Windows ne nous écouterait-il pas un peu trop ?

Quand Windows 10 est sorti, c’était un peu la panique à bord, sur la quantité d’informations que le système fait remonter à Microsoft quant aux habitudes de l’utilisateur. Et les options de confidentialité sont assez intimidantes par leur nombre et leur complexité. La crainte s’est un peu tue, en partie par résignation, en partie pour bénéficier des « services » que propose l’engin. Et puis, théoriquement, on peut tout bloquer.

En conséquence, quelle ne fut pas ma surprise en installant OverSight, un utilitaire Mac libre qui affiche une notification quand une application veut accéder au micro ou à la caméra (pour surveiller de potentiels accès non autorisés). Je fais tourner une machine virtuelle Windows 10 avec Parallels dans mon Mac, afin d’accéder à quelques applications indisponibles chez Apple (principalement des dictionnaires), en vertu de ma migration plus tôt cette année.

Or, micro désactivé, Cortana désactivée, OverSight persiste à me signaler que, dès que Windows tourne, mon micro reste ouvert :

oversight-windows

Pardon ? Pourquoi ? Comment ? Tu enregistres quoi ? Tu en fais quoi ?

Aucune idée de la raison pour laquelle cela se produit, aussi, dans le doute, m’est avis que ma machine virtuelle va bien vite perdre tout accès à Internet. Pendant ce temps-là, chez Apple, on rappelle l’adage : « si c’est gratuit, c’est vous le produit », une raison de plus qui me conforte dans mon choix.

2016-10-21T16:46:39+02:00mardi 25 octobre 2016|Journal|10 Commentaires

Apple, six mois plus tard

goinfre_for_a__productive_day_of__writing___brainstorming_for_the_new_series-__amwriting__fantasyOu presque. En avril, je faisais un coming-out entamé secrètement un peu plus tôt, après vingt-cinq ans de travail et d’optimisation sous Windows allant jusqu’à l’adoption de la tablette Surface : je retournais chez Apple. Après avoir mis le petit doigt dans l’engrenage, j’ai recyclé tout mon vieux matériel informatique, téléphones etc. et suis passé entièrement sous Mac et iOS (iPhone, iPad). C’est une discussion qui apparaît parfois au détour d’un salon, donc, six mois plus tard : que donne la transition ?

Je ne reviendrais pour rien au monde en arrière. 

J’ai encore un unique PC Windows à la maison (une machine de jeu vieillissante) et la prendre en main me provoque à chaque fois des bouffées d’hostilité. Cette interface atroce, mal pensée, hideuse, qui plante une fois par semaine sans raison, me paraît sortir tout droit des années 80. Sérieusement : j’éprouve le même fossé entre Windows 10 et mon Mac qu’entre Windows et le DOS.

Pourquoi, me diras-tu, auguste lectorat ? Après tout, les Mac c’est cher, après tout, Apple fait une marge de dingue, après tout, Apple c’est verrouillé. Je le sais, j’ai tenu moi-même ces arguments.

Eh bien, c’est peut-être idiot, mais travailler sur un Mac est à la fois productif et extrêmement agréable. C’est bien simple : en prenant en main mon iMac, je me suis aperçu que je pouvais prendre un plaisir sincère à travailler sur un outil informatique, quand je me « contentais » de travailler depuis vingt-cinq ans sous Windows. Et mine de rien, la plupart d’entre nous passent à présent 80% de leur temps de travail devant des écrans (encore plus vrai pour les indépendants) : ce facteur n’est clairement pas à négliger. Les écrans Retina (tout en n’étant qu’une appellation commerciale, je sais) sont d’une précision ahurissante qui donne aux caractères une réelle finesse et une lisibilité incomparable. Même l’Arial est beau avec, c’est dire. (Après, c’est peut-être le cas sur tous les écrans haute résolution, mais je n’ai pas eu la même expérience sur la Surface Pro par rapport à l’iPad, par exemple.)

https://www.instagram.com/p/BLIlxeMB6jp/

Mais surtout, comme le dit l’adage, sans maîtrise, la puissance n’est rien. Que m’importe une machine prodigieusement puissante si le système d’exploitation rame à s’en servir et s’il faut un refroidissement de centrale nucléaire pour le faire tourner sans risque ? J’ai un Macbook Air tout pourri (vraiment, 4 Go de RAM, c’est la misère de nos jours) qui fait pourtant tourner sans sourciller une machine virtuelle Windows avec des dictionnaires à côté des applications Mac habituelles. Mon iMac rigole quand je lance Ableton Live avec synthés virtuels lourds et instances multiples de Kontakt.

La seule fois où j’ai réussi à approcher du plantage, c’est quand j’ai voulu mettre la machine en veille alors qu’il ne restait plus de place sur le disque système. Quand Windows aurait gelé voir craché un écran bleu, le Mac a figé les applications, mais m’a conservé parfaitement la main sur le système, me laissant libre de quitter de force ce que je souhaitais, et de redémarrer proprement. Ma machine virtuelle Windows se met à jour à chaque démarrage ou presque. Le Mac, jamais, et, le cas échéant, il me demande poliment mon avis, sans jamais rien m’imposer.

Je reste pantois de jour en jour devant la quantité d’optimisations et de raccourcis qu’on mettre en place sous un Mac. On reproche à Apple ses systèmes fermés, mais, dans la pratique, c’est tout le contraire. MacOS et iOS se scriptent aujourd’hui avec une profondeur et une puissance que je n’imaginais possible que sous Linux (et avec une bonne maîtrise de la ligne de commande1). J’ai personnalisé mes outils d’une façon que je n’imaginais même pas possible de nos jours. D’un ensemble de raccourcis clavier, je lance en une fraction de seconde des opérations qui m’auraient nécessité une dizaine de clics de souris sous Windows ; et bien d’autres choses se font toutes seules, juste parce que j’ai pris le temps de les configurer (et de me renseigner, aussi).

Hazel surveille mes dossiers et automatise tout un tas d’actions répétitives. Par exemple : je reçois un justificatif SNCF à me faire rembourser. Il me suffit de le télécharger : Hazel entre alors dans le fichier PDF, reconnaît le trajet et la somme, me lance l’impression et me renomme ensuite le fichier classé dans un dossier à date. Sans intervention de ma part. 

Alfred lance mes applications, recherches Google, sert de calculette, va fouiller mes sites web favoris (dictionnaires en ligne, etc.), conserve l’historique de mon presse-papiers et effectue même mes opérations système (mise en veille, etc.) sans que j’aie besoin de toucher la souris.

Deux minutes passées à construire la requête pour une opération que j'effectue 50 fois par jour.

Deux minutes passées à construire la requête pour une opération que j’effectue 50 fois par jour. (Pas précisément sur ce mot-là, hein.)

BetterTouchTool me permet de programmer sur ma souris des dizaines de gestes tactiles qui en rendent l’utilisation plus rapide que jamais.

Keyboard Maestro automatise tout et même le reste : si on peut interagir avec le système, Keyboard Maestro s’en souvient et le refait à la place de l’utilisateur.

TextExpander (Mac, iOS) a augmenté de moitié ma vitesse de frappe et éliminé les casse-têtes relatifs aux liens, messages, noms qu’il me faut taper régulièrement (à commencer par mes propres titres, et quand on a eu la bonne idée d’intituler une nouvelle « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse », je vous jure que ce n’est pas du luxe).

Omnifocus (Mac, iOS) est la Rolls des applications de productivité, avec laquelle personne ne peut rivaliser. C’est la solution GTD ultime (et je les ai à peu près toutes testées).

Airmail (Mac, iOS) (en conjonction avec Omnifocus) m’a permis, pour la première fois de ma vie, d’être durablement à jour sur ma correspondance.

Scrivener a été conçu sous Mac et comporte des dizaines de raffinements sous cette plate-forme.

DEVONthink a éjecté bien fort Evernote et OneNote et leurs modèles commerciaux douteux.

Autant d’applications qui sont devenues littéralement indispensables à mon travail aujourd’hui, et qui ont surtout augmenté de moitié ma productivité globale en retirant simplement les petites frictions que Microsoft nous a éduqués, depuis Windows 95, à considérer comme normales au quotidien. Je pourrais encore parler du clavier Mac dix fois plus rationnel concernant les caractères spéciaux comme les majuscules accentuées, de la continuité entre appareils, Mac / iPad / iPhone, et de leur synchronisation, de la tranquillité d’esprit que m’offre Time Machine (finies les réinstallations du système et les personnalisations perdues), de l’ubiquité de Photos…

Alors oui, c’est cher. Oui, Apple fait de la marge, mais peut-on discuter de la correction des pratiques commerciales un instant ? Entre une entreprise qui me force la main pour adopter ses changements (Windows 10 qui s’installe presque de lui-même, par exemple), qui surveille mes données sur son cloud, qui s’en sert pour construire un profil commercial et me placer des publicités – Microsoft – et une autre qui réaffirme régulièrement son attachement à la vie privée de ses utilisateurs au point d’en faire un argument de vente2, et qui se concentre sur l’expérience utilisateur au lieu de son profilage – Apple – mon choix est fait. Il faut bien que l’argent vienne de quelque part : l’adage moderne dit « si c’est gratuit, c’est vous le produit« . Avec Apple, je sais ce que je paie : la recherche et développement, l’expérience utilisateur, la tranquillité d’esprit, la productivité, la vie privée (et, okay, le cours d’action de l’entreprise, mais coucou, c’est le monde dans lequel nous vivons – croyez-vous que Microsoft vous offre Windows 10 par bonté d’âme ?).

L’équation est simple, je suis prêt à payer 30% de plus pour 50% de productivité en plus et 100% de crises de nerfs en moins.

On peut, aussi et bien sûr, vivre totalement dans le monde libre avec Linux, LibreOffice etc. Mais le monde du libre conserve, quoi qu’on en dise, quantité de ces petites aspérités qui impliquent de vouloir / savoir mettre les mains dans cambouis. Pour ma part, je préfère mettre les mains dans le cambouis pour automatiser des tâches supplémentaires, que pour obtenir de la machine qu’elle fasse la base que je lui demande : fonctionner vite et proprement avec les applications nécessaires à mon travail (et la MAO sérieuse sous Linux, on oublie).

Je l’ai dit et je l’affirme plus fermement encore après six mois : travailler vingt-cinq ans sous Windows a probablement représenté pour moi une perte sèche de temps. J’ai lancé la boîte à outils de l’écrivain alors que j’étais sous mon ancien système et, pour cette raison, quelques applications sont encore multi plate-formes, mais je t’annonce, auguste lectorat, que je suis navré : ayant pris l’engagement de ne recommander que des outils que j’utilise au quotidien, les applications risquent de dévier fortement vers les sphères Mac et iOS.

Mais si tu travailles en indépendant, sérieusement, arrête de te tirer une balle dans le pied comme je l’ai fait pendant vingt-cinq ans. Mets tes préjugés de côté. Tente réellement et honnêtement, et fais l’effort d’apprendre comment cela fonctionne de l’autre côté de la barrière. Tu vas voir que tu peux travailler comme tu ne l’as jamais fait. Et c’est un anti-Apple de longue date qui te dit ça. Come to the d… erm, to the brushed aluminium side.

  1. Sachant que macOS est un Unix à la base, ceci explique quand même cela.
  2. Apple a d’ailleurs annoncé le démantèlement de sa régie publicitaire, iAd
2016-10-04T15:35:44+02:00jeudi 6 octobre 2016|Humeurs aqueuses|14 Commentaires

OneNote sur la sellette

mistakesdemotivatorOneNote fait partie pour l’instant de la boîte à outils de l’écrivain, aux côtés d’Evernote et Scrivener, correspondant chacun à une phase du travail de création et d’écriture. Cependant, en passant sous Mac, je me suis aperçu d’un travers fortement désagréable de la part de Microsoft : OneNote Mac ne propose pas de sauvegarder des bloc-notes en local, uniquement sur le service de nuage OneDrive.

C’est déjà agaçant en soi, mais cela pose aussi un réel problème d’éthique et d’usage, car Microsoft spécifie bien que ses robots parcourent le contenu stocké sur OneDrive en quête d’une violation de leurs conditions d’utilisation. Ce qui ouvre bien entendu la porte à toutes sortes d’abus et d’erreurs (exemple). Alors OK, pour un compte d’écriture, on n’est pas forcé de stocker des photos de nus (ou davantage…) mais rappelez-vous l’hypersensibilité actuelle à certains sujets, comme la guerre et le terrorisme (pour mémoire, mon éditorial tout à fait bénin sur l’usage du motif de la guerre en littérature avait été banni par Facebook sans raison valable et sans appel possible).

Imaginez que vous travailliez pour votre roman de fantasy ou de science-fiction sur des sujets tendus, justement, comme le terrorisme. Les robots de Microsoft sauront-ils faire la différence ? Surtout dans le cas d’une anticipation de court terme, mettons dans la veine d’Oussama, de Norman Spinrad ? Je ne prendrais pas le risque. Microsoft promet qu’un être humain évalue la nature des données sensibles, mais ai-je vraiment envie qu’un humain vienne fourrer le nez dans mes données dès qu’un truc ne semble pas revenir à des robots ?

Je commence à considérer qu’il n’est plus possible d’utiliser OneNote, aussi puissant et intéressant que soit l’outil. Pour les utilisateurs Apple, en tout cas, cela me semble hors de question (d’autant plus qu’accéder à OneNote sur un terminal mobile est un cauchemar d’absurdité dans la gestion de la synchronisation). Il reste pour l’instant dans la boîte à outils de l’écrivain parce que je n’ai rien de mieux à proposer, mais je recherche d’autres outils. Et j’en ai trouvé quatre sous Mac :

  • Curio, mon favori pour l’instant, sorte de OneNote davantage orienté sur le visuel et la cartographie mentale, bourré de bonnes idées ;
  • Outline clone littéralement OneNote et permet de sortir ses données (mais je l’ai trouvé un peu instable) ;
  • DevonTHINK, sorte d’Evernote sous stéroïdes, très prisé dans les milieux universitaires mais difficile d’accès ;
  • Tinderbox, un OneNote beaucoup plus austère mais aussi plus puissant sur la gestion de l’information, mais à conseiller surtout à ceux qui aiment programmer leurs outils.

Qu’en penses-tu, auguste lectorat ? As-tu d’autres propositions de ton côté ?

2016-06-06T12:07:26+02:00mardi 7 juin 2016|Technique d'écriture|6 Commentaires

Je passe à l’ennemi (l’Apple de Cthulhu)

Okay__yeah__well__you_can_laugh_at_me.__ipadpro__apple__conversion__changeBon, voici un petit coming out (caveat : post à haute teneur personnelle, passez votre chemin si ma vie ne vous semble pas trépidante – vous avez tort – je trépide beaucoup – à vous de voir) : je me suis trompé.

Ou alors, je vieillis. Bientôt, je me mettrai des écarteurs dans les oreilles, je ressortirai mes chemises de bûcheron (j’en portais dans les années 90 before it was cool), j’irai chez Starbuck et…

Non, en fait, c’est surtout que la technologie a évolué conformément à mes attentes et a atteint la maturité que je commençais à désespérer de lui voir atteindre.

Plus, Windows 10 me rend dépressif.

Auguste lectorat, tu m’as entendu le dire, je me moquais plus ou moins gentiment d’Apple et de son design Gucci, de ses machines hors de prix, de son interface mignonnette, de son manque d’extensibilité, du culte absurde que la marque génère, de son écosystème fermé, de son manque relatif d’innovation… Je me fondais pour cela sur un iPad 4 que j’ai conservé quatre semaines avant de criser sur l’incapacité de faire quoi que ce soit de vaguement productif (du genre partager une page web de Chrome à un service du type Buffer), et de le revendre illico. Et puis les années ont passé.

J’ai une exigence bien particulière : je suis souvent en déplacement et je ne réfléchis bien qu’avec un stylo en main. L’écriture génère une quantité considérable de notes (surtout pour l’écriture d’une trilogie – Léviathan représente une chemise à sangles entière rien qu’en réflexions papier) – et il est hors de question de me trimballer tout ça en voyage. Du coup, je recherche depuis plusieurs années une solution de rédaction numérique idéale qui me permette de transporter et d’ordonner mes idées manuscrites dans le poids d’un seul appareil.

J’ai essayé les Galaxy Note grand format chez Samsung. Moyennant un stylet de meilleure qualité acheté directement chez Wacom, c’était pas mal.

J’ai placé beaucoup d’espoir dans la Surface Pro. Sur le papier, une machine géniale. Dans les faits, une qualité d’écriture dégueulasse (et une chauffe inconfortable). Un super PC miniaturisé, mais : inutilisable pour cette exigence précise.

En désespoir de cause, « foutu pour foutu », j’ai essayé l’iPad Pro et son stylet.

Ça défonce tout. Je suis tombé amoureux. J’ai revendu tout le reste. (Je proposerai probablement un petit test plus détaillé sur le sujet des tablettes, d’ailleurs : ayant à peu près tout eu et tout revendu, je crois pouvoir faire autorité.)

J’ai redécouvert iOS et, moi qui ne jurais que par Android, j’ai trouvé, avec le passage des ans, que tous les obstacles techniques que je déplorais sur l’iPad 4 ont été levés. Les applications communiquent entre elles. On peut réellement contrôler sa machine en profondeur. Le système respecte l’utilisateur (par exemple en demandant l’autorisation de poster des notifications au lieu de les ajouter d’office comme sous Android). Des dizaines d’applications uniques, d’astuces et de hacks donnent à l’ensemble une puissance proprement hallucinante (avec des bijoux tels que Workflow, Dispatch, évidemment Omnifocus et j’en passe). J’ai pu constater, à présent, que la promesse d’Apple (« c’est fait pour bosser, c’est bien conçu, et ça marche ») était remplie au-delà de mes espérances.

J’ai ensuite testé un tout petit Macbook Air, et là aussi, l’expérience a dépassé mes espérances. J’ai jeté au visage du système tout ce que j’ai pu : émulation de machine virtuelle Windows, grosses applications gourmandes, navigateur avec une pelletée d’onglets (en mode : « vas-y, crashe, montre-moi que t’es pourri »), mais l’engin – s’il a ralenti, ce qui est normal – n’a pas planté. D’expérience, je sais que la Surface Pro 3 – pourtant plus puissante – m’aurait claqué dans les doigts avec deux fois moins – pas d’écran bleu, mais un système devenu moisi et nécessitant un redémarrage. Les outils système d’optimisation pour power users sous OS X (Alfred, TextExpander, Hazel, Keyboard Maestro… voir cet article) ridiculisent littéralement les tentatives mal foutues d’émuler le même genre de fonctionnalités sous Windows.

Je me rends compte d’à quel point l’expérience Windows, bien qu’ayant progressé d’année en année, manque de cohérence, de direction, de finition. Passer sous Win10 a nécessité de réinstaller tous mes logiciels musicaux. Depuis quelques mois, ma machine de travail refuse de s’allumer si le clavier USB est branché (WTF ?). L’interface Modern UI avec ses lignes droites, ses angles carrés et ses icônes ultra-simplifiées nous ramènent à une époque où le monochrome n’était pas un choix, comme si trente ans de réflexion sur le langage des interfaces graphiques s’était évanoui, comme si, quelque part chez Microsoft, on avait oublié que l’être humain aime la couleur, les courbes, la douceur. (C’est réellement une doctrine de design : lisez cet article de Steve Clayton exposant les principes actuels gouvernant les interfaces chez Microsoft, les bras m’en tombent – ils ne voient pas combien c’est moche ? Ne fait pas du Bauhaus qui veut…) Sérieusement, auguste lectorat, je déprime de bosser sur un truc pareil à longueur de journée, à tel point qu’installer WindowBlinds est devenu une nécessité vitale, ou bien je me pendais.

La tristitude.

La tristitude.

Oui, Windows marche. Oui, Win10 marche mieux que pas mal de ses ancêtres (avec la possible exception de Seven, certainement la meilleure incarnation). Mais je m’aperçois à quel point un Mac, ça marche tellement mieux. À quel point tout est concentré pour l’usage et l’amélioration desdits usages (même remarque pour iOS), quand Windows et Android fournissent le minimum et à chacun de construire sa solution dessus. C’est la rançon de l’ouverture, bien sûr ; Apple ferme ses systèmes à mort et il est difficile de sortir des sentiers battus, d’où l’impératif d’un système bien développé comme fondation (et ma crise sur l’iPad 4).

Mais en somme, avec les produits Windows et Google, je me bats pour que ça marche exactement comme je voudrais, et je me sens intelligent quand j’ai réussi à faire que tout fonctionne comme je le veux. Mais chez Apple, je découvre que ça fait déjà ce que je veux et que, si je suis malin, je peux faire encore mieux. Je pars de plus haut. Le temps passé à traficoter entraîne une optimisation, pas une pure maintenance pour s’assurer que ça ne va pas me claquer dans les doigts. C’est la promesse d’Apple, et, à ce que j’en vois, l’entreprise la tient d’une façon qui, aujourd’hui, me comble.

Je n’ai plus quinze ans, quand je passais le plus clair de mon temps à jouer à X-Wing sur mon 486. (Je voulais jouer, il fallait un PC ; j’étais sous Mac, avant… un vieux LC avec – luxe ! – 80 Mo de disque dur, sous Système 7 – j’ai évidemment pris une claque en mettant mes doigts sur El Capitan aujourd’hui, tout en retrouvant curieusement mes marques…). Aujourd’hui et depuis des années, j’ai une machine pour jouer, une machine pour travailler, et la machine de travail doit me permettre de produire vite, bien, efficacement et sans erreur. J’accepte de bidouiller une machine de jeu pour l’optimiser. Pas une machine de travail. Tout temps passé à optimiser / réparer / débugger une machine de travail est du temps perdu. Je suis prêt à payer plus cher pour m’éviter cela, parce qu’au final, je m’y retrouve sur l’investissement. 

Et puis oui, après tout, nous passons le plus clair de notre temps sur nos appareils, ordinateurs, téléphones, tablettes. Le design est important, car il dicte en partie l’usage, et donc la fonction de l’objet. S’il y a des gens qui veulent des paillettes sur leur iPhone, chacun son truc – pour ma part, je me satisfais seulement des proportions d’écran de l’iPad, qui sont, à l’usage, parfaites pour un usage professionnel, et c’est ce que je demande.

Donc, je me suis trompé. C’était prévisible, quand on voit le nombre de pros, dans le domaine de l’écriture et de la musique, qui tournent sous Mac ; mais que serait l’informatique sans une bonne petite guéguerre Amiga / Atari ? Même si Windows, je le répète, reste très fonctionnel – mais j’en ai marre du purement fonctionnel ; j’ai envie d’avoir envie. J’aime l’informatique et je passe ma vie dessus pour le boulot ; le confort et l’optimisation sont des exigences non négligeables. J’en ai marre de me faire le malin à économiser 400 euros sur un nouvel ordinateur pour me retrouver à le dépanner 15 minutes par semaine et à me stresser à me demander s’il va retomber en marche. Je suis entré dans un Apple Store avec la timidité d’un adolescent rentrant dans un sex shop, en me demandant si ce serait sale et si mes parents risquaient de me gauler. Si mon âme irait en enfer. Et en fait, c’était bien. C’était douillet, agréable, je me rends compte que ce n’est pas répréhensible, qu’il n’y a pas de honte à ça et même que d’autres partagent la même déviance, avec qui on peut discuter à voix basse. J’embrasse le clan des hipsters. J’assume mon côté fashion victim. De MS-Dos 6.0 à Windows 10, d’Android 2.3 à Mashmallow, après plus de vingt ans de bricolage, de tripatouillage de CONFIG.SYS et d’AUTOEXEC.BAT, d’installations religieuses du Service Pack 1 sur Windows XP pour éviter que l’installation n’explose après cinq minutes de connexion à Internet, je jette l’éponge. Je couve d’un oeil nostalgique mon vieux Mac LC qui trône encore sur une vieille desserte dans l’appartement paternel et j’adresse une tendre pensée à mon vieil Apple //c perdu dans les déménagements, sur lequel j’ai découvert l’informatique à l’âge de six ans, codant ensuite en BASIC sur des disquettes 5  » 1/4.

Je rentre à la maison. Adieu Windows.

2016-04-12T13:07:43+02:00jeudi 14 avril 2016|Journal|106 Commentaires

Là où Apple trône

Il était une fois :

Je fais cette recherche dans Google (oui, l’exercice de la traduction peut nous conduire aux requêtes les plus improbables) et voici en résultat la première publicité à laquelle j’ai droit :

iphone-toilet

Sérieusement, Apple ? Vous achetez tous les mots-clés Google ou quoi ? Mobile, ça a du sens ; mais… ?

2015-11-27T09:20:23+01:00mardi 1 décembre 2015|Expériences en temps réel|4 Commentaires

La guerre des consoles recommence-t-elle ?

surface_failEn fait, en constatant le succès de deux géants, Android (Google) et iOS (Apple), et en voyant qu’un géant un peu déchu, Microsoft, décide de publier Office sur iPad, ce qui ressemble à une capitulation (MS comptait sur l’exclusivité pour pousser ses tablettes Surface), cela me rappelle curieusement la triangulaire Nintendo – Sega – Sony à la fin des années 90, avec Sony dans le rôle de Google, Apple dans celui de Nintendo et Sega dans celui de Microsoft. Sega, placé sur des plate-formes matérielles chères, sans véritable logithèque, s’est cassé les dents au point de ne devoir son salut qu’à une reconversion dans l’édition logicielle (avec succès). Microsoft n’a pas vu croître deux terrains où il était historiquement faible : le service en ligne (où Google règne en maître) et le matériel (où Apple règne en maître).

Avec ce port d’Office sur iPad, les versions d’entrée d’Office devenues gratuites, la tentative de pousser Windows 8 vers le cloud, d’intégrer tous ses services dans une seule expérience à la Google, cela donne l’impression que l’entreprise cherche à se repositionner comme fournisseur de services exclusivement. Mais les services mal finis, approximatifs à la Microsoft, ne peuvent pas lutter contre l’écosystème ouvert de Google ni la facilité d’usage d’Apple. Microsoft est loin d’être mort ; mais peut-on commencer à lui dessiner un avenir à la Nokia… qu’ils ont racheté, tiens, d’ailleurs ?

2014-04-25T17:13:03+02:00lundi 28 avril 2014|Geekeries|5 Commentaires

Amoureux du silicium

Et non du silicone, hein. Évidemment. D’ailleurs, c’est un faux ami bien traître et bien connu en anglais : la Silicon Valley n’a rien à voir avec l’ex-décolleté de Pamela Anderson, mais avec des puces. (Non, ça n’a pas plus de rapport avec Pamela Anderson, quoi ! Enfin ! Sérieux !)

Sachant que je risque d’être assez souvent d’être en déplacement pour la sortie de Léviathan : La Chute, il devenait urgent de pouvoir conserver mon mail dans ma poche, et j’avais également besoin d’être capable de mieux alimenter les réseaux sociaux – ce que, malgré ma résolution, je n’ai jamais vraiment fait en salon au cours de l’année passée. La faute à l’interface pourrie et aux applications lourdingues de mon acquisition précédente, le Samsung Wave (apprécié par la critique pour des raisons que je ne m’explique pas).

Enter mon amour du moment : Le HTC Desire Z – reçu il y a trois jours – est déjà une bouffée d’air frais et tout ce que j’espérais d’un smartphone. Le clavier coulissant permet à mes gros doigts de taper des messages intelligibles sans passer par l’écran tactile, où tous les T9 du monde ne sauraient corriger ma saisie de hpbkitz en bonjour, la synchro avec le compte Google est juste magique – agenda, dix ans d’historiques de mails directement accessibles dans le cloud -, les applications pour réseaux sociaux sont simplissimes et immédiates d’emploi. Et puis, hé, il y a un émulateur de Super Nintendo dessus (et je me suis aussitôt empressé d’installer Chrono Trigger).

Certes, j’ai vendu mon âme à la firme de Mountain View, mais zut, leurs applications sont quand même tellement bien pensées – avec, aussi, une ouverture sur l’extérieur qu’il faut saluer. J’ai pu transférer tous mes mails sur la plateforme GMail, mais en conservant mon adresse sur LD.com – est-ce qu’Apple aurait proposé un truc pareil ? Hein ? Non, je suis sûr qu’on m’aurait demandé d’ouvrir un compte en ld@iamapplesbitch.com. C’est aussi un des arguments de vente majeurs de ce HTC : ce n’est pas un iPhone.

Oui, je suis de 100% mauvaise foi. Non, plutôt 45%, à vrai dire. Apple se comporte mal.

Allez-y, balancez les flames, j’ai un parapluie en kevlar inoxydable, j’ai même pas peur.

2011-09-06T11:30:06+02:00mardi 6 septembre 2011|Geekeries|22 Commentaires
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