On a un mot français pour désigner la fantasy depuis douze ans et on ne m’avait jamais rien dit

Et ce titre s’appelle un test de charge pour voir comment la mise en page du nouveau site fonctionne si je mets trop de trucs dans des champs qui sont pas tellement conçus pour des expressions longues comme ça parce que voyez-vous un titre c’est censé être impactant mais bon on pourrait dire qu’il l’est quelque part même s’il n’y a pas la promesse d’une liste en huit points pour sauver la paix dans le monde ou autre chose

Donc :

fantasie, n.f.
Domaine : Littérature-Audiovisuel.
Définition : Genre situé à la croisée du merveilleux et du fantastique, qui prend ses sources dans l’histoire, les mythes, les contes et la science-fiction.
Note : La fantasie est un genre d’origine anglo-saxonne.

Legifrance

(Merci aux échanges sur Twitter)

Donc.

Donc fantasie, comme en son temps cédérom, quoi.

Donc donc donc.

La définition est très juste, remarquez, concise et efficace.

Mais, donc.

Comme dirait l’autre, je pose ça là.

2019-06-06T22:27:52+02:00mercredi 12 juin 2019|Expériences en temps réel|23 Commentaires

L’étonnante étymologie d’enfoiré

Attention, article à très explicit lyrics. (Soit : si les gros mots vous choquent, regardez plutôt cette vidéo.)

J’ai un dictionnaire des synonymes accessible en permanence quand j’écris ; j’essaie au maximum de trouver le mot juste pour le fixer dans le texte, car cela m’aide à m’ancrer dans l’ambiance d’une scène, à construire correctement pour avancer dans un livre avec la satisfaction de bien sentir le récit et son atmosphère. (Après, à la correction, je casse généralement tout pour tout reconstruire autrement, mais cela fait partie du processus ; ces premières étapes me montrent les directions que j’ai envie, ou besoin, d’explorer.) Sachant que je consulte Antidote ou ses homologues parfois plusieurs fois par minute (merci Alfred et AppleScript), et que, dans « Les Dieux sauvages », je m’amuse à recréer une sorte de parler pseudo-médiéval, j’aime bien chercher les synonymes inusités ou pittoresques.

Or doncques, l’autre jour, j’avais besoin de synonymes fleuris du mot « cul ». Très bien, Rabelais, tu n’as qu’à bien te tenir, me voici parti en quête. Et quelle n’est pas ma curiosité de découvrir dans la liste celui-ci :

Et là, d’un seul coup, tout un pan de la langue française prend sens dans ma tête : foirer quelque chose, bien sûr, c’est comme le « chier », faire de la merde, tout ça (c’est d’ailleurs le sens vieilli et très familier du terme, ce que j’ignorais) ; et là, je comprends aussi que « enfoiré » n’est en fait qu’une variante sur un thème vieux comme le monde – « enculé », même combat. Comme empaler. Et bougre d’âne : saviez-vous qu’un bougre, à la base, c’est un sodomite ?

Ah, c’est sûr que ça donne moins envie de taquiner ses enfants en les traitant affectueusement de bougres d’âne, tout de suite.

Est-ce que j’ai un point ? (Anglicisme.) En fait, oui, au-delà du fait d’avoir appris un nouveau truc linguistique, ce qui est toujours intéressant quel que soit le registre : si l’on veut s’efforcer de faire évoluer son vocabulaire d’insultes1 pour en évacuer les connotations homophobes et machistes, eh bah « enfoiré » est à mettre tout autant à l’index.

Oui, j’ai totalement fait exprès avec cette dernière phrase.

  1. Rappelons que Freud, qui a certes dit un paquet de conneries, mais pas que, affirmait que le premier à jeter une insulte plutôt qu’une pierre était le fondateur de la civilisation ; ce qui paraît assez vrai, comme le prouve le système routier de toute métropole développée, un endroit assurément très civilisé vu comme on s’y insulte.
2018-08-09T10:56:18+02:00mardi 10 juillet 2018|Best Of, Expériences en temps réel|8 Commentaires

Un nouveau podcast d’aide à l’écriture : Productivité !

 

Auguste lectorat, après bientôt un an de podcast, je me rends compte que je prends vraiment goût à ce média et j’ai donc décidé de lancer en solo une nouvelle émission, baptisée Productivité !, fondée sur les aspects beaucoup plus techniques de l’organisation des indépendants au jour le jour.

En d’autres termes, il s’agira de maximiser son ROI sur le temps consacré à la production de contenus originaux visant des cibles bien établies dans une segmentation littéraire, afin d’obtenir un indéniable plus-produit apte à satisfaire tous les partenaires économiques de la chaîne du livre. Du réseautage 3.0 à la valorisation digitale sur les nouveaux marchés du libre et de l’entraide, nous verrons comment la transparence top-down permet à l’écrivain numérique de se positionner en réel moteur de la consultation citoyenne où crowdfunding et marketing direct sont les maîtres mots. Car ces pratiques innovantes tracent une nouvelle carte de la diffusion où les intermédiaires sont appelés à une mutation en profondeur ; enfin, chacun dispose des compétences pour se comporter en égal dans une optique de collaboration complète. Au XXIe siècle, l’écrivain est un cré-acteur, un propulseur local, un consultant fluide qui amène les perspectives novatrices d’une redistribution totale du tableau actuel.

Avec Productivité !, vous apprendrez à être des gagnants du freelancing à l’aide de techniques originales éprouvées par tous les grands fondateurs de start-ups. En avant-première, je vous propose le programme des huit premiers épisodes de la première saison :

  1. Le sommeil est-il vraiment utile ? Comment l’optimiser en relation avec l’espérance de vie souhaitée
  2. Le café au beurre de yack : un hack nourrissant et énergétique
  3. Mettre un bon coup de poignet à son projet avec la célèbre méthode de David Clé-à-laine, GTD™ (Gère Ton Dégoût)
  4. Les relations sociales sont-elles vraiment utiles ? Comment les optimiser en relation avec la santé mentale souhaitée
  5. Changer continuellement de fuseau horaire : l’astuce amusante des winners pour éviter la nuit
  6. Trouver le bon sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous-sous genre pour s’auto proclamer premier du top Amazon avec cinq ventes
  7. Du bon usage de la polémique sur Internet : comment reconnaître une bonne victime pour faire parler de soi sans risque ?
  8. Les relations familiales sont-elles vraiment utiles ? Comment les optimiser en relation avec l’héritage souhaité

Productivité ! n’est pas hébergé par Elbakin.net et n’est pas disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2018-04-01T11:45:57+02:00dimanche 1 avril 2018|Expériences en temps réel|19 Commentaires

Apprenons l’expérience utilisateur avec UPS

Maintenant vous comprenez pourquoi les moines bouddhistes sont vêtus d’orange. Photo Peter Hershey.

« Nous nous sommes présentés pour vous livrer un colis, mais vous n’étiez pas là. Voulez-vous reprogrammer la livraison ? Cliquez ici. »

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Le site ne fonctionne pas. Désactiver le bloqueur de pubs qui interfère avec la boîte de dialogue mal programmée.

Le site ne fonctionne pas. Essayer Firefox.

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« Créez un identifiant my UPS ! Plus simple et facile pour tout centraliser et on aimerait vachement bien vos données aussi. »

« Merci d’avoir créé votre identifiant. Pour activer votre identifiant, cliquez sur le lien contenu dans le mail. »

Vérifier ses mails. Ne rien trouver.

Attendre. Rafraîchir.

Rafraîchir.

Rafraîchir.

Recevoir le mail, cliquer.

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« Merci d’avoir confirmé votre compte. »

Rechercher le SMS d’origine, cliquer à nouveau sur le lien.

« Connectez-vous avec votre compte my UPS pour reprogrammer la livraison. »

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Reprogrammer la livraison pour après-demain en constatant que la création de compte n’était finalement pas nécessaire.

Constater dans son tracker de livraisons que c’est bon.

Constater qu’on a les mains tremblantes et le cœur à 130. Boire un shot de whisky.

Le lendemain : on sonne à la porte.

« Coucou, c’est UPS, c’est la livraison que vous aviez programmée pour après-demain. »

Recevoir la livraison avec un sourire crispé.

Sortir acheter des bougies noires et du sang de chèvre.

2018-03-28T11:53:08+02:00jeudi 29 mars 2018|Expériences en temps réel|12 Commentaires

« Les Dieux sauvages » percés à jour

Enfer et damnation ! La vérité a percé ! Je pensais avoir habilement dissimulé les enjeux de la série à travers des titres hautement symboliques, mais ce ticket de caisse envoyé par un lecteur vend la mèche !

Je n’ai plus le choix. Il ne me reste qu’à révéler les véritables titres de la série. Avant La Verrue du Fleuve, le premier s’appelait en réalité La Boulangère du Réel. Les suites s’intituleront respectivement L’Assureur Délétère et le volume 4, Les Rivages du Peer-to-Peer. 

Je suis pas dans la mouise.

2018-03-27T10:18:33+02:00mardi 27 mars 2018|Expériences en temps réel|6 Commentaires

Considérations lexicales oisives dans le cadre d’Évanégyre

Illus. Fred Navez

Une fois n’est pas coutume, mais cela peut le devenir. Évanégyre prenant de l’essor avec la publication prochaine de La Messagère du Ciel (18 mai, pour mémoire), le portail univers dédié commençant à se préciser un peu et étant invité au congrès Boréal pour parler spécifiquement de construction d’univers de fantasy, je pensais commencer à discourir peut-être un peu plus en profondeur de cet aspect-là du travail.

Dire qu’un auteur se préoccupe du sens des mots et de leur justesse est un truisme (gruiiik), mais pour un auteur d’imaginaire, la difficulté est peut-être double. En effet, non seulement il faut se préoccuper de leur justesse, mais il convient de se soucier de leur adéquation à un contexte fictif pour lequel, par définition, les règles sont celles établies par le récit.

Et, dès lors que l’on cherche à proposer un univers fictif imaginaire cohérent et auto-suffisant, on se heurte à quantité de questions passionnantes, mais qui peuvent rapidement parasiter le travail principal – la narration d’une bonne histoire. Après tout, pourquoi les années devraient-elles être découpées en mois, semaines de sept jours, rythmées par des saisons semblables aux nôtres ? Pourquoi, la réponse est relativement immédiate : pour apporter une forme de familiarité au lecteur dans un contexte caractérisé par la différence, et que si, pour arriver à suivre une chronologie, il faut réapprendre les mois de l’année, les noms des jours, et s’habituer à des heures durant 172 minutes qui ne font pas elles-mêmes 60 secondes, le lecteur risque fortement d’abandonner avant que l’histoire n’ait accompli son premier pas.

Tolkien a immensément défriché le champ de la création lexicale et linguistique dans le contexte de la création d’un univers imaginaire. (Il l’a même tellement défriché qu’il a piqué la moissonneuse-batteuse, l’a conduite jusqu’à l’autre bout de la commune et se prépare à attaquer les champs du département d’à-côté tandis que le reste d’entre nous est encore en train de se demander par quel bout tenir la faux sans se blesser.) Une notion, dans la création de la Terre du Milieu, m’a toujours semblé apporter une élégante solution à ce problème. Le Seigneur des Anneaux est censé être une traduction (par Tolkien lui-même) d’un récit historique, Le Livre rouge de la Marche de l’Ouest, rédigé par Frodo et Bilbo. Cela donne une justification à l’emploi de référents « terrestres » : on ignore peut-être ce qu’étaient unités, noms à l’origine ; mais le « traducteur » aura obligeamment fait tout le travail pour rendre le récit compatible avec le monde du lecteur. D’ailleurs, Tolkien avait fourni des directives à ses traducteurs (en d’autres langues terrestres) expliquant quels noms étaient « signifiants » en anglais et nécessitaient donc une adaptation (Baggins devenant Sacquet ou Bessac par exemple) et lesquels ne l’étaient pas (parce que dérivant typiquement d’une autre toponymie ou étymologie que celle de l’anglais, comme les langues elfiques).

Forcément, étant traducteur par ailleurs, cette approche ne peut que me ravir, et j’avoue l’avoir adoptée dans le for intérieur de moi-même dans la création et la rédaction d’Évanégyre. Certaines langues fictives du monde existent à des niveaux de développements plus ou moins poussées – tout particulièrement celle de l’Empire d’Asreth. (On m’a parfois demandé s’il y avait une erreur ou un repentir avec les deux graphies du nom : Asreth dans La Volonté du Dragon, Asrethia dans Port d’Âmes, changements de l’un à l’autre au fil de La Route de la Conquête. C’est au contraire parfaitement volontaire et cette simple syllabe a une signification énorme, qui sera expliquée un jour, lors d’une visite ultérieure à la période concernée.) Il existe au minimum, pour la plus infime ethnie d’Évanégyre, des syllabaires pour la simple cohérence des noms et sonorités.

La traduction de l’imaginaire offre son lot de défis uniques au domaine (ce sera une histoire pour un autre jour). L’un d’eux, en particulier, concerne le rapport de la langue cible (celle vers laquelle on traduit) à sa propre étymologie. (La traduction – et l’écriture – de romans historiques présente le même défi.) Pour faire simple, si je traduis un nom commun dans un contexte historique, il faut que je m’assure de ne pas employer de termes modernes. Ce qui paraît une évidence. « Je vous recontacte » (en plus d’être un anglicisme moche) fera très bizarre à la cour de Louis XIV. Alors, bien sûr, on ne parlait pas exactement le même français à la cour de Louis XIV qu’au XXIe siècle, et un style romanesque relativement simple aujourd’hui constitue déjà un anachronisme, mais c’est là l’effet de réalité qu’on vise. Et donc, il s’agit, dans l’exercice de la traduction, mais aussi de l’écriture, de ne pas employer de termes trop modernes. Typiquement, de jeter un œil à leur étymologie et de voir si c’est cohérent avec la période dépeinte (ou qui semble dépeinte dans le cas d’une inspiration fantasy).

Le défi se retrouve dans l’écriture, bien évidemment. Dans un cadre de fantasy – plus spécifiquement la société post-apocalyptique revenue à l’époque médiévale de la trilogie « Les Dieux sauvages » – puis-je dire « être au courant » ? Que dire de l’expression « autant / au temps pour moi » ? Quid de la connotation moderne potentiellement malheureuse du verbe « afficher », comme « afficher une expression », qui peut faire penser à nos écrans ?

Auguste lectorat, critique potentiel, sache que les mots et expressions ont été pesés au mieux de ma compétence, et que les éventuels anachronismes n’en sont pas nécessairement.

Que parler de « citoyen » ou de « nation » dans le cadre de la Rhovelle des Âges sombres (des notions qui évoqueraient plutôt chez nous l’après Révolution française et non l’Ancien régime) n’est pas une erreur mais un reflet d’un monde qui fut jadis unifié par un Empire dont il ne reste que des bribes.

Que, oui, j’ai écrit dans La Messagère du Ciel « autant pour moi » et non « au temps » à dessein. La sagesse répandue veut qu’on privilégie « au temps » car ce serait une expression d’origine militaire (pour désigner celui qui ne suit pas le rythme du pas du régiment : on le reprend, « au temps pour lui »). Sauf que les étymologues diffèrent sur ce point et que certains pointent « autant » comme une possibilité viable, surtout en la rapprochant de l’anglais curieusement semblable « so much for ». Le personnage employant cette expression dans La Messagère du Ciel n’ayant aucune expérience militaire, cette histoire de pas n’ayant pas cours en Rhovelle, employer la graphie contestée ne devient pas une erreur, mais un point signifiant.

« Être au courant » date d’avant la généralisation de l’électricité. Ce « courant »-là représente ce qui est en cours ; ce sont les « affaires courantes » – et être au courant, c’est donc avoir la connaissance de ce qui est en cours. « Afficher » est évidemment bien antérieur aux écrans. Cependant, dans ces deux derniers cas, il peut exister malgré l’étymologie un potentiel parasitisme de l’esprit du lecteur moderne qui peut être gênant dans le cadre d’une société qui a perdu sa technologie – je ne les ai pas bannis, mais je les ai maniés avec précaution.

De la même façon, cela fait longtemps que j’ai banni dans la plupart de ma fiction l’emploi du subjonctif passé. Personne (à part les correcteurs – et ils ont raison !) ne m’en a fait la remarque, mais c’est un autre point sur lequel il faudra que je m’explique. Ce sera une histoire pour un autre jour. Dans l’intervalle, bonne nuit, les petits.

2019-06-04T20:31:15+02:00mercredi 12 avril 2017|Best Of, Expériences en temps réel|4 Commentaires

On est prudent à 24 ans

Cliquez pour agrandir. J'insiste.

Autre petit morceau déterré de mes archives de courriel en 2002 (par rapport à celui-ci), pour s’amuser un peu (et parce que je reviens d’Épinal), cette fois plus en rapport avec les sujets actuels. Je m’amuse de la circonspection alors fréquemment d’usage à l’époque : Internet était un bien plus petit village, le réseau n’avait pas encore accéléré drastiquement les rythmes de nos vies, on prenait fréquemment le temps d’écrire des messages d’une page pour exprimer son point de vue, posément, comme dans un salon chic. Vous les voyez, les dorures sous les octets ? Je constate avec amusement (et une pointe d’impatience, quand même) la multiplication des précautions oratoires : qui emploie aujourd’hui « AMHA » (à mon humble avis) ? Qui s’en souvient même ? Internet, c’était mieux avant, quand on était seuls dessus – sérieusement, mettre des gens en contact, c’est quand même mieux quand c’est des gens qui pensent pareil, hein.

JE PLAISANTE. Rhôôôôô. Vous, vous faites partie des gens qui ne pensent pas pareil, hein.

Bref. Le contexte : une réponse – toute mignonnette de prudence – sur une liste de diffusion à un article de China Miéville dont je ne peux deviner la teneur qu’en creux, et dont le lien a disparu. Je constate avec le recul une forme de cohérence dans le discours, mais une rigueur bien moindre (parler de mythe campbellien dans le cas de Gilgamesh, c’est un tout petit peu prendre le truc à l’envers, arghhh).

Mouais.
Je suis assez d’accord sur le fait que l’on a une succession de quêtes tolkienniennes en fantasy.
Mais je ne suis pas d’accord sur le fait que ce soit un problème.
Miéville brosse un portrait un peu moribond de la fantasy, alors que le genre se porte très bien, merci 🙂

Après tout, la quête, le voyage du héros, ça existe depuis Gilgamesh, L’Odyssée etc. Alors, dire qu’il faut faire autre chose aujourd’hui ne me semble pas l’*unique* manière de vitaliser le genre.

Le problème AMA, comme toujours, ce sont les quêtes sans qualité, calquées sans imagination. Prenez Eddings: la quête est archi classique, mais cela fonctionne à mon avis, parce que son univers est riche et amusant.

Mais je suis également d’accord avec lui lorsqu’il dit qu’il est regrettable qu’un genre spéculatif se borne autant à son modèle. En un mot: il y a de la bonne fantasy classique et on peut AMHA continuer à en faire.

Mais il ne faut pas non plus faire que ça, bien sûr. Les nouvelles orientations en urbaine par exemple montrent que la fantasy peut offrir bien d’autres choses, et c’est tant mieux.

Il est vrai qu’une frange du marché a pour règle d’offrir avant tout de l’évasion, et pas de la réflexion. Je serais tenté de répondre: et alors, bon sang? Il y a une place pour tout. En SF, si je veux être diverti, m’évader, je lis un bon gros space opera d’aventures. Si je veux réfléchir, je lis Greg Bear. Y a-t-il un problème à l’un ou à l’autre?

En fantasy, si je veux m’évader, je prends une triologie / décalogie à rallonge. Si je veux réfléchir, je choisis plutôt de courts romans incisifs.

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec une vision intellectualiste de la littérature qui postule que tout doit être réflexion. Miéville a un peu trop tendance à oublier que les nouveaux courants de la fantasy (urbaine, etc.) se développent très bien et proposent, eux, davantage de réflexion, mettent en scène des visions qui défient notre conception du monde etc.

Il y a donc de la place pour les deux, comme le prouvent AMA les marchés à l’heure actuelle. Donc j’ai l’impression que l’argumentaire part d’un bon sentiment, mais qu’il est un peu dépassé. Le marché et les lecteurs arrivent à ces nouveaux courants de fantasy.

Tant mieux. Mais ne jetons pas non plus la pierre à la BCF.

Alors, les lecteurs sont-ils bel et bien arrivés depuis presque quinze ans à ces nouveaux courants de fantasy ? Je ne saurais dire, mais, le cas échéant, VOUS L’AUREZ LU ICI EN PREMIER.

2016-05-23T17:32:36+02:00mardi 31 mai 2016|Expériences en temps réel|5 Commentaires
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