Se dire des mots d’amour, des mots de tous les jours

… ça fait quelque chose (quand on est dans ses propres corrections) :

Que voulez-vous que je vous dise ? Parfois, ça vient du cœur. Et c’est surtout une excellente, excellente manière de s’assurer de remanier le texte en profondeur avant de l’envoyer à ses bêta-lecteurs et son éditeur.

2020-09-01T21:32:15+02:00lundi 7 septembre 2020|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Se dire des mots d’amour, des mots de tous les jours

La photo de la semaine : Fo Guang Shan

Également appelé la montagne du Bouddha.

Fo Guang Shan
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2020-08-29T21:28:02+02:00vendredi 4 septembre 2020|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : Fo Guang Shan

Vous devez lire Comme par magie

Je sais, je vous ai fait le coup avec La Guerre de l’Art, hein ? Eh bien, Comme par magieBig Magic en VO1, c’est fascinant, parce que c’est exactement le même discours, avec des moyens diamétralement opposés.

Elizabeth Gilbert – l’autrice de Eat, Pray, Love – livre dans cet ouvrage une vision de la créativité heureuse, harmonieuse, qui se libère avec amusement de l’image de l’artiste qui porte ses dons artistiques comme une croix. Un peu d’autobiographie, beaucoup d’anecdotes pour certaines vraiment drôles, et pas mal de réflexions entre la philosophie et la spiritualité tracent un discours tendre mais sans complaisance sur la vie créatrice quel que soit le domaine, qu’il s’agisse d’écriture ou (véridique) de patin à glace. Résolument opposée à une vision moderne, post-Lumières, torturée de l’artiste se soumettant à des pressions inhumaines, elle prêche au contraire une démarche presque évanescente qui place le plaisir et le jeu au centre de tout ; de la légèreté, de la disponibilité, mais aussi – et c’est là que Pressfield et elle s’alignent dans une passionnante opposition de contraires – de la persévérance, de la volonté, de la confiance en soi et en l’univers.

Car là où Pressfield a une rhétorique résolument guerrière (c’est dans le titre), parfois à la limite de la culpabilisation, prêchant l’intensité et la persévérance à tout prix, avec une victoire à emporter sur la Résistance, Gilbert se place résolument sur le terrain de la coopération avec la Muse qui nous choisit pour nous murmurer des idées et, surtout, privilégie le principe de joie. Et c’est… vraiment nécessaire aussi.

Le plus beau ? C’est qu’ils disent donc, au final, exactement la même chose, avec des mots radicalement opposés : il existe quelque chose qui nous dépasse (ce que j’appelle personnellement le Mystère) où réside la créativité, qu’on le voie comme la Muse homérique (Pressfield) ou des sortes d’esprits désincarnés (Gilbert) voire des sortes d’anges (les deux auteurs) ; le travail d’un ou une artiste consiste à se mettre en lien avec cette « chose », car la création est une voie formidablement nourrissante pour l’individu et le monde ; la seule voie pour y parvenir est la persévérance et la foi.

Si vous avez détesté La Guerre de l’Art (je sais qu’il y en a), lisez Big Magic. Je suis quasiment certain que c’est le bouquin qu’il vous faut à la place. Si vous avez adoré La Guerre de l’Art, lisez Big Magic quand même, parce que c’est une bouffée d’air frais salutaire dans la tendance à la pesanteur qu’on beaucoup de créatifs, un rappel constant à sourire, rire et travailler avec les obstacles au lieu de forcément les combattre à tout prix. Tout cela n’est qu’un tendre jeu, comme l’est la vie. L’art est à la fois la chose la plus importante et la moins importante du monde. Je trouve réjouissant, fascinant, et vertigineux de voir deux personnalités aussi différentes (d’après ce qui transparaît de leurs ouvrages, du moins) toucher à ce qui me semble être exactement le même phénomène. Personnellement, les deux m’ont nourri autant l’un que l’autre de façon complètement différente, et je sais que je finirai par m’en procurer de belles éditions pour les ranger côte à côte, réunis dans leur union au Mystère et dans ce que leur totalité représente à mes yeux.

Pour découvrir le ton drôle et chaleureux d’Elizabeth Gilbert, son TED Talk le plus court, sur la manière dont elle a repris l’écriture après le succès planétaire et inattendu et Eat, Pray, Love (pour poursuivre, jetez un œil à cette interview beaucoup plus poussée autour, justement, de Big Magic) :

  1. Et d’ailleurs, si vous pouvez, je vous encourage vraiment à préférer la version originale ici. Loin de moi l’idée de dire que la traduction est mauvaise, et les nombreux avis favorables en ligne montrent que le livre a su parler au public ; par contre, à titre personnel, le ton employé n’est pas du tout raccord avec mon ressenti de l’anglais.
2020-09-03T12:18:40+02:00jeudi 3 septembre 2020|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Vous devez lire Comme par magie

Joyeux vingt ans, Elbakin.net !

Il y a vingt ans, alors que j’étais un étudiant chevelu dans sa chambre en stage qui jetait les bases d’un univers de fantasy qui allait devenir Évanégyre au lieu de boucler son mémoire pour le rendre à temps (alors, je l’ai rendu à temps, le matin même, en personne, à Rennes, faisant le trajet depuis La Rochelle de nuit avec ma voiture en pleine pénurie de carburant, me maintenant réveillé à travers le marais poitevin avec du Rhapsody of Fire à fond les ballons), je me documentais sur le genre et je me souviens vivement m’être baladé sur un site déjà pas mal orange qui avait l’idée rigolote de refléter la note des bouquins avec une petite épée plus ou longue (peut-être un peu freudien, tout ça).

Elbakin.net en 2006 d’après Wayback Machine

Vingt ans plus tard, Elbakin.net est devenu une référence incontournable du genre, La Messagère du Ciel a reçu son prix du roman francophone, et je coanime un podcast avec deux amies diffusé par son réseau.

Vraiment, je n’aurais jamais imaginé ça à l’époque où je gueulais for the king for the land for the mouuuuuntaiiiins avec un fake accent italien dans ma petite Honda en sifflant tous les cafés que je trouvais. La vie réserve de merveilleux voyages.

Merci et joyeux anniversaire, Elbakin.net ! Et aux vingt prochaines années !

2020-08-29T20:31:51+02:00mardi 1 septembre 2020|Le monde du livre|6 Commentaires

Une description fort apte de Twitter

Chuck Wending (dans un article par ailleurs fort intéressant sur l’implication personnelle des auteurs qui écrivent pour de grosses licences) :

[Twitter] is a wasteland where nuance goes to die. As I am increasingly wont to say, Twitter is the place where somebody was wrong on the internet. Then someone was mad on the internet. Then you were mad on the internet. Then you were wrong on the internet. And that cycle just kinda goes and goes. It’s like a dunk tank where you’re dunking people and then getting dunked for dunking on people and then as you’re being dunked you still find other people down in the deep to dunk on, until everyone is drowning down in Dunktown.

Chuck Wendig, « No, Writing IP is not Soulless« 

(Graissage de mon fait.)

Pour m’assurer qu’on n’avait pas essayé de m’envoyer des notifications que j’aurais ratées (et un peu par curiosité perverse, j’avoue) j’ai sous-mariné Twitter quelques minutes la semaine dernière pour voir si, avec le recul, j’aurais des regrets.

Ce que j’ai vu partout : a) des gens qui s’engueulent pour des broutilles b) des choses plus sérieuses qui font du mal à des gens c) des broutilles ou des choses plus sérieuses qui me font du mal à moi. Il y a bien, bien d’autres façons de rester informé du monde et d’y agir, sans avoir recours à ce mode qui donne le sentiment que tout est accessible et donc que tout qu’on peut, et doit, tout résoudre tout seul maintenant tout de suite pourvu qu’on y mette assez d’énergie (non). Sachant, auguste lectorat, que tu as eu la gentillesse de suivre ici en nombre, ce n’est même pas que j’ai zéro regret : j’ai littéralement l’impression de m’être libéré d’un poids toxique de longue date. Forcément, j’ai envie de vous encourager vous aussi à laisser complètement cette machine à tristesse derrière vous. J’ai retrouvé des facultés de concentration et une certaine tranquillité d’esprit (malgré la pression du boulot assez incommensurable par ailleurs) que j’avais perdues sans même m’en apercevoir, et c’est assez terrifiant, en fait.

Le monde est dehors.

2020-08-31T09:18:35+02:00lundi 31 août 2020|Humeurs aqueuses|4 Commentaires

Écrire en musique : Ad Vitam

Ad Vitam, c’est une de ces rares séries de science-fiction française à exister, et en plus, elle n’est pas mal du tout. Sa bande originale, composée par HiTnRuN, lorgne clairement vers la synthwave tout en adoptant un son plus moderne et donc peut-être plus intemporel. Plutôt douce et atmosphérique par moments, elle peut apporter un fond agréable pour l’écriture, a fortiori évidemment quand on écrit de la dystopie ou du cyberpunk. Disponible sur YouTube ci-dessous et sinon sur tous les services de streaming (Apple Music / lien affilié). Morceaux recommandés : « Sunset » (le générique) et « Darius ».

2020-08-25T09:41:28+02:00jeudi 27 août 2020|Décibels, Technique d'écriture|7 Commentaires

Procrastination podcast saison 5 : sujets et première invitée

J’avais méchamment teasé quelques nouveautés pour la saison 5 de Procrastination – le confinement a au moins eu ceci de positif que nous nous sommes mis au point pour enregistrer à distance… ce qui nous permet à présent d’accueillir des invité•es.

Et nous nous sommes très, très heureux et honorés que Mireille Rivalland, directrice littéraire des éditions L’Atalante, ait accepté notre invitation à venir parler d’édition, à lever le voile sur le processus réel de sélection des manuscrits, de retravail, de commercialisation. L’Atalante est une grande maison indépendante dans le domaine de l’imaginaire, adossée à la librairie du même nom qui existe depuis plus de 40 ans à Nantes, où publient des auteurs majeurs du genre (Terry Pratchett, Glen Cook, Dmitry Glukhovsky, Pierre Bordage, Jean-Claude Dunyach…). Nous remercions profondément Mireille de nous avoir fait bénéficier de son regard, de son expérience, de sa bienveillance et sa franchise ; les deux épisodes enregistrés en sa compagnie sont le 501 et le 506, et nous sommes certains que vous les trouverez aussi passionnants et instructifs que nous.

Mireille Rivalland, Estelle Faye, ma pomme et Mélanie Fazi. Montage Mélanie Fazi.

Mais ce n’est pas tout ! Nous avons déjà enregistré un bon tiers de cette saison (Procrastination, le podcast toujours à l’heure, si c’est pas paradoxal), et voici la sauce à laquelle vous allez être mangés, chers poditeurs et poditrices :

  • 15 septembre, 501 : La sélection des manuscrits, avec Mireille Rivalland
  • 1e octobre, 502 : Écrire pour soi, écrire pour les autres (partie 1)
  • 15 octobre, 503 : Écrire pour soi, écrire pour les autres (partie 2)
  • 1e novembre, 504 : La course à la perfection
  • 15 novembre, 505 : Être auteur et timide
  • 1e décembre, 506 : Le retravail des manuscrits, avec Mireille Rivalland
  • 15 décembre, 507 : Le découpage des séries

Reprise, donc, le 15 septembre chez tous vos agrégateurs de podcasts !

2020-08-25T09:41:29+02:00mardi 25 août 2020|Technique d'écriture|4 Commentaires

Quelques souvenirs de la 47e convention française de science-fiction

Rentré hier soir un peu fatigué mais enchanté de cette 47ème convention : encore merci à toute l’organisation d’avoir tenu bon ce navire en ces eaux houleuses pour toutes et tous ! Et merci à tous les participants, camarades et intervenants pour ces quatre jours extrêmement agréables (c’est difficile de revenir au boulot après ça !) Je n’ai jamais été très doué pour les compte-rendus, donc je préfère vous laisser avec quelques photos souvenir.

Ugo Bellagamba (mod.), François Manson, Xavier Dollo et Laurianne Gourrier parlent des finalistes roman du prix Rosny-Aîné 2020
La salle des expositions
Laurianne Gourrier (mod.), Pierre Gévart, Jérôme Vincent et Simon Pinel débattent de l’exportation de l’imaginaire français à l’étranger
Sylvie Denis, conférence sur David Bowie et la SF
Claude Ecken, conférence sur l’écologie et la SF
Remise des prix
Jean-Daniel Brèque, lauréat du prix Cyrano pour tout son travail de passeur et de traducteur de l’imaginaire
2020-08-31T09:37:54+02:00lundi 24 août 2020|Carnets de voyage|2 Commentaires
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