Le steampunk, une esthétique de la machine ? (débat aux Utopiales 2016)

Étienne Barillier, LD, Olivier Gechter, Johan Heliot, Karine Gobled. Photo ActuSF.

Étienne Barilier, LD, Olivier Gechter, Johan Heliot, Karine Gobled. Photo ActuSF.

Le site de référence ActuSF réalise les captations de débats et tables rondes pendant les festivals d’imaginaire au fil de l’année ; le débat “Steampunk : une esthétique de la machine ?“, modéré par Étienne Barilier et qui faisait intervenir Olivier Gechter, Johan Heliot, Karine Gobled et moi-même est disponible au téléchargement en intégralité sur cette page.

2016-11-20T19:47:10+01:00lundi 21 novembre 2016|Entretiens|Commentaires fermés sur Le steampunk, une esthétique de la machine ? (débat aux Utopiales 2016)

L’empire, le défendre ou le combattre ? (table ronde aux Imaginales 2016)

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Photo ActuSF. Nabil Ouali, Olivier Gay, Christophe de Jerphanion, LD, Anthony Ryan, Sylvie Miller

Autre table ronde des Imaginales 2016, cette fois sur le thème de l’Empire : le défendre ou le combattre ? Dans quel sens fonctionne la marche de l’histoire ? Comment la fantasy permet-elle d’éclairer la question ?

Débat animé par Christophe de Jerphanion. Avec : Nabil Ouali, Olivier Gay, Anthony Ryan (traduit par Sylvie Miller) et moi-même (parlant cette fois davantage de La Route de la Conquête).

La captation a été réalisée par ActuSF et est disponible sur cette page, pour un téléchargement ou une écoute en ligne.

Extrait vidéo :

2016-06-07T18:04:57+02:00lundi 13 juin 2016|Entretiens|Commentaires fermés sur L’empire, le défendre ou le combattre ? (table ronde aux Imaginales 2016)

On en sait des trucs à 24 ans

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Oui, vous pouvez cliquer pour agrandir.

Comme je passe progressivement tous mes outils sous matos Apple, je suis amené à plonger un peu dans mes archives, histoire de faire du tri – et mes archives de courriel remontent à 1997, soit – gasp – presque 20 ans d’Internet et de lolcats.

Là, je triais mes brouillons, accumulés au hasard et jamais envoyés, ou bien sauvegardés par erreur à la suite d’un bug de serveur ; une centaine à archiver mais surtout à vider, dont celui-ci rédigé en 2002 :

Hello Cecile,

J’ai reflechi a tes histoires de recensement qui augmentent sur les annees. Je crois avoir saisi pourquoi les reviewers ne sont pas satisfaits du test de Student:
– Les residus ne sont pas distribues normalement
– Les individus statistiques etudies (ici les sites) ne proviennent pas d’echantillons differents: ce sont les memes avec une progression de temps.

Tu pourrais peut-etre essayer plutot le test U de Mann-Whitney ou le test de Wilcoxon, qui sont non-parametriques?

Amities
Lionel

Ça en jette, quand même. Je suis émerveillé d’avoir un jour pu formuler ce genre de théorie. Aujourd’hui, je n’ai qu’une très vague idée de ce que je raconte dans ce brouillon – et je ne sais absolument pas si c’est valide, si ça se trouve, je raconte n’importe quoi (et c’est pour ça que le courrier n’est jamais parti). Je sais que j’ai su ce qu’était un test de Student et je me rappelle vaguement de ce qu’était un test non-paramétrique, mais au-delà du fait que ce ne sont pas les tests qu’on trouve dans Cosmopolitan, j’avoue que j’aurais besoin de me rafraîchir un peu la mémoire avant de piloter de nouveau Statistica comme un petit Mendel en herbe.

Le plus mignon, probablement, c’est qu’à l’époque, je restais focalisé sur la standardisation de mes courriers électroniques qui ne comportaient, à dessein, aucun accent afin d’être lisibles sur le plus grand nombre de terminaux possibles. (À l’Agro, il m’arrivait de lire mes mails sur des terminaux Unix monochromes où tous les accents sortaient comme peu ou prou comme ça : “E=9”).

Le jour où j’ai accepté d’utiliser les accents comme tout le monde et de perdre un peu d’interopérabilité, je crois que j’ai perdu un peu d’intégrité. Une terrible et tragique pente qui m’a conduit jusqu’à acheter un iPad. Tout a une cause.

Tout.

2016-05-06T14:57:32+02:00mardi 17 mai 2016|Expériences en temps réel|16 Commentaires

Vivre la vie de palais

Séoul compte quatre anciens palais vieux de plusieurs siècles, dont je vous épargerai l’écriture des noms. Incendiés, reconstruits, occupés, ils témoignent du temps où la Corée était un royaume, Ils offrent un spectacle surréaliste, à l’image de la Corée moderne : anciens, majestueux, immenses, ils déploient leurs ailes silencieuses où l’histoire résonne encore au sein d’une capitale moderne où vrombit une circulation urbaine incessante et où la 4G est même desservie dans le métro.

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Le Changdeokgung

Le Changdeokgung recèle même, à l’arrière de son complexe, un jardin secret qui tient plutôt de la forêt privée, où pavillons et plans d’eau se faufilent discrètement au sein de collines boisées. La rupture entre les gratte-ciels et la nature est aussi brutale que surprenante : imaginez vous remonter les Champs-Elysées, puis, à la place de l’Arc de Triomphe, tomber sur Chambord et, derrière, la forêt de Fontainebleau, qui s’interromprait à un simple petit muret derrière lequel s’étendrait le parvis de la Défense.

Le jardin secret du Changdeokgung

Le jardin secret du Changdeokgung

Nombre d’histoires tristes, gaies ou démonstrations de morale flottent dans ces lieux séculaires. On peut en retenir une associée à la photo ci-dessus : au milieu de la pièce d’eau se trouve une île exiguë, d’à peine un mètre carré, où pousse un vieil arbre. Le roi avait coutume de lancer de façon inattendue des concours de poésie à ses courtisans. Celui qui se trouvait incapable de produire se retrouvait exilé pour une certaine durée sur la petite île… Afin de réfléchir à la nature et de s’inspirer, peut-être ?

(Hé, auguste lectorat, ça te dirait qu’on essaie cette méthode de motivation aux prochains ateliers d’écriture, niark ?)

2013-10-01T13:11:20+02:00mercredi 2 octobre 2013|Carnets de voyage|3 Commentaires

En vidéo : interview et débats

D’après le bilan officiel, ces Utopiales ont été une superbe réussite : 46 000 visiteurs et une hausse du 20 % du chiffre d’affaires de la librairie ! C’était clairement visible avec une file d’attente impressionante à l’entrée et beaucoup de public dans les allées. De quoi se réjouir si l’on souhaite le prendre – et c’est mon cas – comme un signe de la vitalité des genres !

Le site de référence ActuSF a, comme souvent, fixé l’événement en filmant nombre de cafés littéraires (voir ce fil du forum pour l’intégralité des archives). J’ai également eu le plaisir d’être interviewé par Chloé Chamouton pour le site. Voici les vidéos me concernant.

Interview pour ActuSF

Table ronde : SF Vs. Histoire

Avec (de gauche à droite sur l’image) Thierry di Rollo, votre humble serviteur, Vincent Gessler (modérateur), Anne Larue, Jean-Claude Dunyach et Stéphane Poulin.

Table ronde : la fantasy face à l’histoire

Avec (de gauche à droite sur l’image) votre très humble serviteur, Pierre Pevel, Mathieu Gaborit, Laurent Kloetzer, Stéphane Manfrédo (modérateur).

2011-11-15T20:13:15+01:00mardi 15 novembre 2011|Actu|Commentaires fermés sur En vidéo : interview et débats

Transposition réussie pour Le Trône de fer

Quatre épisodes venant d’être diffusés aux États-Unis, il devient possible d’avoir un peu de recul sur l’adaptation en série du Trône de fer (Game of Thrones), une des meilleures séries de fantasy moderne, écrite par G.R.R. Martin. Enfin, autant de recul qu’il est possible quand on a lu les livres et connaît donc l’histoire – le Trône de fer reste bien en mémoire en raison de l’attention qu’il exige, née des dizaines de personnages qui y figurent.

Pour ceux qui ignorent ce dont il est question : Le Trône de fer raconte l’histoire de plusieurs maisons nobles luttant pour le trône fédérant le royaume ; un monde aussi menacé de l’intérieur, par ses innombrables manœuvres politiques où nul ne jouit de l’immunité scénaristique, que de l’extérieur, entre le retour annoncé d’anciennes terreurs rôdant par-delà le grand Mur qui isole le nord, et la dynastie renversée à la génération précédente qui menace de revenir s’emparer du pouvoir. C’est une saga complexe aux multiples personnages, forts et passionnants ; Martin a un talent unique pour façonner les grands événements historiques à partir de la petite histoire du quotidien. Entre le nombre de fils d’intrigue, la multiplicité des décors, la finesse du scénario et son ton adulte, résolument sombre, adapter cette œuvre pour la télévision semblait une gageure.

Mais le défi est relevé avec panache ; le fait que Martin soit producteur exécutif n’y est probablement pas étranger. La première chose qui frappe dans cette adaptation est la qualité graphique : décors et costumes présentent un soin peut-être sans précédent pour une série télévisée, et fait sans difficulté jeu égal avec la version cinéma du Seigneur des Anneaux. Le générique (dont on ne se lasse pas et dont la musique vous rentre dans la tête plus vite en mémoire qu’À la volette) annonce la couleur : il s’agit d’une grosse production comme d’une création originale, avec une patte et une atmosphère uniques :

Les acteurs présentent tous un jeu impeccable (en VO du moins), et sont d’une incroyable justesse par rapport aux personnages du livre, y compris physiquement (il s’agit du sentiment personnel de votre serviteur, mais il semble partagé par la plupart de critiques). Daenerys Targaryen fait poupée de porcelaine à souhait, Jaime Lannister est aussi séduisant que vicieux, Jon Snow impulsif comme sympathique. On peut à la rigueur s’étonner du choix de Sean Bean (Boromir dans le SdA) pour Eddard Stark, qu’on imaginait plus sec et austère, mais il s’acquitte sans peine du rôle et l’investit de mieux en mieux au fil des épisodes.

Mais le principal, le scénario, ne se trouve également trahi en rien, que ce soit dans sa complexité comme dans sa maturité. Bien sûr, le nombre de personnages principaux se voit grandement réduit à un nombre convenable pour la télévision, mais ne perd rien des événements principaux ni des relations entre les uns et les autres. Ce ne sont que quelques fils d’intrigue secondaires qui sautent pour des raisons de clarté, ce qui sert ceux qui restent. La série peut toutefois donner l’impression d’avancer un peu trop vite et de peiner à offrir quelques moments de respiration dans le tourbillon d’événements qu’il lui faut présenter à chaque épisode et le nombre de fils à faire avancer, mais, au moins, rien ne piétine et on peut penser que la narration trouve peu à peu dans son rythme.

Game of Thrones est donc une grande série, un modèle d’adaptation intelligente et sans concession qui donne vie à un grand monde, et qui devrait servir de mètre-étalon pour celles qui suivront, loin de la pantalonnade que devrait être le Conan 3D de cet été. Les lecteurs des livres auront plaisir à voir s’animer sous leurs yeux les fourberies et la noblesse des personnages qu’ils ont apprécié, à arpenter le grand Mur en compagnie de Jon Snow, à ricaner des traits d’esprit de Tyrion Lannister ; et ceux qui ne savent pas encore que l’hiver arrive feront bien de se précipiter sur la diffusion française de la série quand elle passera en juin sur Orange Cinéma Séries. Un tome original devrait occuper une à deux saisons de Game of Thrones ; il nous reste à espérer que la série connaisse le succès qu’elle mérite pour rentabiliser le budget pharaonique qu’elle exige certainement.

2011-05-11T11:41:40+02:00mercredi 11 mai 2011|Fiction|15 Commentaires

Pour régler la question de l’héritage

Photo AFP

Entre autres fixettes, Nicolas Sarkozy en a une sévère : “l’héritage chrétien de la France”. Il rend visite au Pape pour lui parler d’Internet, il aime les dorures et la pourpre, il remonte fièrement à une contrée fille aînée de l’Église et ne manque guère une occasion pour opposer à un bloc islamique fantasmé un autre, tout aussi illusoire, d’un Occident chrétien. Dernière illustration en date, “l’héritage chrétien” et ses valeurs civilisatrices dont il est allé parler au Puy-en-Velay.

Il va falloir un jour que monsieur Sarkozy – ou les conseillers qui lui écrivent ses discours – ouvrent un livre d’histoire et la mettent en perspective. De quoi parle-t-on exactement quand il est question de valeurs de “civilisation” – ce projet si cher dont il nous rebat les oreilles depuis son institution, un projet qui, par ailleurs, rogne les budgets de l’éducation, retire l’histoire des filières scientifiques, les maths des littéraires, et conduit de manière générale une offensive concertée contre ce qui peut nourrir de près ou de loin l’esprit critique ?

La civilisation, c’est vivre ensemble ; c’est quitter l’état de nature pour progresser dans le domaine des moeurs, des connaissances, des idées, nous explique le TLF. Inutile de ressortir du placard Galilée, les croisades, les persécutions, pour s’interroger en quoi la chrétienté fut réellement fondatrice de progrès “dans le domaine des moeurs, des connaissances et des idées” – charge qui concerne, d’ailleurs, toute religion dogmatique. Être convaincu de détenir la vérité vous rend curieusement résistant aux opinions contraires – une résistance qui s’exprime le mieux la tronçonneuse à la main.

L’attaque est facile. Tellement éculée qu’elle en devient honteuse. La chrétienté, ce n’est pas cela ; ses valeurs sont différentes. Elles se fondent sur le partage, la charité, l’amour. La chrétienté moderne est ouverte, tolérante, positive – à opposer, bien entendu, à un Islam rétrograde, totalitaire, obscurantiste.

Ah oui, vraiment ? N’y a-t-il pas une légère confusion des causes ?

Qui sont les plus grands penseurs de cet Occident progressiste, éclairé, en quête de raison, de progrès dans le domaine des moeurs, des connaissances et des idées ? Les papes successifs, les cardinaux ? Hormis certains penseurs chrétiens de haute volée, de Saint-Augustin à Kierkegaard en passant par Teilhard de Chardin, qui furent les réels fondateurs et véhicules de cette lumière ?

Il va falloir un jour que la droite chrétienne comprenne que ces valeurs positives dont elle se réclame tant et dont elle ignore la genèse ne viennent malheureusement pas – pour eux – de l’Église mais du mouvement même qui a irrémédiablement sapé l’autorité divine : les Lumières. Que les fondateurs d’une certaine idée de la tolérance, de l’égalité, de la république, de la raison, ne sont pas les penseurs chrétiens, pour aussi beaux et fondamentaux qu’ils puissent être. Les Lumières se placent dans la continuité de cette pensée chrétienne dans ce qu’elle a de meilleur, mais elles ont aussi introduit l’idée fondamentale qui sous-tend le monde développé dans ce qu’il a de plus positif : la raison humaine et la conscience doivent primer sur la tradition et notamment sur l’autorité dogmatique – c’est-à-dire celle de Dieu. Les Lumières n’ont évidemment pas renié le rôle du religieux, comme en témoigne le déisme d’un Voltaire, mais l’organisation sociale, la quête de la connaissance, doivent être subordonnées à un humanisme séculaire et rationnel qui vise l’intérêt commun, et qui place l’individu au centre des préoccupations.

C’est là que se trouve la vraie grandeur des civilisations (“Comment ! Ces gens n’ont pas encore entendu dire que Dieu est mort !” se lamentait déjà Nietzsche à travers Zarathoustra descendant dans la vallée) : l’usage du raisonnement individuel et de la conscience sociale dans les choix. L’Église s’est peut-être un peu rapprochée de son discours pour le second au cours des derniers siècles, mais la soumission à toute autorité entre fondamentalement en conflit avec le premier.

Et si, même, l’on voulait faire un calcul purement politique, en plus des aspects franchement douteux de l’idéologie de monsieur Sarkozy, son discours est idiot. Opposer ainsi la chrétienté comme racines françaises ou occidentales à l’obscurantisme d’une différence étrangère, mal définie mais anxiogène, est d’une stupidité consommée. Sans dire que “nos” racines sont devenues pour la majorité plus rhétoriques que réellement vécues, sans parler du danger d’une confrontation frontale entre blocs, les Lumières, faisant l’apanage de la raison, rendent solubles tous les systèmes de pensée en éveillant la personne à sa conscience, à son civisme et à la tolérance. Plutôt que de répondre à des extrêmismes par d’autres, il conviendrait plutôt d’éveiller chacun à son libre arbitre et de le rendre libre de ses choix, enfin apte à se détacher du carcan des traditions, des autorités suprêmes autoproclamées qui exigent sa soumission, sa fidélité, son âme et son argent, pour être libre de n’en adopter que ce qu’il désire, qu’il s’agisse de religion, de modèle familial ou de valeurs ; le tout dans le respect de la personne humaine, afin que, bordel, les dogmes et les divinités dégagent une bonne fois pour toutes de la place publique et qu’on discute en êtres humains sociaux.

On a peur des fondamentalistes ? Qu’on leur montre la puissance de la raison et en quoi elle est compatible avec toutes les croyances, comme avec la vie humaine1.

Cela, monsieur Sarkozy, serait un vrai projet de civilisation.

  1. Oui, je suis conscient que des horreurs ont aussi été commises au nom des Lumières. Mais qu’on me pardonne si je pense fermement que c’est le meilleur outil dont on dispose actuellement et que deux siècles de cette philosophie ont plus fait pour la civilisation que deux millénaires de soumission aveugle à l’autorité.
2014-08-30T18:29:34+02:00vendredi 11 mars 2011|Best Of, Humeurs aqueuses|3 Commentaires

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