Il n’est toujours pas un homme libre et il n’est pas content

Un remake du Prisonnier… Bon, évidemment, on ne voit rien, sinon que Ian McKellen joue là-dedans (dans le rôle du Numéro 2 ?), qu’on peut espérer qu’il sache choisir ses scripts, donc que ce remake ne soit pas trop loupé. J’avoue, je rêve à un discours acerbe et réaliste sur les dérives du monde moderne, mais tout en subtilité et en maîtrise, sans tomber dans la moralisation lourdingue ni l’anarcho-syndicalisme de bas étage, avec des personnages bien campés, des scénarios sortant de l’habituel « comment Numéro 6 va-t-il se faire bananer cette semaine ? », de multiples coups de théâtre et un final à la fois surprenant et compréhensible…

En gros, qu’ils fassent au Prisonnier ce que d’autres ont réussi avec Battlestar Galactica.

Rendez-vous en novembre pour être déçu (je préfère prendre les devants…).

(Merci à GiBa pour l’info.)

2010-02-01T18:29:18+01:00mardi 2 juin 2009|Fiction|3 Commentaires

Music is my aeroplane

Une petite absence ces temps-ci qui s’explique par une coupure momentanée du Net, le temps de quitter Orange pour aller chez Free. Je croyais naïvement que nous vivions dans un pays concurrentiel et que je pouvais me faire ouvrir deux forfaits ADSL sur la même ligne, prêt à passer de l’un à l’autre en cas de défaillance, examinant à la loupe les performances des services pour les comparer et adopter donc le meilleur en connaissance de cause. Que nenni, fou, naïf, inconscient que j’étais. C’est un seul forfait, point barre. C’est donc Free. Mais je me suis trouvé coupé du monde pendant une bonne semaine et, mine de rien, dans cette période de gros boulot, ce fut un sacré handicap à la fois professionnel et personnel (le Net étant un de mes rares contacts avec le monde ces temps-ci). Bref, c’est réglé.

Mélanie m’a refilé la balle pour un jeu fort sympathique (tu savais que je ne résisterais pas à la tentation, hein!):

– Choisir 5 chansons qui vous ressemblent et dire pourquoi

– Faire une petite playlist avec

– Rajouter en sixième position « The Song », celle que vous aimez d’amour, plus jamais vous ne pourrez vivre sans

– Et taguer 5 personnes de votre choix.

Cinq morceaux plus un? C’est horriblement difficile, mais très intéressant justement parce qu’il ne s’agit pas de proposer cinq morceaux qu’on apprécie tout particulièrement, mais d’essayer un peu de se « définir » musicalement. Et cela change totalement la sélection, puisqu’on quitte le domaine des goûts, variables avec le temps, pour arriver à des choses beaucoup plus personnelles. Et je dois dire que la sélection, prise dans son ensemble, présente curieusement à mes yeux une personne que je reconnais mal, comme quand on se voit ou qu’on s’entend après avoir été filmé ou enregistré. On sait que c’est « soi », pourtant, la personne semble extérieure.

Bref, comme Mélanie, je me suis limité à YouTube et Deezer, et j’ai effectué quelques choix, mais d’autres auraient été possibles dans le même registre.

1. Le générique de Téléchat

Eh bah oui. Je regardais religieusement Téléchat quand j’étais tout môme – quand je dis religieusement, c’est que je n’en manquais pas un seul, je me les repassais en boucle, j’avais peur de Léguman, je comparais les gluons, etc. Mais force est de constater qu’à trois ans, le second degré de l’émission m’échappait totalement – ça restait un gros chat (j’adore les chats, ça se voit peut-être?) – qui présentait le journal. Pourtant, je sentais bien qu’il y avait des trucs un peu bizarres. Arte ne s’y est pas trompé en rediffusant la série aux côtés du Monty Python Flying Circus il y a une quinzaine d’années. D’aussi loin que je me souvienne, ce fut ma première et très précoce exposition au surréalisme, et ça a laissé des marques. Les DVD trônent aujourd’hui fièrement sur mon étagère et je ne me lasse pas de voir cette tarte à la crème volante essayer de déclamer Hamlet devant un buste de Shakespeare.

J’ai aussi envisagé de mettre une chanson de Boris Vian comme La Java des bombes atomiques, vu l’importance que son oeuvre a eu sur ma vie et le discours à la fois absurde et
irrévérencieux de la chanson, mais j’ai découvert sa musique bien plus tard. Non, Téléchat était définitivement le morceau à choisir ici.

2. Eric Serra – The Big Blue Overture

« Eh bah oui », encore une fois. Le Grand Bleu était déjà décrié à l’époque où il est sorti; aujourd’hui c’est encore pire, vu qu’on a tendance à juger une oeuvre passée à la lumière de l’oeuvre  actuelle (ce qui ne veut pas dire grand-chose) et que Besson n’est pas en odeur de sainteté chez les gens bien comme il faut. Mais je fais mon coming-out: ce film fait partie des pierres angulaires de mon imaginaire d’adolescent et j’assume à 100%. La solitude de ce Mayol fictif, sa consternation face à Rosanna Arquette qui lui promet « une maison et un chien » alors qu’il évolue dans un monde immense et inexprimable résonnaient profondément chez moi. En plus, j’ai travaillé quelques années à Marineland: le dauphin du début, c’est Joséphine, et je l’ai connue, la grosse ahem, petiote.

3. The Future Sound of London – My Kingdom

Quand mes copains de collège et de lycée ne juraient que par Blur, Queen (que j’aimais beaucoup quand même) et REM, j’écoutais des trucs vraiment bizarres pour mon âge, notamment Jean-Michel Jarre (j’assume, bis) et Tangerine Dream. Je me suis mis à la musique chantée très tard, en fait, préférant longtemps la pureté de l’instrumental et la recherche sur la matière sonore que permet l’électronique (avec laquelle je fais encore un peu mumuse quand le temps le permet).

J’adorais ces musiques quand cela ne recouvrait pas encore dans l’esprit du grand public techno et dance, quand il s’agissait prioritairement d’explorations atmosphérique et musicale, sans le besoin de remuer un dancefloor. Deux formations sont pour moi au sommet de ce genre, Orbital et surtout The Future Sound of London. L’album le plus abouti de FSOL est Dead Cities dont est tiré ce morceau, « My Kingdom ». Pourquoi celui-là? Pour son ambiance à la fois chaotique et structurée, son atmosphère entre appréhension et découverte, et aussi… pour son sample vocal symbolique à bien des aspects. Sans utiliser Google, saurez-vous reconnaître d’où il vient?

4. Jason Hayes – The Shaping of the World

Je voulais la version symphonique du prologue de FInal Fantasy VI mais elle est introuvable sur le Net. J’ai donc pris ce morceau-là qui est une piste bonus de la bande originale World of Warcraft. Au-delà de WoW, ce morceau évoque pour moi bien des choses: il symbolise toute la fantasy enchanteresse, mystérieuse ou héroïque, qui vous entraîne dans ses mondes, ses rêves, ses sagas. Avec la littérature, le jeu vidéo, le film, l’animation sont pour moi autant de portes d’entrée vers l’imaginaire, où je me coule avec bonheur. The Shaping of the World, comme le prologue de FFVI, représentent pour moi une fantasy que j’aime, aux mondes familiers et pourtant fondamentalement différents, où se déroulent des luttes épiques à tous les niveaux – qu’il s’agisse de triompher de l’ennemi ou de soi-même.

Et je puis je reste un gros geek. J’assume (ter).

5. Therion – Nightside of Eden

Impossible pour moi de faire une sélection musicale sans faire apparaître un bon métal. J’ai choisi « Nightside of Eden » de Therion, sur l’album Theli, qui mêle gros son, éléments symphoniques et efficacité. J’ai toujours trouvé ce titre très évocateur et j’apprécie beaucoup la dimension sous-jacente du texte: « A paradise lost / (An) Eden to regain / To illuminate / (The) Dark side of brain », soit, évidemment, la recherche dans l’inconscient, le questionnement perpétuel, le rejet de la convention en faveur de la quête personnelle.

Pour ce qui est du texte, j’aurais préféré « Clavicula Nox » du même groupe sur Vovin, mais si le morceau est superbe, je voulais un peu de patate dans cette sélection. « Dark horizons come close to me / and magick will be my key / I will travel through the gate / to be the finder of my fate... »

6. Tristania – Selling Out

Voici donc « the » song, la chanson sans laquelle je ne saurais vivre même que je l’aime d’amour. Je vous ai dit que FSOL et Orbital étaient pour moi les groupes quintessentiels de l’électronique? Eh bien World of Glass de Tristania est pour moi l’album quintessentiel du métal goth, et « Selling Out » est la plus belle chanson de l’album. Voix féminine magnifique, parfaitement équilibrée avec les grunts et le choeur, production parfaite, texte à la fois simple et prenant les tripes, cette chanson dégage à la fois un désespoir abyssal et une force dévastatrice. Elle a sauvé ma raison dans bien des moments difficiles (et je lui rends d’ailleurs hommage dans quelques passages du supertanker).

La suite!

Voilà qui était long, mais merci Mélanie, l’exercice était vraiment passionnant. Il me faut maintenant passer le relais. J’aimerais bien savoir comment répondraient Léa (oui, je suis une  ordure, tu as trop de boulot pour jouer à ça et pourtant c’est tentant…), Kanux,
Sneed, Lelf et Francis. Comme toujours, si
vous n’avez pas le temps, pas de problème, hein, ce n’est qu’un jeu 😉

2011-01-30T19:28:31+01:00mardi 28 octobre 2008|Décibels, Expériences en temps réel|3 Commentaires

AOSphere (demain, la narration)

Un billet pour signaler l’existence d’AOSphere, un projet indépendant assez intrigant qui vise à mêler interactivité ludique (OK, jeu vidéo), profondeur du discours et narration épisodique. Le but avoué est d’impliquer le spectateur / joueur dans l’histoire au scénario travaillé au-delà d’un simple mécanisme de jeu.

On n’en sait pas beaucoup plus pour l’instant, si ce n’est que le produit sera en Flash, jouable depuis le navigateur (c’est la mode). Sur leur blog, les développeurs ont publié quelques screenshots, ce qui augure d’un environnement plutôt joli.

Je dois avouer que je suis à la fois très curieux et relativement méfiant vis-à-vis de ce genre de projet. Curieux parce que la façon dont nous recevons les contenus culturels, la narration, évolue. On a longtemps affirmé que le jeu vidéo et Internet, – le « multimédia » « interactif », termes qui font encore sourire les geeks d’aujoud’hui, allait conduire à la création de nouveaux types de contenus évolutifs et libres. On le voit maintenant un peu – ne serait-ce qu’avec les blogs – mais ce ne fut pas le raz-de-marée prévu.

Je pense humblement que l’interactivité n’est pas une composante nécessaire et suffisante à une évolution importante de la narration. Parce qu’un jeu, pour fonctionner, doit d’abord être… un jeu. Pong n’a pas d’histoire. Mario Kart n’a pas d’histoire. Doom n’a pas (vraiment) d’histoire. Et ce sont des classiques. (Il faudrait aussi parler de l’aspect social comme avec le jeu en ligne, mais ce sera pour une autre fois.)

S’il est vrai que tous les modes d’expression ont leurs limites, je crois celles du jeu vidéo plus fortes que toutes les autres. Dans un récit classique, qu’il s’agisse d’un film, d’un livre, même d’une chanson, la forme est au service du fond. David Lynch peut saccader le montage, Mark Z. Danielewski peut écrire dans tous les sens avec des polices différentes, le black metal peut employer des grognements pour évoquer les enfers.

Mais le jeu? Dans un jeu, le fond est soumis à la forme. Parce qu’on ne lance pas un jeu pour l’histoire, pour la « réception » d’un message distrayant ou profond, mais pour le plaisir ludique, ce qui est fondalentalement différent. Qui se préoccupe du destin des pions aux dames? De la cohérence des règles de déplacement aux échecs? Peu importe, tant que le jeu fonctionne.
Bioshock est un des rares bons titres à avoir réussi une forme de narration, mais du propre aveu de Ken Levine, le chef du projet, l’équipe a d’abord pensé à faire un bon jeu vidéo avant de raconter une histoire.

Les deux sphères peuvent évidemment se rencontrer: La maison des feuilles est ludique, en un sens, et j’ai vécu de véritables moments d’émerveillement sur Metroid Prime. Mais qui pourrait imaginer L’écume des jours en jeu vidéo et Super Mario en roman? Différents médias répondent à des attentes précises et les discours ne sont pas entièrement transposables, cela n’a rien de nouveau.

Mais le milieu vidéoludique semble aujourd’hui vouloir donner au jeu des airs de panacée narrative, et je suis très sceptique. Sans avoir l’air de prêcher pour ma paroisse, la littérature est probablement le mode narratif le plus transversal parce qu’il s’adresse directement à l’intellect du lecteur en s’appuyant sur ses représentations internes. En un sens, la littérature évoque, le lecteur construit ses images. C’est une de ses forces – et de ses difficultés d’accès comme de pratique. Le jeu vidéo… vous accroche par d’autres mécanismes, et c’est très rarement l’histoire.

Je reste néanmoins ouvert d’esprit et même impatient. C’est à la fois ce qui m’intrigue et m’intéresse dans des projets comme AOSphere. Je ne doute pas qu’un modèle économique fondé sur la série télé avec ses saisons puisse fonctionner – la nouvelle édition de Sam & Max l’a prouvé. Mais peut-on réussir la quadrature du cercle, expérience ludique et discours narratif? Les précédents essais se sont souvent cassé les dents, et le gameplay annoncé type « point and click » m’inquiète un peu. Pétard mouillé ou vraie réflexion de fond? J’ai reçu ma confirmation au beta-test. Si je ne suis pas tenu à une forme de confidentialité, je m’efforcerai de livrer mes impressions sur la chose.

Et sur le beta-test de Wrath of the Lich King, la nouvelle extension de World of Warcraft, aussi.

Ou pas?

Mais, au moins, avec la citation du titre, je suis sûr que je vais déjà multiplier mes visites par 250.

2011-02-01T18:45:18+01:00jeudi 28 août 2008|Geekeries|Commentaires fermés sur AOSphere (demain, la narration)
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