La page Facebook a retrouvé une adresse intelligible : https://www.facebook.com/lioneldavoust

Après une petite plaidoirie au service client, la page Facebook (parce que, comme vous l’avez lu, je suis un social traître) a retrouvé son ancienne adresse, beaucoup plus facile et compréhensible à mémoriser qu’une séquence alphanumérique de vingt-douze caractères qu’on peut aisément confondre avec le code de sa propre valise nucléaire, ce qui serait quand même ballot. Donc, suivant les conventions des autres comptes sociaux, contemplez dans toute sa gloire cette URL lisible, transformée en lien cliquable par la magie de l’hypertexte :

https://www.facebook.com/lioneldavoust

Et à bientôt là-bas, puisque plus rien ne ressemble à rien.

2023-04-14T08:49:13+02:00lundi 20 mars 2023|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur La page Facebook a retrouvé une adresse intelligible : https://www.facebook.com/lioneldavoust

Pourquoi j’ai rouvert un compte Facebook

Je sais.

Le mal que je pense de Facebook est toujours aussi aigu. Je me sens un peu sale, et en même temps, j’imagine que c’est comme reprendre la clope (dit le mec qui a jamais commencé).

Mais pot de terre et pot de fer.

J’explique.

Pendant un an et demi, j’ai été sans réseaux d’aucune sorte. En plein période Covid, coincé tout seul chez moi, ce silence m’a fait le plus grand bien. Depuis six mois, j’ai repris une présence sur Twitter, car à la longue, les échanges avec la communauté me manquaient beaucoup.

Et puis Space Karen a racheté l’entreprise, et depuis deux mois, la plate-forme a explosé en immense n’importe quoi toxique dont les règles changent littéralement de semaine en semaine (jetez un œil à Twitter is Going Great). Twitter, qui semblait enfin redresser la trajectoire juste avant l’acquisition, semble déterminé à rattraper le niveau de gabegie de Facebook (je refuserai de les appeler Meta) en seulement quelques mois.

J’avais quitté Facebook pour moins que ça, mais je me refuse à quitter Twitter, car j’ai décidé de revenir, et je m’y tiens : par respect le plus élémentaire pour vous, je ne veux pas me lancer dans une danse ridicule à désactiver et réactiver mes profils tous les six mois. C’est important qu’on sache où me trouver, et où je réponds. Cependant, l’énorme instabilité de Twitter, mon envie de me rendre disponible à la conversation et aussi la possibilité de relayer mes informations m’amène à un paquet de réflexions à l’heure actuelle, à commencer par : ne pas mettre tous mes œufs d’émeu dans le même panier, surtout quand celui de Twitter est en train de se découdre.

Faisons un bref détour par un petit retour d’expérience sur mes presque deux ans d’ascèse, qui m’ont enseigné deux leçons d’intérêt, en tout cas concernant ma position, à ce stade de ma carrière.

1. Les grands réseaux demeurent des relais incontournables d’information sur Internet. Pour être plus clair : en quittant Facebook et Twitter en 2020, je me suis privé de ces relais d’information, et la fréquentation du site a été divisée par deux, voire trois. Je m’y attendais. Mes lecteurs les plus fidèles m’ont suivi sans hésiter sur le site et la newsletter (merci à vous toutes et tous !), ce qui a permis d’avoir des conversations bien plus détendues. En revanche, j’ai clairement perdu une certaine visibilité : les outils comme les flux RSS restent des affaires pointues en comparaison de la facilité de voir passer un article sur un réseau.

Cependant, ça n’est pas un problème, autre que pour le plaisir de la conversation. Car :

2. C’est totalement découplé de l’intérêt accordé à mon travail (et c’est un soulagement). L’Héritage de l’Empire, un quatrième tome de série (ce qui est toujours difficile à vendre) est sorti en plein confinement d’automne 2020, mais s’est vendu peu ou prou aussi bien que les tomes précédents (ce qui est remarquable, et tellement rassurant – merci encore à vous toutes et tous). Le premier tirage de Comment écrire de la fiction ? Rêver, construire, terminer ses histoires a été épuisé en un an et demi, grâce au travail inlassable d’Argyll (et votre intérêt), pile quand j’étais absent de toutes les plate-formes. (Le second tirage arrive !)

Cela confirme donc ce que j’ai toujours pensé : le meilleur relais de promotion à l’heure actuelle pour faire connaître une œuvre n’est pas l’auteur lui-même, mais (sans aucune hiérarchie) son éditeur, ses communicants, les libraires, le bouche à oreille, les avis du lectorat et les médias identifiés (et merci encore à vous toutes et tous). Ce travail est infiniment plus efficace que s’échiner à partager sa vie sur Twitter. Il est aussi plus sensé : on se rend auprès d’un éditeur ou média quand on est déjà curieux de lire quelque chose. En revanche, je sais pas vous, mais quand je découvre un auteur, j’ai tout sauf envie qu’il me balance son pitch à la figure.

Ce qui pose alors la question à cent pièces d’or : pour quelle raison être sur un ou plusieurs réseaux, quand on connaît l’aspect addictif et toxique de ces mécaniques ?

Mon expérience renforce mon opinion fermement ancrée depuis la naissance de Facebook, soit : vouloir y faire connaître (ou vendre) son travail est en grande partie un miroir aux alouettes. L’énergie pour y parvenir est sans commune mesure avec ce qu’on en retire. Pire, cela donne l’illusion d’être actif, de s’occuper de sa promotion, alors que c’est certainement le canal le moins efficace pour ça (si l’on exclut quelques phénomènes isolés). Je n’y ai jamais cru, mais c’est tellement fréquemment brandi que j’insiste, persiste et signe : ne gaspillez pas votre énergie dans les réseaux dans l’espoir de vendre un ou deux livres. Organisez une dédicace, une lecture, des partenariats avec des blogs ; rapprochez-vous de votre maison d’édition si vous en avez une pour participer à des salons, intervenir dans des médias etc.

Alors, qu’est-ce qu’on fait sur les réseaux ? C’est très simple :

  1. Pour le fun (ça a toujours été la base)
  2. Pour l’aspect professionnel, mais pas celui que vous croyez, donc.

La première est évidente. J’ai toujours adoré les échanges avec la communauté et les camarades que les réseaux permettent (avec tous leurs innombrables crimes) (les réseaux, pas mes camarades, ENFIN), et mon retour sur Twitter était à la base, très honnêtement, parce que vous me manquiez trop. En prenant malgré tout plus de distance avec la plate-forme et mon usage de celle-ci (ce qui est aidé par le fait que je ne suis pas actuellement sur le fuseau horaire habituel), j’ai réussi à conserver une approche plutôt équilibrée pour ma santé mentale monomaniaque en maximisant les bons côtés et en minimisant les mauvais (ce qui passe par un blocage systématique des mauvais coucheurs sans état d’âme). Pourvou qué ça doure, comme disait ma grand-mère avec cet étrange faux accent espagnol ou italien qui devait être une référence à quelque chose mais j’ai jamais su quoi.

L’autre aspect professionnel est celui du réseau… professionnel. Pour quelle raison pro être sur un réseau ? C’est un outil de communication, de veille et d’information devenu évident dans la vie de la majorité. Et voilà : les réseaux sont devenus une sorte de festival littéraire au long cours, dont les portes ne ferment jamais. Et cela fonctionne exactement de la même manière :

  • Il y a donc un volet public : on n’y va pas pour vendre, même si on n’est pas contre quand ça arrive. On y va pour faire des rencontres, discuter, se marrer, pas pour assommer les passants à coups de pitches.
  • Il y a un volet “off”, professionnel, où l’on converse avec ses partenaires, où l’on suit l’actualité de son milieu, et où le milieu suit la vôtre. C’est l’équivalent d’une pause café continuelle (d’où l’importance d’à un moment retourner bosser).

J’enfonce probablement des portes ouvertes, mais il est devenu tellement acquis d’être sur un réseau, au point d’être une obligation tacite, qu’il est bon, surtout pour un auteur dont le travail consiste à rentrer des pages et pas à s’engueuler sur le dernier shitstorm du moment, de savoir exactement ce qu’on veut y faire, dès lors que l’argument commercial – présenté comme incontournable – est mensonger.

Et c’est là que réside l’aspect pot de terre, en toute transparence : je ne peux pas lutter à moi tout seul contre le poids qu’a Facebook dans les vies du monde, et pour soutenir mes propres projets, il n’est pas complètement malin de faire abstraction de l’aspect “off” de ce grand salon littéraire constant. Et puis, merde, ça me manque de discuter avec tout le monde, je me suis un peu mis au piquet tout seul, à force, et des changements merveilleux dans ma vie – dont je parlerai bientôt en détail – font que ce manque se fait un peu plus sentir. (Ça a à voir avec la différence de fuseau horaire.)

Résumons :

N’hésitez pas à m’insulter en commentaires.

2023-03-21T23:53:10+01:00lundi 6 février 2023|À ne pas manquer|7 Commentaires

Champagne

C’est important, les bonnes nouvelles. Pour la première fois de son histoire, Facebook a perdu en utilisateurs quotidiens sur le dernier trimestre. La perte en bourse a fait s’évaporer 200 milliards de dollars. Comme quoi, au bout d’un moment, être une entreprise toxique pour le monde entier, ça finit par se voir. Et comme personne ou presque ne veut du métavers tel que le propose Zuckerberg (ou pourquoi pas, mais pas créé par lui), je sens flotter comme une belle et douce odeur de résineux.

Trois pensées griffonnées sur un coin de table :

Tous les réseaux généralistes ont peut-être leur époque, et elle est limitée dans le temps. Fut un temps où MySpace était considéré comme indétrônable (un temps où Internet était beaucoup plus petit, avant les terminaux mobiles, certes), et voyez où nous en s AHAHAHA non pardon c’est pas possible. Pardon.

Pour se pérenniser, un réseau doit peut-être apporter une spécificité propre qui lui donne une vraie valeur aux yeux de son public, au-delà de “y a tout le monde alors j’y vais”. C’est un argument extrêmement fragile, sujet à l’Impermanence de l’Existence™. De plus, l’idée de rassembler absolument tout le monde sur la même plate-forme n’est peut-être ni jouable, ni souhaitable, en tout en l’état actuel de la planète. Twitter, Snapchat, TikTok fournissent quant à eux des propositions et des approches clairement identifiées qui leur permet d’être rentables, voire florissants. Si tu n’aimes pas, ce n’est pas ton outil, et c’est très bien. Dans un monde capitaliste et marchand, c’est peut-être juste ça, le but d’une telle entreprise, pas de connecter le monde entier au mépris de l’éthique avec les catastrophes que l’on sait. Twitter, par exemple, pour toutes ses erreurs et sa toxicité, est un outil très précieux pour les journalistes, et on peut arguer en faveur de son intérêt en tant qu’outil professionnel de veille et d’information.

Avec la prise de conscience collective du mal que ces réseaux non régulés commettent et de leur mépris pour la vie privée, nous commençons peut-être (je croise les doigts) à voir arriver le plafond du capitalisme de surveillance. Voici une autre idée en l’air : à mesure que la technologie se répand, petit à petit, la maîtrise de ses outils percole à travers la population. Même si la majorité des gens ne gérera absolument jamais un serveur personnel, tout bonnement parce que ça ne les intéresse pas, les prises de conscience et les outils simples de protection (adblockers, messageries chiffrées type Signal, VPNs…) ne deviennent plus des affaires de spécialistes mais des questions grand public, très faciles d’emploi. Snapchat, qui a anticipé les mesures anti-pistage inclus par Apple dans la dernière version d’iOS, a commencé à adopter une stratégie publicitaire différente, qui s’avère payante. Oui, on peut faire de l’argent sans piétiner la vie privée. De là à dire que Facebook ferait mieux de réfléchir à assainir sa culture d’entreprise vérolée (mission impossible ?) au lieu de payer pour publier des chouineries sponsorisées dans le New York Times, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement, et puis je repasse en arrière et je le refranchis une seconde fois, histoire que ce soit bien clair.

Ça me rappelle quand j’ai arrêté World of Warcraft : je me souviens très nettement de ce loot bleu chopé dans un énième donjon de levelling à Cataclysm. Le voile s’est déchiré d’un coup devant mes yeux : “mais en fait, c’est toujours pareil, et cela le sera toujours”. C’était fini d’un coup, le désir (le besoin ?) de jouer était rompu. J’ai annulé mon abonnement dans les 24h et ça ne m’a jamais vraiment manqué. Des anciens fumeurs décrivent parfois la même épiphanie, et arrêtent la cigarette du jour au lendemain. J’ai vécu un peu la même chose en arrêtant Facebook, comme je l’ai fait il y a maintenant un an et demi. Je n’éprouve aucun manque1 et, au contraire, une liberté retrouvée et, pour tout dire, une terrifiante légèreté d’esprit.

  1. Twitter, c’est autre chose, mais malgré sa toxicité, Twitter garde une impermanence, une spontanéité et une accessibilité qui me laisse aussi de très beaux souvenirs.
2022-02-08T11:35:27+01:00mercredi 9 février 2022|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Champagne

Twitter fait des trucs intéressants en ce moment

L’équation du Mal qui régit toute entreprise de réseau social (donc commercial) est la suivante :

  • Un réseau est attractif dès lors qu’il fédère un nombre d’utilisateurs suffisant pour lui donner de l’intérêt ;
  • Sachant que les gens ne sont pas dans l’ensemble prêts à payer pour un tel produit, cela pousse à le rendre gratuit ;
  • Sauf que ces serveurs pour héberger statuts, photos et vidéos et ne se paient pas d’amour et d’eau fraîche ;
  • Il faut donc rentabiliser (et faire croître) l’entreprise par de la pub, ce qui ouvre la porte à
    • tous les abus possibles concernant la vie privée pour cibler les utilisateurs ;
    • toutes les techniques les plus nocives pour les conserver sur la plate-forme en stimulant l’engagement (soit : le stress né de la captivité).

Exhibit A : Facebook. (Sérieusement, jetez un œil à cette page Wikipédia, ça vaut son pesant de likes.)

La capitalisation boursière et le fonctionnement de ces entreprises les rendent par-dessus tout captives de l’engagement. Je n’exonère personne, Hannibal Lecter aussi pourrait plaider qu’après tout, il avait seulement faim (juste, change de régime, mec ?), c’est seulement ce qui se trouve au cœur de toute cette toxicité.

C’est pour ça que je trouve que Twitter, après de longues années de complète apathie, tente en ce moment des trucs intéressants. Twitter Blue propose un abonnement optionnel (encore à l’état d’expérience) : puisque si c’est gratuit, c’est vous le produit, alors si c’est payant, c’est peut-être moins méchant (euh, j’improvise). Mon indécrottable optimisme me fait dire qu’il y a peut-être dans les hautes sphères de la boîte un constat productif :

  • Twitter sera toujours plus petit, car plus volatile que Facebook, donc un éternel second ;
  • Il faut donc cesser d’essayer de rivaliser sur le modèle économique et se différencier (timidement) sur le plan du modèle économique même (lequel va bien finir par péter, que ce soit à coups de lois ou de ras-le-bol des utilisateurs) (c’est entre autres pour ça que Mark Zuckerberg veut se racheter une virginité à coup de métavers et de rebranding) (jamais, Mark, jamais, tu m’entends ?)

Par conséquent, on pourrait voir dans Twitter Blue une tentative de s’extraire du marais puant de l’engagement ; si assez de gens paient, peut-être que l’entreprise pourrait s’arracher un peu au diktat du financement publicitaire, et donc proposer un fonctionnement d’un peu plus vertueux. (Maintenant, comme je l’ai lu, qui diantre accepterait de payer pour se faire agonir d’injures H24 ? Parce que Twitter, c’est aussi ça, et c’est une excellente question, mais c’est aussi une autre question.) (On pourrait aussi dire que rien ne changera et que ce sera juste une manière supplémentaire d’engranger du CA. Oui.)

Il y a aussi dans les cartons de Twitter l’initiative Bluesky, dont on ne sait à peu près rien, si ce n’est la promesse d’outils décentralisés revenant peut-être aux idéaux ouverts du web d’origine, ce qui est forcément sympathique. En tout cas davantage que ce qu’envisageait Facebook dans le même temps, entre autres un Instagram pour enfants (toi aussi, construis ton malheur dès le primaire). Le réseau a aussi reconstruit tout son écosystème programmatique pour que des applications tierces puissent proposer des expériences alternatives à la plate-forme officielle. En clair, vous pouvez utiliser Twitter avec d’autres clients que l’officiel : Twitterrific et Tweetbot, par exemple, pour personnaliser votre expérience. C’est totalement impossible avec Facebook.

Le problème avec Twitter, c’est que ça reste quand même géré avec davantage d’inertie et d’incompétence que de réelle volonté, mais dans le monde des réseaux, c’est toujours mieux qu’une volonté maléfique délibérée, hein. (Mon dieu, la barre est tellement basse.) Tout ça peut donc parfaitement n’aboutir nulle part, mais même en termes purement économiques, chercher à se désolidariser des mécanismes mêmes dans lesquels le principal concurrent s’est pris les pieds a un réel sens.

J’aimerais donc bien que ça donne quelque chose, parce que ce monde en a terriblement besoin.

2021-11-23T18:23:03+01:00lundi 29 novembre 2021|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

Où, dans le scandale Facebook de la semaine, on découvre que l’entreprise tolère tout à fait les petites annonces pour du trafic humain

Il y a un truc ironique sur le fait que la plupart des réseaux conspirationnistes se retrouvent sur Facebook, c’est que franchement, s’il devait exister un reptilien, un Illuminati ou un démon majeur ayant revêtu un costume d’être humain, c’est assurément Mark Zuckerberg tellement son entreprise semble s’ingénier à absolument tout faire pour incarner une force maléfique de premier plan à notre époque.

Le Wall Street Journal rassemble des dossiers accablants (et ça n’est pas une figure de style : c’est littéralement un panégyrique avéré du capitalisme dans tout ce qu’il a de plus sociopathe) sur le réseau qui commence par F comme Fuck You, et la dernière en date mérite une action en justice devant la Cour Pénale Internationale :

Scores of Facebook documents reviewed by The Wall Street Journal show employees raising alarms about how its platforms are used in developing countries, where its user base is huge and expanding. Employees flagged that human traffickers in the Middle East used the site to lure women into abusive employment situations. 

En gros, il est (était) possible de trouver à employer des femmes de ménage taillables et corvéables à merci, sans contrat, avec confiscation du passeport au passage, et la réponse de Facebook a été spectaculairement tiède.

Une entreprise qui monétise votre attention et votre temps pour vous captiver en fomentant des conflits alimentés par algorithmes, qui siphonne vos données par tous les moyens possibles et imaginables, qui s’en tape totalement de la santé publique, de la démocratie, de la raison tant que ça vend de l’espace aux annonceurs, et qui fait tout ce qu’elle peut pour éviter de se soucier des dignités humaines les plus fondamentales parce que TU COMPRENDS LES CARTELS AUSSI PEUVENT ÊTRE INTÉRESSÉS PAR NOS PUBS DE TONGS, franchement, je dois sur-réagir, je ne vois que ça.

2021-09-18T16:21:02+02:00mercredi 22 septembre 2021|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux

C’est magique.

La messagerie Signal, qui promeut une totale confidentialité (recommandée notamment par Edward Snowden) par opposition à la mainmise que Facebook a faite sur WhatsApp, s’est livrée à une expérience fortement rigolote : utiliser les données que collecte Instagram pour montrer aux utilisateurs tout ce que le réseau sait sur elles et eux. Ça donne des pubs absolument glaçantes comme celles ci-dessus.

Sans surprise, Facebook les a désactivées fissa, parce que vous comprenez, tout est bien quand ils collectent vos données en douce, et que les publicitaires peuvent s’en servir l’air de rien, mais il serait quand même inélégant que les gens puissent être au courant de l’étendue de la manipulation. Voir cet article de MacRumors.

Modération nécessaire : la prouesse technique réalisée par Signal est peu documentée et il serait bon d’en savoir davantage sur l’aspect technique, comme le pointe John Gruber, mais il reste que si Facebook les a bannies sans perdre de temps, c’est que ça pue. Comme tout ce qui a trait à Facebook.

Pour mémoire, WhatsApp va également exiger que vous partagiez vos données avec Facebook, et vous perdrez progressivement l’accès à vos données si vous refusez les nouveaux termes. Les remplacements ne manquent pas : Signal évidemment, mais aussi Telegram. Personnellement, je suis ravi que Facebook me force la main à quitter définitivement tout ce qui a trait de près ou de loin à sa toxicité.

2021-05-12T10:49:50+02:00mercredi 19 mai 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux

L’engagement est une métrique de sociopathe : la désinformation d’extrême-droite est le contenu suscitant le plus d’interactions sur Facebook

Fort intéressante étude rigoureuse confirmant ce que l’on pressentait intuitivement : ce sont les contenus extrêmes qui génèrent le plus d’interactions sur les réseaux.

Sources of news and information rated as far-right generate the highest average number of interactions per follower with their posts, followed by sources from the far-left, and then news sources closer to the center of the political spectrum.

Looking at the far-right, misinformation sources far outperform non-misinformation sources.

Far-right news sources on Facebook more engaging

Depuis bientôt quinze ans de blogging, j’ai bien pu le mesurer empiriquement : personne ne réagit à une information modérée ou factuelle. Les messages portant sur mon actualité sont ceux qui génèrent le moins d’interactions ; les articles à opinions fortes sont au contraire ceux qui font réagir. C’est une évidence, et c’est normal : on tend à ne pas signaler son assentiment, c’est la position par défaut.

Là où cela devient un énorme problème sociétal, c’est quand l’engagement devient la métrique reine. Les réseaux, et Facebook en tête, se moquent de la qualité de vos interactions : ce qui compte, c’est vous garder sur la plate-forme pour vous montrer de la pub ciblée (c’est leur modèle économique). Et pour vous garder, il faut vous faire interagir, il faut vous impliquer dans les contenus (dieu que je hais ce terme), soit : générer de l’engagement. Et ce qui génère de l’engagement se trouve promu, visible, générant davantage d’engagement, etc.

C’est une attitude à la fois sociopathique et névrotique. Déjà, il s’agit de court-circuiter la raison pour nourrir la réaction instinctive, viscérale, ce qui distord l’information vers des hallucinations collectives type Qanon. Mais au-delà de ça, cette poursuite du commentaire, du like, nourrit insidieusement chez les personnes une tendance à l’emportement, à la catégorisation outrancière, et n’encourage qu’à poster des contenus (gah) à leur tour susceptibles de réactions. Le tout générant une spirale d’aigreur dont, franchement, je me demande à qui elle fait du bien (à part aux profits de Facebook de Twitter).

J’espère qu’un jour, nos sociétés parviendront à émerger de ce modèle égotiste et collectivement misérable, pour espérer peut-être des plate-formes davantage tournées vers la qualité des interactions que sur leur nombre, vers la construction commune plutôt que vers la discorde. Qualité Vs. quantité : la leçon que l’être humain se trouve peut-être perpétuellement voué à réapprendre sous des formes sans cesse différentes.

2021-03-20T12:28:51+01:00jeudi 25 mars 2021|Humeurs aqueuses|6 Commentaires

Suppression définitive et finale de Facebook

Son invasion régulière et méthodique de nos vies privées, son rôle prépondérant dans la propagation d’hallucinations collectives, le danger qu’elle représente dans la défense des institutions démocratiques, sa mauvaise foi absolue dès qu’il est question de limiter un tant soit peu sa collecte de données personnelles, ses mensonges incessants et sa manie de revenir sur ses engagements (vous avez vu l’écran de partage de données dans WhatsApp ?), sa sociopathie dans l’usage de “l’engagement” comme métrique au lieu de se soucier de la qualité des interactions… 

Facebook, rôtis en enfer, virus de l’esprit, de la modération et de la joie de vivre.

Vous trouvez que je sur-réagis ? John Gruber (blogueur tech respecté) a compilé la plus accessible des listes de casseroles attachées à cette entreprise. Et je vous préviens, elle est aussi révoltante qu’interminable. Si le président de la NAACP qualifie Facebook de “menace pour la démocratie”, c’est bien qu’il y a un énorme problème, et c’est une citation parmi beaucoup, beaucoup d’autres.

J’ai désactivé tous mes comptes sociaux il y a plus de six mois, à commencer par Facebook parce que je ne pouvais plus, en bonne conscience, continuer à me servir de cette plate-forme (et l’alimenter) en ignorant les dégâts qu’elle cause à notre monde. Mais les comptes existaient toujours, même invisibles, et ça me dérangeait depuis un moment, tant au niveau de la cohérence personnelle que du fait que, malgré tout, je continuais à ajouter “1” au nombre des utilisateurs dont peur se regorger cette entreprise criminelle.

Je suis maintenant débarrassé définitivement de ce fardeau. Attention, je ne vous donne pas de leçons, vous faites ce que vous voulez. Mais jetez quand même un œil à la liste ci-dessus. Et n’ayez pas peur de quitter la plate-forme. Non seulement on vit très bien sans, on vit mieux. Je peux en témoigner.

Note de bas de page : si un jour se crée un compte ou une page à mon ancienne adresse, facebook.com/lioneldavoust, il est donc évident que ça n’est pas moi, ou bien vous serez les premier·es prévenu·es.

On ne sait jamais, des fois que Mark Zuckerberg passe un pacte avec le diable pour s’acheter une âme.

2021-02-13T17:10:53+01:00jeudi 18 février 2021|Humeurs aqueuses|8 Commentaires

Webscursions, 9 septembre 2020

Certaines infos ou liens qui me passent devant les yeux sont trop brèves, ou n’appellent pas nécessairement de commentaires ; j’avais tenté une expérience ratée pour les relayer ici en plus des réseaux commerciaux l’année dernière (“Des brèves et des liens”), mais maintenant que j’ai dit adieu réseaux, cela vaut le coup de retenter, avec un nom plus rigolo (même si je doute d’avoir été le premier à y penser).

➡️ Parlant des réseaux : je suis heureux de constater que je ne suis pas le seul et que la tendance s’accélère :

(Merci à Tim pour ces deux informations.)

Oui, reprenons le contrôle de nos données et de notre attention, en refusant d’alimenter cette entreprise tellement sympathique, car, dans votre feuilleton préféré “constatons encore comment Facebook n’en a rien carrer de la décence”, cette semaine :

➡️ L’algorithme de Facebook promeut le négationnisme au sujet de l’Holocauste (source : The Guardian). Et Facebook refuse de catégoriser le négationnisme sur l’Holocauste comme un discours haineux. Alors heureusement, le négationnisme est puni par la loi en France, Facebook obéit à nos règles, et donc nous échappons à cela ici, mais ailleurs, où ce n’est pas codifié, c’est open bar. Que Facebook brûle dans du carburant de fusée.

Bon, allez, plus sympa :

➡️ Les lauréats des prix Elbakin.net 2020 et Bob Morane 2020 ont été annoncés : félicitations à tous les lauréats et lauréates ! Contes hybrides ne l’a pas emporté pour le Bob Morane, mais je suis ravi pour Christophe Corthouts et Bruno Pochesci !

➡️ Si vous êtes d’humeur et anglophone, Ars Technica explique en détail la Section 230, loi américaine qui exonère en grande partie les plate-formes de la responsabilité du contenu créé par les utilisateurs – en gros, c’est qui permet l’existence des forums, de Facebook, Yelp et autres en n’assimilant pas ce contenu à une responsabilité éditoriale. L’histoire de cette loi est fascinante, née d’un paradoxe bizarre des débuts d’Internet.

➡️ Enfin, cet article est fantastique, il compare les interfaces SF des briques de LEGO en débordant vers les principes de conception d’interfaces du monde réel et leurs contraintes. On y apprend plein de trucs. Et y a des LEGO. Je ne sais pas ce que je dois vous dire d’autre.

2020-09-08T20:57:47+02:00mercredi 9 septembre 2020|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Webscursions, 9 septembre 2020

Départ de tous les réseaux sociaux

It was fun while it lasted.

En fait, non, c’était pas entièrement fun. Surtout les dernières années.

Je ne pensais pas prendre cette décision si vite mais au bout d’un moment, bon, ça n’est pas surprenant, j’ai quitté Facebook, je quitterai Twitter avec sous quinze jours, et tout ce qui est assimilé “réseau social”. (Le compte restera présent mais verrouillé pour éviter le cyber-squatting, et pour conserver l’accès à la messagerie privée qui reste un moyen de communication nécessaire pour certains contacts.)

La raison ? Ma foi, toujours la même : les réseaux sont, d’une, dans mon cas très personnel, un aspirateur à temps de cerveau disponible, de deux, comme les trois polémiques à la semaine le prouvent, il est impossible d’avoir une discussion construite en 280 caractères quand le système est littéralement conçu pour nourrir les réactions instinctives et les outrages.

Twitter, allégorie

Concernant Twitter, je ne jette tout de même pas le bébé avec l’eau du bain. Certains mouvements capitaux y sont nés (#MeToo), j’ai pu échanger avec certaines de mes idoles de jeunesse et j’y ai rencontré et échangé avec plein de belles personnes (merci à vous – j’espère qu’on se retrouvera tous ici).

Je tiens spécialement à remercier tous les lecteurs et lectrices, blogueurs et blogueuses, Instagrameurs et chroniqueuses de tous horizons qui aiment les livres, en parlent sur leur fil et à leur communauté voire leurs clients – votre travail au long cours est capital pour faire connaître des auteurs. Merci !

Mais hélas, en ce qui me concerne, en l’espace d’un an et demi, j’ai été : insulté gratuitement, harcelé à deux reprises, et je ne compte plus le temps consacré à modérer des fils qui partaient en sucette ou à essayer de raccommoder des rapports humains mis à mal par un mauvais like ou un mauvais RT. J’ai énormément de mal à lâcher l’affaire dans ce genre de cas, je me bouffe la rate en sauce et avant d’avoir compris ce qui m’arrivait, j’ai passé deux heures obsessionnelles-compulsives à jouer à tape-la-taupe avec mes mentions.

Au bout d’un moment, pourquoi m’infligé-je ça ? Autant quitter Facebook a d’abord été pour moi un geste politique (à ma minuscule échelle, on est d’accord, mais be the change you want to see in the world, tout ça), quitter Twitter est davantage un geste d’hygiène mentale. Je pense en plus qu’il y a de bien meilleures manières de :

  • communiquer avec les gens : dans des espaces plus calmes comme des forums ou des commentaires de blogs ;
  • parler de son travail : par des événements, des conférences ;
  • accomplir son travail, tout court : en bénéficiant du silence et de la temporalité libérées pour se concentrer sur le vrai métier – qui est, et c’est tout : produire, régulièrement, des œuvres de qualité.

Pour paraphraser le temple de Salomon, savoir, oser, écrire… et se taire.

Écrire consiste à s’immerger dans la narration et l’esprit des temps pour en tirer des choses à rapporter à sa tribu ; à se documenter en profondeur, à réfléchir, à imaginer ; l’artiste est pour moi un chaman, et ce chaman-ci a beaucoup plus de mal à entrer en contact avec le Mystère s’il s’inquiète qu’un imbécile comprenne un tweet de travers et lance une campagne d’ostracisation et de désinformation à son égard.

Donc, dorénavant, en ce qui me concerne :

The amateur tweets. The pro writes.

Steven Pressfield, Turning Pro (chroniqué ici)

Je réitère que le site, le blog et Procrastination ne vont nulle part – c’est tout le contraire. Je compte consacrer davantage de temps à mes espaces, au podcast, et proposer toujours davantage de contenu construit (des choses vont arriver en ce sens).

Pour cela, je vous invite forcément très vivement à vous inscrire à la lettre d’informations dont le formulaire se trouve en bas à droite. Un seul mail par mois, juste entre nous, dense et récapitulant l’activité du site sur la période passée, avec toutes les actualités, et quelques réflexions plus personnelles sur l’écriture et les projets en cours !

On se retrouve… très exactement ici, demain matin.

2020-08-02T09:39:38+02:00mercredi 5 août 2020|À ne pas manquer|11 Commentaires

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