En ligne : battle de l’Ouest Hurlant Tolkien Vs. Game of Thrones

Qu’il est bon d’être méchant ! Graou. Au printemps dernier, l’organisation du festival l’Ouest Hurlant avait inauguré un format de battles, et dans celle-ci, j’ai eu la maléfique et réjouissante tâche de porter haut les couleurs de Game of Thrones contre les elfes lisses et les montagnes carrées de Tolkien (quoi ?) représentés par mon amie et néanmoins ennemie (ou l’inverse) Morgan of Glencoe. Bravo à Bolchegeek d’avoir maintenu un peu de bonne foi là-dedans, et à Betty Piccioli d’avoir modéré ce débat houleux mais où l’on s’est bien marré, le public aussi je crois, et maintenant vous j’espère.

Écoutable directement sur le podcast de l’Ouest Hurlant (où les tables rondes de cette année vont commencer à être diffusées) ou bien ci-dessous, si vous êtes du genre à écouter encore de l’audio dans un navigateur de bureau en 2023. Pardon, ma mauvaise foi a dérapé.

2023-11-28T06:22:26+01:00mardi 28 novembre 2023|Entretiens|2 Commentaires

On est en 2023 et je paie pour un moteur de recherche

Sauf que si c’est pas gratuit, c’est pas moi le produit, et justement parce qu’on est en 2023, j’aime bien.

Le moteur de recherche, c’est un peu la base d’une vie moderne connectée, plus encore quand a besoin d’une clarification de règles à Terraforming Mars quand on écrit des trucs sur des machins et que l’on a besoin d’informations précises comme la possibilité de transporter une longue lettre dans un cartouche sur le dos d’un oiseau messager (ce qui revient un peu à connaître la vitesse de croisière d’une hirondelle non chargée, d’ailleurs, ce qui est spécialement important sur des ponts suspendus). Google donne des résultats excellents, je n’en disconviens pas, mais considérez-moi vieux jeu, j’aime bien mes données et qu’elles me restent personnelles.

Quelles alternatives respectueuses de la vie privée ? J’ai longtemps essayé DuckDuckGo et Qwant, mais quand on se retrouve à devoir taper !g pour revenir sur Google une recherche sur trois, on peut considérer que le service est inadéquat. Brave Search est un poil mieux, mais reste insuffisant pour des recherches pointues.

Des fous ont lancé il y a cinq ans Kagi, considérant qu’il y avait de la place sur le marché pour un moteur de recherche de qualité, payant et respectueux de la vie privée. On doit être plusieurs fous à être d’accord, car l’entreprise est non seulement toujours là, mais elle se développe.

Pourquoi le chien fait la gueule ? Je ne sais pas. Peut-être faut-il chercher l’étymologie de cagi en vieux français. Non, n’y allez pas. Je vous aurai prévenu.e.

Kagi propose des résultats de qualité, mais aussi, ce qui est intéressant, moins nombreux que la concurrence. Au lieu de noyer l’utilisateur sous douze mille pages semblables et cent mille images identiques, l’algorithme s’efforce de fournir des infos à la fois variées mais qui se recoupent le moins possible, ce qui rend utile l’exploration des pages 2 et 3 des résultats, et assure que dans l’immense majorité des cas, si l’info n’a pas été trouvée, c’est qu’elle n’est pas disponible. En particulier, Kagi est très doué à pêcher des réponses obscures sur Reddit ou dans des forums. Il est également possible de favoriser certaines sources au détriment d’autres, mais je n’ai jamais creusé là-dedans : je demande à mon moteur de recherche qu’il me réponde clairement d’emblée, ce que Kagi fait très bien sans configuration.

Combien ça coûte ? Ça dépend de l’usage, soit du nombre de requêtes mensuelles. On peut évidemment se faire une idée avec un plan gratuit, et monter en gamme jusqu’à l’illimité :

À titre d’exemple, 300 recherches suffiront pour une personne normalement constituée ; sachant que je fais beaucoup de recherches documentaires, je varie entre 400 et 600 recherches par mois, ce qui n’est pas non plus énorme (mais m’oblige quand même à un plan Professional).

Installer Kagi comme moteur de recherche par défaut

Évidemment, tout ça ne sert à rien si on ne peut pas utiliser son moteur tout nouveau tout beau avec la même immédiateté que son Google, hein ? Heureusement, les créateurs n’ont pas oublié de rendre leur produit disponible sur tous les navigateurs avec une extension qui interceptera obligeamment vos recherches pour les renvoyer vers leur moteur. Et oui, il y en a une pour Safari aussi, qui fonctionne sur Mac et iOS, ce qui permet de conduire ses requêtes depuis la barre d’adresse, comme avec Google. Joie !

Si vous utilisez Alfred (vous utilisez Alfred, hein ?), installer Kagi comme moteur de recherche par défaut est simplissime également. Quand vous êtes abonné.e au service, on vous fournit une URL de recherche personnelle à ne partager avec personne, contenant un jeton d’identification. Il suffit de créer une entrée supplémentaire dans la catégorie Web search d’Alfred (voir ci-contre) puis d’entrer votre URL de la façon suivante, en plaçant le jeton évidemment à la bonne place :

https://kagi.com/search?token=VOTRE_JETON_ICI={query}

Et voilà, c’est beau :

Un joli jouet (mais un peu pour riche, oui)

Est-ce que ça vaut le coup ? Honnêtement, si l’on parle du seul service, il n’est pas fantastiquement meilleur par rapport à Google pour valoir le prix de l’abonnement. Mais si l’on ajoute la vie privée dans la balance et que l’on est sensible à cet argument (comme je le suis), alors Kagi est non seulement la meilleure solution de rechange à Google, c’est aussi la seule valable.

Ça n’est certainement pas le premier produit que je vais vous recommander, mais il est important d’en parler, je trouve fantastique qu’une entreprise puisse faire de la concurrence à Google avec une vraie pensée derrière et une offre viable, et si vous êtes sensibles à ces arguments, vous vous reconnaîtrez. Sinon, vous passerez votre chemin, et ça marche aussi.

➡️ Explorer Kagi

2023-11-20T07:29:03+01:00jeudi 23 novembre 2023|Juste parce que c'est cool|2 Commentaires

Bienvenue aux éditions Timelapse

Bienvenue et félicitations aux éditions Timelapse, nouvelles venues dans le paysage de l’imaginaire français, et qui proposent un esprit intriguant, à la fois tourné vers l’expérimentation littéraire et la lenteur nécessaire à la maturation des œuvres (je ne peux, ahem, pas dire le contraire) :

une forme éditoriale suffisamment souple pour soutenir les fictions classiques ou inclassables, modèles d’un genre ou formes inédites. Nous l’avons conçue comme un lieu d’expérimentations, où l’expérience littéraire est aussi précieuse que l’expérience du travail collectif. […]

Respecter le rythme de chacun et de chacune, accompagner les auteurs ou les autrices, à chaque étape de la création, peaufiner les textes, discuter leur propos, penser la fabrication d’un ouvrage, physique ou numérique, de l’illustration élaborée aux modalités d’impression et de diffusion, créer un lien avec les libraires, privilégier la qualité plutôt que la quantité : la slow édition, c’est un ensemble de pratiques, discutées et coordonnées, qui nous permettront de mettre en lumière des fictions crées dans le respect des individus et de leur travail.

Extrait du manifeste des éditions Timelapse

Le premier ouvrage des éditions Timelapse sera Hope, de Noëmie Lemos, dont la publication ne serait tarder (le livre est chez l’imprimeur).

Bravo à Marielle et Hélène pour cette aventure ! Deux soirées de lancement sont prévues à Rennes, et il se trouve que c’est le moyen préféré des éditrices pour recevoir de nouveaux projets

➡️ Le site des éditions Timelapse

2023-11-20T06:01:14+01:00mardi 21 novembre 2023|Le monde du livre|2 Commentaires

Départ de Twix… X… Twitter… la poubelle en feu

Votre attention s’il vous plaît, ce compte Twitter va s’autodétruire sous peu. Veuillez enfiler le gilet de sauvetage sous votre siège, prendre tous vos bagages avec vous et sauter dans les toboggans avant l’écrasement final de l’appareil contre le mur du çon.

Donc oui, j’avais dit que je ne ferais pas la girouette des réseaux, contrairement à ce que laisse entendre ce premier paragraphe, il paraît qu’on n’est pas dans un aéroport où l’on proclame arrivées et départs, et j’avais juré mes grands dieux et (mes petits) que je poserais dorénavant une stabilité certaine concernant mes comptes divers et variés, mais les ignominies d’Elon Musk ont dépassé de plusieurs ordres de grandeur ce que je suis prêt à encaisser et là, ça suffa comme si. Besoin d’un rappel ? Liste loin d’être exhaustive : monceau de conneries sur le COVID et ses vaccins, moqueries sur les pronoms personnels, absence totale de modération sur son réseau et la dernière en date, acquiescement à une thèse antisémite conspirationniste qui a motivé le tueur de la synagogue de Pittsburgh. Il y a certainement une étude psychologique à conduire sur la manière dont on passe de défendre le revenu global universel en 2020 à soutenir Ron DeSantis seulement trois ans plus tard, mais elle concerne quelqu’un de beaucoup plus diplômé et mieux payé que moi.

Bref, donc, à partir de maintenant, mon compte sur X (je grimace à chaque fois que j’écris ça) est en complet sommeil, suivi dans la semaine d’un passage en privé et inactif si je redeviens calme, mais d’une beaucoup plus probable destruction par le feu.

C’est donc le bon moment pour faire un petit tour d’horizon des moyens de contact :

2024-01-09T08:31:29+01:00lundi 20 novembre 2023|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Départ de Twix… X… Twitter… la poubelle en feu

Deux nouvelles mises en musique pour La Messagère du Ciel

Jérôme Marie est incroyable ! Il est en train d’adapter La Messagère du Ciel littéralement scène par scène, ce qui représente une œuvre pharaonique, je peux vous le dire. Après le premier chapitre entre Ailleurs et Mériane, il dévoile deux thèmes, un pour Juhel, un pour Erwel, suivant la structure du chapitre 2 :

C’est vraiment incroyable de voir son histoire réimaginée avec un langage totalement différent, et pourtant tellement adapté. Je suis extrêmement reconnaissant et enchanté ; mille mercis à Jérôme Marie, d’autant que même si je pratique ce langage aussi, je crois bien que je serais incapable d’adapter une de mes histoires. Pour moi, cela revient à deux domaines totalement différents. Pour l’heure, en tout cas.

Il convient bien sûr de ne pas perdre ces œuvres dans le flot du blog, donc elles seront au fur et à mesure rassemblées sur une page dédiée que voici que voilà :

➡️ La Messagère du Ciel – adaptation musicale

2023-12-06T06:34:20+01:00jeudi 16 novembre 2023|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Deux nouvelles mises en musique pour La Messagère du Ciel

Procrastination podcast s08e05 – Défis économiques et technologiques de la librairie indépendante, avec Éric Marcelin

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s08e05 – Défis économiques et technologiques de la librairie indépendante, avec Éric Marcelin« .

Suite de cette conversation au long cours qui accompagnera toute la saison 8 de Procrastination avec Éric Marcelin, directeur de Critic, à la fois librairie indépendante implantée à Rennes depuis plus de vingt ans et maison d’édition d’imaginaire qui compte dans le paysage français, avec au catalogue Christian Léourier, Laurent Genefort, Lou Jan, Romain Benassaya, Marine Sivan et bien d’autres. Avec cette double casquette et l’expérience des années, Éric a un regard précieux et riche d’enseignements ; c’est notamment l’occasion de découvrir le métier de libraire, souvent mal connu des auteurs. Dans ce deuxième épisode, Éric parle des défis économiques et technologiques qu’affronte la librairie dans les années 2020, de l’avènement du livre électronique à la concurrence des grandes plate-formes en ligne, en passant par l’impact de la couverture sur l’acte d’achat et les réalités mal connues du métier à connaître. Retrouvez la librairie et les éditions Critic en ligne et sur les réseaux :

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-11-29T08:24:00+01:00mercredi 15 novembre 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e05 – Défis économiques et technologiques de la librairie indépendante, avec Éric Marcelin

Ça sent la fin pour World of Warcraft (du syndrome Dragon Ball Z)

Je ne joue plus à WoW depuis environ 2009 (j’ai publié mon premier roman en 2010, coïncidence ? je ne crois pas) mais je garde une tendresse spéciale qui ne peut être due qu’à un syndrome de Stockholm avancé en repensant au farm des feux élémentaires pour les potions de résistance nécessaires pour Molten Core, surtout quand je constate que mon cerveau a totalement effacé la géographie d’Azeroth que je connaissais pourtant autrefois mieux que le topologie de ma propre rue, de la même façon que j’ai oublié comment diagonaliser une matrice au lendemain des concours d’école d’ingénieur. Tendresse, donc, et (merci Topa pour l’info), Blizzard prépare la dixième extension de WoW, intitulée The War Within, première d’une trilogie formant une seule et même saga.

Si vous ne suivez pas le lore de WoW, c’est un joyeux foutoir à base de voyages interplanétaires et interplanaires où, dans les dernières additions, on combat même la mort (car même la mort peut mourir, disait l’autre), et d’ailleurs, les orcs ne sont pas des méchants, mais en réalité des extraterrestres (je suis sérieux). Dernièrement, il semble qu’on apprenne que les planètes sont en réalité des titans (ouais, bon, des dieux) en devenir et le dieu méchant (Sargeras) veut tuer la planète, une idée qui me rappelle un peu perso les réacteurs Mako de FF7 mais bon, c’est compliqué d’inventer un grand concept qui puisse se prêter à du loot épique. J’ai l’air chafouin comme ça mais pas du tout : j’ai une sincère affection pour le lore de WoW justement parce qu’il part dans tous les sens et il est réellement difficile de menacer la planète tous les ans pour intéresser les joueurs à la prochaine chasse à l’arme violette. Et puis, allez résumer trente ans de background en un seul paragraphe. Donnez-moi une cassure.

Bref. Sargeras, c’est le grand méchant de l’univers depuis littéralement le début, et on entre comme qui dirait dans l’échelle épique, à ce stade : quand on commence à péter des planètes entières, on s’approche dangereusement d’une inflation des enjeux que j’appelle personnellement le syndrome Dragon Ball Z. Lequel est caractérisé par une démesure tellement exponentielle de la puissance des personnages et/ou des enjeux qu’ils en deviennent paradoxalement abstraits, risquant un dangereux désengagement du lecteur ou spectateur. Pour le dire autrement : quand on commence à dézinguer des planètes, on n’a plus beaucoup de marge de progression à part dézinguer des systèmes solaires, puis des galaxies, puis on entre dans les délires des multivers et là, l’exemple des super-héros nous montre bien qu’on commence à coincer et que, pour le dire poliment, ça devient du gros nawak dont on se bat les gonades.

Pourquoi les films et comics de super-héros reviennent-ils toujours à l’origin story et nous la remixent-ils cent douze fois plutôt que de remixer l’arc où la version Vega-9000 d’Iron Man en ascension céleste a sauvé trois univers parallèles ? Parce qu’en imaginaire, nous avons besoin de deux dimensions potentiellement opposées : les enjeux, que nous tendons à vouloir cosmiques (on écrit de l’univers aussi pour pouvoir péter des planètes, hein) et l’attachement aux personnages, qui s’appuie à l’inverse sur l’intime. Et l’on n’est jamais aussi bon que quand on arrive à relier l’un à l’autre, ce qui passe souvent par l’implication de l’intime dans la destruction desdites planètes, mais ça n’est pas toujours facile à naviguer.

Les développeurs de WoW ont déclaré en toutes lettres que non, ça n’était pas la fin du jeu, qu’ils avaient encore dix extensions en stock, et je veux bien les croire en termes de gameplay, tout comme il leur est bien évidemment impossible de déclarer quoi que ce soit d’autre, que ce soit pour l’implication des joueurs dans le jeu que pour la valeur des actions d’Activision-Blizzard. Mais quand même, je suis forcé de m’interroger : après avoir vaincu littéralement la mort et peut-être flingué Sargeras, la cause première de Tout Ce Qui Déconne™ dans cet univers, où la narration pourra-t-elle bien aller ? Qu’est-ce qu’on peut bien faire après ? Personnellement, je trouverais intéressant de varier les plaisirs et de revenir à quelque chose de plus intime, mais je ne crois pas un seul instant que la fanbase s’intéresse à WoW : Mon Petit Commerce De Proximité™ après avoir probablement tué Sargeras à coup de tétralaser multimagique dans un Goldorak spatial alimenté par trois Naaru, le sacrifice de Sylvanas Coursevent et l’esprit d’Arthas Menethil revenu une énième fois pour un cameo.

Qu’est-ce qu’on retire de ça ? Un bouquin n’est pas un jeu vidéo et dans un jeu, le lore est secondaire au gameplay ; les délires multiplanaires n’ont pas dérangé D&D et Magic: the Gathering supporte visiblement les hybridations les plus invraisemblables.

Je n’ai pas joué à Magic depuis le lycée, mais j’ai un énorme man crush sur David Tennant, et je suis faible

Un roman ou un série, en revanche, n’ont que leur histoire, duh. Et du coup, on en retient une leçon pour nous : l’importance des enjeux n’est pas directement corrélée à leur envergure. Ce qui compte, c’est leur importance pour les personnages. Et c’est avant tout là que l’on peut mettre à profit narrativement l’une des plus vieilles stratégies de survie du monde animal : l’empathie pour nos semblables, qui véhicule alors le sentiment, laquelle entraîne l’implication.

2023-11-13T07:17:43+01:00lundi 13 novembre 2023|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires
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