Nouvel extrait de la B.O. de Psycho Starship Rampage

Extra_large_screens_for__ableton._No__track_limit________musicproductionL’article du jour est à lire de l’autre côté, avec la présentation et la petite histoire autour d’une nouvelle piste pour la bande originale du jeu Psycho Starship Rampage (sortie le 28 septembre !).

Mais pour les non-anglophones et ceux que cela intéresse moyennement, voici l’extrait en direct :

J’entre en studio pro aujourd’hui même pour le mastering de la bande-originale. Sortie en dématérialisé chez tous les distributeurs majeurs en fin de mois !

2015-09-15T12:14:59+02:00jeudi 17 septembre 2015|Alias Wildphinn|Commentaires fermés sur Nouvel extrait de la B.O. de Psycho Starship Rampage

Partage, légalité, éthique : questions d’échelle, questions d’usage

lolcat-problem-solved-450x336Dans l’uberisation progressive du monde, nouvelle affaire qui nous touche de près cette fois, Booxup. En résumé, il s’agit d’une application qui permet d’organiser des prêts de livres physiques entre particuliers, en publiant le contenu de sa bibliothèque. Une sorte de méga-bibliothèque communautaire, si l’on veut. La boîte vient juste de recevoir une visite de la direction de la répression des fraudes (DGCCRF) pour étudier au juste la légalité de cette histoire. Et la presse – dont Actualitté, que je ne félicite pas sur ce coup – comme le public de hurler :

« WAT ? Prêter des livres entre particuliers est une habitude vieille comme le monde. En quoi la loi vient-elle s’en mêler ? »

Suivent toutes les récriminations habituelles mal dégrossies sur l’ingérence des autorités, la propriété intellectuelle qui empêche de danser en rond, etc. Déclarations grandiloquentes de la liberté de prêter ce qui nous appartient, jusqu’à voir, parfois, dans le prêt un acte d’un fondamental altruisme.

Moui. Une minute, et un peu de réflexion, s’il nous plaît à tous. La question du prêt des livres est-elle remise en question par les pouvoirs publics ? Grands dieux (et bordel), non. Donc, du calme. Parce qu’entre les envolées d’un lyrisme tremblotant du co-fondateur de Booxup, David Mennesson, et l’indignation populaire, il y a, en gros, de fortes chances qu’on nous prenne pour des jambons.

Pour commencer, la DGCCRF n’a lancé aucune procédure contre Booxup. Il s’agit juste d’un procès-verbal – d’une visite visant à constater la nature de l’activité. « Bonjour, que faites-vous ? » Booxup n’est absolument pas en danger – et même, loin de là, l’entreprise a plutôt reçu un coup de publicité (mais tend à se draper dans sa superbe, avec de grands yeux humides qui attirent forcément la sympathie d’un public contestataire).

Pourquoi toute cette agitation ? Pour démêler le vrai du faux, commençons par donner un peu de contexte et un peu de bon sens.

Quelle est l’échelle en question ?

Pourquoi la DGCCRF s’intéresse-t-elle à Booxup quand personne ne s’intéresse à nos tantes qui se font circuler Cinquante nuances de Grey sous le manteau ?

Pour une raison très simple, et une dimension, sacré bon sang, que tout le monde oublie en permanence dans les questions sur la circulation des biens / informations / services à l’heure d’Internet. Elle est la même que pour Uber, que pour le téléchargement illégal, etc.

Prenons justement ce dernier exemple, comme il a – grosso modo – quinze ans et qu’on commence à avoir un peu de recul dessus. Jadis, on copiait les albums des copains sur cassette, on se les filait dans la cour du lycée, etc. Quand le téléchargement illégal est arrivé, plus ou moins la même rhétorique s’est posée :

« WAT ? Copier des albums entre particuliers est une habitude vieille comme le monde. En quoi la loi vient-elle s’en mêler ? »

La différence se situe dans l’échelle de l’échange. Répétons cela bien fort pour le graver en lettres de feu au sommet du mont Sinaï : la différence se situe dans l’échelle de l’échange (bon sang).

Quand je copie un album pour le filer dans la cour du lycée, par défaut, je le file à une connaissance. Cela se produit dans un cercle réduit, lequel porte même un nom dans le droit, tiens donc : le cercle privé. C’est le même mécanisme qui me permet d’organiser une lecture publique d’un livre chez moi, mais pas d’ouvrir un théâtre (que l’entrée soit payante ou pas).

Dans le premier cas, j’ai affaire à des connaissances. Dans le deuxième, à des inconnus. 

La légalité / éthique / problématique de la libération des échanges porte d’abord sur ce point. Elle ne porte pas sur la pratique en soi, mais sur l’envergure de celle-ci. Je partage une chanson en mp3 avec un ami, je reste dans le cercle privé1. Je la mets à disposition sur un réseau pour que le monde entier y ait accès, on n’est plus dans la même intention ni dans la même envergure. Je sors du cercle privé. Je peux conduire mon pote à l’aéroport, mais si je mets en relation des inconnus et pioche ma commission au passage, je viens cogner en frontal le système établi des taxis (que ce soit judicieux ou pas est une autre histoire).

Pourquoi les lois sur le droit d’auteur existent-elles, à la fin ? À l’origine, pour protégér les droits du créateur sur son oeuvre (voir ici pour une définition détaillée et la différence avec le copyright), et par extension ceux qui la distribuent et prennent le risque financier (éditeur en premier lieu). À terme, pour protéger la culture en protégeant ceux et celles qui la font, en leur permettant une juste rémunération. Ni plus ni moins.

Bien. Maintenant, revenons à l’exemple de Booxup. Prêter un livre à un ami n’est pas un mal en soi – personne n’a rien dit de tel. Mais, quand on ouvre sa bibliothèque aux quatre vents, ou qu’on télécharge Ninja Eliminator chez un amateur de films de bon goût en Chine, dès lors qu’on se met en relation avec des inconnus, on entre dans une toute autre catégorie : on sort du cercle privé. (C’est la question de propriété intellectuelle qui a volé en éclats avec la généralisation des échanges pair à pair et personne n’a encore trouvé de réponse – j’avais bien une idée, mais…)

Maintenant, auguste lectorat, je t’en prie : avec moi, voyons plus loin que le bout de notre nez. La question de la légalité ou pas des pratiques de Booxup ne relève pas du principe de prêt de livre, mais de l’envergure avec laquelle on le fait.

Point. Barre.

Parce que le principe de prêt de livre est encadré par des lois, et l’État tant honni investit même chaque année des milliards pour les rendre accessibles : ça s’appelle des bibliothèques, avec des professionnels qui entretiennent un fonds, le recommandent, font oeuvre culturelle. (D’ailleurs, j’ai envie de dire : à quoi sert Booxup, au bout du compte ?) Et – ô surprise – les acteurs de la chaîne du livre touchent quelques piécettes sur cette distribution de leur travail.

Mais avec Booxup ? Que dalle. Booxup arrive, met en relation ses clients internautes (qui, je le rappelle, sortent du cercle privé), et la chaîne du livre ne peut que grimacer (ou accepter de danser pour se faire un peu de communication en organisant des concours ou des partenariats parce qu’elle ne peut pas trop faire autre chose que suivre, au risque d’être brûlée en place publique si elle s’y oppose – moi, tu le sais, auguste lectorat, je préfère les flammes de l’honnêteté aux sourires léchés du communicant, et puis je m’en fous, j’ai une combinaison en kevlar et un fusil à canon scié sous le comptoir de mon bar).

Si Booxup était une association à but non lucratif, on pourrait arguer qu’on entre dans une zone grise. Un travail de passionnés, rassemblant des membres qui se connaissent, ou apprennent à se connaître, comme à la MJC du quartier. On pourrait s’interroger sur le bien-fondé d’une telle initiative, on pourrait peut-être même grogner devant cette distribution parallèle, mais on pourrait retenir à Booxup le principe de la bonne foi.

Usage et propriété sont dans un bateau

lolcats-its-mine-has-my-name-on-itL’argument opposé en général à ce stade de la discussion, c’est : « Ah, alors, tu es contre les bouquinistes, alors ? Le marché du livre d’occasion ? Sale rapiat ! » (Je prends alors un air pincé, mais je m’efforce de rester calme.)

Petit rappel fondamental sur la propriété : elle se divise (pour faire très simple) en deux volets : l’usage (jouissance du bien dont il est question) et la propriété à proprement parler. C’est patent dans le cas de l’immobilier : si vous louez un appartement, vous en avez l’usage, mais évidemment pas la propriété.

Dans le cas d’une bibliothèque publique, quand vous empruntez un livre, vous en avez la jouissance pour un temps défini, mais il ne vous appartient pas (vous pouvez le lire, pas le découper en petits morceaux).

C’est en échange de cette jouissance de leurs oeuvres, proposée au public, que les créateurs touchent un droit indexé sur les volumes en bibliothèque. Un bouquiniste n’a rien à voir là-dedans : lui, il revend des livres (la propriété) dont découle la possibilité d’en jouir (mais ça vous regarde) (sans arrière-pensée salace), mais il n’est pas là pour vous en permettre l’usage (sinon, il ferme boutique – un libraire qui fait bibliothèque ne gagne pas sa vie ; merci, captain Obvious !).

Voilà d’où découlent les interrogations qui portent sur Booxup. L’entreprise opère visiblement dans un vide juridique. Comme dit précédemment, ce serait une structure à but non lucratif, on n’aurait peut-être pas grand-chose à redire sur la question du principe.

Mais ce n’est pas tout. Et c’est là qu’on s’énerve.

Booxup n’est pas votre ami

Devine quoi, auguste lectorat ? Booxup vient de lever 310 000 euros. Oui, madame.

David Mennesson a beau prétendre que

quand il y a levée de fonds, il y a capitalisation, et quand il y a capitalisation – par le seul jeu des écritures comptables – l’entreprise prend de la valeur. Il y a donc profit pour les actionnaires, qu’on l’admette ou non (même s’il est putatif, c’est la base de la spéculation et de la notion d’investissement), et celui-ci se réalise non seulement sur un vide juridique, mais sur le travail des créateurs et des acteurs économiques de la chaîne du livre – le tout drapé dans un discours libriste d’autant plus horripilant qu’il est parfaitement hypocrite, comme on va le voir – mais une casserole à la fois.

J’ai une triste nouvelle, la dernière fois que j’avais vérifié, l’argent ne tombait pas du ciel et on n’en donnait pas contre rien. Personnellement, quand je lève 310 000 brouzoufs (ce que je fais tous les matins entre mon plongeon dans ma piscine de lait d’ânesse et le balayage des billets que le vent a soufflé contre ma porte pendant la nuit), ce n’est pas pour aller planter des nèfles. C’est pour préparer une bonne grosse revente bien juteuse d’un portefeuille clients avant que la bulle n’éclate tout en posant la main sur le coeur et en proclamant : « je fais ça pour la culture ! pour favoriser l’échange entre les hommes ! prêter des livres est une pratique ancestrale, et maintenant, nous mettons cette habitude à votre portée ! power to the people ! help, help, I’m being repressed! » 

Rien ne le prouve, non, mais gageons que David Mennesson, associé à un ancien de l’ESSEC qui a travaillé dans des « environnements challengeants » (oh, sérieusement ?), ne peut, allez, quand même pas l’ignorer. Faire tourner un serveur web – même un gros serveur – ça se fait avec mille fois moins de thunes. Oui, mille fois moins. Combien de cet argent retournera dans la poche des créateurs, lesquelles rendent cette activité possible ? Des éditeurs ? Zéro. Nada. Zilch.

J’ai posé la question au fondateur, ce qui a entraîné une discussion fort édifiante.  

310 kiloboules pour du développement Android et de la com’, c’est du beau développement Android et de la belle com’, je peux vous dire : les soirées pizza du développement vont probablement être arrosées au Dom Pérignon.

Surtout, où est, sacré bon sang, le code source de cette dite appli « libre » ? Et si c’est une appli libre, pourquoi ne pas faire appel à la communauté du libre, dès le début, pour accélérer le développement ? Pourquoi lever des fonds privés, si c’est « libre » ?

Parce que ça ne l’est pas. Une application n’est pas libre s’il est dans le projet de la rendre libre. Ça s’appelle au mieux de la démagogie, au pire prendre les gens pour des imbéciles. Ce n’est pas parce que je prétends très fort qu’il ne pleut pas que je n’attraperai pas une pneumonie en restant sous l’orage. « Mais si, vous êtes libre, monsieur Voltaire. Bah, disons que vous sortirez bien un jour de la Bastille ; vous allez pas chipoter, c’est pareil. »

Le développement libre, en principe, fonctionne sur la base d’une idée d’un petit nombre, qui libère aussitôt son travail pour bâtir une communauté et décentraliser le développement. L’idée est d’accélérer et faciliter le travail par la collaboration. Lever des fonds pour développer et faire de la communication, c’est précisément l’inverse d’un projet libre. C’est un projet bien fermé qui garde bien au chaud sa base de données utilisateurs pour en faire… nul ne sait quoi. (Mais j’ai bien une idée, dont l’indice est « 310 000 euros ».)

Perspectives : allez ailleurs (là où c’est vraiment libre)

Que Booxup paie sa redevance à la SOFIA sur le modèle des bibliothèques – et il y a de quoi faire avec 310 kiloeuros (comme le disent les diplômés de l’ESSEC), sachant que la SOFIA en a perçu 16 millions en 2011, par exemple (le rapport de proportionnalité n’est pas si énorme) – et l’on ne trouverait strictement rien à redire. On applaudirait même. Là, on aurait une initiative innovante. Une vraie bonne idée.

Non, ici, on se tape un discours démago ; or, j’aime assez peu qu’on me prenne pour un abruti, et encore moins qu’on prenne le public, dans son ensemble, pour une assemblée colombophile en lui martelant le mot « libre » comme si ça suffisait à transformer le plomb en or. Je dois être vieux jeu, mais ça me dérange un peu qu’on endosse le discours libertaire (jusqu’au hashtag créé pour l’occasion qui ne veut rien dire, #FreeYourBooks – parce qu’ils étaient prisonniers, avant ?) pour, en réalité, leverager (t’as vu, moi aussi je parle l’ESSEC) de l’investissement de la façon la plus capitalistique qui soit.

Or, il se trouve qu’un projet vraiment libre de partage de bibliothèques physiques, ça existe (merci à Neil Jomunsi pour la découverte). Ça s’appelle inventaire.io, ça marche très bien (d’après les retours) et c’est vraiment open source. Le code se télécharge sur la page d’accueil, et la base s’appuie sur les données Wikidata.

Cela pose-t-il les mêmes problèmes d’envergure et de propriété que précédemment ? Oui, mais déjà, les données appartiennent réellement aux utilisateurs et nul ne gagne rien là-dessus ; il s’agit d’une forme de bibliothèque communautaire entre proches, ce qui est parfaitement honorable… et une bonne idée. Pour moi, ça, c’est légitime.

Que Booxup paie la chaîne du livre, ou bien qu’on fasse appel à un vrai projet libre comme inventaire.io. Mais on ne peut pas avoir le livre, l’argent du livre et le sourire de l’auteur.

  1. Une telle copie n’est pas tant autorisée que constitue une exception au droit, mais n’entrons pas ici dans ces subtilités.
2015-09-15T09:30:49+02:00mardi 15 septembre 2015|Le monde du livre|28 Commentaires

Ce qu’il advient d’un manuscrit terminé

Auguste lectorat, je te présente le manuscrit de Port d’Âmes :

manuspda

Yep, 500 pages passées à la déchiqueteuse, ça prend un poil plus de place que sous forme plane (mais ça paraît étonnamment moins lourd).

Je détruis systématiquement mes propres versions annotées à fins de correction de mes propres manuscrits (mais pas celles annotées par les beta-lecteurs, qui rassemblent leurs impressions de lecture, ce qui est précieux à conserver, et aussi par respect pour leur travail). Le livre est sorti, fini, il représente un moment dans le temps et un projet achevé. J’aime couper cet ultime pont avec le récit qui se trouve en librairie ; il est à présent dans la nature, et vit sa vie dans l’esprit de ses lecteurs. Pour moi, il est temps d’avancer, de passer à autre chose, de prolonger éventuellement l’univers dont il est question – mais cette histoire, placée sur le papier, lancée un peu comme une bouteille à la mer, a été fixée, comme une photographie. Il y a, dans ma tête comme sur un cliché, un avant et un après ; mais ceux-là, par définition, restent changeants, en flux, tant qu’ils n’auront pas été fixés à leur tour – et il n’y a généralement pas de raison de le faire ; l’histoire intéressante n’était pas là.

C’est tout l’inverse d’une destruction, contrairement aux apparences. C’est la reconnaissance qu’un livre est terminé, que j’ai fait tout ce que j’avais à, ou pouvais, faire dessus. Il existe et est diffusé. Il est temps d’en accompagner la vie, comme des autres et, dans le laboratoire, d’envisager de nouvelles choses. N’est pas mort ce qui à jamais est publié, et au long des rentrées littéraires étranges, même la mort peut mourir. Tout ça tout ça. 

2015-09-13T16:07:16+02:00lundi 14 septembre 2015|Journal|37 Commentaires

Déclencheurs 2015, post-mortem

Auguste lectorat, je ne suis pas très fier de toi.

Examinons les statistiques de mon humble demeure :

stats-decl_2015-1 stats-decl_2015-8

Même en admettant que le premier article ait simplement suscité la curiosité et/ou que la série ait été prise en retard, l’effondrement est patent. (pending. pardon.) Ce que j’ai constaté au fil de ces deux mois d’été.

Loin de moi l’idée de faire la morale – ni de faire les gros yeux – mais je la/les ferai au prochain jeune auteur qui osera proférer ces mots honnis : « j’ai plein de projets, je veux écrire sérieusement, mais j’ai pas le temps. » (« Ma vie est trop compliquée. »)

On traverse parfois des périodes difficiles où l’on entre en mode survie et où l’écriture, franchement, devient la dernière roue du carrosse. Normal. On peut aussi vouloir écrire comme un simple loisir, tourner des idées dans sa tête, et s’y mettre une fois de temps en temps sans perspective de long terme. Rien de plus légitime et l’on adopte alors le rythme qu’on souhaite.

Je te parle à toi, l’auteur qui prétend avoir le feu sacré, mille histoires et univers à en faire pâlir d’envie J. J. Abrams, Philip K. Dick et Flaubert (pourquoi Flaubert ? J’en sais rien, pourquoi ces questions ?), qui aspires à la publication voire vas bientôt publier une décalogie qui aura le statut de nouveau classique, mais qui ne trouves jamais le temps. Et je te prends fermement par l’épaule, et je plonge mon regard fou dans le tien, l’haleine fleurant bon le saucisson Label Rouge :

Je sais ce qui te bloque, mec. (ou nana. Mais pour l’effet, « mec » est plus percutant. Arrête de me déconcentrer, steuplaît.) Comme abordé en introduction, écrire prend du temps. Du fucking temps, t’entends ? (Euphonie ?) Écrire, c’est comme lire : c’est un sport contemplatif, c’est une activité qui s’inscrit sur la durée, comme un voyage ou la voile. La gratification n’est pas immédiate, comme quand tu écoutes du Britney Spears ou que tu regardes Les Ch’tis se maravent à St-Tropez. Tu écris une phrase, un paragraphe, tu as juste un bout de truc en devenir, où tout est possible et où rien n’est. Tu écris un chapitre, tu as à peine une brique du mur, et tu te dis : bordel, c’est pas bientôt fini ? Eh bien non. Ça commence juste, et c’est ça qui ronge. Tu lis un chapitre, tu as à peine cinq minutes de l’épisode de la semaine de L’Amour du Risque. Et c’est pour ça que la littérature est condamnée – excuse, c’est le saucisson qui parle, je disais, c’est pour ça que la littérature s’apparente de plus en plus, dans notre monde hypercon et necté, à la cultivation d’un jardin zen, à la pleine conscience, à la réservation d’une zone personnelle protégée inscrite dans l’espace et dans le temps pour créer (écrire) et recevoir (lire). Et c’est rare, et c’est précieux, et c’est salutaire. C’était le but de ces déclencheurs, avant toute chose : te le faire tâter. Écrire prend du temps, du temps, plus de temps encore, et encore du temps. Écrire, c’est forger un sabre japonais dont on trempe l’acier deux cents fois. Écrire, c’est s’enfermer avec régularité, pendant des mois, parfois des années, pour produire une oeuvre finie, parce que si tu ne l’écris pas, personne ne l’écrira à ta place, parce que tu es unique, avec des trucs à toi dedans à dire, et que si tu ne les dis pas, si tu ne fais pas partager ton rêve, il disparaîtra à jamais de l’univers, sauf si tu crois à l’Éternel Retour, mais perso, tu vois, je suis plutôt incrédule ascendant mouais sur ce point !

Allez ! Viens, va, je t’offre une bière.

Comment ça, tu acceptes ? Échec, saligaud : tu devrais dire, fichtrefoutre, j’ai compris, senpai, je m’en vais tout de suite m’enfermer chez moi pour écrire deux pages !

2015-09-04T07:52:15+02:00lundi 7 septembre 2015|Technique d'écriture|19 Commentaires

Surmonter l’angoisse de la page blanche, façon Robert Sheckley

Photo John Henley (CC-By-SA)

Photo John Henley (CC-By-SA)

Mike Resnick a confié qu’un jour, Robert Sheckley (La Dimension des Miracles) lui expliqua sa méthode pour gérer l’angoisse de la page blanche :

Il se donnait un minimum de 5000 mots à écrire par jour, même s’il se contentait d’écrire 2500 fois son nom. Les jours où il se sentait bloqué, il commençait effectivement par écrire son nom ; après avoir noté 800 ou 900 fois « Robert Sheckley », une voix interne disait « Ah, et puis zut – si tu es parti pour rester assis à écrire ça, autant que tu racontes une histoire ». D’après Bob, ça ne ratait jamais.

(Les personnes à prénom ou nom composé sont peut-être désavantagées par cette technique.)

[Source]

 

2015-09-03T09:55:38+02:00vendredi 4 septembre 2015|Technique d'écriture|11 Commentaires

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (8) : un dénouement

avengers-writingC’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix. Rappel : vous devez trouver vingt minutes dans la semaine pour écrire, pour donner corps à votre rêve. L’article original à voir ici.

C’est le dernier exercice de cette série, et cette semaine, nous allons réfléchir à une conclusion, un dénouement aux éléments que nous avons déjà établis. Nul besoin que cela s’enchaîne immédiatement avec les passages déjà écrits ; il peut s’agir d’un horizon lointain, lequel pourra éventuellement changer, d’ailleurs, en fonction de l’histoire si vous décidez de poursuivre ce récit avec les éléments déjà établis. Le but est de réfléchir à une conclusion intéressante qui vienne, en un sens, justifier le parcours narratif ébauché : vers quoi voulez-vous tendre ? Quelle conclusion, quel coup de théâtre donnerait une fin intéressante à ce voyage ? N’hésitez pas à y réfléchir par vous-même, ou bien à piocher dans les déclencheurs. Comme d’habitude, trouvez vingt minutes au moins pour écrire sans vous arrêter, sans questionner ce que vous faites, mais en vous laissant porter par l’envie, par ce qui vous intrigue. Si vous avez l’habitude de planifier, cela vous fera du bien ; si vous n’aimez pas cela, essayez quand même, pour tenter une autre façon de travailler et voir ce que vous en retirez.

Un dénouement

  1. Happy end !
  2. Tout le monde meurt à la fin
  3. Le protagoniste obtient ce qu’il voulait, mais c’est une malédiction
  4. Le protagoniste abandonne sa quête en trouvant plus important
  5. L’amour résout tout
  6. Fin d’un âge, début d’un autre
  7. Réconciliation
  8. Mort des adversaires
  9. Neutralisation des adversaires
  10. Le mal triomphe !
2015-07-31T14:24:11+02:00lundi 31 août 2015|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (8) : un dénouement

« L’île close » au sommaire d’une anthologie caritative

Couv. Mathieu Coudray

Couv. Mathieu Coudray

Ton attention s’il te plaît, auguste lectorat ! Le 4 septembre (dont on fit bien des rues) sortira une anthologie numérique éditée par Mythologica, intitulée L’imaginaire se mobilise, et dont les bénéfices seront entièrement reversés aux associations Fibromyalgie France et Elan SEP  (Ligue française contre la sclérose en plaques).

Avec un très joli sommaire :

  • Jean-Pierre Andrevon
  • Olivier Boile
  • Ophélie Bruneau
  • Marie-Catherine Daniel
  • Nathalie Dau
  • Lionel Davoust
  • Franck Ferric
  • Julien d’Hem
  • Denis Labbé
  • Pénélope Labruyère
  • Carl Louvier

J’aurai le plaisir pour ma part de contribuer avec « L’île close« , texte qui a déjà connu une bien jolie carrière ; si vous souhaitez le découvrir, je ne peux que vous encourager à le faire dans cette anthologie à emporter partout, et, de manière plus vaste, à associer le plaisir à la bonne action en notre compagnie à tous ! Et surtout, n’hésitez pas à répandre la nouvelle ! (huhu)

2015-08-27T07:19:53+02:00vendredi 28 août 2015|À ne pas manquer|4 Commentaires

La sortie de Port d’Âmes et l’univers d’Évanégyre : entretien sur ActuSF

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Autour de la sortie de Port d’Âmes, un long entretien sur le roman, l’univers qu’il prend pour cadre et les projets futurs, à lire sur le site de référence ActuSF :

ActuSF : Dans Port d’âmes, l’ambiance sera-t-elle aussi martiale que dans les précédents romans qui prenaient pour cadre Évanégyre ?

Lionel Davoust : Pas du tout ! Elle sera même diamétralement opposée, et c’était une envie très claire de ma part : montrer qu’Évanégyre est un canevas bien plus vaste qu’on a pu le voir jusqu’ici, qui parle aussi d’autre chose que de guerre. Contrairement aux livres précédents, Port d’Âmes est un récit intimiste, centré sur un seul personnage et son envie dévorante de restaurer l’honneur de sa famille déchue. C’est un récit d’ascension sociale, de passage à l’âge adulte, et d’amour. Mais cela ne veut pas dire que l’action sera absente ! Il faut s’attendre à des manigances politiques, des complots, de l’enquête, des dilemmes moraux et beaucoup de pression sur le personnage principal. Et en toile de fond quelques révélations sur l’univers, comme toujours…

Lire tout l’entretien sur cette page.

2015-08-25T09:47:39+02:00mercredi 26 août 2015|À ne pas manquer, Entretiens|Commentaires fermés sur La sortie de Port d’Âmes et l’univers d’Évanégyre : entretien sur ActuSF

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (7) : un moment de répit

dory_writingC’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix. Rappel : vous devez trouver vingt minutes dans la semaine pour écrire, pour donner corps à votre rêve. L’article original à voir ici.

Maintenant que nous avons mis notre protagoniste en danger, que nous avons envisagé un retournement de situation, nous allons laisser notre personnage souffler un peu. C’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît : un moment de répit peut vite se trouver dénué de tension narrative, d’intérêt de long terme. Il faut donc trouver un juste milieu entre le calme et la préoccupation du problème en cours ; entre le ressenti et la volonté d’avancer. Ce sera l’objectif de cet exercice. En attendant, voici dix déclencheurs de possibles moments de répit, ou le personnage pourra souffler, évaluer les cartes qu’il a en main, avant de prendre une décision pour la suite. Comme d’habitude, ne vous arrêtez pas avant vingt minutes d’écriture.

Un moment de répit

  1. Rentrer chez ses parents
  2. Trouver un abri provisoire dans la tourmente
  3. Se saouler
  4. Partager un moment de camaraderie
  5. Vivre un moment d’amour
  6. S’entraîner avec acharnement
  7. Harmonie avec la nature
  8. Appliquer sa puissance de déduction
  9. Fuir très loin (en vain)
  10. Se rouler en boule et se lamenter
2015-08-17T15:56:27+02:00lundi 24 août 2015|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (7) : un moment de répit

Scrivener, le studio d’écriture professionnel par excellence

SCRIV-win-3screensAlors certes, Balzac écrivait à la plume sur du vieux papier à la lueur de la chandelle. Mais, de la même façon que le rythme narratif a un peu évolué depuis, les outils se sont déployés, complexifiés, affinés. A-t-on besoin d’un logiciel dédié pour écrire un bon livre ? Certainement pas, de la même façon qu’un bon dessinateur réalisera des croquis stupéfiants avec un stylo bille et une nappe en papier.

Cependant, donnez-lui une toile ou une tablette graphique, et son art s’exprimera vers de nouveaux sommets – sans parler du gain de temps et du plaisir de création. (Donnez un poisson à un homme, et il mangera une journée ; filez-lui un chalutier, et ça va barder.)

Scrivener est à l’écriture ce que Photoshop est aux arts graphiques, et c’est pourquoi il n’existait pas de meilleure inauguration à la boîte à outils de l’écrivain. Scrivener est un environnement de création professionnel, pensé pour la construction de projets longs, offrant de multiples facilités d’édition et de rédaction pour accélérer et faciliter le travail.

Scrivener ne fera pas de vous Balzac, mais s’il y a un Balzac en vous, il pourrait aider à le révéler.

Un mot d’avertissement : Scrivener est un logiciel complexe, voire aride de prime abord. Comme Photoshop, il ne se prend pas en main en cliquant sur trois boutons pour voir ce que ça fait. Cette présentation – promise depuis longtemps – ne saurait qu’à peine effleurer son fonctionnement ; si vous souhaitez le tester, il est indispensable de commencer par réserver deux heures pour faire le didacticiel fourni afin d’en saisir tout l’intérêt et la puissance (une démo gratuite est téléchargeable directement ici). Sinon, vous passerez à côté, comme moi pendant des années. Cet article est, en quelque sorte, une « introduction à l’introduction » fournie avec le logiciel.

Un peu d’histoire

Scrivener est à l’origine un logiciel Mac uniquement, dont la seule existence a converti bien des romanciers à l’achat d’une de ces machines du diable. Toutefois, il y a quelques années, un projet de portage sous Windows s’est lancé, avec pour but à long terme d’offrir la même expérience que la version Apple. Scriv (de son petit nom) est longtemps resté en beta, puis, pour être honnête, encore un peu fruste en fonctionnalités (ce qui me le faisait déconseiller il y a quatre ans) pendant un moment. Cela fait toutefois un ou deux ans qu’il est mûr pour un usage régulier sur nos propres machines du diable (les autres), avec suffisamment de fonctionnalités importées de la version Mac et de robustesse pour l’utiliser sans crainte et avec plaisir.

Je suis passé pour ma part à 100% sous Scrivener depuis une grosse année. Mon premier gros projet réalisé sous cet environnement a été La Route de la Conquête, et toute la réécriture et correction finale de Port d’Âmes s’est également réalisée grâce à lui. Dans ce dernier cas, le roman était si complexe à retravailler que Scrivener m’a réellement permis de rendre le roman meilleur que je n’aurais pu le faire avec un traitement de texte classique sans y passer un an complet : grâce à ses fonctions de suivi et découpage des scènes, j’ai bénéficié d’une hauteur de vue difficile à obtenir autrement, corrigé une multitude de détails tout en préservant la cohérence d’ensemble, et resserré la tension narrative à mon gré.

OK. Pourquoi vous êtes tous dingues de Scrivener ?

Le classeur, centre de Scrivener

Le classeur, centre de Scrivener

Parce que ce logiciel permet de découper un projet par nature impossible à tenir tout entier dans un seul cerveau (un roman, une trilogie, mais aussi une thèse, un essai) en morceaux à taille humaine, dès la planification, jusqu’à la correction. La beauté et la simplicité de la chose, c’est que la définition de « taille humaine » dépend de l’utilisateur ; et que les morceaux peuvent être aussi détaillés, ou aussi esquissés, qu’on le souhaite. Contrairement à quantité de studios d’écriture qui cherchent à vous enfermer dans un modèle de rédaction, Scrivener n’est, en son coeur, qu’un traitement de texte hiérarchique. Il s’apparente à une tripotée de chemises ou de classeurs où l’utilisateur insère toutes les feuilles qu’il souhaite. Il y a sa recherche, ses notes, ses plans, et puis des bouts de paragraphe, des scènes entières, des chapitres. De là, au final, sortira un livre, une fois les feuilles souhaitées et retenues mises en ordre.

Cela revient à avoir cent fichiers Word qui se promènent, avec l’immense avantage de tout avoir sous les yeux dans l’ordre et de pouvoir les changer de place d’un cliquer-déplacer. Le classeur est ainsi le centre névralgique de Scrivener, ci-contre. Deux grands ensembles sont proposés à l’utilisateur par défaut, « Draft » (manuscrit) et « Research » (référence) – ma version mélange anglais et français par commodité, mais Scrivener est entièrement disponible en français -, le premier visant à accueillir les pages finales, le deuxième à conserver les références de côté. Mais cette organisation est parfaitement flexible et modifiable.

On constate que tout est hiérarchique, c’est-à-dire que l’on peut regrouper des documents sous d’autres, à la manière, par exemple, des scènes d’un chapitre. Là aussi, tout est paramétrable, de la mise en page au nombre de niveaux de profondeur. Vous êtes structurel.le et aimez tout planifier ? Scriv vous donne les armes. Vous préférez écrire au fil de la plume ? Fourrez tout dans une poignée de documents que vous découperez ensuite pour le retravail. De tous les logiciels d’écriture, Scriv est le seul qui n’impose pas sa méthode de travail à l’utilisateur mais lui donne des outils, dont il se sert s’il le désire1.

Écrire nécessite souvent la conservation de quantités d’informations insolites, précises, aléatoires, qu’on a tôt fait d’égarer. Le plus agréable est que Scrivener accepte dans ses classeurs tous les types de fichiers que le système peut lire, et en présente une bonne partie nativement. Besoin d’un article scientifique ou d’un livre en PDF ? Envie de conserver cette photo qui inspire ? Un cliquer-glisser dans le classeur et le fichier est conservé avec l’ensemble du projet, sans se soucier de retrouver la source. Scrivener sait même importer des sites web et des fichiers son (pour se faire une liste de lecture personnalisée en accord avec l’atmosphère du livre en question).

Cliquez pour agrandir

Cliquez pour agrandir

La planification facile

Scrivener serait déjà puissant mais, limité à cela, il n’irait pas vraiment au-delà d’un wiki ou de OneNote. Toutefois, il s’agit d’un studio d’écriture, et il contient des outils spécialement adaptés à la construction d’un ouvrage, de fiction ou non. La construction du plan d’un livre commence toujours par des idées très vagues, des envies qu’il faut cerner, des bribes d’intrigue à développer et à organiser. La méthode « analogique » bien connue est la méthode des Post-its, où l’on note ses scènes sur des bouts de papier et on jongle avec jusqu’à ce que l’ordre sonne juste. Scrivener réplique ce modèle avec la vue « tableau en liège » :

scriv-indexcards

Cliquez pour agrandir

C’est là que l’on commence à entrevoir la vraie puissance de l’outil. Chaque carte ainsi présentée est aussi un fichier texte, voire un dossier, un chapitre entier. Il s’agit juste d’une vue différente. Parmi les usages possibles, on peut donc : prévoir un chapitre vide à faire avec un simple résumé ; réorganiser les scènes d’un chapitre ; prévoir tout le plan d’un livre sous forme de fichiers vides annotés, puis remplir ensuite au fil de l’écriture, le tout dans la même structure.

Pas fan de la vue Post-its ? Moi non plus. Je suis un homme de tableaux. Scrivener propose une vue différente des mêmes données, avec la même puissance, pour les gens secrètement austères comme moi qui voient en Excel une forme de beauté urbaine masochiste, comme un échangeur routier californien :

Cliquez pour agrandir

Cliquez pour agrandir

Scrivener sépare ainsi – et c’est une fonctionnalité toute bête mais indispensable à l’usage – le texte des notes associées à ce texte. Le processus de création est fouillis, aléatoire, part dans toutes les directions. On conserve des morceaux de phrases, des tournures précises parce qu’elles évoquent une idée particulière, l’atmosphère d’une scène. Scrivener permet de conserver tous ces échafaudages à l’abri en proposant un synopsis pour chaque document et autant de notes qu’on le souhaite (notamment des détails à ne pas oublier au retravail…), dont des images, ce que l’on peut venir complexifier avec des mots-clés (par exemple, noter le personnage central dont il s’agit dans un roman à points de vue multiples) et un statut (À faire / Premier jet / Corrigé etc.)

scriv-imagenote

Cliquez pour agrandir

C’est bien beau, mais quand est-ce qu’on écrit ?

Bien sûr, l’édition de texte est au coeur d’un logiciel qui se targue d’être une solution unique pour réaliser de l’écrit. Sur ce point, Scrivener offre toutes les fonctionnalités que l’on peut exiger d’un traitement de texte moderne : formatage, notes, renvois, commentaires, etc. Il n’est quand même pas à la hauteur de Word et ses trilliards d’options absconses mais il fait le boulot ; et certains verront dans son rejet du superflu une simplicité et une légèreté bienvenues.

Cliquez pour agrandir

Cliquez pour agrandir

C’est ici qu’il faut insister sur un point important de Scrivener : il s’agit d’un logiciel de création, de préparation et de rédaction, mais de finalisation. Il ne sait pas faire de mise en page un tant soit peu complexe (ce n’est pas un logiciel de PAO) et n’ira pas plus loin que l’intégration de quelques images. Ce n’est pas son travail : il consiste à faire sortir ce livre de vos doigts, aussi vite et aussi peu douloureusement que possible. Pour finaliser et corriger avec un éditeur, il faudra quand même passer par un traitement de texte conventionnel type Word. Mais c’est la toute dernière étape, le coup de vernis, quand il n’y a plus que l’orthographe à corriger et les répétitions à traquer (avec une passe d’Antidote, par exemple).

Il ignore aussi la typographie française, mais cela se contourne avec de judicieux remplacements automatiques – j’ai fait le travail et je mettrai très bientôt ma configuration à disposition en téléchargement libre.

Sortir le livre final

Des mois de travail plus tard, ça y est ! Votre Grand OEuvre est écrit, corrigé, finalisé. Il ne reste plus qu’à faire de tout cela un manuscrit en bonne et due forme, pour impression ou envoi…

Pour cela, Scrivener réalise une compilation du manuscrit. Le principe est le suivant : dans les options dédiées, il convient de lui indiquer quels documents sont appelés à faire partie du livre final (en général, tout dans « Draft »), et comment les organiser. Par exemple, si chaque document représente une scène, il faut les séparer par un blanc. Si chaque dossier représente un chapitre, il faut les séparer par un saut de page – et les numéroter automatiquement tant qu’à faire. Scriv assemblera tout cela et vous crachera un livre tout neuf.

Tout cela se retrouve dans les options de compilation de Scrivener :

Cliquez pour agrandir

Cliquez pour agrandir

En toute honnêteté… C’est la partie qui a le moins bénéficié des efforts d’ergonomie du logiciel. La compilation est très puissante, permet de multiples mises en page, numérotations automatiques, pages de garde, réalise directement des fichiers Word, PDF et même des livrels prêts à la publication, mais s’avère d’une certaine technicité. C’est un moindre mal, car c’est finalement l’ultime étape et celle qui s’emploie le moins souvent : pour un écrivain qui publie un livre par an… Il s’en servira une fois par an. Il faut s’y lancer, établir ses propres préférences, sauvegarder le modèle puis ne plus s’en préoccuper. 

Ce n’est que le début

Ce tour d’horizon n’est qu’une présentation générique, à peine un avant-goût de ce qu’offre Scrivener – juste une introduction à ses principes génériques. Réservez-vous deux heures et surtout suivez le didacticiel pas à pas pour découvrir sa puissance et en quoi son usage émousse un certain nombre de difficultés inhérentes à l’écriture de vastes projets. D’ici une ou deux semaines, j’y reviendrai avec des trucs et astuces avancés et des cas d’utilisation spécifiques, pour montrer en quoi Scriv accélère et simplifie le travail.

En attendant, bonne découverte, et si vous avez des questions à l’usage, n’hésitez pas.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Il y avait aussi Writer’s Cafe, mais plus mis à jour depuis bien longtemps, encore trop rigide et quand même boursouflé de modules ludiques inutiles.
2017-11-09T09:15:48+01:00mercredi 19 août 2015|Technique d'écriture|55 Commentaires
Aller en haut