L’EW-System renaît de ses cendres ! (système de jeu de rôle libre et gratuit)

L’EW-System, c’est un chouette souvenir : aux alentours de 2005, nous fondions avec quelques joyeux compagnons une maison d’édition de jeu de rôle, Extraordinary Worlds Studio. À l’époque, le marché se cherche un peu : l’évolution des loisirs a laissé le jeu de rôle dans un entre-deux, les joueurs de la première heure ont grandi, ont souvent des familles, et donc moins de temps.

Avec EwS, nous nous proposons de répondre à cette situation avec des jeux de rôle fouillés, amusants, faciles à prendre en main, mais surtout prêts à l’emploi, sous un format hybride entre le livre et le magazine. Quatre numéros par gamme avec de nouvelles mécaniques, du background et des épisodes d’une campagne complète qui se construit d’épisode en épisode ; c’est ainsi que naît le premier de la gamme, Arkeos, qui mélange pulp, Indiana Jones et soupçon d’ésotérisme :

Couv. Mike

Suivront notamment Cirkus (emmené à l’époque par Jean-Laurent Del Socorro), Sovok (par Cédric Ferrand, dont le roman est sorti chez les Moutons Électriques) ainsi que des ouvrages indépendants (par Emily Tibbats). Olivier Trocklé est aussi rapidement devenu un pilier de l’équipe graphique. Beaucoup d’autres auteurs, intéressé•es par l’aventure EWS, sont venus apporter des contributions, notamment à l’aspect règles de jeu.

Car, qui dit jeu de rôle dit système. 2005, c’est aussi l’explosion du d20 System de Donjons et Dragons 3, et nous trouvons qu’un système sous licence libre est une excellente idée, mais qu’il est dommage qu’il n’en existe qu’un seul qui écrase pour ainsi dire tout. Les petits Frenchies que nous sommes nous attelons donc à concevoir notre propre système pour nous frotter au géant Wizards of the Coast (peur de rien, les mecs), résolument cinématique (limitant les jets de dé) et entièrement modulaire, de manière à greffer de nouvelles mécaniques en fonction des besoins des jeux, mais aussi pour que les joueurs construisent les leurs. L’EW-System est né.

Couv. El Théo

Fidèle à l’idée de licence libre, nous distribuons gratuitement l’EW-System sur le site à l’époque, ainsi qu’une version papier accompagnée de son écran vendue à prix modique. C’est assez fou, d’ailleurs, de voir que le mythique Casus Belli donne à l’époque 5 étoiles au système et lui prédit un bel avenir… 

Hélas, EwS cessera ses activités en raison de sombres histoires de promesses non tenues par des banques… Et l’EW-System disparaîtra d’Internet, même si j’en trouvais parfois des miroirs survivant aux années. De loin en loin, je recevais des mails me demandant des copies, mais n’étant pas le seul auteur du système, je ne pouvais prendre sur moi de diffuser l’ouvrage.

Et à présent, grâce au Rafiot Fringant, co-auteur et prodigieux directeur artistique (qui travaillait aussi sur Asphodale !), ancien des éditions Sans Détour (le look fantastique de leurs ouvrages, c’est à lui qu’ils le doivent), l’EW-System est à nouveau disponible en ligne, en téléchargement gratuit.

C’est par là que ça se passe, avec une autre rétrospective à lire chez lui quant à cette belle aventure. Et attention, c’est la version complète de chez complète : version « deluxe », écran, version « lite », tous les modules additionnels (armes, arts martiaux, livret de campagne…). Profitez-en !

2020-09-09T20:51:17+02:00jeudi 10 septembre 2020|À ne pas manquer, Geekeries|2 Commentaires

Le lecteur RSS Reeder actuellement gratuit

Ah ben tiens, on en parlait lundi des flux RSS (pour mémoire, c’est vachement bien, reprenez le contrôle de votre information en-dehors des réseaux commerciaux) : Reeder, mon lecteur de flux RSS de choix (parce qu’il est simple mais quand même puissant, et se contente d’un achat unitaire au lieu d’un abonnement) est actuellement gratuit sur les App Store Mac et iOS. Pourquoi ? Comment ? Aucune idée (la dernière fois que Reeder était gratuit, c’était en prévision d’une nouvelle version), mais si vous voulez le récupérer et coupler ça avec un compte Feedly ou Inoreader, vous voilà idéalement équipé•e pour découvrir le merveilleux univers du RSS et ce pour pas un sou. (Sauf si vous devez acheter l’iPhone qui va avec, mais Feedly et Inoreader, par exemple, proposent leurs propres applications de lecture sur Android, sinon.)

➡️ iOS App Store

➡️ Mac App Store

2020-08-15T21:12:59+02:00mercredi 19 août 2020|Geekeries|Commentaires fermés sur Le lecteur RSS Reeder actuellement gratuit

Reprenez le contrôle de votre information avec les flux RSS

Donc, j’ai récemment quitté les réseaux commerciaux, redécouvrant il y a quelques années le plaisir de contrôler mon information, mes sources, mes intérêts au lieu d’avoir Facebook et Twitter qui cherchent à me faire réagir parce que « machin a liké ça » et « truc a commenté ceci ». Pour mémoire, ce que vous montrent les réseaux n’est pas calibré sur ce qui vous intéresse, mais sur ce qui vous fera réagir ; le but de ces entreprises, c’est de vous conserver le plus longtemps possible sur leur plate-forme, afin de vous montrer de la publicité.

Heureusement, il existe une meilleure manière de faire. En fait, elle existe depuis très, très longtemps, faisant partie des premières technologies du web : le RSS (pour Really Simple Syndication) est un protocole âgé de plus de vingt ans, mais toujours bien vivace, qui permet de suivre les sources d’information et les sites que l’on choisit, sans aucun autre algorithme que son libre arbitre et son goût personnel.

Le principe du RSS

C’est tout simple. Un site (comme celui-ci même, fantastique et merveilleux) propose un flux compatible. Tous les sites de bon goût, surtout de nos jours, en sont équipés.

L’utilisateur (c’est vous, c’est moi, c’est nous) s’abonne avec un service compatible, un « agrégateur de flux », qui garde la trace de tous les sites auxquels il ou elle s’est abonné.

Dorénavant, chaque mise à jour de tous les sites auxquels on s’est abonné apparaît dans l’agrégateur. Dès lors, il est possible de lire l’article si ça semble prometteur, de l’écarter dans le cas contraire, de l’exporter ailleurs pour le lire plus à son aise, etc. Car le RSS est un protocole standard.

Évidemment, tous les abonnements (tous les « flux » auxquels on s’est abonné) peuvent être organisés et classés comme on le souhaite : pour ma part, j’ai par exemple un dossier pour les actualités technologiques, un dossier pour les actualités littéraires, un dossier pour les blogs des copains, un dossier pour les sites débiles qui vident agréablement le cerveau, etc.

Une beauté de la chose est que tous les articles publiés ainsi sur les flux ont une date d’expiration : vous ne serez jamais submergé•e par 12000 mises à jour non lues, car les vieilleries disparaissent automatiquement (après un délai raisonnable, fixé en moyenne à 30 jours).

En gros : ça se consulte comme Twitter, mais avec vos sources, vos décisions, et sans personne qui vous engueule.

Comment ça marche ?

Eh bien, Jérôme Bonaldi1, c’est très simple. Certains navigateurs, comme Firefox, proposent une implémentation rudimentaire du RSS, mais je recommanderais, pour être à l’aise et apprécier la chose, de s’inscrire à un vrai agrégateur offrant moult avantages et fonctionnalités confortables pour bien profiter de l’expérience. Voici ce dont vous aurez besoin :

  1. Vous inscrire à un agrégateur de flux RSS (nécessaire, mais gratuit)
  2. Un chouette lecteur de flux (optionnel, payant, mais confortable)

L’agrégateur est donc la plate-forme qui collationnera tous vos abonnements, les ordonnera selon vos goûts, et interrogera les sites pour vous. Il fournira ensuite ces données selon une forme (assez) standard, lisible dans une application compatible. Mais comme les choses sont plutôt bien faites, la plupart des agrégrateurs fournissent aussi un environnement de lecture intégré, donc l’étape 2. n’est pas nécessaire en toute rigueur.

Le service gratuit le plus populaire dans ce domaine est Feedly. Le compte gratuit de base est extrêmement généreux (100 abonnements inclus), et l’agrégateur fournit des applications de lecture sur presque toutes les plate-formes. Si vous découvrez le système et voulez commencer à jouer avec, c’est le point de départ idéal.

Commencez par vous inscrire :

➡️ https://feedly.com/i/welcome

Et ajoutez par exemple votre premier flux, trop génial par essence :

➡️ https://lioneldavoust.com/feed

Vous consultez compulsivement des sites à la recherche de leurs nouvelles actualités ? Mettez-les dans Feedly. C’est exactement pour cela que ça a été conçu. Vous êtes à l’affût d’infos sur ce groupe moldovalaque qui produit un single tous les cinq ans ? Idem. Toutes les mises à jour se retrouvent au même endroit sans avoir à chercher partout.

Petite astuce : les flux des sites se trouvent en général toujours à la même adresse : http://nom-de-domaine.com/feed ou /rss. Et le plus simple, évidemment, consiste à rechercher l’icône du RSS sur le site d’intérêt (ci-contre) et cliquer dessus.

Passer power user

Maintenant, si l’on veut aller plus loin, le RSS un outil que l’on peut pousser et personnaliser de manière extrêmement puissante, jusqu’à construire une veille poussée, quel que soit le domaine. Feedly et ses concurrents (j’utilise pour ma part Inoreader) proposent tous des paliers d’abonnement payants (mais restant raisonnables à l’année) ajoutant quantité de fonctionnalités très puissantes. Par exemple, mon abonnement à Inoreader me donne, entre autres :

  • La possibilité de programmer des recherches automatiques de termes sur tous mes abonnements (si je surveille un sujet ou un produit précis, par exemple) ;
  • La possibilité de brancher des sites dans l’agrégateur même s’ils ne sont pas compatibles RSS ; il est ainsi possible de suivre des comptes Twitter de l’extérieur sans être membre de Twitter soi-même (intéressant pour les sites d’information… et les photos de chats) ;
  • La possibilité de renvoyer ses newsletters à son agrégateur, pour éviter d’encombrer sa boîte mail et centraliser davantage les informations qu’on survole ;

Et j’en passe.

L’autre possibilité pour améliorer son expérience, évoquée plus haut, consiste à utiliser un lecteur de flux dédié, qui offre un confort de lecture souvent meilleur que les applications des agrégateurs (dont ce n’est pas la priorité : leur priorité, ce sont les fonctionnalités de veille). Cherchez « RSS reader » dans votre App Store préféré et vous tomberez sur des dizaines d’applications compatibles.

Pour ma part, sous iOS et macOS, j’utilise Reeder, qui n’est pas la plus puissante ni la plus jolie, mais elle offre l’énorme avantage de ne pas avoir succombé aux sirènes de l’abonnement. Pour un achat unique sur Mac et iOS, j’ai une application robuste, raisonnablement puissante et agréable qui me permet de consulter mes flux sur n’importe laquelle de mes plate-formes avec des repères identiques. Comme on dit au Québec, ça fait la job, et ça la fait bien.

Révoooolte

En ces temps où il est avéré que les réseaux monétisent nos données et manipulent l’opinion, et où, surtout, on se colle la rate au court-bouillon avec des inconnus pour une virgule de travers, les flux RSS offrent un merveilleux espace de silence et de libre-arbitre. Personne ne consulte à quoi vous vous abonnez et vous conservez le total contrôle de votre information. En résumé, le RSS, c’est le même plaisir de silence et d’espace mental que lire un bon livre, adapté au web.

  1. Pfiou le vieux.
2020-08-12T21:41:44+02:00lundi 17 août 2020|Best Of, Geekeries|7 Commentaires

Il faut que je vous parle d’Alfred

Auguste lectorat, cela fait un moment que je me dis qu’il me faut absolument parler de l’application qui à elle seule (bon, pas forcément, y a aussi OmniFocus, DEVONthink, Hazel…) me rend incapable de me rasseoir devant une machine Windows. Le petit bout de logiciel qui me donne l’impression d’avoir des superpouvoirs informatiques comme ces hackers d’Hollywood qui piratent des vaisseaux spatiaux rien qu’en tapant très très vite sur des touches.

Qu’est-ce qu’Alfred ? C’est Spotlight sous stéroïdes.

Qu’est-ce que Spotlight ? OK, on rembobine.

Sur Mac, commande-espace permet d’invoquer Spotlight : un petit champ de texte tout bête accessible de n’importe où qui permet de chercher des documents, des dossiers, et de lancer des applications d’un petit coup de clavier. Genre

Avec fraute de fappe intégrée, zéro souci

Déjà, c’est cool. Ben Alfred, c’est ça en douze mille fois mieux.

Alfred permet comme Spotlight de chercher des documents et de lancer des applications sans toucher la souris. Mais il permet aussi et surtout de commander littéralement son ordinateur pour faire tout et n’importe quoi, simplement en ajoutant des mots-clés, à la manière de commandes. Par exemple :

Effectuer une recherche Internet sur le moteur de son choix.

J’ai évidemment choisi les moteurs de la liste.

Effectuer une recherche Internet personnalisée littéralement sur le site que l’on veut, avec une commande définie par l’utilisateur.

On reconnaîtra deux classiques, que j’ai défini moi-même dans mes préférences en deux clics. Le plus long a été de trouver les images pour aller avec.

Donner les commandes de base à son ordinateur : veille, économiseur d’écran, redémarrage, verrouillage etc.

Mais surtout, c’est là que ça devient incroyable : Alfred peut, moyennant l’achat du « Powerpack », lancer de véritables programmes conçus par la communauté pour commander des applications ou réaliser des opérations complexes. Il y a un répertoire de presque 1500 workflows (!) pour à peu près toutes les applications de la Terre, et si vous ne trouvez pas votre bonheur, rien ne vous empêche de coder le vôtre. Alfred fait à peu près tout, sauf le café, et encore, je suis sûr qu’il peut lancer un ordre à une cafetière connectée.

Par exemple… 

Conversion d’unités à la volée – inestimable en traduction.
Créer des feuilles dans Ulysses, ou rechercher dans ses textes.
Piloter sa bibliothèque musicale.
Accéder immédiatement à ses contacts.
Générer un lorem ipsum !

Et mon préféré, qui me sert des dizaines de fois par jour :

Faire une recherche dans Antidote.

Tout ceci n’est qu’un aperçu de toute la puissance d’Alfred ; si vous possédez un Mac et que vous avez envie de passer au degré de maîtrise supérieur, c’est une application littéralement indispensable. Le tout pour… rien.

Alfred en version de base est gratuit. Oui, oui. Le Powerpack est payant, mais c’est un achat unique, pas d’abonnement, pas de fil à la patte, et il est même possible d’acheter une formule avec mises à jour à vie pour 45 livres. Et il le vaut bien.

Comment commencer à apprivoiser Alfred ? C’est très simple.

  • Commencez par les fonctionnalités de base. Apprivoisez les recherches sur les sites, les commandes pour piloter la musique, les fonctions système en vous baladant dans les préférences de l’application (accessibles directement depuis Alfred avec le mot-clé « Alfred preferences »).
  • Une fois que ça vous a donné faim, achetez le Powerpack et direction Packal.org. Entrez dans le champ de recherche le nom des applications dont vous vous servez régulièrement. Et voyez ce qui s’offre à vous en termes d’automatisations, de commandes, de recherches. Ajoutez-en petit à petit, et voyez vos superpouvoirs s’étendre.

Alfred va figurer dans la boîte à outils de l’écrivain parce que c’est réellement un outil de productivité indispensable dès qu’on commence à le creuser. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2020-07-20T09:14:31+02:00mercredi 22 juillet 2020|Best Of, Geekeries|3 Commentaires

Journey est un classique du jeu vidéo poétique

Donc 8 ans après sa sortie, j’ai enfin fait Journey, l’ancêtre de Gris, que j’avais adoré ( https://tinyurl.com/vbhxzuj ).

Splendide aventure brève mais intense, poétique et hautement recommandée (mais attention, ça peut secouer, à vous de voir si c’est bien le bon moment).

2020-03-22T11:07:54+01:00jeudi 26 mars 2020|Brèves, Geekeries|Commentaires fermés sur Journey est un classique du jeu vidéo poétique

Les liens inter-applications (pourquoi j’aime le Mac)

LA MATRICE EST EN BÉTON
(photo Beasty)

La question revient de loin en loin : « non mais d’accord, tu nous as fait ta grosse crise de conversion pommesque il y a trois ans, et tu en causes encore comme un gros illuminé alors qu’avant t’étais le premier à taper sur la firme à Jobs, sérieusement. Sérieusement. C’est vraiment mieux que ça ? C’est un ordinateur, non ? Pourquoi ? POURQUOI, et où as-tu mis l’argent des microfilms ? »

Un ordinateur, c’est un ordinateur, bon. En principe. On est en 2019, on cause de contrôler des interfaces par la pensée, on n’est plus à l’ère du CONFIG.SYS et de l’écran bleu (parce que Microsoft en changé la couleur). Si je veux faire des trucs, le système, on s’en tape, non ?

NON HÉRÉTIQUE ET JE VAIS TE DIRE POURQUOI

Ahem

Donc

Non, on ne s’en tape pas, du moins, et c’est un important « du moins », si l’on a envie d’optimiser ses flux de travail, de faire chanter sa machine au bout des doigts tel un chef d’orchestre avec un orchestre composé d’une machine toute seule OH ÇA VA BON VOUS AVEZ COMPRIS L’IDÉE.

Le Mac est utile pour deux types de populations, à mon avis : les gens qui n’y connaissent rien, et les gens qui s’y connaissent beaucoup. Et aujourd’hui, je vais vous parler d’un truc absolument magique sous Mac (et qui marche aussi sur iPhone et iPad), souvent mal connu : les liens inter-applications (ou URL schemes).

C’est extrêmement simple, auguste lectorat.

Tu vois comme sur Internet, tu cliques de lien en lien, ce qui t’amène à une page, une image, un film ? Eh bien, imagine le même principe, mais concernant n’importe quelle ressource dans tes applications (pourvu qu’elles implémentent le système, mais c’est très courant sur les plate-formes Apple). D’un clic, tu peux accéder à n’importe quel document, bout de base de données, message, dont tu as besoin pour référence ultérieure.

Par exemple, imagine :

Pour ta demande de subvention d’oisiveté pleinière, tu dois remplir le formulaire bleu et le questionnaire A-38 qu’on t’a envoyé en PDF séparément et que tu as archivé, mettons, dans Evernote. Tu peux simplement récupérer le lien de ces documents pour les placer dans une liste de choses à faire créée dans n’importe quelle autre application, et cliquer dessus ouvrira les fichiers archivés dans Evernote, quand tu seras prêt à t’en occuper.

Ou alors, tous les jours à heure fixe, tu dois effectuer une série d’opérations qui vise à la bonne marche de… heu… tes opérations. Tu as créé un projet récurrent dans OmniFocus parce que tu es une personne de goût, et copié le lien de ce projet dans l’événement de ton calendrier. À l’heure dite, quand l’événement t’est rappelé, il te suffit de cliquer sur le lien pour qu’OmniFocus s’ouvre pour te montrer ton projet avec la liste de tâches à accomplir.

Ou encore, pour la gestion d’un projet, douze collaborateurs te posent chacun une question dans quinze fils de courriers différents. Tu peux collecter le lien de chaque conversation pour répondre à chaque personne dans une seule session sans avoir à fouiller les 13472 mails qui attendent que tu t’en occupes dans ta boîte de réception et, forcément, en oublier un :

Ok, pour être juste, ça, ça demande un peu d’AppleScript, mais c’est vraiment pas compliqué.

Le plus magique, c’est que cela fonctionne quelle que soit la plate-forme. Tu peux traiter un mail sur ton iPhone, en récupérer le lien que tu mets de côté, et sur ton gros iMac de 27 pouces, le lien sera tout aussi valide. Tu peux collecter des liens de documents dans des applications sur ton Mac et les ouvrir sur ton iPad tout pareil (pourvu que l’application existe dans les trois écosystèmes). Les liens interapplications permettent de collecter, au niveau du système, toutes les ressources d’un projet donné sans se préoccuper outre mesure de leur application ou du type de fichier dont on parle. En gros, tu penses davantage en concepts, en ressources, et non en « ah bordel c’est du .docx et j’ai qu’une vieille version d’OpenOffice je sais pas si ça va passer ».

La méthode GTD exige que l’on sépare clairement les listes d’actions à accomplir du contenu de référence et d’archive, et c’est une manière simple et élégante d’y parvenir : dans une tâche à accomplir, il suffit de coller le lien des ressources nécessaires pour son accomplissement. C’est une manière virtuelle de se préparer un espace de travail ultérieur, immédiatement disponible.

Et tu veux savoir le plus beau, auguste lectorat ? Grâce à ces liens, on peut accomplir des actions. D’un seul clic, créer ou modifier des documents, le tout de manière automatique… mais on entre là sur le territoire du scripting ou de la programmation légère et cela dépasse de très loin le cadre de ce petit article.

2019-08-10T22:58:00+02:00mardi 13 août 2019|Best Of, Geekeries|4 Commentaires

Gris, le jeu vidéo rejoint la poésie

Ma vie est ainsi faite qu’en ce moment, les seuls jeux vidéo que j’ai le temps de faire doivent durer une poignée d’heures tout au plus, mais ne partez pas, parce que Gris, même court, vous donnera plus de sens et d’émotion que bien des triple-A en mode games as a service avec ses loot boxes à la con.

Qu’est-ce que Gris ? Et sans vouloir reprendre une formule devenue cliché à force sur certains jeux indé : comment parler de Gris sans déflorer l’expérience ?

Eh bien, d’abord, Gris est beau. Beau à l’image : ne vous fiez pas aux captures d’écran qui ne rendent pas réellement justice au travail de Conrad Roset, artiste autour duquel le jeu s’est construit ; il n’est pas rare de s’arrêter à plusieurs reprises, pad en main, pour dire « Bon dieu, mais c’est beau, pour de vrai ». De faire des captures d’écran. Qui ne serviront à rien, car il faut vivre cet univers, le voir en mouvement, s’y impliquer, pour le ressentir – au-delà du moment, il ne restera que des photos figées qui ne racontent rien. Beau au son : la bande-originale réalisée par Berlinist, merveilleusement mélodique et mélancolique, sublime l’image, et le sound-design est impressionnant d’efficacité, malgré son minimalisme.

Qu’est-ce que Gris ? Je peux dire que Gris est un jeu de plate-forme réflexion, mais je n’aurais rien dit. Je peux dire, comme le font beaucoup de sites, que Gris commence par l’histoire d’une jeune femme (laquelle donne son nom au jeu), qui perd sa capacité de chanter dans un monde privé de ses couleurs. Mais Gris est avant tout un voyage, une expérience qui – ne vous y trompez pas – est un vrai jeu, et non une installation virtuelle. Il faudra réfléchir par moments pour avancer, regarder autour de soi pour comprendre la logique de ce monde étrange et intemporel, où reposent pourtant des vestiges qui semblent surgis des millénaires. Le level design, à ce titre, est exemplaire – une réelle leçon. J’ai rarement vu un jeu autant réussir à guider le joueur presque sans une ligne de texte, à lui faire passer des émotions seulement à travers des mécaniques de gameplay, comme ces toutes premières séquences où, loin de réaliser une action, la moindre pression sur un bouton fait au contraire s’effondrer Gris de désespoir.

Cette même transmission du sens transpire à travers le moindre élément du jeu. Depuis ces statues dispersées à travers les niveaux, jusqu’à la symbolique fondamentale de ce voyage – rendre la vie à ce monde –, Gris n’explique rien, mais invite à ressentir, à imaginer, à recevoir le sens de ce qui est montré à travers certaines images d’une force incroyable, que je ne veux pas dévoiler. Mais ce silence ne désigne nullement, comme certains jeux moins aboutis, un manque d’inspiration ou une paresse de la part des concepteurs. C’est le silence de l’œuvre d’art aboutie, qui offre au lecteur, joueur, spectateur, l’espace de l’habiter, et de la vivre, pour la faire sienne.

Gris n’est pas un jeu difficile, Gris n’est pas un jeu dangereux ; mais Gris est un jeu qui sait susciter des émotions et faire battre le cœur d’émotion, de mélancolie souvent, mais de joie aussi. Gris sait faire naître des sourires et serrer les tripes. Gris est fait pour être savouré, lentement, au fil des cinq petites heures qu’il dure, mais dont chacune est plus riche de sens et de beauté qu’un énième shooter stéroïdé ou que cinq épisodes d’une série TV débitée à la chaîne. J’ai été exaspéré par Braid (et surtout par la hype branchouille qui s’est fédérée autour). Pour moi, Gris est Braid en réussi, accessible, profond, beau et, surtout, en muet.

Je fais tout ce que je peux pour éviter d’en parler dans le détail car il est si court qu’il serait dommage d’en dire davantage. Mais Gris est pour moi une œuvre splendide, une preuve supplémentaire que le jeu vidéo n’est jamais aussi réussi que quand il arpente des terres artistiques, en termes d’émotions, qui s’appuient réellement sur sa grammaire narrative propre (tout comme le film, la littérature, la musique ont les leurs). Si vous avez un cœur, jouez à Gris. Et surtout, prenez le temps de le vivre, et de vous laisser gagner par lui. Le voyage vous accompagnera longtemps.

2019-06-24T11:16:00+02:00lundi 24 juin 2019|Geekeries|9 Commentaires

Un petit service tout simple pour arrêter de se perdre sur YouTube

MAIS OUI.

Il y a quand même un truc chouette dans l’économie numérique (PAS DIGITALE, digitale c’est les doigts, ou bien une plante toxique, si vous parlez d’économie digitale, que vous le vouliez ou non, dans un cas comme dans l’autre, vous avez une optique très particulière pour vos clients), c’est que de petites boîtes se créent sans cesse pour répondre à des besoins tout simples, dont tu te dis : « COMMENT AI-JE FAIT SANS ». C’est un peu le chausse-pied ou le gratteur de dos du XXIe siècle, quoi.

Le problème : tu te perds sur YouTube sans cesse parce que son terrifiant, diabolique algorithme de recommandation te montre plein de vidéos chouettes dans la barre latérale qui attirent ton cerveau reptilien (c’est-à-dire, celui qui conspire contre toi, c’est écrit dessus, c’est reptilien. Demain, on parlera du cerveau Illuminati). Dans le meilleur des cas, tu termines avec trouze bazillions d’onglets Internet ouverts avec des vidéos que tu ne regarderas jamais PARCE QUE TU N’AS PAS LE TEMPS EN FAIT et tu te sens coupable, coupable, shame.

La solution : collationner toutes ces vidéos dans un trou noir, euh, dans un service fait exprès pour les collecter et te les rendre disponibles plus tard. Un jour. Peut-être. Genre, comme Instapaper ou Pocket, mais pour les vidéos. Tu peux dorénavant cliquer comme un taré sur toutes ces vidéos que tu ne regarderas jamais mais, tu le fais avec bonne conscience.

OK, en fait, inventer le chausse-pied était peut-être un peu plus haut sur la liste des priorités de la civilisation.

Non mais sérieusement, en fait : les concepteurs de Vookmark (parce que c’est ainsi que ça s’appelle) sont des malins. Ils ont compris qu’ils traitaient de vidéo, et ont donc des applications disponibles sur à peu près toutes les plate-formes reliées à un écran, soit, pas spécialement l’ordinateur, mais plutôt la télé. Tu as une télé Android (désolé) ou une Apple TV (bravo), tu as une application Vookmark dessus, et la prochaine fois, plutôt que d’ouvrir YouTube ou Netflix, tu pourras te plonger dans ce didacticiel de moldovalaque ou cette retransmission de l’Assemblée Nationale que tu voulais absolument regarder pour t’éduquer.

NAAAAAN on sait bien que tu vas regarder des comparatifs de l’Enterprise au fil des âges et l’intégrale de Message à caractère informatif, mais je comprends, vois-tu, je comprends.

Ça marche super simplement. Tu ouvres un compte, tu installes l’extension pour ton navigateur, l’application pour ton appareil mobile, et zou. Dès que tu vois une vidéo, tu la balances à Vookmark (ça fonctionne avec YouTube, Reddit, Facebook, Vimeo, Dailymotion HAHAHA pardon HAHA Dailymotion), comme tu le ferais avec Instapaper et Pocket, et la prochaine fois que tu poses ton sympathique postérieur sur ton canapé moelleux (tu peux inverser les adjectifs si tu le souhaites), toutes tes vidéos de dressage de chats et le Star Wars Christmas Special seront là à t’attendre.

Vookmark est gratuit et financé par la pub, mais on peut payer un abonnement d’une dizaine d’euros par an pour soutenir le développement, virer la pub et gagner quelques fonctionnalités supplémentaires. J’ai vite craché au bassinet, parce qu’en l’espace de quelques semaines, le service est devenu aussi indispensable à ma veille et à ma vie sur Internet que Pocket ou les flux RSS.

2020-07-11T09:21:18+02:00mercredi 13 mars 2019|Geekeries|Commentaires fermés sur Un petit service tout simple pour arrêter de se perdre sur YouTube

Comment les métadonnées de vos photos vous trahissent en ligne (et comment y remédier)

Un petit truc aujourd’hui que j’ai envie de partager, avec surtout quelques informations sur les données privées, parfois sensibles, que l’on peut rendre publiques sans s’en rendre compte sur les réseaux sociaux, nos blogs, etc.

Vos photos contiennent votre emplacement géographique.

Tout le monde le sait à peu près de nos jours : quand l’on prend une photo avec un smartphone, celui-ci adjoint au fichier image tout un tas d’informations, notamment la position GPS de l’image (cela fait partie desdites « métadonnées », comme le modèle de l’appareil, les réglages de la photo, etc.). C’est drôlement pratique quand l’on veut retrouver une série prise à un endroit donné, ou que l’on veut se remémorer un voyage en particulier. Ci-dessous, par exemple, un résumé des photos prises par mon iPhone dans la péninsule de la Snæfellsnes, qui retranscrit notamment mon volontariat de cette année auprès d’Orca Guardians :

Cependant, ces informations ne regardent pas nécessairement le monde entier. Tout particulièrement, si l’on prend chez soi un selfie pour se composer un avatar, la photographie d’une couverture de livre pour rédiger une chronique sur son blog, on oublie que l’on peut très probablement, par inadvertance, partager dans l’image sa position – et potentiellement son adresse personnelle. Ce qui, en cette époque de sécurité en ligne et de harcèlement potentiel, peut représenter un risque assez gênant.

Quand et comment la position se trouve-t-elle partagée ?

Depuis quelques années, par bonheur, les réseaux sociaux majeurs (Facebook, Twitter, Instagram) suppriment systématiquement l’emplacement d’une photo au téléchargement. Ils vous proposent au moment de la mise en ligne de rendre le lieu public (lu dans l’image), mais c’est volontaire ; si l’on ne précise rien, en principe, la métadonnée est supprimée du fichier final.

Le risque principal concerne aujourd’hui blogueurs et webmasters indépendants qui mettent ligne leur propre contenu. Fréquemment, ceux-ci et celles-ci récupèrent les photos qu’ils et elles ont pris en branchant directement leur téléphone à leur ordinateur, par exemple, ou en le récupérant via récupérant via un service de sauvegarde automatique dans le nuage type Dropbox. Le problème, c’est que dans ce cas-là, on obtient le fichier brut, avec toutes ses métadonnées, et donc ses emplacements géographiques… ce qui peut, ou pas, représenter un problème.

Tous leurs systèmes ont leurs idiotes syncrasies et je ne saurais les couvrir toutes (j’ai piscine à 65°15’04.7″N x 23°15’00.0″W), mais voyons comment régler cela de manière très simple avec la bibliothèque de photos iCloud. Dans les préférences, il suffit de décocher l’option de partage de la position quand l’on exporte un fichier pour en faire usage sur les autoroutes de la désinformation :

On ne veut pas de cette option.

Toutes les autres métadonnées seront sauvegardées à l’export, mais nul ne saura pour vos vacances à Plan-de-Cuques.

Rattraper le coup après le (coup)

Et si j’ai déjà mis en ligne quinze ans de photos depuis l’époque où je bloguais sur Mygale avec mon adresse Caramail ? Suis-je condamné à voir débarquer des hordes de témoins de Jéhovah à ma porte parce que j’aurais confondu un jour la Grande Babylone avec la station de métro Sèvres-Babylone ? Que puis-je faire ?

C’est un peu technique, mais pas tellement difficile. En gros, il faut rapatrier ses images (typiquement par FTP), leur appliquer un nettoyage de masse, puis renvoyer les versions purgées de ces fichiers à leur place. Quel outil ? Je suis bien content que vous me posiez la question, parce que l’outil fantastique du moment, à mon goût, est Retrobatch. Ce logiciel récemment sorti (sous Mac) est un extraordinaire couteau suisse de l’image : convertir, changer, mélanger, ajouter des bordures, altérer les métadonnées, il sait tout faire à l’aide d’une interface en briques Lego d’une merveilleuse simplicité :

On adjoint les modules de traitement comme une simple chaîne. Dans notre cas présent, il suffira de lire les images, appliquer l’action « Remove GPS », sauvegarder le résultat, et presto. J’ai ainsi nettoyé toutes les images du présent site – presque 25 000, quand même – eh ouais, le temps passe, et puis on en poste en une année, des conneries – il y a quelques semaines en moins d’une demi-heure (le gros du travail ayant constitué à télécharger les fichiers et contrôler le résultat, parce que je suis comme ça).

Cela en vaut la peine ; c’est un peu barbant d’avoir à se taper cette tâche de maintenance, mais si vous êtes blogueur ou blogueuse, que vous divaguez gentiment sur Internet dans votre petit coin de paradis, alors faites-vous une faveur, nettoyez vos images. Et contrôlez vos prochains fichiers en paramétrant leur export. Ça permet d’avoir l’esprit libre, et puis ça vous évitera une énième discussion sur le bienfait des transfusions sanguines.

2019-06-01T14:41:09+02:00lundi 6 août 2018|Best Of, Geekeries|2 Commentaires

Axiom Verge – le meilleur Metroid depuis Metroid

Ces temps-ci, j’ai à peu près l’occasion de finir un jeu vidéo tous les trois ans (véridique : le précédent était – si l’on exclut le temps passé à tester Psycho Starship Rampage, bien sûr – Sleeping Dogs). Je crois que je paye encore ma dette en vitamine D à World of Warcraft – ooooh, c’est joli à l’extérieur de la maison, le moteur graphique est vachement poussé et y a plus de 16 millions de couleurs. Cherchant un truc rapide pour me poser devant ma PS4, j’ai donc lancé Axiom Verge, et si le jeu est sorti en 2015 (2017 sur Switch), j’ai envie d’en dire un mot, parce qu’il me semble relativement unique à plein d’aspects.

Qu’est Axiom Verge ? Un Metroid, dans sa plus pure expression : c’est assurément le fils spirituel des versions d’origine sur NES et Super NES dans son expression distillée avec amour, recréant les sensations à l’époque des consoles 4k. Je veux dire, suffit de regarder une capture d’écran pour comprendre direct :

Mais Axiom Verge est aussi bien davantage que cela : il reprend ce gameplay éprouvé et millimétré et y ajoute ses propres variations, l’amène à notre époque, et parvient avec brio à se détacher de son modèle pour devenir sa propre œuvre. Le jeu est le fruit du travail d’un seul homme, Thomas Happ, pendant cinq ans (dont une partie financée par Sony, qui sentait le potentiel du titre) : code, graphisme, musique (du chiptune étrange, débordant sur le glitch, du plus bel effet) et histoire. Et cela se sent. Ce que je retiendrai assurément d’Axiom Verge, c’est son ambiance qui va clairement lorgner du côté de chez Gyger et son scénario très sombre, dont on ne donne au joueur que les éléments absolument nécessaires, l’encourageant à aller interpréter la moindre parcelle d’information, à se poser ses questions, à réfléchir, à la fin du jeu, sur ce qui s’est vraiment passé. Ça commence traîtreusement comme Another World – un scientifique se trouve propulsé dans un monde parallèle à l’issue d’un accident d’accélérateur de particules – mais celui-ci se retrouve à la surface d’un monde mourant, face à des entités entre la divinité et la machine, qui ont désespérément besoin de réparations. Et très vite, les questions commencent et les mensonges suivent, jusqu’à ce que le personnage, comme le joueur, s’aperçoive des énormes failles dans les renseignements qui lui sont donnés, et qu’il manque beaucoup.

On peut traverser Axiom Verge le plus rapidement possible, en mettant en avant la skill, la recherche des plus grosses armes (dont beaucoup sont optionnelles, Metroidvania oblige), mais le jeu n’est pas très long (je l’ai fini en un peu moins de 14h sans avoir tout trouvé, ce qui semble la moyenne d’après les forums). Le jeu a mis du sens et de l’amour dans ses références, dans son esthétique, et il serait vraiment dommage de le rusher de la sorte (on peut toujours le refaire ensuite en mode speedrun si on le souhaite). Axiom Verge s’efforce réellement d’amener à notre époque de satisfaction immédiate le plaisir et, oui, la frustration à l’ancienne d’être perdu, de mourir quinze fois devant un boss parce qu’on n’a pas compris la stratégie (sans aller vers la violence d’un Souls, bien entendu), mais à une dose humainement acceptable dans la seconde moitié des années 2010. Le jeu a toujours des solutions en stock, il ne prend jamais le joueur en défaut ; si quelque chose coince dans un combat de boss, ce n’est pas un bug, ce n’est pas un oubli, ce n’est pas (souvent) un problème de skill – c’est qu’il y a une combinaison d’objets que l’on possède à laquelle on n’a pas pensé.

Le jeu m’a cependant semblé souffrir d’une petite perte de rythme vers ses 2/3 où l’espace ouvert devient un peu vaste et exige beaucoup d’allers-retours parfois un peu frustrants dans des tableaux labyrinthiques, mais il faut admettre que cela fait partie du concept. Une fois les débuts franchis, il faut donc jouer à Axiom Verge avec au moins 2h devant soi à mon sens, pour se donner le loisir d’explorer, de se perdre, d’essayer de comprendre où est la suite, de tenter des choses, pour avoir la satisfaction d’enfin trouver la solution et avancer. Une énorme quantité d’informations sur le scénario se trouve dispersée sous forme de notes optionnelles à dénicher, très allusives, dont il faut élucider le sens.

Axiom Verge est une sorte d’œuvre totale, qui n’oublie pas qu’elle est avant tout un jeu vidéo, et qui irrigue son atmosphère, son expérience, de ses mécanismes mêmes, comme le font tous les bons jeux. Toutes les questions relatives à la nature même des événements de l’histoire, et leurs réponses, se nourrissent de cette errance, de cette atmosphère désespérée, oppressante, dérangeante, que le joueur se met à ressentir viscéralement (et tout ça sans moteur 3D dernier cri…). Metroid est à peu près la licence la plus sombre de l’univers Nintendo, mais on est clairement ici dans un discours beaucoup plus mature, qui pose des questions proprement dickiennes. Et Axiom se paye en plus le luxe de briser discrètement le quatrième mur en jouant avec la nature de son propre média (un outil principal du jeu est le disrupteur d’adresse, qui permet de créer des bugs dans le jeu comme on pouvait en voir autrefois sur NES), ou en faisant des références explicites à ses inspirations (comme le boss qu’on peut tuer très facilement en passant derrière lui – hommage à un exploit célèbre de Super Metroid). Et rien de tout cela n’est gratuit.

En définitive, si l’on aime un tant soit peu le jeu à l’ancienne, si l’on apprécie les frustrations ponctuelles propres aux Metroidvania, Axiom Verge est un indispensable, qu’il faudra siroter comme un bon whisky en résistant absolument à la tentation de regarder gameFAQs au moindre blocage (tout est à peu près trouvable avec de la persistance, en tout cas pour finir l’histoire) et qu’on envisagera (je ne dis pas ça souvent) de boucler à 100% pour avoir vraiment toutes les informations en main. Et se demander ensuite ce que l’annonce d’un Axiom Verge 2, toute récente, peut signifier…

2018-07-15T19:35:07+02:00mardi 17 juillet 2018|Geekeries|2 Commentaires
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