À toi, mon pirate

jack-sparrow-quotesViens, mon pirate. Viens, et assieds-toi, qu’on discute. Cela me démangeait depuis longtemps qu’on ait une petite conversation, toi et moi. C’est toujours un peu difficile de te parler, ou de parler de ce que tu représentes, sans susciter des levées de boucliers ou risquer de voir, pour citer Kipling, mes paroles « travesties par des gueux pour exciter des sots », mais je crois avoir enfin compris, après notamment un séjour en monastère bouddhiste : il ne s’agit pas de t’agresser mais de te parler franchement, parce que l’expérience prouve que, finalement, nos métiers sont assez mal connus, et il y a peut-être, tout simplement, des choses que tu ignores.

Alors, du coup, viens, mon pirate, viens, et assieds-toi, qu’on discute.

Je viens récemment d’apprendre qu’un autre de mes bouquins avait été piraté et se baladait en téléchargement libre. Je voudrais t’expliquer aujourd’hui pourquoi cela ne me fait pas plaisir, pourquoi cela ne fait pas plaisir à mes éditeurs. C’est assez simple : nous vivons dans une société marchande, laquelle fonctionne selon le principe suivant : un travail ou un bien sont fournis, celui qui en bénéficie paie en échange. Cet argent sert d’abord à la personne qui fournit le travail ou le bien à vivre, ensuite à pérenniser son activité.

Dans l’activité du livre, il y a moi, l’auteur, évidemment, mais pas seulement. Il y a l’éditeur, qui prend le risque financier de faire fabriquer le livre et de le distribuer ; qui fait retravailler l’auteur sur son manuscrit pour qu’il soit le meilleur possible. Il y a l’imprimeur, qui réalise l’objet physique. Il y a le libraire, qui permet au public de se procurer l’ouvrage, le conseille à ceux et celles qu’il peut intéresser. Et bien sûr, il y a le diffuseur, qui place les livres dans les points de vente, qui pousse commercialement un ouvrage. On pourrait mentionner aussi attaché de presse, traducteur pour l’étranger, etc. Je te renvoie sur cet article expliquant le fonctionnement de la chaîne du livre. 

Quand tu lis un livre, de la fiction dans mon cas, tu en retires quelque chose. Du divertissement, du plaisir, peut-être une ou deux réflexions – tu en retires quelque chose, sinon tu te livrerais à une activité différente, comme jouer à la PS4 ou regarder Netflix1. Du coup, quand tu bénéficies – que tu jouis, au sens économique – de mon travail sans contrepartie, tu casses la chaîne. Je t’ai fourni du plaisir, du temps que tu as passé à lire mon livre, mais non seulement tu ne me rémunères pas en échange, mais tu ne rémunères pas non plus tous mes partenaires économiques qui aident à pérenniser cette activité : éditeur, diffuseur, libraire, etc. Tu fragilises notre activité à tous.

Pire, si tu fais circuler l’ouvrage, tu permets à d’autre de rompre également cet engagement, propageant l’attitude comme un virus.

Il me semble que je joue pourtant le jeu. Ce blog existe depuis huit ans, j’y fournis régulièrement et sans contrepartie aucune des articles fouillés sur la technique de l’écriture dans l’espoir d’aiguiller de plus jeunes auteurs que moi ; il y a des textes en accès gratuit et en diffusion libre sur la page idoine ; j’ai pris et continue à prendre fermement position contre Hadopi, contre le verrouillage d’Internet, contre la loi Renseignement, pour le revenu global universel etc. (voir mon historique sur les réseaux sociaux) ; j’ai fait partie des premiers auteurs en France à construire une plate-forme web pour maintenir le lien avec les lecteurs qui soit plus qu’une simple vitrine publicitaire. Je suis un ami d’Internet.

Quand tu fais circuler gratuitement mon travail sur Internet, tu n’aides pas à « le faire connaître », tu ne contribues pas « à la culture », comme je l’entends trop souvent. Cesse, je t’en prie, de te raconter de belles histoires sur ton rôle. Tu triches, c’est aussi simple que ça, et tu nous fais du mal à tous. Tu mets en danger un métier (auteur) et un secteur (l’édition) qui n’en ont, crois-moi, pas besoin. À tout le moins, s’il te plaît, assume. Tu jouis d’un travail pour lequel tu n’as rien déboursé ; si tu tiens à le faire, sache ce que tu fais, fais-le en connaissance de cause, sache que tu triches, et aies-en bien conscience.

Maintenant, je sais ce que tu vas me répondre. Passons en revue tes arguments habituels, veux-tu ?

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Oui, mais la culture est trop chère.

C’est vrai qu’un livre, un jeu vidéo, un film, ça représente un budget. Je pourrais te répondre qu’un bon livre épais te donnera – à l’exception de quelques jeux très longs – bien plus d’heures de plaisir que n’importe quel autre média pour un prix somme toute modique, mais tu pourras quand même répliquer que tu n’as pas les moyens. Ce à quoi je me permettrai de te répondre que l’État met en place des structures en triste désaffection, cela s’appelle les bibliothèques publiques. Et que si ton budget est vraiment serré, il y a probablement des aménagements supplémentaires tendant à la gratuité d’accès. Pour un coût inférieur à un grand format, tu peux lire, visionner à ton envie – je te défie d’épuiser une bibliothèque de quartier en un temps raisonnable – et le plus beau, c’est que c’est intégré dans la chaîne du livre et que tout le monde est rémunéré. Profites-en, et ton problème est réglé.

Oui, mais il n’y a pas ce que je veux.

C’est-à-dire, pas le genre ou pas les oeuvres ? Toute bibliothèque propose aujourd’hui une diversité de genres et si tu ne trouves rien à te mettre sous la dent, permets-moi de te trouver un peu de mauvaise foi. Après, si tu veux des oeuvres en particulier, j’ai juste une question à te poser : tu aimes tant un auteur ou un univers que tu es prêt à pirater pour en profiter ? N’est-ce pas une étrange preuve d’amour : désirer à tout prix lire un livre particulier, mais ne rien fournir pour aider à sa pérennité ? Cet auteur, et par extension tout le circuit économique qui le soutient ? Combien de temps crois-tu que cet auteur et cet univers que tu aimes tellement pourront continuer à te fournir le plaisir que tu désires dans ces conditions ?

Oui, mais je ne veux pas payer si cher.

Je suis navré, mon pirate, mais l’économie de la culture est ainsi faite que les marges de tout le monde se réduisent et qu’il faut que chacun puisse vivre. Ce n’est pas le piratage qui va arranger les choses, au contraire, parce qu’il contribue davantage au manque à gagner. D’autre part, je suis navré de te rappeler qu’encore pour l’instant, dans notre monde, c’est celui qui vend qui décide du prix, calculé en fonction justement de sa rentabilité. « Ne pas vouloir payer si cher » n’est pas un argument commercial valide – enfin si, il l’est : il conduit à ne pas acheter et à se tourner vers la concurrence. Tu es parfaitement libre d’avoir recours aux bibliothèques susnommées ou d’acheter un autre livre. Dire « j’aurais acheté ce livre à cinq euros de moins » revient à la même tricherie que plus haut, et ne représente qu’une belle histoire de plus que tu te racontes pour te justifier en reportant la faute sur l’économie, sur l’éditeur, sur la conjoncture. Dans les faits, tu triches avec les règles du jeu.

Oui, mais je télécharge juste pour tester, si ça me plaît, j’achèterai le livre.

Je te renvoie à l’argument précédent : dans la société marchande, cela ne fonctionne pas de la sorte. Est-ce que tu paies ton billet de concert à la sortie ? Ton pain après consommation ?  Il n’y a que dans la culture qu’on considère cette attitude comme acceptable, mais elle ne l’est pas, là encore. Si tu as lu le livre, même si tu as passé un mauvais moment ou qu’il ne t’a pas entièrement satisfait, tu l’as malgré tout fini, tu en as joui au sens économique, et si tu ne fournis pas la contrepartie, tu triches là encore. Quand bien même tous ceux qui téléchargent d’abord paieraient ensuite, une telle pratique représenterait pour tous une avance de trésorerie intenable en particulier pour les petites structures – celles-là même qui te fournissent autre chose que ce contenu formaté pour le plus grand nombre qu’en général, en plus, tu proclames détester…

Oui, mais il faut que la société change.

Alors là, mon pirate, je suis entièrement d’accord avec toi ; j’aimerais qu’on instaure un revenu de base inconditionnel, qu’on prenne en compte le vote blanc dans les scrutins, qu’on supprime les inégalités salariales homme-femme et qu’on prenne des engagements forts contre le réchauffement climatique, entre autres. Puis-je toutefois te demander, mon pirate, pourquoi tu engages ton noble combat social en t’attaquant à son secteur chroniquement le plus faible, la culture ? En sapant les fondations de ce qui, justement, pourrait aider à faire circuler ces idées importantes, de ce qui est le moins bien armé pour se défendre politiquement et économiquement, parce que la culture constitue toujours la huitième roue gouvernementale d’un carrosse qui n’en comporte de toute façon déjà que trois ? Ce changement social que tu appelles de tes voeux, tu ne crois pas qu’il se produirait plus vite et de façon plus productive si tu t’attaquais à de vrais lobbies, de vrais représentants de la société marchande susnommée (quand la culture ne fait que la subir), si tu te livrais à de vraies actions ? Excuse-moi de te demander ça, mais est-ce que, genre, tu ne te raconterais pas un peu de jolies histoires de rébellion quand tout ce que tu fais, c’est regarder Game of Thrones en streaming posé dans ton canapé avec une pizza ?

Mais donc, tu es contre les bouquinistes, alors ?

Il faut que je réponde à ce point parce qu’il revient toujours : absolument pas. C’est assez surprenant de voir une telle confusion des notions : je parle de l’oeuvre et de sa jouissance, et de la filière économique qui repose dessus et lui donne une diffusion ; pas du support matériel qui résulte à terme de cette activité. Un livre acheté est un bien physique qui appartient pleinement à son propriétaire et dont il peut disposer comme il le souhaite2, le détruire, en jouir puis le revendre, l’exposer dans sa bibliothèque, etc. Un bien matériel, par définition, s’use et donc connaît une dépréciation qui forme une des bases du marché de l’occasion. Le consommateur peut choisir entre un bien déprécié ou un bien neuf et c’est ce choix qui articule les deux marchés. (Cela ne fonctionne pas avec le livre électronique en revanche, voir cet article.)

En conclusion

Mon pirate, tu triches. Quelle que soit la manière dont tu tournes le problème, tu triches ; tu décides volontairement de te placer hors des règles économiques pour ton bénéfice. Ce faisant, tu nuis à tous ceux dont tu apprécies le travail, en plus de fragiliser tout le secteur où ils œuvrent, car les contractions structurelles sont contagieuses ; elles se propagent à tous les acteurs et limitent la marge de manœuvre (et donc de créativité !) pour tous.

Tu n’oeuvres pas pour la culture, mais contre elle, car tu ne joues pas son jeu. Cesse, je t’en prie, de te raconter qu’en contribuant à sa libre diffusion, tu l’aides. C’est tout le contraire. Si tu veux que les règles de la société marchande changent, permets-moi de te suggérer de t’attaquer à de vrais adversaires, à ceux qui tiennent les clés du système : ce n’est absolument pas la culture. Sinon, ce ne sont que de belles paroles et des prétextes.

Tu triches et tu nous fais à tous du mal. À tout le moins, s’il te plaît, aies-en conscience et sache ce que tu es en train de faire.

 

  1. Un mot de clarification hélas nécessaire pour les quelques nouveaux arrivants sur ce blog qui montent ici sur leurs grands chevaux en s’imaginant que je place la littérature au-dessus du reste (haha, lol). Je suis auteur de fantasy et compositeur pour le jeu vidéo : par nature, je m’inscris moi aussi dans le divertissement et donc exactement dans ces mêmes autres industries. Lire mes bouquins se place justement au même niveau que regarder Netflix (auquel je suis aussi abonné) ou jouer à la PS4 (que j’ai aussi). Si quelqu’un n’aime pas mes bouquins, il fait autre chose au lieu de perdre son temps : l’offre de divertissement est pléthorique. S’il en reste, c’est qu’il en retire quelque chose, au même titre qu’on retire quelque chose (nommément, du plaisir, en premier lieu) de Netflix ou de jouer à la PS4.
  2. À l’exception des reventes de service de presse, mais c’est une autre histoire.
2016-01-20T11:51:18+01:00lundi 18 janvier 2016|Le monde du livre|124 Commentaires

Port d’Âmes finaliste du prix Imaginales des lycéens !

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Je suis particulièrement heureux de cette nouvelle ! Bien que je n’écrive pas exclusivement pour la jeunesse, il y a toujours une voix en moi qui espère que mes livres, en plus de satisfaire l’adulte que je suis, pourraient avoir plu au lycéen que j’ai été, lequel avait des exigences très claires quant à la tension narrative et au rythme. Je suis donc très touché par cette sélection : merci au comité de lecture du prix Imaginales des lycéens pour y avoir fait figurer Port d’Âmes ; et j’espère que le livre saura plaire !

La sélection :

  • Paul Beorn, Le Septième Guerrier-Mage, Éditions Bragelonne
  • Lionel Davoust, Port d’âmes, Éditions Critic
  • Claire Krust, Les Neiges de l’éternel, Éditions ActuSF
  • Jérôme Noirez, Brainless, Éditions Gulf Stream
  • Aurélie Wellenstein, Le Roi des fauves, Éditions Scrineo

Bravo à tou-te-s ! Voir l’annonce sur le site des Imaginales.

2016-01-11T11:19:34+01:00mardi 12 janvier 2016|À ne pas manquer|5 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : Sonar

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Tandis que nous évacuons tous lentement l’excellent champagne et le mauvais Paracétamol des fêtes (ou l’inverse si vous n’avez pas de chance), remettons-nous en selle lentement sur la boîte à outils de l’écrivain, non pas avec un logiciel intense et compliqué exigeant une maîtrise de physique nucléaire à maîtriser, mais un petit outil tout bête et pourtant bien utile : Sonar. (À titre personnel, j’ai la chance considérable de ne plus avoir besoin de m’en servir, mais c’est une question fréquemment posée, et la référence que je recommande à chaque fois.)

Sonar, tout simplement, sert à conserver la trace des manuscrits soumis, quand, et à qui. Ce qui présente l’immense intérêt de savoir quand il peut être pertinent de relancer, aide à ne pas envoyer le même texte deux fois au même support, ainsi qu’à conserver leurs coordonnées et leurs tarifs. Particulièrement utile quand on cherche à placer ses premiers manuscrits et qu’on défriche son marché. Alors oui, on peut très bien conserver ces informations sur un carnet Moleskine en cuir de jeune veau de Kobe, mais Sonar est gratuit, alors pourquoi se priver d’un outil spécifiquement conçu à cet effet ?

L’usage en est extrêmement simple ; il s’agit simplement d’une petit base de données légère.

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Au cœur, trois menus correspondant à trois aspects de la soumission :

  • Works représente vos travaux (ex. : romans, nouvelles, mashups Bouba x Patrick Sébastien) ;
  • Markets les supports susceptibles de les acheter (ex. : éditeurs, revues, foires au tuning des parkings Auchan) ;
  • Submissions croise les deux : qu’avez-vous envoyé à qui ? (ex. : mashup aux Presses Universitaires de France. Non. NON, NE FAITES PAS ÇA.)

Bien sûr, chaque élément s’édite et se détaille :

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De là, on sort simplement la liste des soumissions à un marché donné, par exemple…

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… et ce que l’on a vendu, ce qui attend une réponse, ce qui est prêt à partir :

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Certes, la taille du marché francophone entraîne forcément un nombre de supports moindre que dans le monde anglophone, et donc la nécessité d’un tel outil est moins prégnante, mais c’est néanmoins un élément utile dans l’arsenal, qui est, encore une fois, entièrement gratuit1.

Télécharger Sonar 3 (gratuit)

  1. Par le même créateur qu’yWriter comme remplacement de Scrivener, même si, pour ma part, je trouve que les deux logiciels ne jouent tout simplement pas dans la même catégorie
2019-08-28T21:29:15+02:00jeudi 7 janvier 2016|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Podcast d’Elbakin n°54 : les nouvelles

Elbakin, site de référence sur la fantasy en France, vient de publier le dernier épisode de son podcast, sur le thème de la nouvelle, et Mélanie Fazi et moi faisons une petite apparition (par procuration) à propos du format et de son succès (ou manque d’icelui) :

L’émission est téléchargeable pour une écoute confortable hors ligne.

2015-12-14T22:25:31+01:00lundi 21 décembre 2015|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Podcast d’Elbakin n°54 : les nouvelles

Comment organiser efficacement ses informations sous Evernote ?

Comme on l’a dit dans l’article introductif sur Evernote, l’application est le carnet de notes numérique ultime, mais il présente une difficulté majeure à la prise en main : pour classer efficacement ses informations personnelles, il implique de définir l’usage qu’on fera du logiciel et son propre travail pour arriver à faire le tri.

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En effet, Evernote est conçu de manière à ce qu’on y jette ses pensées et ses informations au vol, et non pour un classement pointu des données. Il est impossible de réordonner les notes au sein d’une section, ni de définir une hiérarchie poussée des carnets de notes. Cette non-hiérarchie agace les nouveaux utilisateurs, mais il faut comprendre qu’EN n’est pas conçu pour ça : ça, c’est le travail de OneNote. Evernote fonctionne comme un wiki, ou comme le web : on n’y ordonne pas les données, on les y range, et on définit des relations entre elles, ou bien l’on exécute une recherche, pour retrouver une information.

Evernote fournit en revanche des tags qui sont, eux, hiérarchiques, et qu’on peut attacher sans limite à chaque note.

Pour retrouver une information, le logiciel incite donc l’utilisateur à utiliser plutôt le moteur de recherche et les tags, à la manière d’une requête croisée multicritères. Ca a l’air technique mais ça ne l’est pas tellement ; cela revient à dire « montre-moi toutes les photos taggées Bob et La Baule prises en avril 2014 ».

En conséquence, classer une information dans Evernote nécessite de réfléchir un peu en amont à l’usage qu’on en fera, et au métier qu’on exerce. Mais comme c’est un peu nébuleux et qu’un dessin vaut mieux que deux longues peaux de l’ours, je te propose, auguste lectorat, une étude de cas : l’humble mien, et ma façon de classer mes infos par rapport au(x) métier(s) que j’exerce (ou auxquels je m’exerce, ça dépend du niveau d’expérience).

Les carnets

Comme dit précédemment, les carnets ne servent pas tellement à grand-chose ; en fait, beaucoup d’utilisateurs n’en utilisent qu’un seul et fonctionnent exclusivement par tags. Je pense quand même qu’on retire des bénéfices à en créer plusieurs, mais ils ont intérêt à concerner des usages différents plutôt que des thèmes ou zones de responsabilité différentes – cela, ce sera le boulot des tags.

J’ai seulement sept ou huit carnets réellement utiles, dont :

  • Inbox – Carnet par défaut. Toutes les notes enregistrées pêle-mêle au vol y finissent. Normalement, j’y trie les informations. Normalement.
  • Library – La bibliothèque. Un article m’intéresse, une coupure de journal, une info insolite, tout cela termine dans ce carnet, pour éventuelle référence.
  • Memory – Des archives, des souvenirs, des choses que j’ai envie de garder par valeur sentimentale mais qui n’ont strictement aucune utilité de référence ultérieure, et qui donc finissent parquées là en prenant la poussière.
  • Moleskine – Oui, Moleskine. C’est l’équivalent numérique du petit carnet en peau de requin rare aux feuilles de papyrus que Shakespeare et Homère utilisaient d’après la légende. Ici figurent toutes mes idées, mes notes éparses sur les projets en cours, des brouillons, etc.
  • Offline – Ce carnet est spécifiquement synchronisé pour être disponible hors-ligne sur tous mes appareils. Il est donc peu volumineux, et y figurent des informations vitales dont je pourrais avoir besoin d’urgence, mais aussi ma liste de courses, de choses à ne pas oublier lors de mon prochain passage à Plan-de-Cuques, etc.

Les tags

C’est là que cela devient intéressant. Parce qu’au moment où j’écris ces mots, Library et Moleskine contiennent chacun plus de 200 notes, et il devient impossible de tout passer en revue, surtout en quête d’une idée que je pourrais avoir eu il y a six mois.

Mon système de tags personnel est orienté selon deux axes : 1. Mes métiers et 2. Le genre de données que je conserve et que je veux retrouver facilement. Il ne s’agit pas de faire un classement joli, mais un classement opérationnel, qui soit rapide à mettre en place lors de l’enregistrement d’une note, et immédiat à utiliser pour les retrouver.

Du coup, la première question à se poser devient : « Qu’est- ce que j’enregistre dans Evernote ? » Pour ma part, c’est principalement :

  • Des notes sur les projets en cours
  • Des idées en vrac
  • Des articles intéressants
  • Des infos pratiques (listes de courses, idées cadeaux etc.)

Il vient : « Qu’est-ce qui est signifiant là-dedans ?« 

  • De quel projet s’agit-il ?
  • A quoi cette idée peut-elle servir ?
  • De quoi ce contenu parle-t-il ?
  • A quoi cette information pratique me servira-t-elle ?

Cela me définit, en gros, quatre aires importantes :

  • Projets
  • Idées
  • Thèmes
  • Type de note

Qui forment des tags de haut niveau. Ensuite, pour des raisons d’ordre et de praticité dans le classement au moment de la saisie d’une note, chaque tag de niveau inférieur est préfixé par une courte abréviation qui rappelle ce dont il s’agit. Par exemple :

Maintenant, supposons que je sois dans un train, écrivant un article pour le blog sur Evernote. Je me rends compte qu’il faudrait consacrer un article entier sur le classement des informations dans ce logiciel… Je prends mon smartphone, et j’ouvre une nouvelle note « Faire un article sur les tags sous Evernote » avec un plan basique en trois lignes. Je tagge ça « id article » et « prj blog » et c’est plié, réglé, oublié. C’est le plus important : Evernote se plie merveilleusement bien à l’axiome de la méthode GTD qui dicte de collecter ses idées en sûreté puis de les mettre de côté. La prochaine fois que je chercherai du matériel pour un article ou pour le blog, il me suffira de sortir toutes les notes « id article », par exemple, que j’aurai balancées dans ce panier-là sans y réfléchir. Et évidemment, je peux toujours créer de nouveaux tags à la volée, par exemple « prj bob » pour cette idée d’univers de super-héros où Bob, l’homme-tag obsédé par le classement de données, lutte pour l’application raisonnée de la Classification décimale de Dewey à travers les bibliothèques du monde entier.

C’est bien sûr mon système à l’heure où j’écris et il se raffine constamment, mais il offre l’immense avantage d’être à la fois flexible, évolutif et peu contraignant (comme le dit David Allen dans Getting Things Done, si l’on a besoin de beaucoup temps pour classer quelque chose, on ne le fait jamais) et je m’en sers depuis deux ou trois ans maintenant. N’hésite pas, auguste lectorat, à partager avec la communauté ton propre système en commentaires, histoire qu’on s’inspire tous les uns les autres (et je n’entends pas par là se respirer le parfum, c’est chaleureux par ici mais on n’est quand même intimes à ce point, huhu).

Pour mémoire : pour tester Evernote avec un mois gratuit d’abonnement premium, passez par ce lien.

2019-08-28T21:31:22+02:00jeudi 17 décembre 2015|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

La Route de la Conquête et l’artbook Abyss, the Universe finalistes du prix Mythologica !

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Voilà encore non pas une, mais deux belles nouvelles ! La Route de la Conquête fait partie des finalistes du prix Mythologica de l’imaginaire, mais aussi l’artbook Abyss, the Universe auquel j’ai eu le grand plaisir de participer (« Obsessions« ).

Un très grand merci au jury, et félicitations à tous les finalistes, j’ai grand plaisir à voir pas mal de copains dans cette jolie liste ! Les résultats finaux seront annoncés fin février. L’ensemble des résultats (source) :

Romans français

  • Le Fou prend le Roi – Le Bâtard de Kosigan – Fabien Cerutti – Mnémos
  • La Route de la Conquête – Lionel Davoust – Critic
  • Le Septième Guerrier-mage – Paul Beorn – Bragelonne
  • Royaumes de vent et de colères – Jean-Laurent del Soccoro – ActuSF

Romans étrangers

  • Comme un conte – Graham Joyce – traduction de Louise Malagoli – Bragelonne
  • L’Autre-Ville – Michal Ajvaz – traduction de Benoît Meunier – Mirobole
  • L’Education de Stony Mayhall – Daryl Gregory – traduction de Laurent Philibert-Caillat – Le Bélial

Nouvelles françaises

  • Le Sentiment du fer – Jean-Philippe Jaworski – Les Moutons électriques
  • « L’Autre-Route » et « L’Eté dans la Vallée » – Le Jardin des Silences – Mélanie Fazi – Bragelonne
  • « Les ailes ne poussent qu’une fois » – Aubes trompeuses – Jean-Pierre Andrevon – La Clef d’Argent

Nouvelles étrangères

  • Les Perséïdes – R.C. Wilson – Traduction de Gilles Goulet – Le Bélial
    (Oui ce recueil est d’ores et déjà gagnant du fait des votes)

Jeunesse

abyss

Couv. Xavier Collette

  • Brainless – Jérôme Noirez – Gulfstream
  • Le Premier – Nadia Coste – Scrinéo
  • Praërie – Jean-Luc Marcastel – Scrinéo

Couverture

  • Le Paris des Merveilles – couverture par Xavier Colette – Bragelonne
  • Les Perseïdes – couverture par Manchu – Le Bélial
  • Noces d’éternité – couverture par Alexandra V. Bach – Le Petit Caveau

Prix Spécial

  • Abyss, The Universe – Texte : Thomas Hervet, Rozenn Illiano, Lionel Davoust, Mathieu Gaborit et David Calvo – Illustrations : Xavier Collette – Bombyx
  • L’étrange Cabaret des fées désenchantées – Hélène Larbaigt – Mnémos
  • Le Cabinet du Docteur Black – E.B. Hudspeth – Le Pré aux Clercs
2015-12-14T18:08:15+01:00mercredi 16 décembre 2015|À ne pas manquer|4 Commentaires

Une formation payante sur Scrivener, ça vaut le coup ?

write_novelComme la question est revenue plusieurs fois (et que je me fais évangéliste de Scrivener depuis quelque temps), ça vaut un bref article. Plus en détail :

On me propose une formation de base pour 200 € environ. Étalée sur six semaines, cette formation sur internet est consultable durant un an, me paraît sérieuse et utile, pour me permettre de progresser dans l’écriture. Qu’en pensez-vous ?

Je ne mets pas le lien de ladite formation parce que je pense que c’est parfaitement inutile (et hors de prix).

Le didacticiel de Scrivener est extrêmement bien fait et couvre toutes les fonctionnalités du logiciel. Si l’on a un tant soit peu l’habitude de l’informatique, il suffit de consacrer quelques heures à le creuser pour appréhender ses fonctionnalités, puis, surtout, à développer sa propre méthode en s’en servant pour un projet grandeur nature.

Scrivener est un excellent outil, mais il ne fait pas l’écrivain ; je crois fermement qu’on apprendra davantage, au bout du compte, à travailler sa propre technique narrative et à plier Scriv à ses désirs plutôt qu’à apprendre dans le détail le moindre de ses secrets. Il est complexe, d’accord, et nécessite un apprentissage, mais on n’en est quand même pas au stade de Photoshop ou d’Ableton Live, où une formation peut se justifier… Et où l’on en trouve pour la moitié de ce prix-là, en plus. J’avoue qu’à moins de n’avoir jamais touché d’ordinateur et de traitement de texte de sa vie, je peine très sérieusement à comprendre ce qui peut justifier une telle somme.

Si vous avez 200 € à dépenser pour votre écriture, achetez et lisez quelques manuels de technique (certains sont chroniqués ici dans les archives), inscrivez-vous à un atelier, des cours ou une masterclass, mais consacrez-les à la narration elle-même, à mon humble avis.

2015-12-11T09:08:20+01:00mardi 15 décembre 2015|Technique d'écriture|4 Commentaires

Les Deep Ones à Nancy, croqués par Fetish-Cat !

Juste parce que c’est génial, un petit coup de projecteur sur le blog de Fetish-Cat, qui avait déjà croqué les Deep Ones (collectif de musique semi-improvisée sur fond de lectures) et propose de belles et kawai pages sur notre venue à Nancy !

2015-12-11T09:17:29+01:00lundi 14 décembre 2015|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Les Deep Ones à Nancy, croqués par Fetish-Cat !

Demain, dédicace chez Critic

critic-vitrineYowza. Je suis un peu en retard pour l’annoncer, la faute à un emploi du temps qui danse la gigue avec le chaos (de « gigue » à « guigne », il n’y qu’à avoir la n) (c’est beau comme du Booba) : demain samedi, de 16h à 19h, je serai en dédicace à la librairie Critic, à Rennes. (19 rue Hoche, métro Sainte-Anne)

Venez faire vos cadeaux de Noyel et repartir avec des livres signés. C’est l’assurance d’un sourire au pied du sapin. (C’est beau comme du Jacques Séguéla.)

2015-12-10T18:51:19+01:00vendredi 11 décembre 2015|Dernières nouvelles|11 Commentaires

Faire communiquer Evernote et Scrivener

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Normalement ça ne concernerait qu’un lien sur un réseau social mais l’article est suffisamment pointu et capital pour mériter qu’on attire l’attention dessus (merci Sabine qui me l’a redirigé) : un utilisateur propose un guide complet de techniques visant à faire communiquer Scrivener et Evernote. Pour mémoire, Scrivener est le studio d’écriture professionnel par excellence, Evernote le carnet de notes numérique ultime, tous deux chroniqués pour la boîte à outils de l’écrivain.

Voir ici (en anglais) : faire communiquer Scrivener et Evernote

2019-08-28T21:31:52+02:00jeudi 10 décembre 2015|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Faire communiquer Evernote et Scrivener
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