Comment être productif en travaillant de chez soi ?

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C’est une question qui tourne de temps à autre sur les réseaux sociaux : la difficulté de se motiver pour se mettre au travail, les pièges de la procrastination, du glandage sur Internet (qui prenait en l’an 2000 la forme de clics sur des liens sans intérêt, et qui en 2015 s’appelle Facebook). Et comme une de mes étudiantes me l’a directement posée, et qu’elle est excellente, cela vaut peut-être le coup d’essayer de contribuer à l’intelligence collective. Je succombe moi aussi à la glande, mais, depuis quinze ans de travail indépendant (que le temps passe), d’étude des méthodes de productivité, de développement plus ou moins réussi de méthodes maison, je me suis bien trouvé obligé de développer quelques techniques pour rester assidu, quand bien même ma PS4, mon frigo, mon lit, le soleil m’appellent.

Alors, comment on fait ?

Rien n’est magique

Au bout du compte, le travail ne se réalise pas tout seul. Il y aura toujours des efforts à investir, une volonté à appliquer, des difficultés à surmonter. Aussi loin qu’on les repousse, il faudra forcément s’y frotter un jour, ou bien rien ne se fera. Dans un entretien à Locus il y a des années, Brian Stableford disait qu’un livre s’écrit « un mot après l’autre ». Ces centaines de pages se composent peu à peu, pas à pas. Il faut se retrousser les manches et se plonger dans l’arène.

Cependant, des techniques de concentration et de productivité existent ; nous en avons longuement discuté lors de l’été 2013 avec le tour d’horizon intitulé « Productivété », toujours disponible en archives. L’idée fondatrice est double :

  • Réduire la friction. Si vos dossiers sont désordonnés, que votre PC rame, que vous n’avez pas la place de travailler, tout cela entraîne un coût, un poids mental qui élève toujours davantage la barrière à franchir pour se mettre à l’ouvrage. Votre mère (et la mienne) avait raison : rangez votre bureau. Entretenez vos outils, stylos, PC, tablette. Ayez un système efficace en place qui vous libère l’esprit et la mémoire. Comme le dit David Allen, « l’esprit n’est pas fait pour se rappeler les choses, mais pour avoir des idées ». Externalisez tout ce qui n’est pas vital grâce à la technologie. C’est l’an 2015, bon sang.
  • Le plus barbant d’abord. Faites toujours (à urgence égale) le plus barbant en premier. Une tâche pesante à l’esprit ronge l’énergie et la motivation. C’est une discipline difficile à acquérir, mais elle récompense grandement celui qui l’applique. La libération est proportionnelle à l’ennui ; et l’énergie ainsi récupérée sera investie à profit dans les projets motivants. Faites votre déclaration d’impôts avant d’aller écrire votre scène de bataille rangée. (Sauf si faire votre déclaration d’impôts vous éclate. Chacun son truc.)

Évacuer les distractions

Les distractions sont l’ennemi numéro 1 du travailleur indépendant. Tout d’abord parce que le cerveau n’est pas multi-tâches, c’est un mythe ; chaque changement de tâche entraîne le paiement d’une « taxe » mentale fixe. Vérifiez votre courriel dix fois par heure, vous payez dix fois cette taxe. (Question déjà discutée en ces lieux ici.) En revanche, la concentration augmente avec le temps investi (jusqu’à une limite, évidemment) ; on retire donc davantage de bénéfice à rester focalisé un long moment.

Mais comment faire ?

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Insert coin ?

Au-delà du bon sens – s’isoler loin de tout dérangement, par exemple -, on peine parfois à respecter la discipline de cette concentration. Depuis quelque temps, j’applique avec grand succès la technique des trombones : je m’autorise trois vérifications des réseaux sociaux, par exemple, chaque jour. J’ai trois trombones dans une boîte, à chaque vérification, je retire un trombone. Quand les trombones sont épuisés, je n’ai plus de crédit. Utiliser un objet donne une matérialité bienvenue à l’engagement qu’on prend avec soi, et le renforce. Si je veux aller sur Facebook alors que j’ai vidé mes trombones, je ressens un élan de culpabilité plus net que si j’avais bêtement compté mentalement. Cela donne une réalité à la chose.

Maîtriser le temps

Un autre méthode pour allonger la concentration est la méthode Pomodoro, à la fois simple et efficace (présentée ici) : il s’agit de travailler à fond pour une brève période fixée par avance avec la promesse d’une pause par la suite. De mon expérience, le Pomodoro de vingt-cinq minutes est trop court pour un travail littéraire ; quand j’ai besoin d’un coup de pied aux fesses, je pars sur des périodes d’une heure et demie suivies de quinze minutes de pause. Et en plus, il existe même des applications de chronométrage gratuites, par exemple ces cinq-là. (J’ai longtemps utilisé FocusBooster mais ma préférence va maintenant à SnapTimer, léger et portable – il se trouve bien au chaud dans ma Dropbox et donc présent sur toutes mes machines).

Je crois que les travailleurs indépendants ont grand intérêt à s’imposer des horaires de travail fixes, comme n’importe quel employé, calquées sur les horaires de bureau. Au tout début de ma carrière, je vivais et travaillais la nuit, puis dormais le matin, sachant que cela correspond mieux à mon rythme, mais j’ai fini par abandonner. L’intérêt de suivre les horaires habituels et de s’y tenir est multiple :

  • Vous vivez au même rythme que le monde entier : socialement, c’est quand même plus facile, surtout en couple
  • Les distractions sont réduites (puisque vous vivez au même rythme que le monde entier)
  • Adopter un rythme régulier rend globalement la mise au travail plus facile (par exemple : travailler de 9h à 12h30, prendre une heure de pause, finir à 19h)
  • Savoir quand l’on travaille et quand l’on se repose me paraît nécessaire pour un indépendant, qui vit dans son bureau / travaille dans sa maison ; l’esprit a besoin de savoir quand il doit être actif et quand il peut se mettre en veille. Avoir des horaires mal définis m’a toujours conduit à la déprime, puisque j’avais l’impression (fausse) de travailler en permanence.
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« Je vous emmène à Trocadéro en passant par Pékin ? »

Pour mesurer réellement mon temps de travail et éviter le glandage, j’ai adopté voilà des années une habitude connue de bien des prestataires de services : le CRAH (compte-rendu d’activité hebdomadaires). Je me fixe 40 heures de travail actif par semaine (je ne suis pas passé aux 35) et tout volume non effectué est à rattraper la semaine suivante. Si je fais moins, c’est que j’ai glandé. Si j’ai fait plus, j’ai le droit de me la couler un peu plus douce la semaine suivante (si les circonstances le permettent).

Enfin, je me suis acheté un chronomètre de bureau (ci-contre) que j’appelle affectueusement le « taximètre« . Chaque fois que je m’assieds pour travailler, je le lance ; chaque fois que je m’arrête, par exemple pour une pause longue, je le coupe. Cela me permet de mesurer mon temps réel d’activité au cours de la journée, mais surtout, comme avec les trombones, chaque pression sur le bouton « matérialise » l’engagement que je prends avec moi-même d’être actif à partir de ce moment. Je prends mieux conscience de ma dérive si la procrastination m’appelle, car je dois couper le taximètre. À ce moment-là, mieux vaut prendre une vraie pause de 10-15 minutes sans culpabilité (le taximètre est coupé) pour s’y remettre ensuite à fond. Le moral est meilleur.

L’arme secrète

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L’arme secrète que j’ai découvert en début d’année est Focus@Will. Le service existe depuis très longtemps et je ne m’y étais jamais vraiment attardé – comment ça, une entreprise qui prétend me diffuser de la musique qui m’aide à me concentrer ? Ça semble un peu trop new-age à mon goût. Mais finalement, après avoir lu des critiques dithyrambiques (promettant que ça « change la vie » – rien que ça), j’ai tenté le mois d’essai gratuit.

Devinez quoi ? Oui, ça change la vie.

L’idée – très résumée (voir les articles directement sur le site) – est que l’évolution a forgé nos cerveaux pour qu’ils restent toujours attentifs à d’éventuelles agressions (genre un lion dans la savane, une occurrence relativement rare en open space). Pire, les interruptions tendent à stimuler le système limbique, donc à récompenser le cerveau ; tout cela rend la concentration difficile. Focus@Will choisit des ambiances, des morceaux musicaux, spécialement mixés pour « divertir » le système limbique et donc débarrasser l’esprit de cette tension. Et ça fonctionne tellement bien qu’on approche de la magie vaudou. Le service propose en plus divers canaux avec différents niveaux « d’énergie », ce qui permet de suivre l’évolution de l’humeur. Il m’arrive souvent de commencer sur « Alpha Chill » en medium le matin, pour passer sur « Up Tempo » ou « Ambient » en fonction de ma satisfaction quant à la matinée.

Focus@Will est une arme secrète et je ne peux que t’encourager, auguste lectorat, à ouvrir un compte d’essai de 30 jours pour tester le service. Pour cela, n’hésite pas à passer par ce lien. (Si tu décides de t’inscrire sur la durée, je ne te cache pas que je toucherai une commission, mais je recommande sans hésiter le service – j’ai pris un abonnement à vie au bout de deux semaines -, et tu ne risques rien de toute manière ; de plus, je ne recommanderais jamais un outil que je n’utilise pas moi-même. Pour plus d’infos sur les liens affiliés, voir l’article sur la question.)

Pour conclure

La productivité en solitaire – comme toute initiative – est une affaire d’équilibre entre efficacité et efficience (ou rendement).

  • L’efficacité vise à produire un résultat de meilleure façon, plus vite ; il existe quantité de systèmes d’organisation personnels pour mettre de l’huile dans les rouages, allant de la bureautique à certains enseignements des neurosciences, ce qui a été abordé en détail ici à l’été 2013. L’efficacité, c’est faire les choses comme il faut.
  • Plus complexe et pourtant plus vital, il y a l’efficience, que les Américains définissent, par contraste, comme le fait de faire les choses qu’il faut. C’est-à-dire, choisir ses batailles, consacrer son temps à ce qui compte réellement au lieu de se donner l’illusion d’être productif en refaisant quinze fois son site web, par exemple. (Ahem.)

L’efficience, hélas, relève d’une discipline mentale plus difficile à acquérir (du moins, de mon expérience) parce qu’on entre dans des domaines inconscients de peur, de résistance, mais elle est pourtant indispensable. Seul une introspection profonde, visant à définir ses propres priorités mais aussi ses propres manies et manquements habituels, permet de s’en rapprocher. Car, malheureusement, comme dit en préambule, il vient un moment où il faut comprendre que tous les systèmes du monde ne résoudront pas le point-clé de la réalisation de tout projet : au bout du compte, il faut se retrousser les manches et se jeter dans l’arène. Mais si des systèmes efficaces abaissent les barrières, facilitent le jeu de la mécanique, donnent du recul et montrent clairement que le temps investi n’est pas en vain, je pense que cela cajôle l’efficience et aide à la réaliser. Comme la technique pure n’a jamais fait un artiste, mais accélère toutefois grandement l’expression de son potentiel.

2019-08-28T21:37:53+02:00jeudi 21 mai 2015|Best Of, Technique d'écriture|33 Commentaires

Annonce de service : les liens affiliés

dentist_moneyUne petite annonce en passant qui servira de future référence : j’avais annoncé avec la refonte du site la volonté de proposer progressivement une « boîte à outils de l’écrivain » visant notamment à rassembler les logiciels les plus utiles ; une sélection issue de longs tests réalisés pour mes propres besoins, que ce soit pour l’écriture en soi ou pour l’organisation personnelle dans un sens plus large. Cela toujours dans l’esprit (enfin, un des esprits, un autre consistant à en faire du mauvais – esprit) qui anime ce blog : proposer ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé ce métier. Il y aura donc une section en construction progressive qui proposera la complète panoplie (du moins la mienne – ce qui ne signifie pas que c’est la meilleure, juste que c’est celle que je recommande et, comme d’habitude, on a tout à fait le droit de disconvenir, chacun son truc).

Le point sur lequel je veux m’attarder et la raison de ce billet, c’est que certains de ces produits présenteront des liens affiliés. Très simplement, cela signifie que si vous vous inscrivez / achetez le produit en question par mon intermédiaire, je touche une commission.

Quoi ! Scandale ! Compromission ! Néocapitalisme !

Nenni. Proposer des liens affiliés découle d’une longue réflexion que je tiens avec moi-même, à savoir que je passe un temps tout de même assez important sur le site et le blog ; j’ai toujours été motivé par le plaisir et cela ne change pas mais, au bout d’un moment, je passe ce temps quasiment à fonds perdus. Or, avec la multiplication des projets (notamment la musique), le dégager devient de plus en plus ardu. Or, je tiens à le conserver. L’idéal serait une solution qui me permette de continuer à m’investir sans culpabilité en générant quelques centimes ici et là, évidemment sans tomber dans l’inélégance.

Les liens affiliés me semblent une excellente solution pour ce faire. Mais dans un ensemble de règles, qu’il me semblait important d’établir noir sur blanc, gouverneront l’ensemble de cette expérience.

Tout d’abord, je ne recommanderai que des outils que j’emploie personnellement, au quotidien, dans mon travail. Je les ai testés, retournés, je sais ce qu’ils font bien ou mal, je m’en sers quotidiennement ou presque. Vous ne trouverez donc pas quinze logiciels d’écriture, mais un seul. Pas dix logiciels pour organiser les informations, mais un seul (enfin, peut-être deux, mais le sujet est compliqué, et j’en utilise justement deux). Quand cette « boîte » sera terminée, il n’y aura aucun secret sur les outils que j’utilise (non pas qu’il y en ait beaucoup, à vrai dire) – encore une fois, cela ne garantit pas que ce sont les meilleurs, mais c’est a minima l’assurance que cela fonctionne dans un cadre professionnel, et, si ce que je raconte en masterclass, en atelier et ici-même vous parle un minimum, il y a de fortes chances que cela corresponde bien.

Pour toi, auguste lectorat, cela peut entraîner une conséqence positive : cela m’encourage justement à réviser mes articles, à partager les trucs et astuces que j’ai découverts au fil des ans (je pense notamment à mes personnalisations et à mes corrections typographiques automatiques sous Scrivener), à réaliser des tests plus poussés au lieu de faire ça un peu au gré des disponibilités. Cela ne me rajoute aucune pression (puisque, par défaut, rien ne change si personne ne clique sur les liens) mais m’encourage positivement à fouiller certains sujets qui me demandent actuellement un temps que je n’ai pas. Cela contribue également à asseoir le blog, auquel je tiens, mais qui, en période de grosse pression comme en ce moment, pourrait se trouver réévalué. (Évidemment, cela ne changera rien au ton général, je garantis de conserver ce mélange délicieux de mots compliqués et de gros mots qui compose mon charme désarmant.)

Cela signifie également que si, pour une raison ou une autre, un logiciel perd de son intérêt pour moi, il peut disparaître à tout moment de la sélection. Un des articles les plus populaires de ce blog, année après année, est celui-ci : tour d’horizon des principaux logiciels d’écriture dédiés. Il a pourtant quatre ans, n’a jamais été réactualisé alors qu’on me le demande (honte). Je vais faire mieux, je vais me mouiller et vous dire pourquoi je préfère x à y. (Ce qui ne m’empêchera pas de parler en détail de y, mais vous ne trouverez pas d’affiliation sur y. Et si vous préférez y, tant mieux pour vous !)

Pour finir, tous les outils recommandés ne comporteront pas de lien d’affiliation, pour la bonne raison que tous ne proposent pas de programme d’affiliation. Ce ne sera évidemment pas un critère déterminant, celui-ci étant de recommander ce dont je me sers.

Voilà, il me semble que la question est à peu près couverte ; n’hésite pas, auguste lectorat, à me faire part de tes réactions le cas échéant (comme me vouer aux Gémonies, auquel cas pourquoi pas mais file-moi l’adresse, mon GPS trouve pas).

2015-05-15T21:29:43+02:00mardi 19 mai 2015|Technique d'écriture|26 Commentaires

Inscrivez-vous à la masterclass écriture des Imaginales 2015 – « Du manuscrit à la publication »

Affiche Gregory Deiaunay

Affiche Gregory Deiaunay

Important achtung warning annonce : le festival des mondes imaginaires d’Épinal, les Imaginales, a lieu en fin de mois (site). Depuis quelques années, l’événement propose une masterclass autour du métier de l’écriture, de la technique aux réalités professionnelles, animée par Jean-Claude Dunyach et ton humble serviteur, auguste lectorat (pour les nouveaux venus, c’est moi, ça, hein). Cette journée de formation est bien entendu ouverte à tous, quelle que soit l’expérience de la pratique de l’écriture ; ce qui compte, c’est l’envie.

La masterclass change légèrement cette année de formule. Se déroulant sur une journée pleine (et dense !), elle abordera la thématique « Du manuscrit à la publication » : commencer approcher la pratique professionnelle de l’écriture ?

Après quelques discussions avec les festivaliers, sur les réseaux sociaux, il me faut insister sur le point suivant : inscrivez-vous sans tarder, car les places sont limitées, et l’expérience prouve que la formule évolue toujours. Ne vous dites pas « boeh, je verrai l’année prochaine », car il n’est pas dit que la formation qui vous fait potentiellement envie l’année sera la même l’année n+1.

De quoi s’agit-il plus en détail ? Voici l’annonce postée sur le site du festival, et toutes les modalités pour vous inscrire.

Notre objectif : vous aider à franchir l’échelon professionnel

Cette journée d’échanges et d’enseignement (mercredi 27 mai 2015) vise à armer les jeunes auteurs pour la transition de l’écriture vers la publication : comment passe-t-on de l’envie d’écrire au métier d’écrivain ?

Les sites, livres et forums d’aide à l’écriture se sont multipliés au cours des dix dernières années : il est aujourd’hui plus facile que jamais de travailler sur un livre. Mais comment l’achever, puis l’amener au meilleur niveau de qualité possible ? Comment se corriger, s’améliorer ? Comment, et pourquoi le présenter à un éditeur ? Et l’économie du livre, comment ça marche exactement ?

Passer du statut d’amateur passionné à celui de jeune professionnel de l’écriture, voilà l’ambition de cette journée de formation, à travers des thèmes d’intervention et de débats tels que : approcher l’écriture en songeant aussi au public sans sacrifier le cœur de son histoire ; savoir se lire avec recul pour parfaire son manuscrit ; les relations avec le monde éditorial ; la rémunération des auteurs…

Cette journée de formation est destinée à ceux qui se sont lancés dans la rédaction d’un livre, voire l’ont terminé, et pensent à l’étape suivante, la publication professionnelle ; mais aussi à ceux qui ont envie d’écrire des histoires, et désirent acquérir une vision panoramique du monde de l’édition.

La journée s’articule autour de présentations sur un sujet donné (l’attitude professionnelle, les corrections, les relations avec le monde éditorial…), suivies de longs temps de discussion et de débat autour des difficultés rencontrées au quotidien par les stagiaires.

Inscrivez-vous au plus vite à cette journée de formation aux places limitées : une chance unique proposée par les Imaginales de propulser votre envie de raconter à un niveau supérieur !

Inscriptions et renseignements : info@imaginales.com / 03 29 68 51 86

2015-05-02T18:56:57+02:00lundi 4 mai 2015|À ne pas manquer, Technique d'écriture|10 Commentaires

En entretien sur Tintamare (la gazette de Cocyclics) autour de la nouvelle

tintamare

Tintamare, la gazette de Cocyclics, le site – forum d’entraide autour de l’écriture, lance une nouvelle rubrique d’entretiens autour de l’écriture de nouvelles, et j’ai l’insigne honneur (ce qui ne veut pas dire qu’on m’a remis un badge) de lancer le bal autour du format, de sa spécificité et évidemment de la technique.

Pour vous, y a-t-il des codes (chutes, rythmes, types d’histoires) incontournables de la nouvelle à respecter/détourner ?

Je souscris à la démarche d’Edgar Allan Poe : dans la nouvelle, tout doit concourir à une atmosphère unique. Même si, comme pour tous les codes, il faut réfléchir et éventuellement contourner le principe… Mais j’en reste assez proche, du moins quant à l’idée de but final. Une nouvelle est pour moi une promesse narrative assez brève, qui prend de l’élan sur quelques pages, et doit offrir, soit une chute frappante, soit un questionnement net.

Pour lire l’intégralité de l’entretien, c’est là.

2015-04-20T15:53:27+02:00mercredi 22 avril 2015|Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur En entretien sur Tintamare (la gazette de Cocyclics) autour de la nouvelle

Cinq leçons retirées de l’écriture de Léviathan

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Couv. Plainpicture / Bluegreen / Michael Pitts

Howdy hey, l’excellent Jérôme Larré, rôliste, game designer et théoricien de la narration appliquée au jeu m’a aimablement proposé de participer à sa série « cinq trucs ». Cinq trucs ? Ouais, cinq trucs, cinq choses, cinq leçons apprises lors de la construction d’un livre, d’un jeu, d’un projet narratif, qu’on souhaiterait partager.

Cinq leçons dont pas forcément glorieuses, sans langue de bois, dans l’espoir d’éviter à peut-être d’autres de se casser les dents sur les mêmes problématiques. Ou, en tout cas, d’être averti.

Voici les miennes, pour élaborer sur l’écriture de la trilogie Léviathan :

  1. Un livre, c’est long (et un univers, encore plus)
  2. N’allez pas jusqu’à 11 (enfin, pas tout le temps)
  3. Sans enjeu, pas de jeu
  4. Sachez dire non
  5. Mais sachez dire oui

Ça semble sybillin ? Hey coco, c’est du teasing 2.0, ça. Pour lire l’article en entier, il faut aller sur le blog de Lapin Marteau.

2019-08-28T21:37:59+02:00lundi 20 avril 2015|Best Of, Technique d'écriture|3 Commentaires

Faut se servir de ses mains

(clickbait clickbait clickbait, bande de dégoûtants)

Souvent, les logiciels d’aide à l’écriture font gagner un temps fou et je m’en fais l’avocat : ils offrent en plus l’avantage de la mobilité (plus facile de se balader avec un ordi que douze chemises de notes). Mais parfois, le cerveau, en tout cas le mien, a besoin de jouer aux Lego, de construire avec ses mains quelque chose de physique pour sentir la dynamique d’une idée.

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Ici la refonte et surtout la compression d’une part importante de Port d’Âmes, afin de dynamiser le récit et d’évacuer un bon tiers de superflu. Je crois fermement que, même dans un récit psychologique, le contrôle de la tension narrative prime sur toute autre considération. Je crois également qu’il n’existe pas de scènes d’atmosphère ou d’exposition : ce sont des excuses pour faire passer au lecteur des informations qu’on n’a pas trouvé comment glisser autrement et je m’emploie à les traquer sans relâche, n’en gardant au maximum qu’un couple dans un zoo pour l’étude de l’espèce.

2015-04-14T10:55:21+02:00mercredi 15 avril 2015|Technique d'écriture|66 Commentaires

Work in progress

Alors qu’avril frappe à nos portes, nous enjoignant de ne pas nous découvrir d’un fil (mais qui s’habille de fils ?), je voyage vers le Port d’Âmes, autrefois nom de code supertanker, plongeant dans le manuscrit et l’amenant à mes exigences actuelles de qualité et de narration, car ce fut une longue écriture, sur plusieurs années.

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C’est un vache de gros bestiau, à peu près de la taille d’un volume de Léviathan. Trop gros, d’ailleurs, à mon goût, pour cette histoire-là, et mon travail va principalement consister à couper, couper, couper, sans pitié et même avec joie, car je crois toujours davantage à l’efficacité d’un récit par la concision. C’est amusant, on constate assez souvent une évolution classique chez les auteurs, mentionnée par Zelazny lui-même : quand on fait ses premières armes, on redoute avant tout de ne pas être clair ou compris, et l’on termine par donner mille précisions, souvent toutes inutiles, quand l’essentiel demeure passé sous silence. Avec l’expérience – c’est en tout cas humblement mon impression – on sabre toujours davantage pour ne donner que le vrai signifiant. En un mot comme en cent, on lâche prise sur son récit. Car on fait confiance au lecteur pour établir la connivence – on lui donne seulement les éléments vitaux, et on lâche prise, ayant compris que l’histoire qu’il recréera dans son esprit sera forcément différente de celle qu’on imagine, et que, dès lors, le travail de l’auteur ne consiste pas tant à prêter à voir, qu’à donner à rêver.

2015-03-27T17:32:01+01:00lundi 30 mars 2015|Technique d'écriture|5 Commentaires

Ce qu’on fait en café littéraire

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Entrez entrez, mesdames et messieurs, entrez et contemplez ce spectacle pas du tout unique au monde : un auteur qui va répondre à une question pour laquelle il n’est pas sûr d’avoir la réponse :

[Je viens d’être publiée et serai] conviée à des tables rondes… Et… Je me demandais si c’était possible que vous m’expliquassiez en quoi ça consiste exactement une table ronde… (à part que c’est un meuble relativement rond et relativement horizontal) Paske ça me stresse à mort et que je trouve personne capable de me répondre autre chose que « ben… c’est… Un truc… avec des auteurs. »

Déjà, félicitation pour la publication, et pour votre toute première table ronde, où vous pourrez montrer, devant un public ébahi et curieux, toute l’étendue de votre magique magnifique magnificence !

Alors, qu’est-ce qu’on fait en table ronde / café littéraire / panel etc. ?

J’ai une mauvaise nouvelle : c’est un truc avec des auteurs.

Mais en fait, ce n’est pas tellement une si mauvaise nouvelle que ça. De quoi parlent des auteurs quand on les met autour d’une table ? (En public. En privé, on sait bien que les auteurs ne parlent que de deux choses : d’argent et d’alcool.) Ils tendent à parler, en fait, là aussi de deux choses : mais – de ce qu’ils font et de ce qu’ils pensent.

Les « débats » (car une table ronde, c’est, en fait, un débat) sont en général de deux natures : parler autour d’un thème (parce que vous semblez vous y connaître un peu) et/ou parler autour d’un thème en relation avec vos livres (parce qu’en principe, vous vous y connaissez beaucoup). Il y a un aimable modérateur qui a préparé son sujet, lu autant que possible votre travail (s’il a eu le temps et les livres, les délais étant parfois très courts), et pose aux auteurs des questions qui sont, en réalité, plutôt des prétextes pour que vous permettre de dire ce vous pensez intéressant, voire ce qui vous tient à coeur. Bref, c’est une émission littéraire en live. Mais vous le savez déjà, n’est-ce pas – vous avez dû aller en salon littéraire et donc voir des tables rondes.

Des astuces pour réaliser cet exercice ?

Un débat, c’est avec un public, donc c’est pour le public. Des gens viennent vous voir, donc il s’agit qu’ils n’aient pas l’impression de perdre leur temps. Et comment fait-on cela ? Ma foi, c’est comme pour la formule d’un best-seller : on cherche toujours. Cela dit, des débats littéraires, vous en avez vu, donc, au-delà d’avoir une idée de ce que c’est, vous devez avoir une idée de ce qui vous a ennuyée ou intéressée. Que vous avez trouvé tel auteur antipathique ou sympathique (parce qu’il faisait des blagues ou au contraire restait sérieux, ou qu’il était didactique ou au contraire très pointu, etc.). Comme en écriture, je pense bêtement que la réponse se trouve dans votre sensibilité. Qu’avez-vous voulu faire passer dans vos livres, pourquoi, et donc, que voulez-vous faire passer de visu ? Qu’auriez-vous d’intéressant à apporter ? Comment ajouter de la « valeur » à l’échange ?

Et bien entendu, c’est aussi, clairement, un exercice théâtral, pour ce qui concerne l’expression, l’articulation, la voix – parler d’une voix monocorde en baissant les yeux avec un « heu » tous les trois mots captive moins l’auditoire qu’un orateur correct, c’est une évidence. Le cas échéant, faire une petite année d’improvisation théâtrale pour se rendre compte que parler en public, c’est bien moins impressionnant qu’il n’y paraît, peut aider. (Enfin, dans mon cas, il en fallu quinze, et je continue.)

À moins d’être un orateur né, on ne gagne pas cette assurance et cette habitude instantanément. Comme tout le reste, apprendre à être ce qu’on appelle dans le jargon « un bon client » et surtout à gagner suffisamment d’assurance pour, paradoxalement, réussir à le faire avec sincérité et honnêteté se fait sur la durée. Nulle autre que vous ne sait ce que vous voulez présenter au monde, et la réponse se trouve en partie dans la même question que pour la littérature. Je prends mon livre : je le lis, est-ce que moi, j’aimerais trouver cela, est-ce que j’aurais plaisir à le lire ? De même, est-ce que je suis honnête avec moi-même ET est-ce que j’aurais un plaisir sincère à me découvrir ? (L’un entraînant en principe l’autre, si l’on n’est pas un sociopathe mangeur d’enfants.) Cela peut sembler évident, mais, quand on est timide et/ou introverti, il est difficile de franchir ses propres barrières.

Un petit mot d’avertissement tout de même qui ne concerne que moi, mais quand même : je pense que la plus grande qualité d’un auteur en public est l’humilité, et son péché cardinal la prise au sérieux. Non pas la fausse modestie du genre « non mais vous voyez, je n’ai aucun mérite à avoir écrit cette décalogie philosophique, vous savez, il m’a suffi de faire trois thèses sur le néoplatonicisme appliqué à la théorie des quartiers étanches dans l’urbanisme nord-américain, tout le monde en est capable, olol » mais ne jamais oublier que nous écrivons des livres, soit la chose la plus importante (car il y a des idées dedans et une histoire qui donne du plaisir à des lecteurs) mais aussi la plus futile (c’est du divertissement et – il faut en être conscient – la postérité nous oubliera ; de toute façon, on ne sera pas là pour le voir). Bref, même si, comme pour tout le monde, notre sujet de discussion favori est nous-mêmes (davantage encore sachant que nous sommes des auteurs et donc des gens égocentriques – je vous assure, c’est dans la fiche de poste), je crois que la dernière chose qu’on veut entendre, c’est votre vie sans perspective. En revanche, s’appuyer sur là d’où vous venez et de vos livres comme un prétexte pour élever la discussion et ouvrir toujours davantage les réponses et les horizons, pourquoi pas ! Mais, entre un orateur passionné et imbu de lui-même, la différence peut être ténue – personnellement, c’est ma hantise.

Bref, à vous de donner le meilleur de vous-même pour proposer, à votre tour, au public un moment qui vous aurait intéressée vous. Bonne chance !

2019-08-28T21:38:12+02:00vendredi 13 mars 2015|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Ce qu’on fait en café littéraire

Je veux écrire. Je démarre par où ?

bad-advice-675x900C’est une question qui revient souvent, et qui paraît simple en apparence, mais à laquelle on trouve soit des réponses très vagues (« mets-toi à écrire, travaille, fais des efforts, mange macrobiotique ») soit très commerciales (« facile ! achète mes cours par correspondance qui feront de toi un auteur de best-seller, seulement 99,99 € ! »). Il faudrait donc tenter de taper entre les deux :

Saurais-tu me conseiller des formations sur l’écriture ? Globalement j’ai des idées, je connais un peu mes points forts et faibles, mais je n’arrive pas à structurer mon projet, peut-être parce que je ne me suis pas encore posé les bonnes questions. Ou un bouquin ?

Si je prends la liberté de reformuler : je débute (ou presque), je veux écrire (commencer / finir mon projet), je prends le problème par quel bout ?

Il s’agira donc ici, pour les grands débutants, de proposer quelques éléments de base, de toutes premières pistes pour pousser au-delà de la simple écriture « pour le tiroir ».

L’art est un mélange de technique et de tripes

Dès lors qu’on veut écrire pour d’autres que soi, on cherche à être compris. Dès lors que l’on cherche à être compris, on cherche à communiquer des intentions (narratives). Dès lors que l’on cherche à communiquer des intentions, il convient de connaître le langage dans lequel on s’exprime. En littérature, ce n’est pas seulement l’orthographe et la grammaire, ce sont aussi, beaucoup, les codes de la narration (qui ne sont en rien des règles, mais permettent de comprendre les attentes d’un lecteur et donc de maîtriser son récit).

Tout art est un équilibre entre :

  • La technique – la domination, disons, de son art, la maîtrise de son langage particulier, de manière à servir au mieux les intentions, les effets que l’on vise à obtenir ;
  • Les tripes – je n’aime pas le terme d’inspiration, qui donne l’impression d’un processus évanescent. Les tripes, c’est l’originalité de sa propre voix ; l’émotion personnelle, le regard individuel sur le monde – tout ce qui fait qu’un auteur, quand il va chercher profondément en lui, est le seul à pouvoir dire ce qu’il a à dire, et joue potentiellement sa vie et son sang dans un texte, parce que ce qu’il a dit a de l’importance pour lui.

La techique se développe, se travaille, s’apprend, potentiellement avec un tiers (cours / atelier / livre / relecteurs / etc.). Cela s’enseigne aussi relativement bien.

Les tripes viennent avec le travail, la maturité, l’affinement du regard. En un sens, elles se « travaillent », mais ne se travaillent qu’à force d’écrire, de se casser les dents, d’apprendre de ses erreurs : c’est un mûrissement individuel.

La technique peut éventuellement atteindre un degré où l’on n’apprend plus grand-chose (comme un musicien virtuose finit par jouer sans trop de difficultés une grande partie du répertoire et plafonne s’il n’essaie pas de pousser plus loin). Les tripes s’apprennent pendant une vie entière et relèvent du parcours de chacun.

Travailler la technique donne de la structure, de l’unité aux tripes, et aide à affiner davantage leur expression.

Apprendre la technique ?

Qu’est-ce qu’on apprend, en gros, dans la technique ? Liste non exhaustive :

  • Construire un personnage
  • Maîtriser un rythme narratif
  • Affiner le style
  • Échafauder une intrigue intéressante
  • Gérer la tension
  • Etc.

Mais le plus important consiste à apprendre à se connaître soi-même pour employer les outils qui correspondent au mieux à sa façon de fonctionner.

kingwritingquoteApprendre seul

Il y a assez peu, en France, de ressources orientées sur l’approche pratique de l’écriture (même si cela évolue lentement), notamment dans la technique narrative. C’est un discours encore très anglo-américain, où les ressources sont légion : la moindre recherche Google livrera trois kilos de sites plus ou moins bien fichus. Être anglophone donne donc, clairement, un atout sur ce plan : l’approche est bien plus « mécaniste » qu’en France. (Une approche à consommer toutefois avec modération.)

Cependant, on commence à avoir pas mal de choses en français d’intérêt. Je vais forcément citer mes propres articles sur l’écriture, qui visent justement ce but (il faut bien que ça serve !) + les présentations des ateliers et masterclasses réalisés par Jean-Claude Dunyach et moi-même dans le cadre des Imaginales, téléchargeables ici. Cela fait déjà pas mal de matériel, qui donnera quantité d’autres pistes pour aller plus loin.

Question livres francophones, la porte d’entrée incontournable me semble être Comment écrire des histoires d’Élisabeth Vonarburg (chroniqué ici). On pourra enchaîner un peu plus tard avec Mes Secrets d’écrivain d’Elisabeth George (chroniqué ici).

Point de vue anglophone, le pendant du Vonarburg me semble être The Art of Fiction de John Gardner (non traduit), chroniqué ici. Le podcast Writing Excuses est un must (parmi les intervenants réguliers, on trouve Brandon Sanderson, devenu un des plus grands noms de la fantasy US).

Et ensuite ? La première règle de Robert Heinlein est : tu dois écrire. Il faut s’y mettre – s’exercer, se faire lire, recueillir des commentaires, apprendre à se relire, et puis recommencer.

Apprendre avec d’autres

On voit apparaître timidement des masters d’« écriture créative » (suscitant la controverse) alors que c’est très accepté outre-Atlantique. Difficile d’en recommander, vu que je ne les connais pas, mais l’apprentissage de la technique dans un cadre universitaire ne me semble pas aberrant.

Beaucoup plus courant en France : les ateliers d’écriture (virtuels, par forum par exemple, ou en personne). Se répartissent grosso modo en deux grandes catégories :

  • Les ateliers « communautaires » – tout le monde est au même niveau ou presque, tout le monde veut s’entraider et progresser. Chaque participant peut proposer des exercices à tour de rôle, et/ou chacun se lit et commente son ressenti sur les textes des autres. Ils peuvent s’apparenter à des cercles de lecture, où l’on lit sa propre production aux autres dans le but d’avoir des premiers retours. Ils sont rarement payants (ou du moins, ils ne dépassent pas la cotisation annuelle à une association).
  • Les ateliers « encadrés » – un responsable d’atelier, parfois quelqu’un du métier, prépare les séances, donne des exercices d’écriture. La lecture est là aussi souvent publique, avec un retour des participants, mais le maître de séance, en principe plus expérimenté, aide à cerner les failles et propose des axes d’amélioration, à la manière d’un travail éditorial. La version la plus poussée de cette formule est la masterclass, où l’on s’approche du cours magistral. Le prix peut être là bien supérieur, et très variable (allant de l’investissement bien placé à l’arnaque pure).

La qualité d’un atelier d’écriture est directement liée à la bonne volonté des participants, et, dans le cas d’un atelier encadré, à celle de son responsable. Un atelier peut constituer une expérience vraiment enrichissante et instructive comme un gâchis de temps et d’argent. Prudence, donc, en particulier si le responsable de votre atelier encadré fait payer ses séances 250 € par personne et qu’il n’a jamais publié que deux livres à compte d’auteur en 1982.

En conclusion

Ce tour d’horizon très sommaire n’a pour vocation que d’aider au tout premier pas ; d’ailleurs, auguste lectorat, n’hésite pas à citer en commentaires tes ressources favorites pour aider les débutants. Le plus important (que je martèle en atelier d’écriture), c’est qu’apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître. Pour savoir :

  • Ce qui a véritablement du sens pour soi à dire, à mettre en scène, pour ne pas oublier le plaisir et découvrir sa propre originalité, son propre discours ;
  • La façon dont on a, soi-même, besoin de travailer pour déverrouiller sa créativité (tous les moyens sont bons – tant qu’ils restent dans le cadre de la loi, hein)

Tout apprentissage doit passer par ces deux filtres, car il n’y a pas de vérité universelle en art. C’est bien pour ça qu’on continue à en faire après plusieurs millénaires.

2018-07-17T16:55:56+02:00lundi 26 janvier 2015|Best Of, Technique d'écriture|53 Commentaires

Le « Vonarburg » – un des meilleurs livres francophones sur l’écriture

Couv. Charles Montpetit

Couv. Charles Montpetit

Depuis le temps que je propose des articles sur la technique d’écriture, il serait quand même temps de parler convenablement dudit « Vonarburg » – Comment écrire des histoires, guide de l’explorateur – un incontournable (et un des rares) sur le sujet qu’on trouve en langue française. Autrefois difficile à commander, il est à présent ressorti dans une édition remaniée et définitive chez Alire ; l’article ici présent a été réalisé sur la version d’origine parue au Griffon d’Argile, mais vu qu’il n’y a, déjà, presque que du bien à en dire, on ne peut que supposer cette nouvelle édition encore supérieure.

Si ce livre est un incontournable, c’est qu’il fait partie des meilleurs en qualité, en accessibilité et en utilité, que ce soit en langue anglaise ou française. Il fournit dans une langue claire, mais sans sacrifier la profondeur, des éléments fondamentaux mais capitaux à la rédaction d’une oeuvre de fiction, mêlant principes généraux et avertissements pratiques quant aux pièges les plus courants. Rarement on trouve aussi bien exprimé le contrat liant l’auteur au lecteur : « mens-moi, mais fais ça bien » est devenu une formule répandue dans les ateliers d’écriture.

L’ouvrage s’organise en trois parties :

Les structures narratives posent des principes fondateurs quant à la narration, rappelant des notions élémentaires mais indispensables comme le point de vue ou l’usage des temps. Il faut remarquer que tout auteur se doit de connaître et de maîtriser parfaitement toutes les notions de ce chapitre jusqu’à ce qu’elles deviennent une seconde nature : il s’agit d’outils de base, mais aussi terriblement puissants quand on les domine. J’avancerais même que manquer à les maîtriser, c’est s’exposer à un refus quasiment assuré de son manuscrit. Très pédagogique et regorgeant d’exemples, le discours est à la fois lumineux et amusant.

L’entracte ou menu ludique est probablement la partie qui servira le moins à l’auteur en quête d’apprentissage. Un éventail de jeux littéraires (on y trouve cadavre exquis, anagrammes, jeux sur les homphones…) vise entre autres à dédramatiser le rapport à l’écrit, à lancer la créativité, à lui faire emprunter des chemins de traverse. On sort ici de la technique narrative pour aborder plutôt le domaine des exercices d’atelier ou de découverte.

Enfin, les problèmes narratifs traitent les obstacles, questionnements ou pièges les plus souvent rencontrés, mais dépassent aussi le simple catalogue pour aborder tout un éventail de principes importants, en particulier dans la présentation de l’univers (une difficulté particulière de l’imaginaire) et la gestion des personnages.

L’annexe propose une plongée rare dans la genèse d’une nouvelle rédigée par l’auteur elle-même : avec le texte achevé, on dispose des notes ayant conduit à sa création, ce qui est un document instructif et précieux.

Si l’on peut arguer que ce Guide de l’explorateur se destine probablement plus au débutant ou à l’auteur faisant ses premières armes, il pourra néanmoins être lu avec profit par tous, quelle que soit son expérience. L’ouvrage explicite en effet de façon claire et poussée un certain nombre de notions, permettant de les dépoussiérer voire de les cadrer (si ce n’est pas encore fait) avec rigueur. La partie sur les problèmes narratifs permet de (re)visiter des obstacles connus (ou qu’on découvrira) avec une nouvelle approche, et d’alimenter la réflexion (ou d’éviter de s’y cogner tête baissée).

La réception d’un livre sur l’écriture est extrêmement variable en fonction de la sensibilité du lecteur et du stade de sa maturation ; il est des rencontres qui se font au bon moment, des ouvrages qui arrivent trop tard, ou bien trop tôt. Mais s’il existe un volume qui s’approche de l’universalité sur le sujet, c’est bien celui-ci, probablement l’équivalent français de John Gardner (The Art of Fiction) – sauf que le Vonarburg, lui, est amusant à lire, en prime. On pourra en lire un extrait ici.

 

 

2018-07-17T16:55:56+02:00lundi 19 janvier 2015|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires
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