Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

L’astrolabe est la première coopérative du livre française ! 

Basée à Rennes, elle est structurée en 3 pôles : une maison d’édition engagée, envers ses auteurs comme dans ses publications, une librairie coopérative et un incubateur qui a pour but d’aider à une meilleure diffusion du livre sur le territoire.

1. Une maison d’édition engagée […]

2. Une librairie coopérative

Ouverte à toutes et tous, cette librairie semi-généraliste conciliera aussi bien les goûts de ses libraires que celles de ses sociétaires. Elle proposera un espace de coworking ainsi qu’un espace de convivialité avec thé, café et boissons fraîches. L’ouverture de la librairie aura lieu en deux temps :

– 16 avril 2022 : ouverture d’une librairie éphémère au Timbre de Maurepas ;

– 12 novembre 2022 : ouverture de la librairie dans ses locaux définitifs, 20 place Lucie et Raymond Aubrac.

3. Un incubateur de projets liés au livre

Un nom excellent pour une librairie qui aura évidemment des accointances avec l’imaginaire vu le cursus des fondateurs (la même équipe que les éditions Argyll), mais pas seulement ; il s’agira d’inviter les sociétaires du lieu à s’approprier programmation et commercialisation pour faire connaître, pourquoi pas, des œuvres fétiches et méconnues. Le projet s’est lancé sur la base d’un financement participatif qui, à l’heure où j’écris, a financé son premier palier alors qu’il reste plus d’un mois à courir ; mais que cela ne vous empêche pas de contribuer ! Car, en plus de la satisfaction de participer à un projet intégré et novateur, il y a de nouveaux paliers à débloquer comme la réalisation d’un espace de coworking (pouvoir aller bosser dans une librairie, c’est quand même la grosse classe). Et il y a quantité de contreparties uniques à la clé pour vos généreuses contributions :

  • Boissons à vie dans la librairie ! (ouais)
  • Des livres Argyll, voire l’intégrale jusqu’à maintenant !
  • Et surtout, toute une sélection d’ateliers d’écriture et de conférences proposées par Xavier Dollo, Estelle Faye, Camille Leboulanger, David Meulemans… 

… et mon humble pomme, sur l’organisation en solitaire pour les projets créatifs. Lesquels ont inévitablement deux versants : l’opérationnel, qui a été beaucoup étudié avec entres autres toute la mouvance Getting Things Done, mais aussi la gestion de la connaissance, beaucoup plus difficile à systématiser dans le domaine créatif, mais pour lequel le Zettelkasten donne quantité de clés. Comment se donner un peu de logique et de sérénité mentale quand on jongle avec quantité de rôles de vie différents, et réussir à avancer sur les œuvres qui nous tiennent à cœur sans avoir l’impression de repartir de zéro à chaque session : j’explore ça au quotidien littéralement pour survivre depuis plus de vingt ans et arriver à être moi-même productif à travers les difficultés inhérentes aux métiers de création, les blessures à la main, les pandémies et j’en passe.

La conférence durera deux heures et demie, entre présentation et conversation à bâtons rompus, pour un maximum de 25 places.

➡️ Allez consulter la page de l’Astrolabe, explorer tous les ateliers proposés, et réservez vos places avant que toutes les contreparties ne disparaissent !

2022-04-07T00:19:04+02:00mercredi 6 avril 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

Procrastination podcast S06e14 – Écrire la musique

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S06e14 – Écrire la musique« .

L’imaginaire, faisant partie de la contreculture, a toujours entretenu des liens très forts avec ses autres formes d’expression, dont la musique. Comment jeter un pont entre deux formes artistiques très différentes, l’une silencieuse, l’autre sonore ?
Lionel s’amuse du fait que cet épisode peut grandement se calquer sur l’épisode nourriture et boisson, tant au niveau du ressenti dans la narration que du discours culturel. Pour Mélanie, c’est justement la difficulté de retranscrire la musique qui rend l’exercice intéressant ; tout particulièrement au niveau de l’impact sur les personnages. Estelle insiste sur l’importance du moment de l’histoire concerné par la musique, qui est spécialement riche de sens en fiction.

Références citées

– Jean-Marc Ligny

– George R. R. Martin, Armageddon Rag

– Kate Bush, Jig of Life

– The Sugarcubes et Björk

– dEUS

– Kaamelott, licence d’Alexandre Astier

– The Doors

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2022-04-15T10:06:32+02:00lundi 4 avril 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S06e14 – Écrire la musique

7-8 mai : Atelier sur les techniques avancées de création de mondes imaginaires (à Paris et à distance)

Il a très bien marché l’année dernière (je craignais que cela ne plaise qu’à une petite frange de spécialistes !) et vous avez été plusieurs à avoir la gentillesse de me le redemander : je suis donc ravi de tenir cette année une nouvelle édition du stage intensif d’écriture sur les techniques avancées de création de mondes imaginaires.

Ce sera sur le week-end du 7 et 8 mai, à Paris à l’école Les Mots comme toujours, mais l’atelier peut être suivi aussi à distance.

Il s’agira d’explorer les difficultés spécifiques du domaine à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants. Il n’est pas ici question de défricher le concept de worldbuilding, mais bien de partir d’un projet existant (qui peut être très sommaire – une demie-page de notes suffit !) pour le questionner, l’étoffer, et appréhender la relation entre création narrative et monde fictif.

Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore que Winter is coming ? Des succès planétaires de « Star Wars » au Seigneur des Anneaux, de « Game of Thrones » à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités. 

Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans « Star Trek », constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire. 

Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition. 

Attention, le stage est limité à dix personnes et les places partent très, très vite. Pour tous les renseignements et les inscriptions, rendez-vous sur le site des Mots, et si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poster en commentaires !

2022-04-27T17:28:53+02:00mercredi 30 mars 2022|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur 7-8 mai : Atelier sur les techniques avancées de création de mondes imaginaires (à Paris et à distance)

13 raisons pour lesquelles je déteste Microsoft Word comme outil romanesque

On m’a demandé de l’expliquer de loin en loin, genre, « oh, mais t’écris sous Scrivener, c’est tellement compliqué, Word fait bien le boulot » – NAN NAN NAN arrêtez vous me faites mal à la tête. Word est adéquat pour écrire une lettre. Mais écrire un rapport ou un roman sous Word, c’est comme écrire à la Remington avec des maniques de four – OKAY OUI tu peux faire le job et quelque part, maximum respect à toi d’y arriver. Mais franchement, est-ce que tu préfères faire une rando poursuivi par des hyènes affamées avec des chaussures remplies de verre pilé ou bien, heuuuu… rester chez toi à manger des chips ?

OKAY C’EST UNE COMPARAISON BIEN POURRIE mais je hais Word quand même et parce que :

1. Le ruban. Des années maintenant qu’on se tape cette interface, qu’on la hait collectivement, et que Microsoft, dans une parfaite attitude microsoftienne, continue à nous l’imposer.

2. Le chargement progressif des fichiers. Nous avons des machines qui ridiculisent d’un facteur mille ou dix mille les engins utilisés pour les premières missions lunaires, et Word n’est toujours pas foutu, sur mon Mac M1, de charger un tome entier de « Les Dieux sauvages » d’un million et demi de signes en un temps inférieur à PLUSIEURS FUCKING MINUTES.

3. Il ne fonctionne pas avec la correction système de l’orthographe de macOS.

4. Pas de « bip » ou de message si aucun résultat de recherche n’est trouvé (du coup, t’es jamais sûr qu’il ne s’est pas endormi au volant).

5. Copier une quinzaine de pages, commande-N pour créer un nouveau fichier prend DIX SECONDES. On rappelle, avec une machine qui aurait pu gérer cent programmes Apollo.

6. Dis-moi, Word, tu es tellement mal codé que si j’ai copié quelques pages, tu dois me demander si tu veux garder le contenu dans le presse-papier à l’extinction ? Genre, ça va étouffer un téraoctet d’espace disque ?

7. Remplacer un mot surligné fait apparaître au hasard le surlignement dans le texte en mode suivi des modifications, notamment les caractères portant des accents circonflexes. POURQUOI ? PARCE QUE C’EST PLUS JOLI COMME ÇA ?

8. Cette façon atroce de dire « nous » (dans tous les programmes Microsoft récents). « Nous n’avons pas trouvé de résultats de recherche. » Je suis en train d’utiliser un logiciel, pas de recevoir un courrier de l’URSSAF Limousin.

(Ça m’évoque d’ailleurs cette vieille capture d’écran surréaliste de Windows.)

9. J’essayais juste de taper le caractère « û » dans « mûr », quand soudain :

Ça veut dire quoi ? Sous le pavé de texte, la plage ?

10. Quand tu échanges en suivi des modifications avec un Word étranger, il TE MET ÇA PARTOUT PARCE QUE TU AS VISIBLEMENT CHANGÉ DE LANGUE TROIS MILLIONS DE FOIS

12. Tu fais une simple recherche dans un texte, quand soudain

13. Cette purge coûte 70 balles par an dans l’abonnement Office, alors que Scrivener en coûte 50 une fois pour toutes.

Évidemment, l’honnêteté intellectuelle me pousse à rappeler cet épisode de Procrastination où Laurent Genefort explique travailler sous Word. J’ai aussi vu Brandon Sanderson travailler sous Word. Mais franchement ! Hein !

Et puis il faut dire aussi que le mode suivi des modifications est passable.

MAIS

FRANCHEMENT

HEIN.

2022-03-18T07:27:09+01:00mercredi 23 mars 2022|Humeurs aqueuses, Technique d'écriture|10 Commentaires

L’affiche des Imaginales 2022 dévoilée

C’est l’odeur du printemps : les fleurs qui éclosent, la tiédeur humide de l’air, la colle toute neuve sur les affiches des festivals à venir. Enfin, nous sommes partis pour avoir à nouveau une saison normale, et après l’Ouest Hurlant, ce sont les Imaginales qui dévoilent leur affiche :

J’y serai toute la durée du festival, ainsi que pour la Masterclass (qui est, nous sommes encore désolés, complète).

2022-03-08T11:41:15+01:00jeudi 17 mars 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur L’affiche des Imaginales 2022 dévoilée

Procrastination podcast s06e13 – Gérer les répétitions

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e13 – Gérer les répétitions« .

Traiter les répétitions est souvent vu comme un point majeur des corrections d’un manuscrit. Mais est-ce vraiment le cas, et cela se limite-t-il à la recherche du bon synonyme ? Lionel propose plusieurs types de répétitions, allant du réemploi du mot de même famille aux recouvrements de sens. Pour les repérer, Mélanie met en avant l’importance des bêta-lecteurs, des relectures successives, du changement de support pour aborder le texte d’un œil frais. Enfin, Estelle met en garde contre la chasse systématique aux synonymes ; réutiliser un mot simple peut bien mieux passer qu’une dissonance de registre de langue.

Références citées

– Antidote, par Druide Informatique

Vi- ctor Hugo, « L’Expiation » (où figure la retraite de Russie)

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2022-04-03T08:54:59+02:00mardi 15 mars 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s06e13 – Gérer les répétitions

Une affiche et des infos pour le festival L’Ouest à Hurlant à Rennes ! (fin avril)

Oooooh, pretty !

Affiche Solenn Deléon

Pour mémoire, L’Ouest Hurlant est donc le nouveau chouette et grand festival d’imaginaire qui se tiendra à Rennes du 30 avril au 1e mai (avec l’excellent érudit, auteur, libraire, éditeur, essayiste Xavier Dollo alias Thomas Geha à la direction artistique). Les infos commencent à se dévoiler, à commencer donc par l’affiche, mais aussi plein d’infos données par Xavier lui-même dans ce fil Twitter :

J’y serai pour ma part, avec l’honneur de le co-parrainer avec Estelle Faye. Ne manquez pas ce rendez-vous qui s’annonce d’ores et déjà majeur !

➡️ Le site officiel du festival (en cours de dévoilement à l’heure où j’écris)

2022-03-04T17:27:42+01:00mercredi 9 mars 2022|Le monde du livre|2 Commentaires

La librairie Critic s’agrandit !

Une très chouette nouvelle à annoncer : la librairie / éditions Critic pousse les murs ! Une deuxième adresse va apparaître, juste à une porte de distance de l’enseigne actuelle. Je suis ravi de voir la maison s’agrandir, félicitations à toute l’équipe et bravo pour ce projet ! (21 ans d’existence, quand même, la librairie a maintenant le droit de boire de l’alcool aux États-Unis)

Le communiqué :

Arrêtez tout ! Grosse nouvelle à partager largement en ce début de mois : Critic pousse les murs!

Nous sommes heureux de vous annoncer qu’apès avoir créé la librairie Critic il y a 21 ans au 19 rue Hoche à Rennes et développé une enseigne renommée dans les domaines de la bande dessinée et des littératures de l’Imaginaire, après avoir lancé une maison d’édition spécialisée dans les littératures de l’Imaginaire il y a 12 ans et lié une collaboration avec les éditions Les Humanoïdes Associés pour publier de la Bande dessinée il y a 5 ans, nous reprenons une autre enseigne qui a durablement marqué les esprits en son temps. Nous sommes fiers de pouvoir offrir une nouvelle vie à la librairie Les Nourritures Terrestres, également située 19 rue Hoche, et de redonner à ce lieu qui fut un temps une sandwicherie sa vocation de librairie. Début juin ce seront donc 2 enseignes Critic et Critict2, toutes deux portant le n°19 de la rue Hoche mais espacées de deux portes, qui vous accueilleront avec le savoir-faire habituel, sourire, chaleur et conseils avisés.

Critic… continuera de vous proposer un large choix en Bande dessinée et Comics adultes, et
l’un des plus larges choix en Bretagne de littératures adultes dites de l’Imaginaire : science-
fiction, fantasy, fantastique.

Critic#2… vous proposera un vaste choix en manga adulte et jeunesse, en Bande dessinée et
comics jeunesse et en littératures dites de l’Imaginaire à destination de la jeunesse.
Un showroom de la maison d’édition sera également installé dans ce nouveau lieu.

Depuis 22 ans, nous avons répondu à des centaines de clients poussant la porte de Critic que
non, ils n’étaient pas à la librairie Les Nourritures Terrestres. Nous allons enfin pouvoir dire :
oui, c’est bien ici, quelle que soit la porte poussée ou presque 😉

(Source : newsletter)

➡️ La librairie Critic en ligne

2022-04-11T09:56:33+02:00mardi 8 mars 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur La librairie Critic s’agrandit !

Procrastination podcast s06e12 – Ne pas écrire

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s06e12 – Ne pas écrire« .

On parle beaucoup d’écrire, mais quasiment jamais des pauses et des respirations : dans cet épisode, plongée dans la jachère de la création, à l’opposé des impératifs de production.
Mélanie expose l’existence de cette pression d’occuper l’espace dans les métiers artistiques, qui est difficilement compatible avec le travail de l’inconscient sur la durée. Surtout que la créativité peut évoluer, comme dans son cas, entre les genres et même les formes. Lionel propose un parallèle avec son travail en musique, où le mûrissement permet de rendre les sessions de travail finalement plus efficaces, à mesure que l’esprit fonctionne en tâche de fond : les processus créatifs comportent une part d’aléatoire, ce ne sont pas des chaînes d’assemblage que l’on peut répéter à l’identique d’un jour à l’autre. Estelle renchérit sur le fait que se nourrir l’esprit de centaines de choses, parfois en rapport avec des projets, mais parfois non, permet de s’enrichir et enrichir son travail ; elle dévoile aussi son ancienne méthode contre-intuitive pour réussir ses dissertations de français… un aspect de sa manière de travailler qu’elle observe encore aujourd’hui.

Références citées

– La collection Bouquins

– Steven Pressfield, La Guerre de l’Art

– Kourosh Dini

– Stephen King, Écriture

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2022-03-18T08:14:34+01:00mardi 1 mars 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s06e12 – Ne pas écrire

Évidemment qu’on peut donner des conseils d’écriture, enfin

C’est un serpent de mer qui ressort régulièrement (ou plutôt des cris d’orfraie, tandis que l’amadou desséché de l’Internet énervé passe une fraction de seconde dans la lumière du soleil et explose façon supernova) : non, on ne peut pas donner de conseils d’écriture. C’est un processus profondément personnel, lié à des manières intimes de se sonder, et chacun, chacune a une approche et des jugements esthétiques différents. Toute conversation sur le sujet de l’approche romanesque est nécessairement prescriptive, donc (je résume au terme d’échanges tout de suite très énervés) : ta gueule.

En termes châtiés, disons que je trouve cette attitude extrêmement mystérieuse (et mon mauvais fond a envie de dire que ça peut peut-être cacher une forme détournée de gatekeeping ; moi, j’ai trouvé, toi, tu dois en baver). Or, c’est spectaculaire comme l’écriture est le seul art où l’on retrouve à la fois ce discours et les réactions épidermiques qui vont avec. Ça n’existe littéralement pas ailleurs, que ce soit en musique, dans le dessin, le game design, la décoration de bullet journal, etc.

Ça ne choque personne de prendre des cours de guitare pour apprendre la guitare. Ça n’exclut pas non plus les génies intuitifs qui prennent une guitare à quinze ans, font dans leur cerveau « ah OK, ça marche comme ça » et deviennent Jimi Hendrix. Personne ne dit que tu dois faire comme Hendrix ; personne ne t’interdit non plus de prendre des cours de guitare. On te dit juste : si tu veux apprendre la guitare, l’étape logique, c’est prendre des cours. Pourquoi ? Ben pour apprendre, bon sang. C’est un peu plus facile d’avoir quelqu’un qui a l’expérience pour te montrer, c’est juste du bon sens. Mais ah, tu peux aussi apprendre en autodidacte comme Hendrix, absolument. En revanche, sache que tu vas y passer un sacré temps et que tu as intérêt à avoir une sacrée motivation. Tu veux pas te faciliter la vie et prendre des cours ? C’est toi qui vois.

Au final, si tu en sors et que tu es Hendrix, personne ne va te demander ton CV ; t’es Hendrix. On s’en fout de par où t’es passé ; ta réalisation est la preuve de ton expérience – et au final, c’est quand même tout le but de l’apprentissage : réaliser les choses que l’on veut. La technique n’est pas une fin en soi, elle n’est qu’un moyen : en art, tout ce qui compte, c’est ce qu’on réalise (qu’on le diffuse ou pas – c’est une autre question).

Néanmoins, toute pratique soutenue d’un art passe par une pratique et un apprentissage dévoués et réguliers. On s’y prend bien comme on veut ; en narration, par exemple, on peut lire beaucoup, suivre des ateliers, méditer et expérimenter la technique, échanger, potasser des manuels, et évidemment rien de tout ça n’exclut le reste, et je trouve qu’idéalement, on essaie de faire tout ce qui précède. Le but, en tout cas l’idéal platonicien à mon sens, c’est de devenir Hendrix ; c’est de maîtriser son instrument (que ce soient la guitare ou les mots) au point qu’il s’exprime sans obstacle à travers soi, de la manière la plus distillée et aboutie pour être reçu de la manière la plus authentique, tout en ayant conscience (parce que Hendrix ne s’est pas arrêté de bosser, discutez avec n’importe quel musicien professionnel et il vous expliquera le temps constant de pratique qu’il investit chaque jour) que c’est un processus et non un but à atteindre (parce qu’il est inatteignable. C’est un idéal platonicien).

Il me semble que deux fondements pour cela, c’est la curiosité et la conversation. La curiosité pour son art, pour ce qui a été fait, comment on le fait, comment ça fonctionne, sans cesse ; c’est pour cela qu’affirmer qu’un auteur peut se permettre de passer de lire… me semble avoir autant de sens qu’un peintre qui prend soin de marcher dans la rue les yeux baissés « par peur que le réel l’influence ». (seriously?) Et ce qui va de pair avec la curiosité, c’est la conversation, portant sur l’art et sa pratique ; quant à ses résonances, ses courants, mais aussi les approches, les mécanismes qui peuvent être, quand même dans une certaine mesure, disséqués et analysés de façon raisonnée. Des phrases courtes servent généralement mieux une scène d’action. Sauf si l’on cherche à établir un ralentissement artificiel, par exemple pour induire un sentiment d’horreur ou d’inéluctable. Dès lors, quel est le projet ? Quelle est l’intention ? Quel outil vais-je utiliser pour m’efforcer de transmettre au mieux mes intentions, parce que je fais la démarche d’écrire pour être reçu·e par des gens avec qui je voudrais idéalement établir une connivence ? Voilà les questions intéressantes : qu’est-ce qui tend à créer quel effet ? Quel est l’effet que je recherche ? Niveau advanced : comment puis-je tordre l’attente pour créer quelque chose d’entièrement différent en prenant une technique à contre-pied ? Et il y a bien sûr une progression dans toutes ces étapes.

Opinion non populaire : dans certains discours très énervés qu’il m’a été donné de voir passer sur l’inutilité de la technique (et sur l’inutilité de lire), je lis le désir non pas d’écrire, mais d’être écrivain. De pouvoir se réclamer auteur, si possible en évitant le boulot qui va avec. Parce que c’est crevant, ça oui (demandez à Hendrix et à tout artiste pro). Et ça fait peur, aussi – croyez-moi, je sais. Mais il s’agit là de vouloir un prétendu statut, un fantasme, alors que la réalité du job, c’est le job lui-même. Et qu’on se fait beaucoup de bien en comprenant ça et en lâchant prise sur des choses sur lesquelles, en plus, on n’a guère de prise.

Je ne jette la pierre à personne. Tout le monde a le droit d’avoir ses rêves ; par contre, d’une, il faut avoir conscience que les rêves, ça se nourrit et ça se travaille, ça n’arrive pas tout cuit dans la bouche (enfin, ça peut, mais c’est quand même toujours plus sûr de bouger ses fesses, vous savez, dans le doute) ; de deux, on court toujours le risque de tomber de haut et il faut de la bravoure ; de trois, avoir des rêves, des angoisses, des douleurs même que sais-je, ne donne pas pour autant le droit de proférer des âneries qui perpétuent l’image dommageable que tout le monde est le Jimi Hendrix de la littérature dès sa première phrase parce que « ça se juge pas, y a pas de vérité objective ».

Il n’y a pas de vérité scientifique objective en art, certes. Mais entre ça et le grand globiboulga qui voudrait que tout le monde soit Marcel Proust au premier roman parce qu’on ne peut pas juger, il y a une sacrée marge. Il serait tout de même étrange que dans un métier on ne puisse pas parler de technique et de fiabilité d’approche. L’ignorance n’est pas une vertu, ne pas être curieux de son processus (ou de ceux des autres) non plus. Et s’il n’y a pas de règles absolues, si chacun doit apprendre à se connaître pour trouver sa voie, il y a aussi des codes, qui sont des chemins de moindre résistance parce que faisant appel à un ensemble de représentations mentales à peu près communes. Connaître les codes, c’est comme connaître par exemple les lois de la perspective en dessin : d’une, cela ne fera pas forcément de toi quelqu’un de génial, de deux, personne ne t’oblige à t’en servir. En revanche, si tu les ignores (quelle que soit la manière dont tu voudrais les apprendre), il est probable que tu te compliques la vie bêtement. « C’est bien beau de vouloir faire sauter la maison mais il faut connaître le plan pour savoir où placer les charges », disait Elisabeth Vonarburg lors d’une masterclass que nous avions animée à trois avec Jean-Claude Dunyach.

Je vais sauter au-devant de la réplique facile qu’on pourrait me faire : « Hé, Davoust, tu prêches pour ta paroisse, tu donnes des ateliers, des masterclasses et t’as écrit un bouquin d’écriture, évidemment que tu protèges ton fond de commerce. » Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne me suis pas mis à le faire sorti du bleu sans avoir d’abord testé, dans l’activité et en conditions réelles, ce que je pouvais commencer à comprendre. (On ne fait jamais que commencer à comprendre.) L’activité sur laquelle je prends toujours soin de placer l’accent est l’écriture romanesque, et s’il m’arrive de le transmettre, c’est parce que je suis au front, tous les jours, à m’imposer à moi-même ce que je prêche, et que je m’efforce d’avoir derrière moi des réalisations pour le prouver. Ce que je raconte ne vous convient peut-être pas – c’est tout à fait légitime –, mais vous pouvez au moins être sûr·e d’une chose, je n’ai pas inventé ça le matin même au petit-déj, c’est parce que j’avais besoin d’outils, d’apprendre, que j’ai fait ce parcours, et je me dis aujourd’hui : hé, cela peut peut-être servir à d’autres. Je ne sais pas si mes romans resteront (et pour être honnête, je ne le crois pas ; mais peu m’importe, je recherche la plénitude dans la réalisation elle-même, non dans la postérité, à laquelle par définition personne d’entre nous n’assiste), mais peut-être ma mission en ce bas monde consiste-t-elle à l’apprendre pour moi-même afin d’arriver à le transmettre, pour que d’autres aient à leur tour les outils pour donner forme à leurs propres rêves. Hé, finalement, si j’arrive à faire ne serait-ce que ça, ce serait une vie pas si malhonnête.

Et ces traces, un jour, un autre être affligé,

Voguant sur l’Océan solennel de la vie,

Pauvre frère en misère, et seul et naufragé,

En les voyant, Peut-être aura plus d’énergie.

– Le Psaume de la vie, Henry Wadsworth Longfellow, trad. de sir Tollemache Sinclair.

Et si vous vous posez la question : dans toute l’équation, je ne suis évidemment pas Hendrix non plus. Dans l’équation, mes Hendrix, ce sont mes idoles, Vian, Zelazny, Le Guin, Danielewski, etc. En comparaison, disons que je suis l’équivalent d’un guitariste de métal qui sort des albums et tourne régulièrement : c’est-à-dire un acteur d’une scène underground, et ne vous méprenez pas, je suis incroyablement reconnaissant (et toujours un peu éberlué) d’avoir l’occasion de continuer à tourner et sortir des albums (heu, tout ça devient confus, mais vous suivez). Mais devant la page, chaque jour, il n’y a qu’une seule vérité : mon clavier, moi, et l’attitude que je vais avoir. Personne ne sait s’il ou elle sera Hendrix. Et au final, ça n’a aucune importance. On est uniquement ce qu’on est au moment d’écrire la phrase qui vient.

Et oui, bien sûr qu’on peut discuter de comment l’écrire du mieux possible. Et bien sûr qu’on peut s’écouter ensemble, réfléchir, expérimenter – et, au final, décider.

2022-02-24T10:42:26+01:00jeudi 24 février 2022|Best Of, Technique d'écriture|11 Commentaires
Aller en haut