Un lépidoptère architectural varié
La traduction, il n’y a pas à dire, c’est un métier…
(Vu à Sao Filipe, Cap-Vert.)
La traduction, il n’y a pas à dire, c’est un métier…
(Vu à Sao Filipe, Cap-Vert.)
C’est une question qui revient fréquemment : « je voudrais m’acheter une liseuse, tu n’as pas un conseil à me donner ? » En conséquence, j’avais rédigé pour Noël 2012 un gros guide sur les questions principales à se poser : quel constructeur, quelle attitude vis-à-vis des verrous numériques, etc. Je terminais par donner – pour ce que ça valait – mon choix de l’époque : le Kindle d’Amazon en raison de mon profil d’utilisateur (beaucoup de lecture en anglais).
On m’a déjà fait remarquer à l’époque que c’était un peu malaisé, parce que cela donnait l’impression que je recommandais le Kindle et la plate-forme d’Amazon. Non. J’ai un profil et des besoins particuliers. Par contre, je suis forcé d’avouer que cela donne, malgré moi, une sorte de blanc-seing à l’entreprise. Or, je n’ai pas d’amour particulier pour celle-ci, plutôt l’inverse ; et, au fil des ans, il apparaît que cet acteur majeur du secteur culturel se comporte non seulement d’une façon hautement déloyale, prêt à toutes les bassesses pour arracher sa clientèle, mais qu’en plus, ses agissements sont délétères au milieu qu’il prétend servir, contribuant toujours davantage au morcellement des revenus, à la fragilisation de l’économie, à la rupture de la confiance entre acteurs.
La liste est trop longue, mais l’on pourrait citer
Je travaille dans le milieu littéraire, la chaîne du livre est mon alliée, de l’éditeur au libraire. Amazon dépasse le stade de la concurrence acharnée (qui est le jeu du capitalisme) pour entrer dans le foutage de gueule généralisé, de l’employé, de l’auteur, de l’éditeur, et de vous, clients, lecteurs. On le sait, s’il y a un truc qui m’agace, c’est qu’on me prenne pour un imbécile ; je ne suis pas bégueule sur les facilités de la vie moderne, mais à prouver, à répétition, qu’Amazon n’a aucune morale autre que de trouver une nouvelle façon de baiser la gueule du système (je pèse mes mots), cette entreprise nuit à mes intérêts d’écrivain et à ceux de mes alliés économiques.
Je respecte le choix de chacun d’aller chez eux, en toute connaissance de cause – c’est pourquoi je ne vais pas non plus m’opposer bec et ongles à ce que mes ouvrages soient disponibles en commande dans leurs rayons. (Je ne choisis pas, de toute manière.) J’ai toutefois toujours incité à préférer les commerces de proximité, les librairies où l’on vous offre un vrai conseil, où l’on trouve des passionnés qui connaissent vos goûts et savent vous recommander le roman qu’il vous faut, et que vous ne trouverez jamais ailleurs.
Je ne suis pas du genre à appeler publiquement au boycott ni à dire quoi faire à qui, mais j’aimerais quand même aller plus loin et te décourager très ouvertement, auguste lectorat, d’aller chez Amazon, pour toutes les raisons précitées. Fais vivre tes commerçants de proximité ! Et si tu ne les connais pas, va à leur rencontre ! Dans un système capitaliste, choisir chez qui l’on achète un acte politique. Si tu es un accro du commerce électronique, ton libraire a probablement un site (comme Critic) ! Et si tu tiens absolument aux grandes enseignes, il y en a quand même d’autres qui sont – au minimum – domiciliées en France comme la Fnac et représentent un moindre mal. Enfin, si tu es comme moi un fondu de musique numérique, je porte à ton attention les alternatives que sont Qobuz, CDBaby, Beatport, etc.
Pour en revenir au sujet des liseuses : alors, quid du Kindle ?
Le Kindle, c’est comme Apple (iOS) : ça marche tout seul, ma grand-mère pourrait s’en servir, et en plus c’est pas cher (pas comme Apple). Mais toutes les données sont verrouillées, bien sûr (voir cet article). Dans le cas d’Apple, il est concevable de céder un peu d’ouverture du système en échange d’une facilité d’emploi. Amazon fournit la même facilité, certes. Mais il n’est pas le seul sur le marché, très loin de là. Si vous n’avez pas envie de vous lancer dans l’aventure d’une liseuse multi plate-formes (comme les Sony), les Kobo sont d’excellente facture, par exemple, et proposent un service tout aussi simple d’emploi (avec DRM également), joint à la Fnac.
Bon, j’ai un Kindle. Je m’en sers, je ne vais pas le balancer aux orties. Mais une chose est sûre, quand celui-là tombera en rade, je n’en rachèterai pas.
Illus. Jerom
Joie et gloire ! Pour son épisode 20 de sa saison 3, l’émission sur YouTube + ou – Geek (qui parle de jeu vidéo, de littérature, de manga, de tout ce qu’on aime) a réalisé un sujet très sympathique sur nos Deep Ones. Pour mémoire, les Deep Ones, c’est ce groupe atypique d’écrivains – lecteurs – éditeurs – musiciens, où des textes sont lus par leurs auteurs sur fond de musique semi-improvisée. Le reportage a été réalisé au moment des Imaginales 2013, lors du tout premier concert du groupe, et en explique le concept et la genèse. (Le sujet démarre à 8:14)
Pour en savoir plus sur + ou – Geek et regarder gratuitement les émissions, c’est ici.
Juste pour se marrer, parce qu’en voyant ce paysage, ça m’a fait penser aux vieux papiers peints de Windows XP (vous vous rappelez, genre celui-là).
Vu à Rennes, et on peut bien excuser les fautes dans ce cas précis, parce que quand même, c’est assez génial.
Couv. John Howe
Bon sang !
Je l’avais promis depuis trois ou quatre éternités – voire une éternité d’éternités, c’est vous dire, un éternitéplex – mais je n’ai jamais pris le temps de le faire : mettre « L’Île close » en diffusion libre. Ce texte est probablement celui qui a bénéficié des plus larges retombées : lauréat du prix Imaginales, finaliste du Grand Prix de l’Imaginaire, traduit aux États-Unis, podcasté sur Utopod, sujet d’étude universitaire… Je reste éberlué et ravi de la faveur qu’a remporté cette variation hautement irrévérencieuse et référentielle sur le mythe arthurien. Merci à tou-te-s !
À l’origine, je voulais construire un mini-recueil à télécharger des nouvelles que je place en diffusion gratuite, mais j’ai largement trop attendu. Le projet n’est pas enterré, mais ce sera pour plus tard. Pour l’heure, voici donc le texte sous licence CC-By-NC-ND (diffusion libre, gratuite, sans contrepartie commerciale) :
N’hésitez évidemment pas à faire circuler, c’est fait pour cela ; tous les textes en accès libre et gratuit sont présents sur la page correspondante.
(Et si vous avez encore faim de mythe arthurien, n’hésitez pas à jeter un oeil à l’anthologie Lancelot, où figure « Le meilleure d’entre eux » !)
Dessin Gaboo
C’est un peu tôt pour l’annoncer, mais je serai à la convention Scorfel, axée autour du jeu et de la littérature, les 25-26 octobre prochains à Lannion. Si je vous en parle maintenant, c’est que la présentation des invités arrive peu à peu en ligne, et que le ton est résolument rôliste. Pour ma pomme, ça se passe ici, mais vous pourrez découvrir les fiches de tous les autres invités dans la rubrique News du site de la manifestation (Mélanie Fazi, Jean Millemann, Maëlig Duval)…
« J’apprécierais que tu ne profites pas de la moindre occasion pour toujours mettre en avant tes spécificités ethniques, maugréa Eladiel. Il me semble que la situation est largement plus grave. La solution à tous les problèmes ne passe pas forcément trente mètres sous terre.
— Je ne ramène rien du tout ! » protesta Balwina. Elle se gratta la barbe où subsistaient encore des miettes de pain de voyage et pointa l’horizon du doigt. « Tu sais pourquoi on appelle cette forêt la Forêt Sans Retour ? Tu t’en doutes, de l’explication, ou te faut un poème, des choristes et trois joueurs de harpe ? »
Eladiel plissa son nez au profil parfait et la tristesse traversa ses yeux verts.
« Ce n’est pas la peine de ramener cette vieille histoire, murmura-t-il. C’est du passé.
— Le passé, mes fesses. Maman ne t’a jamais pardonné. Si j’y réfléchis bien, c’est probablement là que tout a commencé à dégénérer entre nous. Le jour même de notre mariage ! C’est qui qui la ramenait avec ses spécifictés ethniques ? » La naine secoua la tête. « Elle m’avait prévenue, pourtant. Pauvre maman. J’aurais dû l’écouter.
— Tu l’as si bien écoutée que tu t’es laissée convaincre qu’un elfe et une naine n’avaient rien à faire ensemble ! » Eladiel avait des trémolos dans la voix.
« Et allez, c’est reparti, grogna Balwina en levant les yeux au ciel.
— Reparti ? Vraiment ? Parlons-en, de repartir. Si je t’insupporte tant, pourquoi es-tu venu me chercher ? Tu n’avais pas d’autres… » Ses lèvres bougèrent un instant sans qu’aucun son n’en sorte. « D’autres camarades de beuverie à emmener ? Vous auriez été bien, entre vous, à comparer des plans d’excavation et à aiguiser vos pelles ! Pour ce que tu m’en roulais, de toute façon ! »
Eladiel ouvrit de grands yeux, choqué par son propre accès de colère. Balwina elle-même le regarda d’un air nouveau, pas tant heurtée par la formulation que par le fait qu’elle ait pu franchir les lèvres de son ex-mari.
« Tu vas pas pleurer, quand même ? » fit Balwina.
Eladiel renifla, les yeux rouges.
« Nan. »
La naine poussa un long soupir.
« Ca te ferait plaisir qu’on passe par la forêt ? »
L’elfe acquiesça, puis détourna la tête en contrôlant sa respiration pour masquer son émotion. Balwina leva les yeux au ciel et rectifia la position de sa hache sur son épaule.
« Allez. Passe devant. »
Déclencheurs : 20′ d’écriture,
exposer des informations par le dialogue entre un elfe et un nain,
sachant que le nain veut passer par la montagne, et l’elfe par la forêt.
Couv. François Baranger
Pour cet été, les éditions Critic vous proposent un défi amusant qui remet la librairie et la lecture au centre de la scène ! À gagner : La Route de la Conquête, qui sort en août prochain.
Vous aussi, dès maintenant, ou pendant vos vacances, n’hésitez pas à nous envoyer des photos de nos livres que vous auriez l’occasion de voir en rayon, ou bien, si vous partez loin avec l’un de nos titres, une petite photo du livre et du lieu !
La photo la plus originale, la photo prise dans le pays le plus éloigné de la France et la photo de tous nos titres en présentation dans la vitrine d’une librairie, sera récompensée , en cadeau : notre prochain titre à paraître : La Route de la Conquête de Lionel Davoust.
À suivre sur la page Facebook des éditions Critic pour soumettre vos plus belles photos !