Comment un sociologue allemand a publié 70 ouvrages sans jamais avoir l’impression de bosser (Geekriture 03)

Désolé pour le titre à la Buzzfeed, mais ça s’imposait quand même…

Né à Lunebourg en Allemagne, Niklas Luhmann (1927-1998) est fils de brasseur. Dans les années 1960, après des études de droit, il est fonctionnaire au tribunal de sa ville. Il n’est pas spécialement passionné par sa carrière dans l’administration, mais les horaires fixes de son métier lui laissent le loisir de s’adonner à sa vraie passion – lire de la philosophie et de la sociologie.

Sauf qu’après un temps certain à prendre des notes en marge pour le pur plaisir intellectuel, il s’aperçoit d’un problème auquel nous avons toutes et tous été confrontés. Il lit, parvient peut-être à des compréhensions et des illuminations sur le moment, mais il n’en fait rien. C’est quand même dommage… 

➡️ … l’article Geekriture du mois traite ENFIN (depuis le temps que je vous en parle) de la méthode Zettelkasten, à lire sur ActuSF.

2021-03-20T12:29:55+01:00mardi 23 mars 2021|Geekriture|Commentaires fermés sur Comment un sociologue allemand a publié 70 ouvrages sans jamais avoir l’impression de bosser (Geekriture 03)

Geekriture, nouvelle colonne mensuelle sur ActuSF. 01 : De la méthode dans ma créativité ?

Je suis ainsi vissé que d’une part, j’aime faire les choses mieux et avec moins d’effort, d’autre part, pour arriver à les faire, j’ai besoin de les faire mieux et avec moins d’effort, ou bien elles peinent à être faites, ce qui entraîne la spirale infernale dite de la Cavale Après La Deadline. J’ai découvert avec joie et bonheur la mouvance du lifehacking, de la productivité personnelle… 

… et sans m’en rendre compte, à force de pratiquer ça au quotidien depuis des années et de tester tout ce qui passe avec l’obsession qui est la mienne pour me faciliter toujours davantage la vie, j’ai accumulé probablement de quoi écrire un ou deux bouquins entiers rien que sur la productivité des artistes en général et des autrices et auteurs en particulier.

Sauf que

  • C’est un domaine qui évolue extrêmement rapidement parce que les techniques sont de plus en plus liées à l’évolution des outils numériques
  • … personne n’aurait envie d’acheter un manuel de productivité à destination des auteurs. De façon générale, l’organisation personnelle est un domaine de niche, méconnu de façon stupéfiante en France et suscite même une curieuse méfiance, comme j’ai pu m’en apercevoir lors de conférences et en ligne.

Pourtant, il y a tant à y prendre ! Et tant de manières possibles de se faciliter la vie, en n’étant plus asservi à la technologie, mais en la mettant au contraire à notre service. Mine de rien, sans cela, j’aurais certainement été incapable de publier L’Héritage de l’Empire à temps et avec une santé mentale intacte, malgré la pandémie et une blessure à la main qui m’a fait perdre deux mois de boulot. La création se nourrit avant tout de temps et de silence ; parvenir à rassembler les deux a toujours été difficile, et l’est plus encore à notre époque hyperconnectée.

Du coup… il convient de diffuser ces idées de manière beaucoup plus accessible, dans la joie et la décontraction. Enter ActuSF. Et je suis vraiment ravi d’annoncer que j’ai à présent la responsabilité d’une colonne mensuelle sur l’un des sites majeurs de l’imaginaire en France, intitulée Geekriture.

Geekriture, c’est le mariage entre l’écriture littéraire et l’approche expérimentale geek, interrogeant les outils pour parvenir avec plus de plaisir et d’aisance à la réalisation de ses rêves artistiques. Chaque 20e jour du mois, la colonne décortiquera le flux de travail de l’écriture sous l’angle de l’approche pratique et de l’organisation : comment accomplir le meilleur avec l’énergie et l’attention dont on dispose ? Outils qui facilitent la vie, grandes méthodes qui ont fait leurs preuves, nouveaux venus sur la scène de la productivité et de la gestion de la connaissance, ce sera l’occasion d’explorations joyeuses obsédées par un seul but – écrire dans la clarté et la joie –, le tout avec évidemment des blagues pourries et un ton qui pousse gentiment, mais fermement. On va parler Getting Things Done, Zettelkasten, Personal Knowledge Management, motivation, et peut-être même méditation de pleine conscience et manière de gérer ses mails.

Si Comment écrire de la fiction ? synthétise tout ce que j’ai pu apprendre sur l’approche narrative des histoires, Geekriture incarne le versant organisationnel et productivité personnelle du travail de l’auteur. Et comme votre horloge biologique interne ne manque pas de vous informer que nous sommes le vingt et un, c’est qu’il y a déjà un article de publié, n’est-ce pas ? Tout à fait, nous démarrons 2021 avec une interrogation quant à la pertinence de l’organisation personnelle dans la créativité, ainsi qu’une profession de foi :

Geekriture 01 – De la méthode dans ma créativité ?

J’espère que ce nouveau rendez-vous saura être à la fois inspirant et amusant, et que vous aurez plaisir à le suivre. Rendez-vous sur ActuSF – et évidemment, je répercuterai ici la colonne mensuellement. N’hésitez pas, par ailleurs, à faire part de votre avis, des approches et des sujets les plus brûlants que vous voudriez voir traités. J’ai un plan pour l’année à venir, mais tout est adaptable !

2021-02-05T18:08:00+01:00jeudi 21 janvier 2021|Geekriture|4 Commentaires

Se réapproprier sa volonté avec un chronomètre et des trombones

J’ai Deep Work de Cal Newport sur ma table de chevet – ce qui, dans les faits, revient à dire l’étagère de mes toilettes (non, je ne dors pas dans mes toilettes) (sauf quand je reviens d’une soirée difficile avec des libraires bretons) – bref, ça veut juste dire que c’est l’endroit où il est susceptible d’être pris et feuilleté, mais je compte bien le lire pour de vrai et me substantifier la moelle avec. Car :

Je suis entièrement d’accord avec lui quand il parle de l’effet délétère des réseaux notamment dans son TED Talk lié ici. Peut-être suis-je d’autant plus sensible au discours avec la manière dont je suis vissé (dont je reparlerai dans un article à part quand j’aurai rassemblé le courage) mais : les notifications, l’impératif de répondre, de réagir frénétiquement à tout et de ne rien laisser passer fonctionne très mal avec moi, j’en ai parlé de loin en loin. Je ne crois pas être le seul dans ce cas ; la grande crainte de notre époque, c’est de voir les capacités de concentration des gens décroître (et c’est le sujet de Deep Work) (mais je ne l’ai donc pas encore lu) (il faut que je passe une soirée difficile avec des libraires bretons pour dormir dans mes toilettes et le lire, si vous avez suivi). Il y a probablement un fond de vérité là-dedans,sinon Facebook et Twitter ne dépenseraient pas des centaines de milliers de dollars pour nous maintenir captifs de leurs plate-formes.

James Clear, dans Atomic Habits (Un rien peut tout changer en VF, heu ?) a cette phrase simple :

Each habit is a vote towards the person you want to be.

James Clear

Consulter son téléphone « au cas où », « dans l’espoir qu’il se passe quelque chose » est une habitude fermement ancrée jusqu’au défilement obsessionnel-compulsif (ahem) des fils sans fin d’Instagram, Twitter etc. : on appelle ça le doomscrolling, et oui, ça fait du mal au cerveau. Si les habitudes se nourrissent d’elles-mêmes, si chaque habitude est un vote pour la personne que l’on souhaite être, chaque consultation « machinale », sans intentionnalité, est un vote pour une personne qui consulte machinalement ses fils, sans intentionnalité.

Et ça, moi, ça m’emmerde d’être cette personne.

Toute réalisation d’envergure se construit sur des efforts concertés et prolongés, peut-être plus encore dans l’écriture qui se nourrit de silence, de réflexion, de mûrissement et, surtout, de temps (un roman me prend entre 1000 et 2000 heures, selon mes estimations récentes). Quand j’avais vingt ans, je codais en open-space sans problèmes de concentration (avec Iced Earth à fond sur les oreilles). Aujourd’hui, je me sens comme un petit chaton sous ecstasy prêt à suivre n’importe quel jouet qui brille, sauf que c’est un chaton chauve de 90 kg. De rien pour les cauchemars.

J’ai la sensation que dix ans de réseaux m’ont petit à petit grignoté la faculté de concentration. Heureusement – et j’y arrive – il me semble à la portée de tout le monde de se rééduquer avec, comme dit avec ce magnifique titre, un chronomètre et des trombones.

La méthode pomodoro : pour se rééduquer la concentration

Plein d’articles dans ce site fantastique sur la méthode pomodoro, par exemple celui-là sur l’esprit et et celui-là avec des remarques complémentaires sur son application aux métiers créatifs. La méthode pomodoro (25 minutes de boulot, 5 de pause) est souvent dépeinte comme une manière de travailler par « rafales », mais je la vois aussi comme une manière d’encadrer et de décomplexer le temps (nécessaire à la santé) de pause. Surtout, je trouve qu’elle réhabitue le cerveau à rester concentré sur une tâche pendant un temps donné, délimitant les moments où l’esprit peut divaguer et celui où, non, désolé, tu te casses les dents sur la tâche s’il le faut, mais tu ne lâches pas, alors, bosse. (Robert Sheckley Robert Sheckley Robert Sheckley.)

Et si l’on veut se réapproprier sa concentration, on peut (inspiré par certains traitements de rééducation) augmenter la durée des pomodoros d’1% par semaine (ça va, ça fait une minute par mois). L’optique étant de regonfler sa capacité à long terme, comme dans un entraînement physique. (J’expérimente actuellement avec ça, j’en reparlerai si c’est pertinent) (Rendez-vous donc dans trois ans quand je serai à 45 minutes, HA)

Trois trombones et c’est tout

C’est le hack le plus bête du monde, que j’avais piqué à Lifehacker il y a des années. Pour se limiter dans une habitude, mettre trois trombones dans une boîte le matin. À chaque fois que l’on effectue l’action, enlever un trombone. On a donc trois actions par jour maximum. (On peut commencer à cinq si c’est trop dur.) Et le geste, tout simple, donne une matérialité à l’action. On ne peut pas tricher.

Oui, j’ai ça sur mon bureau, et c’est MOCHE.

J’ai récemment repris cette habitude : trois consultation de réseaux / mails par jour maximum. Car il ne s’y passe rien qui soit urgent et qui ne puisse attendre, malgré ce qu’on voudrait vous faire croire. Et surtout, il ne sert à rien de les consulter douze fois par jour ; il faut mieux faire des sessions un peu plus longues, mais productives (effet de grouper les tâches, ou batching).

Eh bien, cela a été fascinant (et un peu inquiétant) de constater combien, les premières semaines, la consultation me démangeait dès le matin avant ma petite séance de mouvements, de méditation, etc. comme un junkie en manque. Et qu’il me fallait un effort de volonté pour me raisonner et me dire que rien de ce qui pouvait s’être passé pendant la nuit ne pouvait attendre trente minutes de plus, quand même ?

Eh bien, aujourd’hui, au bout d’un mois de ce régime, pour la première fois ce soir (à l’heure où j’écris ces électrons), seulement deux trombones ont été enlevés de la boîte. Le troisième ne servira pas. Et je suis d’une parfaite sérénité.

Pour être honnête, tout cela paraît stupide alors que je l’écris, comme un coureur cycliste réapprenant les bases avec un tricycle. Mais le monde moderne lutte tellement pour notre attention et notre concentration qu’il ne me paraît pas absurde de nécessiter une rééducation. Le Slow Web Manifesto militait déjà pour une consommation plus raisonnée, équilibrée, intemporelle et concentrée sur la qualité de nos médias modernes. Et il le faisait… en 2010.

2020-08-04T21:11:05+02:00mardi 28 juillet 2020|Best Of, Lifehacking|6 Commentaires

How to Set up your Desk : pas avec ce livre hélas

Lu How to Set up your Desk de James Christiansen, qui promet de « hacker » son bureau pour améliorer la productivité. Passez votre chemin : que des conseils très génériques et flous qui se limitent à « réfléchissez à votre flux de travail pour vous organiser au mieux ». Ben oui…

2020-04-24T10:08:24+02:00mercredi 29 avril 2020|Brèves, Lifehacking|Commentaires fermés sur How to Set up your Desk : pas avec ce livre hélas

Nous avons besoin d’un cerveau externe (et les outils existent déjà)

En début d’année, auguste lectorat, je t’avais invité à un voyage : celui d’étudier la question de la prise de notes et de la gestion de la connaissance. Et puis bon, life happened, et la volonté de partager des expérimentations tout au long de cette année est un peu tombée à l’eau.

Mais l’avantage d’avoir une main en vrac, c’est d’avoir le temps de réfléchir et de lire et finalement, ma réflexion est allée beaucoup plus vite que mon partage d’icelle. Après l’organisation de la productivité personnelle (la mouvance Getting Things Done), mon but suivant était l’organisation, cette fois, de la connaissance. GTD organise l’action mais reste assez évasif sur le savoir, la réflexion, les idées (tout ce qui est « référence ») – et c’est normal, ce n’est pas le sujet.

Cependant, tout particulièrement dans le domaine des « knowledge workers« , nos « notes » au sens large – c’est-à-dire les informations dont nous avons besoin – représentent une masse à la fois de plus en plus importante et de plus en plus cruciale. Si nous vivons dans une économie du savoir et de l’information, alors capturer, organiser et retrouver ces informations de manière efficace est une compétence cruciale (et peut faire une énorme différence dans le fonctionnement d’une organisation – nous avons tous des exemples de dysfonctionnements en tête, y compris personnels).

En exclusivité mondiale, une IRM de mon cerveau (Photo by Hans-Peter Gauster on Unsplash)

David Allen, dans Getting Things Done, mentionne le terme de « cognition externe » (ou distribuée). Pour simplifier, noter une chose à faire sur une liste (externaliser le processus de souvenance) offre presque le même soulagement que d’avoir fait la chose (dès lors que l’on résout de revenir à cette liste pour la faire vraiment, sinon le cerveau est pas con, il voit l’embrouille). Nous utilisons déjà à peu près tous un système de cognition externe évident et simple… un agenda.

Ordonner cela est d’autant plus important dans le cadre de la gestion du savoir – et ce « savoir » couvre absolument toutes les informations de référence, les « notes » sus-citées, dont l’on peut avoir besoin : du manuel de son four à micro-ondes parce qu’on sait jamais comment régler l’heure à chaque changement de saison bordel, jusqu’à l’immensité des informations, recherches, idées que l’on rassemble pour son Grand Projet de Roman.

Plus je réfléchis à la question pour mon propre usage et plus je pense qu’un système de gestion de savoir personnel – un PKM, pour Personal Knowledge Management, s’organise de manière éminemment individuelle, en fonction des usages que l’on en a. De la même manière que si vous avez une vie compliquée avec des tas de facettes et de casquettes, OmniFocus est votre ami, mais pour la plupart des gens normalement constitués, un bullet journal suffira pour s’organiser, par exemple.

Il semble cependant que, comme les cinq grands axes de GTD, il y ait quelques axes fondamentaux dans l’organisation d’un PKM, et c’est une réflexion en cours, mais voici à quoi j’en arrive. (Je proposerai des sources dans des articles à venir, là, je pose juste des bases appelées à être développées dans les semaines / mois à venir.)

Stockage, découverte et ordonnancement

  • Un PKM nécessite une friction nulle à la capture. Il doit pouvoir absorber des informations de toutes les sources possibles, en particulier venant d’Internet (source majeure d’information aujourd’hui). Il doit pouvoir permettre un classement rapide et sans effort de l’information.
  • Un PKM doit permettre de retrouver aisément l’information cherchée. Beaucoup de personnes décrivent Evernote comme étant « write-only » – c’est-à-dire qu’il est très facile d’y stocker des trucs, mais il est facile d’en faire un trou noir d’où l’on ne ressort jamais rien. Il faut qu’on puisse en sortir aisément ce qu’on y a mis, sinon, quel intérêt ?
  • Un PKM doit faciliter la découverte et la mise en rapport d’informations de façon dynamique. La créativité repose aussi sur les étincelles qui jaillissent quand on fait se rencontrer des choses qui ne se croisent que peu ou jamais (la question en « et si… ? »). Il doit également être possible de rassembler plusieurs informations autour d’un même projet pour le développer.

Substance du PKM

  • L’aspect le plus évident d’une note est son contenu. L’information qu’il y a dedans. Mais c’est la face visible de l’iceberg, car d’autres aspects apparaissent très importants dans l’assimilation de la connaissance et la stimulation de la créativité :
  • La pensée est une activité qui s’écrit. Je parlerai en longs détails amoureux de l’ouvrage How to Take Smart Notes de Sönke Ahrens et du Zettelkästen (teasing, baby), mais dès lors, convenons d’une notion simple : si je veux retenir ou réfléchir à une idée, c’est plus efficace de me forcer à formuler mes idées par écrit pour les ruminer et les évaluer que d’y réfléchir à moitié le nez en l’air entre deux posts Facebook.
  • La valeur est dans les liens autant que dans le contenu. L’esprit est un réseau, la connaissance se met en action autant au-travers d’elle-même que des relations qu’elle établit avec d’autres domaines (c’est spécialement criant dans l’activité artistique et l’écriture romanesque, où il faut des recherches parfois abracadabrantes pour écrire juste un paragraphe ou, encore une fois, mettre en contact des choses précédemment séparées pour en faire émerger du nouveau).

Comment faire tout ça ? N’aie crainte, auguste lectorat, je me suis aventuré une fois de plus avec ma Maglite aux frontières du réel et j’en rapporte des tas d’idées pratiques dont je pourrais, honnêtement, faire un bouquin (et ça viendra peut-être), mais que je vais commencer par exposer et tester auprès de toi. Et j’ai tellement lutté pour y arriver, pendant des années, que ça me fait super plaisir.

2020-04-12T16:05:40+02:00lundi 13 avril 2020|Best Of, Lifehacking|3 Commentaires

Un mot sur la tablette ReMarkable (… et les machines à écrire)

Le travail en mobilité, c’est génial, quand on en a la possibilité : raconter des trucs avec des mots, par exemple, fait partie des professions qui ne sont dorénavant plus liées à un emplacement. Comme, grosso modo, tout ce qui entre dans la catégorie que ta grand-mère appelle « travailler sur un ordinateur ». L’ordinateur a muté, aussi : tablette, même sur smartphone, on peut faire plein de trucs (salut aux community managers).

J’ai très tôt voulu acquérir cette indépendance : pouvoir faire 100% de mes activités (que ce soit en écriture ou production sonore) avec un matériel capable de rentrer au maximum dans un sac à dos d’avion. Soit : ordinateur portable, smartphone, tablette, éventuellement un contrôleur musical, une connexion Internet à l’arrivée. Si ça ne rentre pas là-dedans, il faut trouver un contournement. Et il faut une sacrée bonne raison pour qu’une application ne fonctionne pas tant sous Mac qu’iOS (typiquement, la production sonore – c’est pour ça que Scrivener, je te regarde). Auguste lectorat, si tu es là depuis un moment, tu as certainement senti, tel l’upwelling des côtes chiliennes, cette tendance de fond qui sous-tend tous les articles sur la productivité (ou l’invitation de la semaine dernière à refaire le voyage de la prise de notes) : la liberté de bouger.

N’aie crainte, I have a point. Comme je clame à tue-tête tout le bien que je pense de l’iPad pour la prise de notes manuscrites, une lectrice du blog m’a resignalé la semaine dernière l’existence d’un appareil sur lequel on m’interroge souvent, et dont je me suis dit, à force, que je devrais en dire un mot : la tablette ReMarkable.

Image ReMarkable

La promesse de ReMarkable consiste à proposer un appareil imitant la sensation du papier (utilisant la technologie de l’encre électronique, comme sur les liseuses), avec les avantages du numérique (portabilité, sauvegarde) sans les inconvénients (distractions). Et j’avoue que l’appareil et les vidéos de démonstration sont plutôt sexy, et la promesse est alléchante.

Je serais curieux d’essayer l’engin un jour en démonstration, mais je ne suis pas client de ReMarkable, comme je ne suis pas client des machines à écrire « modernes » qui proposent une expérience dépouillée d’écriture.

J’ai pu tester de nombreuses fois la multiplication des appareils destinés à servir différentes finalités et pour moi, le minimalisme numérique ne consiste pas à avoir des appareils à une seule fonction, mais un minimum d’appareils (comme d’applications, etc.). Moins d’appareils : moins de choses à mettre à jour, à maintenir, à faire communiquer entre elles, à recharger, etc. Moins d’encombrement, aussi, dans le cadre de la mobilité.

Mais quid de la promesse d’une expérience dépouillée, dépourvue de distractions ?

J’ai un point de vue très tranché là-dessus. Si je me laisse distraire par mon appareil, le problème ne vient pas de l’appareil mais de moi. À titre personnel, je trouve plus productif et utile à mon existence de travailler ma volonté et ma concentration de façon générale, de réfléchir aux bonnes manières de la canaliser (ne serait-ce que – étape de base qui me semble indispensable à l’usage de tout appareil numérique – désactiver 99% des notifications). Je préfère avoir un seul appareil surpuissant qui me permette de faire 80% de mes activités et 100% de mon métier d’auteur (un iPad Pro) en mobilité (avec une connexion 4G intégrée au machin) et prendre soin de m’en servir en pleine conscience plutôt que chercher des contournements (et si je travaille sur mon Mac, c’est autant que possible par plaisir ou par préférence de la plate-forme plutôt que par contrainte technique). Je sais très bien ce qui se passera si j’achète une ReMarkable : je jouerai avec deux jours, puis elle rejoindra ma liseuse dans un tiroir (quand je lis en numérique à présent, je lis sur mon téléphone avec le mode Ne pas déranger activé, car mon téléphone est l’engin que j’ai le réflexe de sortir).

Ça n’est évidemment que mon avis aujourd’hui, et si vous avez du plaisir et que vous êtes efficace avec un ReMarkable ou une machine à écrire, more power to you.

2022-04-20T09:16:25+02:00lundi 20 janvier 2020|Lifehacking|Commentaires fermés sur Un mot sur la tablette ReMarkable (… et les machines à écrire)

2020, faire le voyage de la (re)prise de notes ?

Oh, cette application est jolie. Et celle-là fait un truc incroyable ! En vrai, c’est la première la plus puissante, mais je sais pas pourquoi, j’arrive pas à rentrer dedans. Peut-être je pourrais attendre qu’elle s’améliore. Mais cette troisième qui vient de sortir est déjà dispo, elle !

Nyah. Quand on aime la technologie, il y a un motif comportemental classique : l’incapacité à se fixer sur une solution logicielle parce que rien n’est pile ce qu’il faudrait, ce qui se conclut par une dispersion de l’attention (et des données) en mode arrosage de pelouse. Ce qui entraîne l’incapacité de retrouver quoi que ce soit, donc annule tout bénéfice qu’on pourrait retirer de l’usage de ces applications de toute manière. C’est peut-être très marrant d’essayer des nouveaux jouets, mais c’est à peu près l’antithèse de la productivité (on en a même ri ensemble en définissant le trouble d’achat compulsif-réactif de logiciels de gestion de l’information).

Aïe ma tête
(Photo by Hello I’m Nik 🇬🇧 on Unsplash)

Bien sûr, il est nécessaire de choisir soigneusement ses outils pour accomplir la tâche visée (Scrivener, OmniFocus, TextExpander…), ce qui implique une phase de test, mais la phase de test doit connaître un terme. À un moment, il faut tracer une ligne dans le sable ! J’utiliserai ! Un ZX Spectrum !

Je raconte tout ça parce qu’après avoir reconquis à peu près ma productivité grâce à Getting Things Done, au time-blocking, aux outils Apple, à OmniFocus, à Kourosh Dini, il est temps de m’attaquer, après l’action, à l’autre partie d’un système fluide de productivité : la référence. La gestion des informations. Les données. La (gasp) prise de notes.

J’ai déjà des flux de travail autour de ça – Notability avec l’iPad Pro a radicalement changé mon approche et m’a permis, en gros, d’emporter tout mon bureau dans ma tablette – mais la gestion complexe, facile, de toute la masse d’informations que génère une vie contemporaine (sans parler de l’activité d’auteur, qui nécessite de conserver de la documentation sur des sujets invraisemblables comme de capturer au vol les idées les plus idiotes) est un vrai défi auquel personne n’a encore vraiment répondu (malgré les efforts de pionniers comme Evernote).

Or, avoir un lieu auquel on se fie pour capturer et organiser des informations me semble fondamental à la créativité. Il est impossible d’avoir des idées si l’on n’est pas rassuré sur le sort des précédentes. Les idées sont comme une file de fourmis : tant que la première n’est pas sortie (notée, parquée, rangée à un endroit où elle pourra resservir), la suivante ne vient pas. Et le problème, c’est que souvent, les meilleures ne sont pas les premières dans la file d’attente. Il faut déboucher les canaux, ouvrir les vannes, entrer dans le flux.

Bref, auguste lectorat, si cela t’intéresse, je vais essayer un truc un peu nouveau cette année : partager un voyage particulier, celui d’expérimentations et d’organisations nouvelles pour fédérer, enfin, toutes mes notes acquises depuis littéralement des décennies dans un seul et même endroit durable et utilisable (car mon cerveau commence à ne plus suffire à la tâche). Le comparatif des applications de prise de notes réalisé en fin d’année dernière forme un prologue à ce voyage. Je vais sûrement me planter en cours de route et réinventer la roue au passage. Et mon système ne conviendra certainement qu’à moi. Mais ça peut être chouette de partager nos expériences et de prendre des idées les uns des autres.

Bref, je t’invite, en 2020, à un voyage vers la (re)prise de notes.

2020-04-12T15:19:54+02:00jeudi 16 janvier 2020|Lifehacking|Commentaires fermés sur 2020, faire le voyage de la (re)prise de notes ?

Quelle est la meilleure application de notes ? (Spoiler : aucune n’est parfaite)

Photo by Julia Joppien on Unsplash

Knowledge worker! (ça sonne beaucoup comme une harangue d’Arlette Laguiller.) Knowledge workers, knowledge workeuses, ou bien travailleur.ses du savoir, selon la définition popularisée par Getting Things Done, l’application de notes est le cœur, le nœud de notre système de productivité digital numérique (bordel).

À la fois base de données de connaissances, rappel d’informations nécessaires à garder sous la main, petit calepin Moleskine cossu et boîte à idées, l’application de notes, devenue ubiquitaire grâce au smartphone, est la clé de voûte de la gestion de son travail personnel. C’est d’autant plus vrai pour les créatifs, évidemment, et les auteurs en particulier, qui, après tout, gèrent et produisent en premier lieu du texte. Il y a véritablement une avalanche de séminaires / formations / chaînes YouTube vous expliquant en long en large et en travers comment organiser Evernote / Notion / pourquoi en fait vive le minimalisme et SimpleNote ça suffit.

Auguste lectorat, je suis parti dans une quête spirituelle à la recherche de l’application ultime et parfaite. Celle-ci, idéalement, offrirait toutes les fonctionnalités dont on rêve de manière à n’utiliser plus qu’un seul outil, une seule approche, merci beaucoup, prenez mon argent et laissez-moi travailler – mais je peux te l’annoncer tout de suite : elle n’existe pas. Cependant, mon polygone de contraintes est probablement différent du tien, alors histoire que tout ce temps passer à procrastiner rechercher le système de productivité parfait ne soit pas perdu, viens : tel le père Castor, je vais te parler d’applications de référence, et si avec ça tu t’endors pas, ben zut.

Qu’est-ce qu’on cherche au juste ?

Commençons par définir à mon sens ce qui constitue(rait) l’application de notes parfaite.

Réellement ubiquitaire. Soit : fonctionne sur toutes les plate-formes (pour moi : iOS et macOS). Mais aussi : propose les mêmes fonctionnalités sur chacune (ou peu s’en faut) ; et aussi, permet de stocker les données en local sur l’appareil (histoire d’avoir accès à ton billet d’avion dans la zone internationale de Plan-de-Cuques). Et avec une synchronisation au poil, cela va sans dire.

Gère tous les types de données. On peut lui envoyer ce qu’on veut, quelle que soit la taille, quelle que soit la donnée, l’application la reçoit, la digère, la synchronise, et dit merci.

Permet de formater correctement ses notes. « Correctement » est subjectif, mais l’idée est quand même d’avoir quelques styles de texte à se mettre sous la dent pour ne pas réduire chaque note à un mur de texte monotone et déprimant.

Facilite la capture. L’idée d’une application de prise de notes consiste à pouvoir saisir une information au vol : si la capturer est ne serait-ce qu’un peu compliqué, on laissera vite tomber.

Permet d’organiser les données avec simplicité et fluidité. Parce que je veux pouvoir retrouver et comprendre mes notes en 2035.

Respecte la vie privée. Parce que mes notes personnelles, c’est… heu… oui, voilà.

Agréable d’emploi. C’est subjectif, mais c’est important : c’est l’équivalent d’avoir un joli stylo et un carnet sympa. Ça donne envie de s’en servir.

Permet de lier les notes les unes aux autres. Ça a l’air très facultatif mais à mon sens, c’est indispensable. Pouvoir lier les notes ouvre deux possibilités : 1. Réaliser un wiki personnel autour de n’importe quoi, et 2. Référencer les notes depuis l’extérieur (comme depuis son gestionnaire de tâches).

Possède un vrai web clipper. La majorité des informations viennent du Net aujourd’hui. Il me paraît indispensable de pouvoir facilement piocher une information sur une page et la mettre de côté, avec son formatage respecté, dans ses notes pour référence ultérieure.

Automatisable. Prolongement de ce qui précède : une tâche répétitive doit pouvoir être automatisée dans son application de notes. C’est le rôle même d’un ordinateur, à la base.

Le verdict

Attention attention, j’utilise pour la première fois un tableau sur ce site, merci WordPress 5, je décline toute responsabilité en cas de fracture du CSS, mais pour tout compiler, ça sera plus simple. Et je n’entre pas dans les détails, parce que sinon j’en aurais pour quinze pages (… maiiiis si tu le souhaites, auguste lectorat, je pourrais, dans des articles dédiés).

Comment lire ce chose :

On va faire simple, chaque application est évaluée selon quatre emojis (parce que c’est bientôt 2020) :

  • ✅ : oui, très bien, parfait, même mieux que ça, j’en demandais pas tant.
  • ❌ : non, ne le fait pas, ou pas bien, ou prétend le faire mais c’est insuffisant.
  • 🆗 : fait le minimum syndical, n’en demandez pas trop mais c’est là et ça passe, okay.
  • 🤷‍♂️ : désolé, j’ai pas testé jusque là, parce que je suis tombé sur un dealbreaker avant.

Les applications en lice sont :

Evernote (indépendant)
http://evernote.com/
Mac, iOS, Android, Windows, Web, Linux
OneNote (Microsoft)
http://onenote.com/
Mac, iOS, Android, Windows, Web
Bear (indépendant)
https://bear.app
Mac, iOS
Simplenote (indépendant et open source)
https://simplenote.com
Mac, iOS, Android, Windows, Web, Linux
Notes (Apple)
https://support.apple.com/en-us/HT205773
Mac, iOS
DEVONthink (indépendant)
https://www.devontechnologies.com
Mac, iOS
Notion (indépendant)
https://www.notion.so
Mac, iOS, Android, Windows, Web
Roam (indépendant)
https://roamresearch.com
Web
Keep (Google)
https://keep.google.com/
Android, iOS, Web
Parité, ubiquité, offline🆗🆗🆗🆗🆗
Gère tout🆗🆗🆗🆗
Formatage🆗🆗🆗🆗🆗
Capture🆗🆗🤷‍♂️🆗🆗🤷‍♂️
Orga🆗🆗🆗🆗
Vie privée🆗🆗🆗🆗🆗🆗🆗🆗
Agréable🆗🆗🆗🆗🆗
Liens🆗🆗🆗🤷‍♂️
Web clipper🤷‍♂️🆗
Automa-
tisable
🆗🤷‍♂️🤷‍♂️🆗🤷‍♂️🤷‍♂️

Quelques explications sur ce qui précède :

  • De manière générale, un ✅ pour la vie privée signifie que les données sont chiffrées avec une clé personnelle inconnue du service en question (zero knowledge). La plupart de ces applications utilisant leur cloud personnel ou bien ceux de Google ou Apple, les données restent théoriquement lisibles par des tiers. Il est bien possible de chiffrer ponctuellement du texte (Bear, OneNote et Evernote) mais on voudrait voir la capacité de chiffrer des fichiers entiers et/ou des portions entières de l’arborescence. Voire, que tout soit illisible par défaut. Donc, 🆗 signifie l’usage d’un service de cloud classique – avec les mises en garde dont on a maintenant l’habitude aujourd’hui.
  • OneNote obtient un ❌ pour la parité parce que la synchronisation reste lourdingue sur mobile.
  • Bear et Notion prétendent posséder un web clipper mais ils se contentent de récupérer le texte brut et/ou l’adresse du site d’origine. À ce stade, autant copier-coller. Celui de OneNote ne vaut pas beaucoup mieux (il propose en sus… un screenshot du site). Celui d’Appel Notes colle juste un signet. Donc, pour tous : ❌
  • DEVONthink possède bien une application iOS (DEVONthink To Go) mais elle est très limitée par rapport à la version Mac et surtout, il est quasiment impossible d’y formater correctement du texte. La force de DEVONthink est sa capacité à se soustraire au système de fichiers et à employer l’intelligence artificielle pour rapprocher des éléments entre notes ou même, carrément, des documents entiers. On est, pour être honnête, à l’extrême limite de la définition d’une application de notes.
  • Roam est un cas particulier qui mise sur l’hypertexte, et l’application est encore très jeune. Elle est exclusivement web. Mais si vous aimez son paradigme réellement fascinant, vous vous ficherez de toutes ses limitations.
  • Je n’ai pas mentionné Keep It (Mac et iOS) parce que l’application n’a pas arrêté de buguer et planter tout le temps où j’ai voulu m’en servir.

Un choix : Evernote

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs au-feux. La seule qui n’écope pas d’un ❌ quelque part à mon sens reste Evernote. L’application conserve encore une interface d’un autre âge, certaines parts en sont désagréablement lourdes, on voudrait la capacité de mieux chiffrer ses données, mais si l’on cherche un couteau suisse où il demeure possible de coller à peu près toutes ses idées et de les organiser simplement (ce qui est quand même le but à la base), avec en plus le meilleur web clipper du marché, cette application reste le ténor incontesté. Surtout que la nouvelle direction a travaillé dur sur un réel rajeunissement du service dont on devrait voir les fruits d’ici quelques mois. Pour vous (re)familiariser avec le service, passez par exemple par ici. Tout ce que j’aimerais d’Evernote, en 2020, ce serait un réel chiffrement zero knowledge pour y coller tout mon administratif personnel (comme la santé) et un rafraichissement de son API pour une meilleure automatisation, mais en-dehors de ça, moyenne partout, excellente nulle part (sauf pour le web clipper), cette application est comme la vieille 2CV de tatie Plectrude : elle a vécu, elle n’a aucun des gadgets modernes à la mode, mais bon dieu, elle fait le taf qu’on lui demande et elle est indestructible. (La 2CV, pas tatie Plectrude. Quoique.)

Et sinon ?

Vos goûts et vos besoins ne sont pas forcément les miens, alors voici quelques autres recommandations d’applications de qualité (à mon sens) pour des usages légèrement différents. Si vous… 

  • Êtes sous Apple et n’avez pas besoin d’un web clipper : Apple Notes.
  • Êtes sous Apple et cherchez avant tout une belle expérience textuelle : Bear.
  • Cherchez à organiser clairement un grand nombre d’informations (wiki), pour un usage éventuellement collaboratif : Notion.
  • Mettez avant tout l’accent sur la vie privée : DEVONthink (j’avais initialement placé Simplenote, mais on me signale que les notes ne sont pas chiffrées sur les serveurs d’Automattic).
  • Cherchez un outil de réflexion et d’organisation puissant avant tout : Roam.
  • Cherchez un outil de gestion et de classement d’une vraie bibliothèque dématérialisée : DEVONthink.

Et voilà. Pfiou. Comme disait l’autre, je ferais pas ça tous les jours, mais j’espère que ça vous servira.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2024-01-20T01:03:25+01:00jeudi 12 décembre 2019|Lifehacking|6 Commentaires

De l’expansion de texte à la macro de texte

Auguste lectorat, il y a quelques mois, je t’avais proposé de gagner quelques licences de TextExpander via la liste de diffusion. L’accueil autour de cet outil me semble tristement tiède ; mais je comprends, il y a plusieurs années, quand j’ai croisé un logiciel semblable sous Windows, je n’en avais pas vu le plein potentiel. (Pour relire le test d’origine, voir ici.)

Alors que bon :

Je ne sais plus quand j’ai remis le compteur à zéro. Mais bon. Presque 700 000 signes, c’est l’équivalent d’un roman entier
Sauf des Dieux sauvages
Je sais

Si son métier consiste un tant soit peu à rentrer du texte, on se doit, à mon sens, d’avoir un logiciel d’expansion de texte (et TextExpander est pour moi le meilleur de sa catégorie). Et pour aller plus loin, auguste lectorat, laisse-moi te parler d’un truc qui me fait gagner un temps fou : les macros de texte.

Parce que bon, étendre du texte, c’est déjà bien (surtout quand tu as la bonne idée d’intituler un texte « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse », taper juste « fiz », ça aide), mais aller à l’étape suivante : constituer des sortes de véritables mini-programmes autour du texte, c’est encore plus rigolo et efficace.

TextExpander comporte la possibilité de personnaliser ses extraits de texte à la volée. Par exemple…

Un message-type peut être personnalisé avec le nom du destinataire (utile pour décliner des demandes fréquentes autour d’un même sujet, ou pour personnaliser un message d’information qui n’appelle pas nécessairement de réponse).

Une tâche à effectuer peut être personnalisée en fonction du contexte. Par exemple, je me refuse catégoriquement à utiliser Facebook comme un système de messagerie instantanée mais toujours comme un courriel (et encore, franchement, le moins possible), du coup, une macro toute bête que j’utilise fréquemment pour stockage dans ma liste de tâches (OmniFocus) est :

(… mais s’il vous plaît, ne m’écrivez pas sur Facebook Messenger autant que possible, du moins pas si vous voulez une réponse avant l’an prochain. Je suis déjà mauvais à suivre ma correspondance, alors avec Facebook que je désapprouve fermement…)

Mais même, de véritables articles entiers peuvent être paramétrés à la volée avec le contenu du presse-papiers sur la base d’un modèle. Je m’en sers tous les quinze jours pour annoncer les épisodes de Procrastination, par exemple1, puisque c’est à chaque fois la même annonce, la seule chose qui change est le contenu de l’émission :

J’ai pas envie de taper tout ça à chaque fois (avec en plus le formatage qui va bien).

Plus fort encore, une de mes fonctions favorites, TextExpander permet également d’insérer automatiquement date et heure dans un extrait, et de réaliser des opérations mathématiques dessus. Dans les faits, cela signifie par exemple :

… que je peux me laisser une note future pour me rappeler à qui j’ai demandé quelque chose et quand, pour savoir à qui m’adresser, le cas échéant, pour suivre un dossier. (On remarquera que TextExpander me propose même de replacer mon curseur où je veux pour continuer à taper sans m’interrompre) :

… que je peux me rappeler de faire quelque chose, ou de relancer quelqu’un sans réponse, par exemple d’ici dix jours (un délai standard qui me paraît civilisé quand on n’est pas soi-même un foudre de la correspondance) :

Je l’ai dit plus haut, il me paraît impensable d’avoir une activité textuelle (avec un T, bande de dégueulasses) sans logiciel d’expansion de texte. Les écrivains en bénéficient forcément mais là où, finalement, TextExpander accélère le plus mon travail, c’est dans les tâches annexes : correspondance, commercialisation, communication. J’ai un extrait pour les titres et les liens sur le site de tous mes bouquins ; pour le numéro de ma carte week-end, pour ma date de naissance – des informations fréquemment demandées pour le défraiement des déplacements en festival –, pour mon numéro de téléphone, pour les formules de politesse administratives type « Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes salutations distinguées » (ça va plus vite de taper « saldis » et la CAF ne le saura jamais), et j’en passe.

Je recommande vraiment d’essayer de se mettre la tête dedans et de rentrer un certain nombre d’extraits. Pour ma part, je ne peux plus utiliser une application iOS qui n’a pas d’intégration à TextExpander, et un Mac qui n’a pas mes raccourcis installés me semble cassé. (Mais l’application existe aussi sous Windows.) Si vous me croyez pour Scrivener, croyez-moi pour TextExpander.

Découvrir TextExpander et ouvrir un compte d’essai

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! (Et oui, ça aussi, c’est un message-type qui figure dans mon TextExpander.)

  1. Pour info, rien que dans cette phrase, j’ai déjà utilisé trois extraits – « prc » donne Procrastination, « p.ex » donne « par exemple » et j’insère le lien de la page de l’émission via le raccourci personnel « lprcsite »
2019-11-25T18:36:09+01:00mardi 26 novembre 2019|Best Of, Lifehacking|Commentaires fermés sur De l’expansion de texte à la macro de texte

Mise à jour majeure du seul autre manuel de productivité nécessaire après GTD

Il y a deux, je n’hésitais carrément pas à me jeter les pieds dans l’eau du bain en qualifiant Creating Flow with OmniFocus, de Kourosh Dini, comme « le seul autre manuel de productivité nécessaire après Getting Things Done« . Cet épais volume de 1000 pages, abondamment fourni en captures d’écran, transformait les conseils parfois peu orientés sur la pratique de l’opus de David Allen en les appliquant à OmniFocus (le Photoshop de la productivité personnelle). Bien plus qu’une prise en main détaillée de l’application, non seulement Creating Flow jetait les bases d’un véritable système opérant de productivité fondé sur OmniFocus, mais Dini, psychiatre, couplait ses propositions à sa connaissance de l’esprit humain pour expliquer en quoi cela fonctionne, les pièges à éviter, et à des techniques pour déjouer l’anxiété et la procrastination liées aux tâches complexes.

Entre temps, OmniFocus a évolué vers une nouvelle version majeure (3), apportant une foule de nouveautés comme des tags multiples remplaçant les contextes (enfin !), des outils de création de perspective incroyablement raffinés, une version pour le web, et j’en passe.

Dini a donc sorti une troisième édition de son manuel, adaptée à OmniFocus 3 et développée sur la base de sa pratique et des commentaires reçus autour des éditions précédentes. Et cette édition 3, fichtre, vaut très, très amplement la dépense.

Il ne s’agit pas d’une simple version étoffée et remise au goût du jour avec les nouveautés d’OmniFocus : c’est carrément une refonte en profondeur, un nouveau livre repensé de bas en haut, conservant les forces de l’édition précédente, c’est-à-dire une prise en main douce de cette application extrêmement complexe à travers des cas précis, mais qui fait apparaître de manière sous-jacente une véritable méthodologie de productivité personnelle allant du plus simple vers le plus détaillé. (Ci-contre, un certain nombre de perspectives en cours de reconstruction dans mon propre système, fondées sur les propositions du livre.)

Je regrettais un peu dans l’édition précédente que certaines techniques, destinées aux vies les plus complexes aux rôles les plus divers (comme l’idée d’un projet de haut niveau, « Land & Sea », servant de plate-forme de lancement vers des espaces de travail dédiés à certaines activités) ne soient pas plus développées (je me sentais un brin concerné). Dini a précisément répondu à ces commentaires en détaillant pas à pas un panorama de techniques entièrement fonctionnelles permettant :

  • De réduire chaque jour la charge de travail à une liste de taille humaine,
  • Capable de prendre en compte les projets de toute complexité (allant de « faire une lessive » à « progresser sur mon super roman »),
  • Sans rien perdre au passage.

Rien qu’en commençant à installer une poignée de ses idées, j’ai eu la sensation de déblayer des mois de vase accumulée dans les canaux de productivité de mon système et à sentir l’énergie couler à nouveau. Ces propositions étaient déjà présentes dans la v2 du livre ; mais ici, Dini y a accordé un soin presque maniaque pour s’assurer que déjà, l’on pouvait prendre et laisser des parties de ses propositions en fonction de la complexité requise, et surtout, que c’était parfaitement clair en pratique, sans oublier d’y apporter les raffinements acquis au fil des ans.

C’est clairement l’énorme bénéfice de cette mise à jour (qui démontre aussi, au passage, pourquoi OmniFocus reste inégalé malgré les sirènes des concurrents qui se prétendent tout aussi puissants – je vous regarde, Things et Todoist). Bien sûr, OmniFocus présente toujours la même exigence : une vie complexe et multiple nécessite une réflexion poussée sur la manière dont on veut la gérer sainement, et l’application ne fait que renvoyer l’utilisateur à ce besoin (au lieu de le leurrer dans un faux sentiment de clarté, comme les concurrents). Creating Flow with OmniFocus établit une passerelle tant dans les usages que dans la réflexion jusqu’à transformer l’application en véritable centre de contrôle personnel adapté à chacun.

J’ai trouvé un usage dorénavant indispensable à ma montre connectée : OmniFocus me tient compagnie tout au long d’une journée de travail, me rappelant gentiment au programme que j’ai décidé. (Si vous vous demandez ce qu’est un McKenzie, c’est un exercice pour le dos.)

On y retrouve évidemment, développés là aussi, les réflexions du psychiatre sur le flow, les causes du stress et de la procrastination, l’intérêt de la régularité et de la routine pour des projets de long terme, et comment GTD et OmniFocus aident à installer davantage de sérénité. En bon psy, Dini ne vous prend pas par la main, mais pointe précisément où sont les questions difficiles à se poser, et vous place devant vos responsabilités en mettant ces outils formidables à votre portée. À vous de voir, ensuite, ce que vous comptez en faire.

Bref, Creating Flow with OmniFocus maintient sans mal dans mon esprit son titre de meilleur manuel de productivité après GTD, et je remercie encore son auteur de l’avoir écrit : depuis que je l’ai fini, il y a seulement deux semaines, les subtils déblocages causés par sa lecture m’ont rendu déjà plus serein… et surtout plus créatif. Ce qui reste toujours, au bout du compte, ce que je demande à ces techniques : qu’elles gèrent à la place de mon cerveau ce dont il n’a pas besoin de se souvenir, afin de me laisser un maximum de bande passante mentale pour créer des trucs.

Creating Flow with OmniFocus est disponible directement auprès de son auteur ici.

(Full disclosure : Je suis un des affiliés de Dini, et j’en suis fier – c’est après avoir lu la qualité de son travail que je lui en ai fait la demande. De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil, ou l’un des autres présentés sur ce site, vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci !)

2019-11-15T00:05:56+01:00mardi 19 novembre 2019|Best Of, Lifehacking|2 Commentaires
Aller en haut