-mère, sanctifié soit son patronyme et adorés soient ses petits doigts). Que dire des surcouches incessantes qui se construisent par-dessus ? À chaque fois, on laisse plus de monde sur le banc de touche : moitié, par moitié, par moitié, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une poignée de types enthousiaste, mais… qui sont une poignée, ben ouais, voilà.

Et c’est là que le bât blesse notamment chez les entrepreneurs qui se laissent obnubiler par les effets de la bulle ou les retours incessants (et fantastiques !) qu’Internet permet. Chaque innovation laisse en arrière la moitié de son public potentiel. Et l’on continue à avancer, juste parce qu’on a possibilité de faire des trucs super cools (bah oui, c’est quand même super cool, quoi), sans penser, généralement, à ceux que l’on doit accompagner dans la découverte de ces technologies, sans leur montrer clairement en quoi elle peut être utile ; il suffit qu’elle existe, se dit-on, pour qu’elle soit nécessaire.

C’est complètement faux.

Le pire est qu’on en vient souvent à se refermer sur ce public technophile qui accompagne l’innovation et interagit parfois quotidiennement avec la compagnie, le créateur, l’entreprise. Attention, je trouve ces possibilités de communication fantastiques et j’aime interagir avec toi, ô auguste lectorat (j’espère que tu le sais), parce que tu es composé exclusivement de gens fantastiques (je suis très fier d’abriter le fil de commentaires le plus cool de toute la blogosphère et je m’enorgueillis de dire qu’en plusieurs années de blogging, je n’ai jamais eu à censurer un seul troll, parce qu’il n’y a que des gens intelligents et sensés qui viennent ici).

C’est en revanche une erreur de croire que le public d’une entreprise, d’une création, se situe exclusivement sur Internet, est informé à la pointe des sujets qui l’intéressent, suit avidement les flux RSS, les pages Facebook, les comptes Twitter. C’est la même confusion qui consiste à croire que le public d’une sphère est intégralement représenté par le public des forums. Je sais par exemple qu’il y a ici des lecteurs fidèles qui ne commenteront jamais, parce que c’est pas leur truc. C’est très bien : l’erreur serait de les oublier.

Bref, ces outils de communication et de maintien de contact sont fantastiques mais ils ne sont pas tout. Ils sont l’arbre qui cache la forêt – une forêt que, paradoxalement, on peine de plus en plus à atteindre et qu’on ne fait aucun effort pour accompagner. Une innovation divise le public potentiel comme des poupées russes ; plus on avance, plus on réduit la part à qui l’on s’adresse.

Et c’est, je pense, le problème principal lié à la pénétration du marché par l’ebook tel qu’il est vendu de façon « classique ».

Pourquoi ? Comment ? Qu’est-ce que les petits doigts de ma grand-mère ont de si fantastique ? Eh bien, vous le saurez dans le prochain épisode, soit demain si le monde ne s’est pas fini entre temps.

Image : Wedge paradox par Vlad2i, licence CC-By-SA.

2018-07-17T14:29:13+02:00mardi 21 décembre 2010|Le monde du livre|3 Commentaires

Qu’est-ce qu’on dit maintenant ? (Nouvelles de Critic)

Qu’est-ce que je peux bien raconter après mon coup de gueule de vendredi ? J’ai rédigé ce billet d’un seul jet, en quinze minutes montre en main, en mode “peu importe si ça gueule, il faut que ça sorte” et il a été lu plus de 500 fois en un week-end, ce qui en a aussitôt fait l’article le plus vu de tout le blog. Les quelques sujets que j’ai en stock (livre électronique, quelques groupes musicaux) me semblent parfaitement dérisoires par rapport à la gravité de la loi LOPPSI 2 et du tour que prennent les choses dans ce pays. Mais je ne fais pas un blog politique, d’une part parce que je ne suis pas compétent pour ça, d’autre part parce qu’il faut choisir un peu ses combats et ses sujets, et les miens sont plutôt, à la base, une distance joueuse avec la réalité qu’une plongée premier degré dans son marasme. Jusqu’à la prochaine indignation.

Seulement, qu’est-ce qu’on peut raconter après un coup de gueule ?

The show must go on ? Je suppose que oui.

Alors rabattons-nous sur des valeurs sûres. Des choses un peu joyeuses, des bouquins, par exemple.

Couv. Cyrielle Alaphilippe

Quelques nouveautés côté éditions Critic

Le Projet Bleiberg de David S. Khara continue à faire un véritable carton – nouveau retirage de 10 000 (oui, dix mille !) exemplaires, ce qui est à la fois génial et prodigieux.

Du coup, Critic passe en distribution chez Harmonia Mundi. Cela veut dire que les autres livres de Critic, Le Sabre de Sang de Thomas Geha mais aussi La Volonté du Dragon vont se retrouver disponibles dans toute une nouvelle série de points de vente (dont les grandes surfaces culturelles), seront plus faciles à commander et sont notamment disponibles sur Amazon (ici pour La Volonté). (Oui, cela veut probablement dire qu’il peut être livré à temps pour les fêtes, au cas où…)

La Volonté du Dragon a également connu un deuxième retirage ! Ce qui se passe avec ce livre est vraiment formidable, merci encore à vous tous pour votre soutien, votre appréciation de cette histoire et pour avoir passé le mot autour de vous. Le bouche à oreille joue un rôle très important dans le succès d’un livre, surtout avec l’état actuel du marché et le peu de moyens qu’ont les petits éditeurs pour faire de la communication. Alors, un gros merci, encore.

2010-12-20T11:19:37+01:00lundi 20 décembre 2010|Actu|10 Commentaires

Verrouille et ferme ta gueule

Le Cri, Edvard Munch

Je suis vraiment très, très énervé. Je suis profondément énervé par la bêtise crasse qui peut parfois animer les gens bien intentionnés, les gens qu’on interroge au micro dans le journal de 20 h de TF1 qui s’improvisent experts sur l’écologie, la politique internationale et les embouteillages dûs à la neige, je suis écoeuré par l’inertie générale de ceux qui haussent les épaules en justifiant l’avenir par le présent, et je suis surtout encore plus consterné par cette part importante de nos peuples qui remet par ignorance les rênes de son existence à des bouchers déguisés en gendres idéaux tels des moutons à l’abattoir. Je dis beaucoup “je” mais, comme je l’ai dit, je suis hors de moi. Gueuler ne servira pas à grand-chose, j’en ai conscience, mais ça me défoulera, et si ça peut t’informer, auguste lectorat, alors je n’aurai pas perdu 10 000 signes pour rien.

La loi LOPPSI 2 a été adoptée hier. Cette loi touche à un certain nombre de méthodes de centralisation et de gestion de l’information personnelle pour faciliter les investigations criminelles. Mais, comme tous les serpents de mer que pond ce merveilleux gouvernement dont la rhétorique repose sur un seul et merveilleux principe, l’insulte à l’intelligence, il comporte un volet destiné une fois de plus à contrôler l’information – et donc à altérer la perception du monde.

Retour sur Hadopi

Un détail pris isolément n’est pas significatif. Il faut, pour comprendre l’offensive coordonnée sur la liberté d’information et d’expression menée par le gouvernement Sarkozy, composer une image globale de sa relation avec la presse, avec le droit du citoyen (voir l’excellent blog de Maître Eolas) et par rapport au Net. J’ai longuement parlé de cette loi grotesque, stupide et trompeuse, dont l’intention se résume à une seule chose : faire entrer chez le citoyen une mesure de surveillance volontaire de son activité en ligne au titre fallacieux que celui qui n’a rien à se reprocher n’a rien à cacher. J’invite ceux qui sont d’accord avec cette idée à aller jeter un oeil aux méthodes des propagandes totalitaires.

Hadopi ne protège pas le droit d’auteur, ne protège pas les ayant droits, c’est une loi idiote, coûteuse, inefficace et absurde, votée par des députés moutons qui ne pigent strictement rien à la technique et s’inquiètent uniquement de leur réelection, de leurs appuis et du millésime du dîner de ce soir. Hadopi repose sur une technique de manipulation éprouvée, l’épouvantail rhétorique : brandir une cause juste avec lequel on ne saurait disconvenir pour justifier n’importe quelle extrémité en comptant sur l’ignorance des gens comme des prétendus penseurs (oui, c’est votre attitude sur ce dossier que je vise, Alain Finkielkraut). Ici, l’épouvantail était la mort de la culture et de la création (plaçant le gouvernement Sarkozy en chevalier blanc défenseur d’un domaine où on le voit pourtant peu) et le véritable but l’instauration volontaire de la surveillance.

LOPPSI, pourquoi demain, vous ne saurez rien

LOPPSI repose sur la même méthode. L’épouvantail rhétorique : la pédophilie. Il y a quelque chose dans notre époque qui fait de l’enfant l’ultime objet de sacralisation : l’enfant est roi, l’enfant est suprême, l’enfant est bon. Quantité de personnes balancent le cerveau au vide-ordures dès qu’il est question d’enfant : on retombe soi-même en enfance, divisant son QI par deux ; tout devient justifiable, même l’inacceptable. Qui n’a jamais entendu dire “je suis contre la peine de mort, sauf pour les pédophiles” ? Quel type de raisonnement est-ce là ? L’enfant justifie l’abdication de la raison.

Par conséquent, diaboliser Internet comme un repaire de pédophiles permet d’ouvrir la porte à tous les abus, dont ici le filtrage des contenus sans intervention de l’autorité judiciaire. De façon purement arbitraire. Qui saura que tel site est bel est bien pédophile ou non ? La pédophilie est déjà un crime, interdite sur le Net, poursuivie et châtiée. On ne trouve pas de sites pédophiles dans Google. Internet ne regorge pas de types louches prêts à assassiner des enfants à coups de clavier – pas plus que dans le quartier où on les laisse rentrer seuls.

Cette mesure est très grave à deux titres.

Une mesure contre-productive

Tout l’effet qu’ont ces mesures sur le filtrage et la surveillance des communications entraîne une suspicion croissante à l’écart des gouvernements, rompant la confiance historique avec les représentants du peuple, mais surtout généralise et banalise l’usage de méthodes de cryptage et de dissimulation des échanges. Habituellement, seules les communications sensibles ou criminelles se trouvaient masquées de la sorte, facilitant pour les services de police l’enquête et l’infiltration des réseaux. Mais si tout le monde se met – par méfiance – à crypter ses communications, la tâche sera terriblement complexifiée et rendra très ardue la séparation du bruit d’un véritable signal criminel. Instaurer le filtrage, restreindre les libertés de communication, c’est encourager les contournements et rendre, à terme, bien plus difficile l’arrestation des criminels véritables.

Le filtrage sans discrimination

Qui peut vérifier qu’un site bloqué est bel est bien pédophile ?

Si l’on instaure dans les esprits l’idée que l’on peut bloquer des contenus pour des raisons de sécurité (ce qui est inefficace, voir point précédent), demain, ne peut-on imaginer le blocage de sites “menaçant la sûreté nationale” ? Qui, mettons, révéleraient des malversations dans les hautes sphères du pouvoir ? Des manipulations de la presse ? Des affaires Bettencourt, des Karachigate ? Des sondages défavorables ?

Comme, par exemple, Wikileaks ?

Brice Hortefeux osait prononcer la vomissable phrase suivante : “Parfois, la transparence est une forme de totalitarisme.” Même George Orwell dans son célèbre 1984 n’avait pas osé le formuler en ces termes, préférant un plus sobre “Ignorance is strength” (l’ignorance est une force) parmi les principes fondamentaux de Big Brother.

Comment les gens peuvent-ils l’écouter ?

Parce qu’ils ne réfléchissent pas ?

Dans ces conditions, peut-on encore s’interroger sur les véritables raisons qui poussent le gouvernement à restreindre les fonds accordés à l’éducation ou à supprimer les enseignements d’histoire au lycée ?

Ce filtrage ouvre la porte à la forme ultime d’effacement de l’information, de remodelage de la pensée. Avec cette loi, si on l’imagine par exemple étendue à la sûreté nationale (ce qui n’a rien d’impossible), une information peut entièrement disparaître du paysage sans laisser de traces. C’est l’équivalent informationnel du Patriot Act où toute personne pouvait se voir déchue de ses droits élémentaires et détenue arbitrairement dès qu’elle était seulement soupçonnée d’activité terroriste : demain, on vous emmène à Guantanamo et vous disparaissez de la circulation. C’est pire que le démenti, la manipulation ou la censure : avec cela, certains pans entiers du savoir peuvent disparaître – ne laissant même pas de trace. Avec cela, on peut réécrire l’histoire, altérer l’actualité, gouverner l’opinion dès qu’une information est jugée contraire au bon vouloir de celui qui tient les ciseaux.

Ici, c’est la pensée contraire qui peut se trouver rayée du paysage – allant jusqu’à annihiler le seul concept de pensée contraire.

La guerre ne fait que commencer

Il se joue quelque chose de très grave en ce moment et je suis atterré en voyant le sourire hébété d’une certaine majorité de gens qui marchent à l’abattoir contents, le regard et le cerveau vides. Les Anonymous, WikiLeaks et autres acteurs de la contre-culture Internet sont les fers de lance de la protection de nos droits civiques d’information et d’expression dans le monde de l’information de demain. C’est une véritable guerre qui s’installe entre les gouvernements dits “démocratiques” qui, progressivement, se muent en oligarchies reposant sur le principe de manipulation de la soumission librement consentie, et une poignée d’acteurs éclairés et très en colère contre ce qui se trame.

Internet n’est pas votre ennemi. Internet n’est pas non plus sans défauts : Internet est humain. Mais Internet protège votre droit à l’information et à la transparence. Cette guerre qui se déroule en coulisses est peut-être pour moi le précurseur du véritable théâtre d’opérations d’une forme très spéciale de Troisième Guerre Mondiale, celle dont l’enjeu n’est rien moins que notre cerveau, notre libre arbitre, notre personne entière.

Battons-nous, en commençant par nous-mêmes. Notre esprit critique et notre volonté de connaître sont nos premières armes.

2014-08-05T15:12:34+02:00vendredi 17 décembre 2010|Humeurs aqueuses|19 Commentaires

Summer Wars : samurai geeking

Salué par la critique comme le héraut époustouflant d’une nouvelle conception des mondes virtuels, réalisé par des pointures (Mamoru Hosoda et le studio Madhouse aux commandes), Summer Wars est sorti sur notre territoire auréolé de gloire. À vrai dire, la simple affirmation assassine que, selon Libération, Alain Finkielkraut (dont les remarques à l’encontre du Net témoignent d’une incompréhension tragique des vrais enjeux) serait incapable de comprendre ce long métrage avait suffi à me donner envie de le voir.

Nous sommes dans un futur très proche – ou même aujourd’hui. Oz, un super réseau social, connecte toute la planète en une sorte de super Facebook mâtiné de WoW : on peut y discuter bien sûr, mais aussi jouer, commercer, rassembler toutes ses informations et activités personnelles. Accessible depuis n’importe quel terminal, Oz est devenu le point focal de la vie du plus grand nombre.

Entre en scène Kenji, qui a travaille sur la sécurité d’Oz comme job d’été. Mais Natsuki, la jeune fille dont il est secrètement amoureux, lui propose un autre job d’été, bien particulier, dans sa famille, un job dont elle ne révélera la teneur qu’une fois sur place. La jeune fille est issue d’un ancien clan japonais dont la prestigieuse lignée remonte aux guerres médiévales ; et, à l’occasion de l’anniversaire de la matriarche, il doit se faire passer… pour son petit ami. Or, pendant son séjour, Oz subit une attaque d’une envergure sans précédent, plongeant le pays dans le chaos. Á la résidence Jinnouchi, le siège va s’organiser tandis que les relations complexes vont se dévoiler au sein du clan.

Évacuons tout de suite les critiques élogieuses qui laissaient entendre à une œuvre de l’envergure de Ghost in the Shell : non, Summer Wars ne présente rien de révolutionnaire sur la nature des réseaux sociaux, ni même une image inédite d’une génération qui serait née avec le web 2.0. Au contraire, les mécanismes sont souvent simplistes pour ne pas dire un peu magiques, avec un grand méchant mystérieux et surpuissant qui rappelle les ordinateurs devenus miraculeusement conscients après avoir reçu la foudre ou même le contenu d’une coupe de champagne qui faisaient recette dans les années 80 (salut, Short Circuit ou Electric Dreams). Parce que le responsable de la circulation avait un compte sur Oz, apprend-on, les feux tricolores se mettent à se dérégler – ce qui a autant de sens que de craindre le piratage des armes nucléaires après un hack du compte WoW de Nicolas Sarkozy. Oz apparaît comme une boîte noire un peu extraordinaire qui justifie tours de passe-passe et blocages quand l’intrigue a besoin de changer de rythme, ce qui est antinomique avec un traitement approfondi du thème. On passera sur le craquage de clés de plusieurs milliers de bits à la main ou sur la prouesse de mécanique orbitale parfaitement impossible qui clôt le film…

Mais cela n’a pas grande importance car, contrairement à ce qui est annoncé, Summer Wars est avant tout une histoire humaine et de famille. C’est là, d’ailleurs, que la critique dessert le long-métrage en plaçant l’emphase sur ce qui n’est, en somme, qu’un prétexte à la véritable intrigue : une tranche de vie d’une galerie de personnages hauts en couleur, oppressés ou exaltés par le passé mythique d’un clan prestigieux, placés sous la domination bienveillante d’une grand-mère restée une daimyo dans l’esprit. C’est une intéressante, amusante et touchante étude d’un Japon amoureux de ses racines confronté à un défi moderne. Et c’est là que réside toute la charge émotionnelle et l’intérêt du film, mais c’est sûr que le promouvoir avant tout comme une histoire de famille aurait été bien moins vendeur que les thèmes à la mode comme les réseaux sociaux.

Summer Wars n’est donc pas le chef-d’œuvre attendu censé faire table rase de l’approche du virtuel. C’est une jolie histoire humaine dans un contexte improbable, entre réseaux sociaux magiques et clan antique complètement barré, avec laquelle on passe un chouette moment, et c’est très bien.

En tout cas, Alain Finkielkraut peut le voir sans crainte.

2010-12-16T15:35:43+01:00jeudi 16 décembre 2010|Fiction|5 Commentaires

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