“Oh bordel de Dieu, faites-vous enfin injecter ce putain de vaccin, bande de branlous merdeux”

Où l’on conduit une expérience linguistique absolument fascinante sur les non-équivalences de certains registres linguistiques entre langues, comme celui de l’insulte et de l’énervement :

The fucking vaccine will not make you magnetic. Are you fucking kidding me? It just fucking won’t. That’s not even a fucking thing, and that lady who tried to pretend the vaccine made her fucking magnetic looked like a real fucking fuckwad and a fucking idiot, so get fucking vaccinated. Jesus. Fuck.

Wendy Molyneux

Ce qui pourrait se traduire à la louche par :

Ce putain de vaccin ne vous rendra pas magnétique. Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Non, bordel. Ça n’existe juste pas, putain, et la connasse qui a prétendu le contraire est passée pour une énorme bestiasse, un putain de désastre intellectuel, alors faites-vous vacciner, merde de merde. Bon Dieu. Chié.

Constatons ainsi, au titre de l’exercice, que l’anglais reste quand même assez limité dans le registre de sa vulgarité, où “fuck” incarne l’ultime forme de l’agacement et de l’insulte ; ceci étant aidé par la manière fortement satisfaisante dont le mot peut être craché avec sa sonorité sèche et agressive. D’autre part, l’anglais, langue classiquement agrégative, peut jouer sur la construction de termes nouveaux et tolère bien mieux la répétition que le français, qui au contraire, compte parmi ses forces la complexité courante de ses champs lexicaux. Il est également aidé par ses ascendances latines, où le registre de l’insulte est évidemment sans bornes. D’ailleurs, on pourrait sans nul doute discuter à l’envi des connotations et des choix (mon humble tentative ayant été hâtivement réalisée en deux minutes sur un coin de blog). Si je donnais encore des ateliers de traduction, ça aurait pu être rigolo de donner ce texte en entier.

Parce que, hein : fucking vaccinez-vous, yes ?

2021-09-07T17:30:20+02:00lundi 6 septembre 2021|Humeurs aqueuses|4 Commentaires

Le meilleur pitch du monde

Quand vous vous tordez les mains de nervosité en vous demandant comment diable vous allez pitcher votre récit à une maison d’édition, détendez-vous en vous rappelant que les compagnies aériennes chinoises vous vendent les films à bord comme suit :

(Photo retrouvée d’une lointaine époque où je prenais l’avion. Vous vous rappelez l’avion ? L’étranger ?)

2021-08-08T11:02:49+02:00jeudi 12 août 2021|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Le meilleur pitch du monde

J’ai reçu un mail

C’est quand même dingue que des fournisseurs d’accès placent leurs courriers en spam ! C’est une preuve supplémentaire d’une conspiration contre eux, ce qui démontre par là-même leur puissance, et cela justifie que ce message soit totalement legit, j’en suis sûr. En plus, les “o” sont remplacés par des zéros, ce qui est, on le sait, un code numérologique ancien réservé aux initiés d’Eleusis. J’ai bien pris soin de laisser l’adresse mail en clair, parce que je tenais absolument à partager cette occasion fantastique avec tout le monde, surtout les robots d’Internet qui seront probablement ravis de s’exercer à la reconnaissance de caractères et de postuler eux aussi.

(Si j’avais le temps, j’engagerais une conversation promettant d’être très rigolote, mais j’ai un énorme bouquin à écrire)

2021-07-22T17:24:50+02:00lundi 2 août 2021|Expériences en temps réel|4 Commentaires

Qu’est-ce, vraiment, qu’un dératé ?

Les dictionnaires (et l’immédiateté de ceux présents dans Antidote, merci Alfred) forment évidemment une mine sans fin de réjouissances et d’ébahissements divers et variés sur le langage et l’humanité.

Vous connaissez l’expression “courir comme un dératé”. Mais qu’est-ce qu’un dératé ?

JE HEIN COMMENT QUOI

Quelles arcanes ténébreuses président donc parfois aux superstitions de notre espèce ?

Wikipédia nous apprend que l’on imaginait un lien entre les points de côté et la rate. Sauf qu’on imaginait qu’on imaginait ça, parce qu’en réalité, l’expression ne s’installe qu’au XVIIIe siècle.

Okayyyy.

2021-06-23T10:47:56+02:00mercredi 7 juillet 2021|Juste parce que c'est cool|5 Commentaires

Après l’annonce des 23 tomes…

Il faut juste que je vous montre ça, parce que c’est trop génial mais ça n’a circulé que sur Facebook :

Avec une parfaite poker face, non seulement Critic a relayé ma couillonnade de jeudi mais a relancé de dix-huit… Avoir un éditeur qui vous donne les moyens de vos projets et vous suit dans vos ambitions, ça n’a pas de prix, y compris quand il s’agit de faire l’imbécile. 😁

2021-04-03T12:19:27+02:00lundi 5 avril 2021|Expériences en temps réel, Juste parce que c'est cool|2 Commentaires

Léger rallongement pour la série « Les Dieux sauvages »

J’avoue que quand j’ai annoncé le passage successif à une tétralogie, puis à une pentalogie pour « Les Dieux sauvages », je frémissais un peu d’angoisse, redoutant que l’on me reproche de rallonger la saga par pure visée commerciale ; alors que non, c’est vraiment l’histoire qui a dicté sa propre dynamique, nonobstant tous mes efforts de planification. Votre réaction a été incroyablement positive à la première annonce, ce qui m’a énormément rassuré quand il s’est avéré que la série ferait cinq tomes ; c’est donc le cœur absolument léger et sans gêne aucune que je vous annonce mon plaisir d’un nouveau plan pour « Les Dieux sauvages », qui comptera en réalité 23 tomes.

Un nouveau plan

En effet, l’histoire dicte plus que jamais sa propre dynamique, et il m’est apparu clairement, en écrivant La Succession des Âges, tome 5 de la saga et initialement prévu comme le dernier, qu’il subsistait nombre de fils narratifs en suspens à clore. L’écriture présente d’étranges méandres : pour les conclure convenablement, il me faut parfois introduire de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, jeter de la lumière sur des zones d’ombre, ce qui appelle à son tour davantage de promesses narratives qu’il me faut boucler à leur tour en un mouvement quasiment perpétuel. Étant donné l’ampleur de la saga, ce n’est donc pas moins de 18 tomes supplémentaires après celui-ci qu’il me faudra.

Mais cela me permettra d’aborder en détail quantité d’éléments qu’à l’origine, je redoutais de ne pouvoir adjoindre faute de place, et j’en suis absolument enchanté ! Par exemple, d’étudier en détail la courantologie du Golfe des Longues houles, et son rapport avec les routes commerciales de Mérogheze, déployant toute une intrigue politico-halieutique pendant la moitié du tome 12 projeté, intitulé La Blêmeur de la Mer ; ou encore de m’attarder sur la modification climatique en Rhovelle induite par la présence de l’Éternel Crépuscule sur la Cordillère Égide, donnant lieu à une passionnante sous-intrigue symbolique du réchauffement global tandis que les bergers de Saracie voient les prairies d’altitude de leurs troupeaux colonisés par du kudzu. Ce sera l’objet de l’intégralité du tome 8, qui s’appellera, bien entendu, La Transhumance des Alpages. Et enfin, devant la popularité de ce personnage, je suis enchanté d’annoncer qu’un volume entier de 880 pages sera entièrement dédié aux états d’âmes de Leopol tandis qu’il n’ose admettre ce qu’il ne sait pas lui-même mais qui représente, il ne sait pas pourquoi mais c’est certain, quelque faute divine : ce sera le tome 15, baptisé, comme il se doit, Le Ratage dÉconduire.

Lors d’une réunion de travail, les éditions Critic et ma directrice d’ouvrage ont d’ores et déjà répondu d’un sourire crispé à la perspective de passer le restant de leurs jours et peut-être une part de l’après-vie à travailler sur « Les Dieux sauvages », tandis que j’ai quitté la librairie en hurlant d’un rire peut-être un peu trop libre car je n’ai étrangement aucun souvenir des heures qui ont suivi avant de me réveiller encadré d’une équipe d’inconnus extrêmement bienveillants qui avaient peur que je ravive mes vieux problèmes d’épaules et m’avaient donc très obligeamment attachés à un lit fort confortable d’une blancheur immaculée.

Repousser les lois physiques de la reliure

Ce nouveau plan d’action m’a donné d’incroyables libertés créatives ! Après seulement un gros mois d’écriture, j’ai atteint une productivité inédite, me plaçant à une belle moyenne quotidienne d’environ 110 000 signes par jour. J’ai largement dépassé le volume que je m’étais fixé pour ce tome, mais comme je n’ai plus aucune limite humaine et que le sommeil c’est surfait en définitive, cela n’a aucune importance, et puis, à force de retravail, je devrais pouvoir certainement lisser le style et ébarber dans les 800 000 signes inutiles apparus simplement au fil de la plume :

Situation du manuscrit à environ 1/5 du volume projeté

Les éditions Critic, qui m’accompagnent toujours avec enthousiasme et fidélité dans mes projets – je les en remercie ! – ont d’ores et déjà annoncé se mettre en relation avec SpaceX pour mettre au point une reliure en fibre de carbone issue de l’industrie spatiale permettant de publier malgré tout le livre en seul tome, ainsi que nous y tenons. En réponse, Elon Musk a annoncé se mettre d’ores et déjà en relation avec la Loge de la Clé d’Argent pour s’assurer que la distorsion gravitationnelle d’un ouvrage d’une telle ampleur ne risquerait pas d’entraîner des effets relativistes sur l’écoulement du temps ni d’appeler par mégarde quelque divinité extérieure – ce qui serait cocasse, pour une telle saga !

Cependant, la NASA est d’ores et déjà intéressée par un partenariat industriel afin de développer un moteur à distorsion (warp drive). En effet, des résultats préliminaires indiqueraient qu’en attachant suffisamment de volumes de « Les Dieux sauvages » à la carlingue d’un vaisseau spatial expérimental, on peut plier l’espace et donc dépasser la vitesse de la lumière. Et n’est-ce pas la meilleure preuve que la fantasy et la science-fiction sont sœurs de cœur ?

2021-03-29T15:07:42+02:00jeudi 1 avril 2021|Expériences en temps réel|17 Commentaires

De quoi ça parle ? Les Questions dangereuses

Suite et fin pour l’instant des petits pitches éclair proposés sur la chaîne De Quoi Ça Parle ? : à présent, un livre dont la stupidité intrinsèque fait mon immense fierté jusqu’à Bételgeuse, aussi court et pas sérieux que « Les Dieux sauvages » est long et ambitieux, voici Les Questions dangereuses  :

2021-03-15T11:56:34+01:00jeudi 18 mars 2021|Entretiens|Commentaires fermés sur De quoi ça parle ? Les Questions dangereuses

Ah, oui

C’est donc important de se laisser des instructions claires quand on écrit.

Ce qui est merveilleux avec ces mots doux, c’est qu’on oublie qu’on se les a laissés, et que leur impact est donc maximal pour s’assurer que la tâche désignée soit bien effectuée.

2020-12-08T11:28:10+01:00jeudi 10 décembre 2020|Expériences en temps réel|2 Commentaires

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