L’iVisor Moshi donne à votre iPad un toucher papier

L’iPad est la meilleure tablette pour prendre des notes (entre autres parce qu’elle est de plus en plus la seule), mais on peut arguer que le toucher du stylet sur le verre de l’écran n’est pas le plus agréable, surtout quand on est un.e esthète aimant le sensuel glissement du stylo à plume sur le papier Moleskine (et que votre OCD est réjoui par la consommation de cartouches d’encre). Plusieurs protège-écran visent à donner à la tablette un toucher plus “accrocheur”, notamment le célèbre Paperlike, qui vise à répliquer le ressenti du crayon sur le papier. Hélas, les opinions sur ce dernier sont partagés (des avis Amazon font notamment état d’une usure prématurée de la mine du stylet).

Or, il existe un concurrent beaucoup moins connu que j’utilise personnellement depuis des années avec profit et plaisir, c’est l’iVisor de chez Moshi. Je n’en avais pas parlé jusqu’ici parce que l’engin semblait abandonné, mais il est apparemment de retour en stock chez les distributeurs et l’équipementier lui-même. C’est une bête feuille de plastique épais qui vient se coller sur l’écran, et donne effectivement un soupçon de résistance à la mine du Pencil, procurant un ressenti d’écriture bien plus agréable (proche du feutre à pointe fine). Et je peux attester qu’après plus d’un an d’usage, la mine de mon stylet est parfaitement intacte.

En revanche, il faut savoir qu’en raison de la texture du truc, l’affichage est clairement “émoussé” et les couleurs légèrement plus fades. C’est aussi un nid à poussière et à graisse des doigts, donnant au fil du temps à l’écran un aspect un brin crassou. Au titre des avantages, l’iVisor disperse aussi les reflets sur l’écran (mais à moins d’écrire directement sous une lampe ou une bombe H, personnellement, ça ne m’a jamais gêné).

Constatez le reflet diffusé de la lampe.

Donc, cela ne conviendra donc probablement pas aux illustrateurs professionnels, mais si l’usage principal de votre tablette est la prise de notes manuscrites plus un peu de bureautique et du Netflix occasionnel en déplacement, la protection se fait rapidement oublier. Je regrette un brin de loin en loin d’affaiblir ainsi la beauté de mon affichage, mais quand j’imagine ôter l’iVisor et perdre le doux toucher d’écriture qu’il donne, je frissonne d’épouvante. Faut faire des choix dans la vie.

2023-01-21T00:02:55+01:00lundi 23 janvier 2023|Geekeries|2 Commentaires

Comment a été réalisée la superbe couverture de L’Impassible armada

Les éditions 1115 aiment les objets qui existent, comme les beaux livres qu’on tient en main, et cette maison réalise autour des couvertures de leurs ouvrages un boulot artistique à la fois impressionnant et malheureusement un peu inusité de nos jours, car :

Couv. Victor Yale

… les couvertures de leurs livres existent vraiment.

C’est-à-dire qu’une grande part de leurs compositions sont réalisées à partir de sculptures réelles, photographiées et composées, ce qui représente un boulot à la fois considérable, fascinant et bien peu connu. Du coup, j’ai tanné les éditions pour pouvoir partager un truc drôlement cool : l’histoire de la réalisation de la magnifique couverture de L’Impassible armada.

Je passe le relais à Victor Yale et Frédéric Dupuy pour ce récit en images, et qui vous permettra d’entrevoir comment ce genre de couverture se réalise :

Grand merci à Victor Yale et à Frédéric Dupuy !

Plus très longtemps à attendre pour voir le livre en vrai, puisque pour mémoire, le livre sera disponible en avant-première ces jours-ci aux Imaginales, avant sa sortie officielle le 18 octobre. Et pour seulement quelques jours, tous les exemplaires commandés avant le 15 octobre sur le site de l’éditeur seront dédicacés de ma blanche main à l’occasion du festival. Ne tardez pas !

➡️ Informations complémentaires et commandes

2021-10-20T18:07:23+02:00mercredi 13 octobre 2021|À ne pas manquer, Juste parce que c'est cool|4 Commentaires

La Fureur de la Terre sort le 4 novembre chez Folio : découvrez la couverture !

Salut, j’écris des trucs et des machins et y a des gens font des illustrations mortellement cool pour aller avec :

Couv. Georges Clarenko

MAIS YES

J’aime énormément le symbolisme de Ganner, la représentation des murailles sur cette image – et ces Sauteriaux, graou ! C’est comme à chaque fois fascinant – et, honnêtement, génial – de voir comment plusieurs illustrateurs s’approprient différemment un même texte et un même univers avec leurs sensibilités et leurs forces. Alors qu’Alain Brion suit le voyage de Mériane au fil des couvertures, Georges Clarenko propose une vision presque historique, déjà mythique, de la geste de la Messagère du Ciel. Merci à lui, et à eux, de prêter leur talent à ces livres, et puis à vous, tiens, de leur faire une place sur vos étagères !

La réédition poche du tome 3 de « Les Dieux sauvages », donc, sortira le 4 novembre. Disponible dans toutes les librairies – un tome pivot à bien des titres, situé mathématiquement au milieu de la saga, et je trépigne déjà que ceux et celles qui ont découvert la série dans cette édition puissent à nouveau poursuivre le voyage !

2021-11-03T18:05:58+01:00mardi 7 septembre 2021|À ne pas manquer|2 Commentaires

L’évolution des couvertures de livre en France et dans l’imaginaire [entretien et article]

Elisa Thévenet, journaliste pour le magazine littéraire en ligne Ernest, a conduit une enquête sur les couvertures de livres, leur évolution à l’heure des réseaux sociaux (notamment Instagram), leur situation un peu étrange en France (avec les illustrations de l’imaginaire Vs. la générale blanche). L’article est lisible ici pour les abonnés et résulte d’un certain nombre d’entretiens à tous les échelons de l’édition, dont avec ton humble serviteur, auguste lectorat. Entretien que, pour ma part, voici dans son intégralité, avec mes remerciements à Elisa Thévenet :

La tradition française défend depuis plus d’un siècle une ligne graphique très épurée (la blanche de Gallimard, la bleue de Stock), en tant qu’écrivain, quelle importance accordez-vous à la couverture (celle de vos livres, comme celle de ceux que vous lisez) ?

Je trouve la tradition française des couvertures épurées résolument déprimante, et je crois que cela contribue beaucoup à donner au livre une image rébarbative (que l’on a bien moins dans les autres pays du monde). Le livre est un objet autant que d’être du récit ; par conséquent, on préfère forcément, que ce soit comme lecteur ou auteur, de beaux objets en plus de beaux récits. On lit pour se faire plaisir ; pourquoi le livre ne refléterait-il pas cette invitation au voyage ? Mais en plus de la dimension esthétique, il y a aussi une dimension commerciale à la couverture : une belle édition attire le regard et peut-être l’intérêt et l’envie du lecteur, ce qui est évidemment primordial pour la viabilité d’un livre.

Forcément, pour mes propres romans, je suis donc ravi d’avoir de belles couvertures qui donnent envie ! Et j’ai toujours été magnifiquement servi par mes illustrateurs et illustratrices (que je remercie).

C’est généralement l’éditeur qui propose et choisit la couverture d’un livre, est-ce qu’il est difficile de déléguer un choix aussi important ?

Pas du tout, c’est même un soulagement. Je ne suis pas illustrateur, et je n’ai pas le pouls sur les goûts du public comme mon éditeur ; je laisse donc volontiers la main à ceux qui ont ces compétences que je n’ai pas. Je considère la couverture comme la première « adaptation » de l’univers romanesque à exister, avec ce que cela peut entraîner comme compromis nécessaires : le rôle de la couverture est d’inviter, d’évoquer et de magnifier, pas de représenter fidèlement. Donc, tant qu’il n’y a pas d’erreur factuelle flagrante contredisant le récit ou vendant la mèche, je suis ravi ; je donne bien sûr mon avis à mon éditeur quand il m’y invite, mais je lui reconnais toujours le dernier mot et je lui fais plus confiance qu’à moi-même dans ce domaine.

Dans la littérature (et surtout dans celle de l’imaginaire), les couvertures ont gagné en qualité et en élégance au cours de la dernière décennie. Les éditeurs font désormais appel à des illustrateurs renommés et proposent de plus en plus des objets-livres à leurs lecteurs. Comment expliquez-vous cette tendance ?

Il me semble que les éditeurs d’imaginaire font appel à des illustrateurs de renom depuis bien plus longtemps que cela, et même que l’édition d’imaginaire est presque indissociable de la notion d’image. Cependant, il est tout à fait juste que les belles éditions ont fleuri ces derniers temps d’une manière assez nouvelle.
Ce que j’expliquerais par deux aspects, le premier très prosaïque étant la baisse des coûts de fabrication du livre : il est désormais possible de réaliser de plus beaux tirages tout en conservant une marge de rentabilité raisonnable. L’avénement du financement participatif, également, permet de trouver les fonds pour des éditions très ambitieuses sans mettre une structure en danger.

L’autre point est le développement de la dématérialisation, le livre électronique bien sûr, mais le phénomène, global depuis des années, fait nécessairement évoluer le rapport du public à la culture dans son ensemble. Si le texte, l’œuvre en elle-même peut être consommée à un prix modique de manière « virtuelle » (voire pillée par le piratage…), alors il semble opportun de recapturer une part de la magie du support par de belles éditions et/ou du contenu additionnel.
Le beau livre fait partie intégrante de l’édition depuis des siècles ; ces deux composantes ensemble permettent donc de sauvegarder un peu la santé financière d’une entreprise, tout en se faisant plaisir et en faisant plaisir au public – ce qui est le meilleur modèle qui soit !

Propos recueillis par Elisa Thévenet

2019-03-01T12:11:29+01:00jeudi 7 mars 2019|Entretiens, Le monde du livre|Commentaires fermés sur L’évolution des couvertures de livre en France et dans l’imaginaire [entretien et article]

Un tableau de Rhovelle en couleurs

Je crois qu’un des plus grands plaisirs de ce métier, un des plus grands honneurs – et un des aspects les plus renversants – c’est de voir, peu à peu, ses humbles créations, ses petites histoires qu’on se raconte sur la route ou au feu rouge pendant que des personnages s’engueulent dans sa tête (la manière la plus amusante de passer le temps dans un embouteillage, garanti) prendre vie. Que ces gens, ces événements, ces univers, prennent pour d’autres une forme de réalité, et qu’on voit les images que l’on a seulement fantasmées (en tout bien tout honneur) (en tout cas dans mes genres littéraires) (vous faites ce que vous voulez) apparaître, être visitées par d’autres psychés, et peut-être, humblement, les toucher. Parvenir à jeter un pont par-dessus le néant avec des mots.

Ben c’est chouette.

Cela commence avec la couverture des livres, bien sûr, quand un.e illustrateur.trice magnifie la forme des mots que vous lui envoyez (et j’ai toujours été splendidement servi – j’en profite pour mentionner éhontément que la couverture de La Fureur de la Terre a été dévoilée). Pour « Les Dieux sauvages », d’ailleurs, j’ai eu la chance de travailler avec Roxane Millard pour la carte intérieure de Rhovelle.

Et, après avoir vu l’incroyable travail de Roxane (et avoir loué sa patience dans le déchiffrage de mes croquis pourris – un enfant de maternelle pourrait me donner des cours de dessin, je ne plaisante même pas), comme j’étais parti pour rester des années en Rhovelle avec cette saga, je lui ai demandé si elle accepterait de me faire (contre rémunération bien sûr) un exemplaire grand format et en couleurs de la carte.

Carte Roxane Millard

Le résultat est simplement frappant. Et émouvant, oui, parce que quelque part sur ces tracés, se promènent, combattent, aiment et meurent les Rhovelliens, Mériane, Leopol, Chunsène, Nehyr, Maragal, Erwel et tous les autres. Grâce au talent de Roxane, je me dis que si je plisse un peu les yeux, je pourrais les voir comme par satellite. Merci, donc, Roxane.

Découvrir le travail de Roxane sur Artstation (elle fait bien, bien plus que des cartes !).

2019-02-25T08:06:15+01:00mercredi 27 février 2019|Juste parce que c'est cool|9 Commentaires

Procrastination podcast S02E18 : “Tirer la couverture au livre”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Tirer la couverture au livre“.

Les couvertures illustrées sont, du moins en France, une caractéristique notable des livres d’imaginaire en rayon. Dans cet épisode, nous étudions ce processus tant sous l’angle économique qu’artistique. Laurent signale l’importance de l’image dans la notion même d’imaginaire, et rappelle que les illustrateurs ont marqué les genres autant que les auteurs. Mélanie nous rappelle qu’une illustration est autant une promesse narrative que le titre ; et Lionel aborde plus en détail le processus de réalisation d’une illustration avec la chaîne éditoriale.

Références citées
– Jules Hetzel
– Albert Robida
– Chris Foss
– Virgil Finlay
– Caza
– Philippe Druillet
– Wojtek Siudmak
– Manchu
– Bastien Lecouffe-Deharme
– Alain Brion
– Une Heure-Lumière, collection du Bélial’ illustrée par Aurélien Police

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:45:58+02:00lundi 4 juin 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

Comment se choisit une couverture de livre ?

C’est une petite question en passant sur l’édition qu’on m’a posée, et qui revient finalement assez souvent. Comment se choisit une couverture de roman, l’auteur a-t-il son mot à dire, dans quelle mesure ? Qui a le dernier mot (Jean-Pierre) ?

De manière générale – à travers tous les contrats que j’ai lus et toutes les expériences que j’ai pu avoir – c’est l’éditeur qui a le dernier mot, c’est même inscrit dans un contrat standard : l’éditeur choisit les éléments de commercialisation (prix, format, grammage du papier, et cela va jusqu’à la couverture). C’est logique. La couverture est bien sûr un élément artistique, mais c’est aussi un élément de communication et donc de commercialisation – et s’il connaît bien son métier, il sait comment présenter (ou, plus exactement, confier à un illustrateur et/ou un graphiste) le livre de manière à susciter l’intérêt du lectorat visé (lequel, dans ton cas, est auguste, c’est établi de longue date). Et, notamment, il le sait mieux que l’auteur (dont ce n’est pas le métier). L’expérience tend à prouver par ailleurs qu’un auteur n’est pas toujours le meilleur ambassadeur de son projet, et ce qu’il a voulu y mettre ne correspond pas nécessairement à ce qu’il est le plus pertinent de mettre en valeur, voire, ce qu’il n’est possible de mettre en valeur tout court (« J’aimerais bien que ma couverture mette en avant une profonde tristesse née du mal de vivre. » « Ça se met pas en page, ça, monsieur Baudelaire, vous êtes un peu chiant. »)

Après, ça, c’est la théorie, dans les faits, l’auteur est très fréquemment consulté, voire fortement sollicité pour la construction de l’ambiance graphique. Logique aussi, c’est quand même lui qui connaît son univers, et évidemment, tout le monde a intérêt à ce que l’illustration colle au plus près des intentions de l’auteur et que tout le monde soit content (je le dis fréquemment et je le répète, contrairement à la légende, les relations dans l’édition ne sont pas nécessairement emprises de rapports de force, du moins pas quand on travaille en bonne intelligence). Il arrive très fréquemment qu’on lui transmette des croquis préparatoires pour savoir si la direction convient à l’ambiance, à ce qu’il imagine, s’il y un détail ou deux à ajuster, et c’est là qu’il doit aussi faire preuve de professionnalisme – il ne s’agit pas de représenter à la lettre l’univers ou le récit mais de les magnifier pour parler à l’imagination d’un possible lecteur que le livre intéresserait. C’est, en un sens, la première adaptation du roman, et je considère, pour ma part, qu’il faut grandement laisser l’artiste s’exprimer – c’est son métier de faire de belles images et je lui fais confiance. Il m’arrive de signaler parfois un ou deux détails de forme pour que cela colle mieux à l’univers (de mémoire, par exemple, j’ai demandé à ce qu’on retire les canons de chasse – à l’avant – sur les cuirassés impériaux de La Volonté du Dragon car, pour des raisons qui seront assez vite mises en valeur, c’est une mauvaise idée).

Couv. Alain Brion

Ce qui arrive fréquemment et que j’ai toujours fait pour mes romans, c’est que l’éditeur demande à l’auteur un petit dossier d’inspirations et de passages signifiants à remettre à l’illustrateur pour l’aider à cerner dans quelle direction partir. Les illustrateurs ont rarement le loisir de lire les livres ; ils sont extrêmement sollicités et travaillent bien plus vite que les écrivains, donc il convient de leur faciliter la vie. Par exemple, de mémoire récente, j’ai transmis à Critic pour Alain Brion (qui illustre magnifiquement « Les Dieux sauvages ») un descriptif assez détaillé de Loered dans Le Verrou du Fleuve, avec quelques plans, ambiances et références géographiques et architecturales (que j’ai de toute façon dans mes notes), ce qui a abouti au splendide résultat ci-contre.

Donc, c’est un travail de collaboration, où l’auteur agit comme consultant estimé – il fournit la matière à l’illustrateur, mais en cas de litige, c’est l’éditeur qui a le dernier mot. Pour ma part, je trouve cela très bien : à chacun son métier. Et j’ai toujours été magnifiquement gâté par mes illustrateurs, qui semblent à chaque fois ouvrir ma tête et en sortir les images que je m’efforce de décrire avec de seuls mots, et je les en remercie à nouveau !

2019-06-04T20:21:00+02:00mercredi 24 janvier 2018|Best Of, Le monde du livre|5 Commentaires

La couverture de Port d’Âmes dévoilée !

Ça y est ! Je la montre en salon depuis quelques semaines sur mon téléphone, mais elle est officiellement dévoilée : la couverture de Port d’Âmes, à paraître en août prochain, le prochain opus d’Évanégyre qui sera un volume indépendant (et une bonne porte d’entrée pour ceux qui aiment les formats longs). Réalisée par François Baranger, également écrivain et l’illustrateur de La Route de la Conquête, elle est simplement sublime, comme tout ce que fait François. Je suis très honoré qu’il prête à nouveau son talent à cet univers, pour une illustration qui restitue à la perfection l’atmosphère du livre :

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Et la quatrième de couverture a été également dévoilée, mais pour cela, il faudra aller voir chez Elbakin !

2015-05-11T21:13:39+02:00mercredi 13 mai 2015|À ne pas manquer|16 Commentaires

Livre enrichi en vent (2) : marché de niche

Alors bon, vraiment, je suis ultra déçu, il semble que je n’aie pas réussi à me rendre entièrement impopulaire hier avec des affirmations à l’emporte-pièce sans explication, ce qui prouve que je ne suis définitivement pas prêt pour la monétisation de mon contenu rédactionnel à forte valeur ajoutée, comme me l’expliquait cet important spécialiste russe du web qui m’a écrit hier sur Twitter pour me proposer un séminaire de deux jours à 1000 $ en me promettant que l’investissement serait dérisoire par rapport aux bénéfices que j’en retirerais. J’hésite, franchement, j’hésite.

Donc, je ne crois donc pas à la généralisation du tant vanté « livre enrichi », et c’est un geek, un poilu, un vrai, du genre à crier de joie en découvrant dans un carton de déménagement un vieux câble série pour faire des transferts avec ses vieilles machines qui vous cause. (Je précise – ce que j’aurais dû faire hier – que je me place avant tout dans le cadre de la littérature et de la fiction ; les cartes sont moins nettes pour le contenu académique.)

Alors, pourquoi, hein ?

L’insoutenable linéarité de l’être

À moins de prendre des hallucinogènes puissants ou d’atteindre un degré d’évolution cosmique transcendantal, l’expérience humaine est linéaire. Notre expérience du temps, et donc notre intégration des connaissances, se fait de manière sérielle et généralement causale. Si je raconte la chute de la blague puis ses prémisses, c’est nul. Si je raconte que Jésus a ressuscité avant de mourir, ça casse le « ooh » (et l’ambiance, mais c’est une autre histoire). Complexifier le flux cognitif conduit vite à une sensation désagréable de décousu : on se demande vite « D’accord, mais qu’est-ce que ça raconte vraiment, au juste ? »

Bien sûr, on peut jouer avec la forme, comme Richard Nolan le fait très bien dans Memento, on peut expérimenter avec la temporalité du récit, d’un simple retour en arrière à la mosaïque totale, mais ce sont des écarts à la norme, des artifices visant à renforcer un effet de surprise chez le public qui, parce qu’il reçoit malgré tout la narration de façon linéaire, va se poser des questions supplémentaires qui sortent du cadre établi. Toute fiction pose des questions. (Si c’est pour ne pas poser de questions, autant aller se coucher tout de suite.)

Bref, si l’on doit passer du texte à une vidéo puis à des mots croisés, on largue inévitablement du monde en route : j’adore d’un amour impérissable et vénérant La Maison des Feuilles, mais je doute que ça devienne la norme demain – et qu’on aille beaucoup plus loin dans le concept non plus. On nous ressort périodiquement le concept de « fiction hypertexte », mais, sérieusement, vous en avez vu beaucoup qui a pris, vous ?

Pardon monsieur, vous pourriez couper votre livre, s’il vous plaît ?

Le corollaire – et la deuxième raison – est que, dans les habitudes de consommation actuelles, différents supports correspondent à différents moments, différents lieux. On écoute des podcasts dans le métro. On lit des gros bouquins cartonnés dans son pieu ou sur une chaise longue. On joue à Mass Effect de préférence vautré dans son canap’ avec une longue soirée devant soi. Et l’on regarde des films posé dans un endroit confortable (bon, OK, au boulot si c’est YouTube). Le son, composante quasiment indissociable de la vidéo, ne peut être consommé confortablement partout, tout comme l’image. Et si une partie de ce contenu nécessite un autre mode de consommation que celui prévu, soit on le saute (= création inutile) soit on éprouve de la frustration (et frustrer le client, c’est mal). (Alors oui, d’accord, je suis au courant il existe des casques, mais admettez que si vous avez une chouette télé et des haut-parleurs à la maison, vous préférerez attendre de regarder votre dernière épisode de série chez vous que sur votre portable pourri entre une grosse madame qui sent le chou et un pervers aviné.)

Sur Facebook, deux réactions hier concernant Level 26 (Anthony E. Zuiker), qui propose des vidéos récapitulatives en fin de chapitre, étaient éloquentes : non seulement c’est vécu comme “ne servant à rien” mais en plus, le lecteur se sent vaguement insulté qu’on lui résume ce qu’il vient de lire.

Rapide comme du texte

La dernière raison, que pas mal de diffuseurs de contenu oublient, c’est qu’il n’y a pas de mode de communication plus rapide que le texte. C’est pour cette raison qu’il n’a pas disparu et ne disparaîtra pas avant la généralisation de la télépathie. Un paragraphe du Monde contient plus d’information que trente minutes du journal de TF1 (mais ça, ça n’étonnera personne). La vidéo est rigolote, l’image est funky, les deux peuvent former d’excellentes illustrations, effectivement meilleures que de longs discours ; mais, à temps égal, un manuel restera toujours plus riche qu’un documentaire. Quand il s’agit d’intellectualiser, rien n’est plus dense que le texte. Sinon, le Web serait déjà peuplé de vidéos idiotes et d’images de chats. (Euh… attendez une seconde…)

Caveat canem

Alors, bien sûr, ces expériences sont intéressantes, il faut les faire, et ça ne m’empêchera pas de jouer si l’occasion se présente avec, parce que diable, c’est rigolo. Oui, le numérique et son interactivité offrent des possibilités enthousiasmantes, comme celle d’avoir un dictionnaire embarqué avec son ebook, de faire une recherche en plein texte, de répéter une phrase étrangère pour vérifier si son accent est passable. Mais arrêtons-nous un instant. En-dehors de quelques usages très ciblés, est-ce qu’on parle vraiment de fiction ici ? Non. Les enrichissements peuvent constituer un plus appréciable. Mais y a-t-il une vraie différence avec un livre illustré ?

Je ne crois pas. Et toute la question se résume finalement à ça, à mon humble avis. C’est chouette, les livres illustrés. Seulement, le jour où l’on a su intégrer à grande échelle des images à un texte, est-ce qu’un type fraîchement émoulu de Sup de Co s’est exclamé « oh putain, c’est l’avenir du livre, plus personne ne pourra jamais écrire à l’ancienne » ? Non. Le livre enrichi, ce n’est rien de plus qu’un livre illustré fait avec des électrons et, comme dans les rayons actuels des librairies, cela correspond à une demande existante et à un marché spécifique, très différents de la littérature “pure”. Alors, par pitié, arrêtez de nous marteler que c’est « l’avenir du livre » et que ça va radicalement changer la littérature. Parce que si c’était le cas, l’invention du vélo aurait entièrement éradiqué la marche à pied.

(Mais nous ne saurions nous passer d’un autre de ces merveilleux éducatels.)

2018-07-17T14:24:17+02:00jeudi 3 février 2011|Le monde du livre|11 Commentaires

La Volonté du Dragon en images, semaine 3

Il est temps de dévoiler deux nouvelles illustrations réalisées autour de La Volonté du Dragon, toujours réalisées par Fred Navez – dévoiler n’est plus tout à fait le terme, puisque les plus observateurs les auront déjà remarquées dans la bande-annonce du livre, mais je vous propose de les voir ici en grand (cliquez sur l’image) :  (suite…)

2010-03-22T11:25:11+01:00lundi 22 mars 2010|Actu|Commentaires fermés sur La Volonté du Dragon en images, semaine 3

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