Déconnexion annuelle pour les fêtes

Je constate que c’est avec beaucoup plus de sérénité qu’il y a quelques années, quand j’étais beaucoup plus sur les réseaux, que je prends ces 2-3 semaines de déconnexion annuelle : pour être entièrement honnête, je n’en sens plus tant la nécessité. Si l’on cherche un signe que ces machins sont nocifs pour la paix intérieure, en voilà bien un.

Mais cela n’empêche pas que cette petite parenthèse hors ligne me semble une bonne pratique d’hygiène mentale – et une bonne manière pour moi de conserver du plaisir dans mes interactions en ligne en y revenant avec impatience. Donc : l’activité sur le site et les profils réseaux sera en pause jusqu’à début janvier.

Excellentes fêtes donc à toi, auguste lectorat ! Et on se retrouve de l’autre côté, avec peut-être un nouveau CEO pour Twitter et de nouvelles cartes à collectionner Donald Trump en NFT. Parce que c’est le XXIe siècle.

Plus sérieusement : n’oublions pas que la guerre continue en Ukraine littéralement à un jet de pierre de la France, et si vous en avez la possibilité, cette page du développeur Readdle est une bonne ressource pour savoir où envoyer vos dons.

Prenez soin de vous, buvez juste ce qu’il faut pour avoir de bons souvenirs, santé, bonheur, et croissants au beurre.

2023-01-09T08:17:37+01:00jeudi 22 décembre 2022|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Déconnexion annuelle pour les fêtes

Un point rapide sur quelques séries d’imaginaire dans le coup (Arcane, Severance, Dragon Prince, For All Mankind)

Pour ne rien vous cacher, j’ai eu un petit coup de mou avec la fiction sous toutes ses formes depuis un an – ne pas voir la mienne parvenir à son terme avant le siècle prochain m’a un peu démoralisé, mais ô surprise, une fois les horizons un peu éclaircis, la dynamique de l’élan final qui se dessine, ben ça va mieux. Alors j’ai vu des trucs, et c’était vachement bien :

Arcane

De quoi ça cause : Les évolutions de deux sœurs laissées pour compte dans les bas-fonds d’une ville à l’aube d’un faisceau de révolutions. Animation pour grands adolescents / adultes. Fantasy / steampunk.

Cette série n’a absolument pas le droit d’être aussi bien en étant l’adaptation de, MAIS GENRE, League of Legends. Le jeu où l’on termine en pleurant dans son coin sous le feu des insultes de ses ex-amis parce qu’on n’a pas su ratisser le bon corridor de cette map assommante a donné un bon Dieu de chef-d’œuvre d’animation et de mise en scène, avec une histoire peut-être un peu classique mais entièrement portée par toute une galerie de personnages costauds et intéressants, et OH MON DIEU est-ce que je vous ai déjà parlé de l’animation et de la mise en scène ? Comme quoi : quand on a de bons auteurs, peu importe la minceur du matériau d’origine. (Non, je ne suis pas du tout amer envers LoL parce que je suis nul)

Est-ce qu’on y va : Oui, absolument, c’est un ordre, merci. À voir sur Neftlix.

Severance

De quoi ça cause : Des employés peuvent choisir de voir leur mémoire et identité compartimentées pour travailler sur des projets sensibles en entreprise. Et ce qui se passe dans la dite entreprise est extrêmement chelou. Série live pour adultes. SF / thriller.

Okay, Severance est un chef-d’œuvre aussi (je sais, techniquement, on ne peut avoir plusieurs chefs-d’œuvre, c’est tout le sens du mot « chef », mais c’est pas du tout les mêmes gens à la base, suivez-moi plz). C’est bien simple : je n’ai rien vu d’aussi intelligent depuis les tous premiers épisodes de Black Mirror. Une vraie idée intrigante à la base, des mystères dans tous les sens et une ambiance à mi-chemin entre Brazil et Twin Peaks, j’ai avalé la saison 1 sans pouvoir m’arrêter (ce qui m’arrive très rarement maintenant que je suis quadragénaire, blasé et dans l’inexorable déclin de ma fugace existence). (Merci @Nimentrix de m’avoir tanné pour que je m’y mette.)

Est-ce qu’on y va : OUI, OUI, totalement plus vite que ça c’est un ordre, ça vaut un mois d’abonnement rien que pour cette seule série, c’est un des meilleurs trucs récents que je connaisse. À voir sur Apple TV+.

For All Mankind

De quoi ça cause : L’histoire de la conquête spatiale telle qu’elle aurait pu se dérouler si elle ne s’était jamais arrêtée avec l’alunissage américain de 1969. Série live pour adultes. SF / uchronie.

J’avais déjà dit tout le bien que je pense de For All Mankind dans le tour d’horizon initial des séries TV+, et nous en sommes maintenant à la fin de la saison 3. Est-ce que ça tient sur la durée ? Plutôt bien, oui. Avec quelques énormes morceaux de bravoure et une belle écriture, la série flatte parfaitement le fantasme de l’exploration spatiale, d’autant plus qu’elle est très proche de nous en termes techniques et temporels. La série prend également le parti de montrer l’entourage des pionniers de l’aventure spatiale et qui, parfois, souffre de l’angoisse, de l’éloignement, de l’absence ; la plupart du temps, c’est bien écrit et intéressant, mais à quelques occasions, ça bascule hélas dans la lenteur et le prévisible. Néanmoins, c’est une très belle aventure, unique en son genre, à condition de tolérer un ou deux personnages têtes à claques dans le décor. Personnellement, j’attends de pied ferme la saison 4 et je me jetterai dessus dès sa sortie.

Est-ce qu’on y va : Oui, puisque vous allez prendre un mois d’abonnement pour Severance, complétez votre mois d’abonnement en regardant For All Mankind. À voir sur Apple TV+.

The Dragon Prince

De quoi ça cause : L’épopée initiatique de deux jeunes frères et d’une elfe visant à préserver la paix de leur monde en protégeant l’œuf du roi des dragons. Série d’animation pour la jeunesse / les adolescents. Fantasy / médiéval-fantastique.

The Dragon Prince (également appelé dans certains territoires Sur les traces d’Aaravos) me semble tirer nettement son inspiration d’Avatar : Le Dernier maître de l’air pour les évolutions des personnages, son désir d’aborder certains sujets difficiles dans une œuvre pour la jeunesse, ainsi que son discours sur la positivité, l’amitié et l’inclusion. Malgré son univers extrêmement classique (elfes, humains, dragons, écoles de magie basées sur les éléments, monde divisé en deux) et son histoire qui ne l’est pas moins (voyage initiatique), même pour un vieil adulte quadragénaire blasé (cf supra), les auteurs réalisent le tour de force de présenter des personnages très attachants, quelques moments réellement surprenants et plusieurs twists bien sentis. La série souffre ponctuellement de quelques petites failles de scénario, lenteurs et contradictions de worldbuilding si on veut pinailler, mais on n’est pas là pour ça : on est là pour profiter d’un beau voyage avec une galerie de personnages très chouettes. Ça se savoure comme un chocolat chaud devant la télé sous la couverture alors qu’il pleut des cordes dehors, et on se retrouve à enfiler les saisons juste pour prolonger la compagnie des personnages – ce qui est pour moi un gage évident de qualité. Bon, ça n’est pas aussi bien qu’Avatar (c’est difficile d’être aussi bien qu’Avatar), mais j’y ai trouvé la même vibe positive (avec un soupçon de Lodoss War), et ça fait bigrement du bien.

Est-ce qu’on y va : Si vous avez perdu tout contact avec votre enfant ou ado intérieur capable de s’émerveiller devant une jolie histoire d’amitié et d’aventure, n’essayez pas, ça ne marchera pas. Dans le cas contraire, oui, avec le bonus que la gravité ponctuelle de l’histoire pourra ponctuellement surprendre l’adulte en vous. À voir sur Netflix.

2022-12-19T07:34:28+01:00mercredi 21 décembre 2022|Fiction|2 Commentaires

Procrastination podcast s07e07 – La quatrième de couverture

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s07e07 – La quatrième de couverture« .

La quatrième de couverture d’un livre est couramment appelée « résumé » mais n’en est pas un ; elle remplit des rôles un peu plus subtils dans la commercialisation d’un livre, et peut donc s’avérer un peu plus délicate à réaliser. Comment, pour qui ? Mélanie commence par en rappeler le rôle : présenter le positionnement du texte et de l’auteur à un lecteur putatif. Estelle traite de la question classique sur le sujet : qui doit l’écrire, l’auteur ou l’éditeur ? Lionel développe les aspects commerciaux de ce petit texte. Enfin, chacun et chacune propose des approches techniques pour s’efforcer de réaliser une « bonne » quatrième de couv’.

Références citées

  • Léa Silhol et les éditions de l’Oxymore
  • Roger Zelazny, la saga des « Princes d’Ambre », avec la quatrième de couverture un peu ésotérique des Fusils d’Avalon chez Présence du Futur : https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=-323602
  • Obi Wan Kenobi, Aldorande, nous n’oublierons jamais.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-01-10T23:16:50+01:00jeudi 15 décembre 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e07 – La quatrième de couverture

L’écriture, c’est comme la gastronomie

Je proposais la semaine dernière de comparer l’écriture à la musique pour répondre soi-même à une grande part des questions qu’on peut avoir sur le métier, mais Nicolas Lozzi a encore plus simple et parlant : la gastronomie. C’est mieux, faites plutôt ça, fil Twitter à découvrir : ⬇️

2022-12-12T07:48:18+01:00mercredi 14 décembre 2022|Technique d'écriture|2 Commentaires

Sky is the limit – nouvelles institutions et droits des créatures sentientes [table ronde aux Utopiales 2022]

J’ai été très heureux et honoré de partager cette table ronde avec Ada Palmer et Joseph Callioni ; c’était l’occasion de développer quelques idées qui me sont chères. Merci à Ugo Bellagamba pour la modération ; le débat est en ligne intégralement ci-dessous ou sur YouTube.

2022-12-12T07:51:59+01:00mardi 13 décembre 2022|Entretiens|Commentaires fermés sur Sky is the limit – nouvelles institutions et droits des créatures sentientes [table ronde aux Utopiales 2022]

Procrastination rattrape activement son retard sur YouTube

Petite annonce de service : grâce aux efforts constants de Gillossen, Procrastination est en train de rattraper le retard pris sur YouTube – merci à lui ! Le podcast a dépassé la moitié de la saison 6, ce qui signifie que l’émission ne devrait pas tarder à être à nouveau à jour sur ce canal. Merci pour votre patience, et merci de me l’avoir signalé.

➡️ La chaîne YouTube d’Elbakin.net avec Procrastination

2022-12-12T07:06:37+01:00lundi 12 décembre 2022|Dernières nouvelles|Commentaires fermés sur Procrastination rattrape activement son retard sur YouTube

Idée reçue 1254 sur l’édition : il faut être connu.e pour publier

On pourrait espérer qu’avec Internet, les podcasts, la généralisation de la connaissance, certaines questions connaîtraient des réponses stables qu’on n’aurait plus besoin de ressasser tous les quatre matins (la rotondité de la terre, l’efficacité de la vaccination, les calibrages en signes espaces comprises – HAH), mais : non.

Donc, vu passer une nouvelle fois, comme très régulièrement, l’idée que pour publier, il faut être connu dans les maisons d’édition, que tout le métier n’est que népotisme, entregent et pistonnage mutuel pour entretenir un système croulant et poussiéreux étouffant la vraie créativité des jeunes auteurs et autrices. C’est l’autre tête de cette hydre (à deux têtes) que l’édition traditionnelle va forcément déposséder le jeune auteur de son manuscrit et de son œuvre pour la formater (idée tellement tenace qu’on a dû y réserver un épisode de Procrastination). Mais celle-ci se démonte très facilement par l’absurde :

Aucun auteur ne naît connu, donc si les maisons d’édition ne prenaient que les auteurs connus, au bout d’un moment, ils seraient tous morts, et ce système s’écroulerait sur lui-même faute de combattants. Merci, salut. Moi-même, vous savez, j’ai été jeune (je vous assure) avec des cheveux (il ne fallait pas) et j’ai commencé ma carrière de zéro, comme tout le monde.

Bon, mais soyons de bonne foi. On constate que les auteurs qui publient ont tendance à continuer à publier. Ce qui entraîne, effectivement, l’impression qu’on voit toujours les mêmes. Qu’est-ce que ça cache, HEIN ?

Il y a à cela une explication infiniment (au moins) plus simple que le népotisme ou quelque sinistre conspiration étranglant l’emploi du présent de narration et les phrases nominales, et elle tient en deux mots : compétence et professionnalisme.

Rappelons-nous ce qu’est l’édition – dans les mots minimalistes de John Scalzi, c’est « une mécanique visant la production d’écrits compétents ». (Article que tout jeune auteur présentant des penchants à l’automalédiction devrait lire, encadrer, et relire tous les trimestres.) Parvenir à franchir la barre de la publication en maison d’édition – avec tout le relativisme et la diversité que celle-ci présente – dénote la présence d’une compétence moyenne concernant la maîtrise de la langue et des codes de la narration pour présenter une histoire dont on pense qu’elle peut intéresser un lectorat prêt à l’acheter. Parce que, je suis vraiment désolé, mais tout texte n’est pas publiable, parce que tout texte n’est pas automatiquement compétent. Notons en outre que d’une, comme le dit Scalzi, compétence et qualité se recoupent, mais ne sont pas synonymes ; d’autre part, les éditeurs (les personnes) ne détiennent pas la Vérité et il arrive qu’ils se plantent, dans un sens (louper le manuscrit du siècle) comme dans l’autre (publier des trucs qui ne marchent pas). Pour revenir au sujet qui nous intéresse : une compétence tend à rester et à se développer sur la durée, donc il n’est quand même pas ahurissant de constater qu’un auteur qui a réussi à surmonter la barre une première fois arrive à le refaire par la suite. Vous avez là 75% de l’explication.

Ensuite : le professionnalisme. Surmonter la barre de la publication est l’essentiel, mais il est bon d’avoir aussi un certain nombre de qualités humaines, de persévérance, d’aisance dans le travail en équipe (car même si l’écriture est un travail solitaire, l’édition en maison traditionnelle ne se fait pas dans un vide absolu) qui font de vous quelqu’un avec qui il est possible de travailler en confiance, tout simplement. Pour le dire plus clairement : si vous êtes un emmerdeur qui râle à la moindre virgule et qui termine bourré avec des comportements inacceptables à chaque cocktail, vous aurez beau être Mozart, si vous n’êtes pas correct, pas gérable, vous risquez de voir la porte un de ces quatre matins, parce que vous finissez par représenter un risque commercial, voire humain, pour ceux qui travaillent avec vous. C’est du bon sens.

Alors oui, effectivement, pour savoir qu’il est facile de travailler avec vous, il faut vous connaître un minimum. Aha ! C’est du piston ! Écoutez, mes chers amis, ça n’est ni pire ni meilleur qu’ailleurs : pour un poste avec deux candidats parfaitement égaux, on tend à préférer celui qu’on connaît et avec qui on a de bonnes relations, parce qu’on sait où l’on met les pieds, ça n’est pas, là non plus, complètement dingue. Et comme, quand même, il est ultra-rare d’avoir deux manuscrits identiquement positionnés et compétents au même moment, on en revient toujours au texte qui forme le juge de paix (parce qu’on vend des textes, pas des gens).

Est-ce à dire que le népotisme n’existe absolument pas dans l’édition, que l’entregent n’y a aucune place ? Soyons clairs : l’édition est un milieu humain, donc évidemment que tous les travers propres à l’humanité s’y retrouvent. Bien sûr qu’il y a du piston, aussi, parfois. Parfois aussi, vous avez fait un énorme carton commercial et on vous ouvre d’un coup toutes les portes parce que vous êtes « bankable » (mais rien n’indique que vous pourrez rééditer votre premier exploit : attention donc à la chute). Cependant, souvent, c’est surtout davantage une question d’un éditeur qui adore le travail d’un auteur donné et persiste à vouloir le faire connaître, parfois en dépit du bon sens commercial (et parfois, la postérité leur donne même raison). J’arguerais en outre que l’édition est probablement un des milieux qui pardonne le moins ces manigances : un livre invendable édité et promu à tour de bras reste un livre invendable, et produire un livre, c’est CHER. Les « carrières » bâties sur ces fondations ne durent pas (je ne citerai évidemment personne, mais disons que depuis une vingtaine d’années, j’en ai vues – notez spécialement l’emploi du passé). L’édition est un métier déjà assez difficile, où les marges sont très étroites, pour continuer à financer à perte quelqu’un en qui on ne croit autrement que parce que « c’est un pote ». Au bout d’un moment, c’est plus facile et ça coûte moins cher d’inviter le dit pote toutes les semaines à la Closerie des Lilas, vous voyez.

Bref de manière générale, encore une fois, il est toujours beaucoup plus facile de répondre à ces questions quand les transcrit à, par exemple, la musique, où la technicité ne fait guère de doute. Est-ce qu’on s’interroge sur le fait que « Quand même, est-ce qu’on n’entend pas un peu tout le temps les mêmes groupes ? » Si on se pose cette question, on peut y trouver des explications sensées et plus immédiates qu’une Grande Conspiration Mondiale™. La littérature ne fait pas exception.

2022-12-05T02:28:12+01:00mercredi 7 décembre 2022|Best Of, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Idée reçue 1254 sur l’édition : il faut être connu.e pour publier