Découvrez le programme de la saison 7 de Procrastination – focus spécial autoédition

Cela nous a été longtemps demandé, nous y voici enfin ! Nous allons parler en profondeur d’autoédition à la saison 7 de Procrastination, avec une invitée exceptionnelle, Morgan of Glencoe.

Morgan est musicienne professionnelle et évidemment autrice, avec un parcours passionnant pour le sujet : elle a commencé sa carrière en autoédition avant d’être publiée par ActuSF, et continue à gérer parallèlement sa carrière selon les deux systèmes. Elle est uniquement placée pour parler sans fard ni idéalisme de chacun d’entre eux, ce qui a donné une conversation passionnante découpée pour cette saison en trois volets pour autant d’épisodes.

Alors, du coup, à quelle sauce allons-nous vous manger pour la saison 7 ? Procrastination reprend comme toujours le 15 septembre, demandez le programme :

  • 15 septembre, 701 : Parcours et compétences de l’autoédition, avec Morgan of Glencoe
  • 1e octobre, 702 : Organiser ses notes d’écriture
  • 15 octobre, 703 : Organiser le déroulé de son histoire
  • 1e novembre, 704 : Sur nos bureaux
  • 15 novembre, 705 : Commercialisation et promotion dans l’autoédition, avec Morgan of Glencoe
  • 1e décembre, 706 : L’impératif d’intertextualité
  • 15 décembre, 707 : La quatrième de couverture
  • 2 janvier, 708 : Captiver l’attention du lectorat
  • 15 janvier, 709 : Plier son traitement de texte à son écriture
  • 1e février, 710 : L’autoédition, l’édition traditionnelle ou les deux ? avec Morgan of Glencoe
2022-09-12T09:08:53+02:00mercredi 6 juillet 2022|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Découvrez le programme de la saison 7 de Procrastination – focus spécial autoédition

Comment j’organise mon classeur Scrivener

C’est compliqué d’organiser ses notes et ses idées quand on écrit de la fiction. C’est normal : les idées viennent dans tous les sens, tapant à tous les moments de la narration, dans des passages écrits (« j’aurais pu faire ça… ») ou pas (« il pourrait se passer ça… »), et même, la plupart du temps, vous ne savez pas si cette image, cette réplique, cette scène que vous imaginez sont pertinentes, s’il faut les suivre, les développer, ou bien s’il s’agit d’un fil narratif complètement annexe qui pourrait plutôt figurer, avec un décor et des personnages différents, dans cet autre projet qui vous ronge l’esprit et que vous brûlez d’écrire plutôt que le manuscrit actuel qui s’enlise et vous sort par les yeux et… 

Bref. C’est compliqué.

Et, si j’en juge par l’intérêt que le sujet soulève, organiser et canaliser cette créativité non seulement d’une manière qui permette de l’exploiter, mais même, qui permette de ne pas l’oublier tout court, est une question centrale. Sur les notes d’écriture, j’avais commencé à parler de Zettelkasten et de pensée en réseau dans la colonne Geekriture ; là, on va parler d’organisation dans Scrivener. Bien sûr, c’est ma façon de faire aujourd’hui, appelée à évoluer, mais comme on me demande de loin en loin comment exactement classer les infos à l’écriture, je me suis dit que ça pourrait peut-être donner quelques idées. Voyez si ça vous nourrit.

Nous allons supposer que j’écris actuellement une saga fleuve d’imaginaire appelée « Les Entités farouches », un exemple évidemment totalement pris au hasard, hein, toute ressemblance et cetera. Supposons également que j’en suis en ce moment au tome 12, sur un total à venir de 15. Bien sûr, si cela devait arriver, nous sommes d’accord qu’il faudrait m’injecter une copieuse dose de sédatif avant de m’envoyer pour un séjour thérapeutique à la plage.

Voilà théoriquement à quoi ressemblerait le classeur Scrivener d’une telle série.

Déjà, première observation : je conserve la plupart des notes de construction globale dans mon Zettelkasten – c’est-à-dire dans mon application de notes (quelle que soit celle que j’utilise à un moment donné, Obsidian, Evernote, Bear, Craft, et autres jouets brillants qui me fascinent). La raison, c’est que je trouve cet environnement beaucoup plus adapté à l’idéation, et surtout à la pensée par liens (Scrivener permet de relier des fichiers entre eux, mais c’est lourdingue). Techniquement, pour moi, Scrivener est purement réservé à l’écriture et à la production : dedans, je mets principalement des signes destinés à la publication ou à l’exploitation.

De manière générale :

J’ai plusieurs dossiers de haut niveau :

  • Le manuscrit en cours (j’y reviens).
  • Un dossier de notes construit au fur et à mesure, d’où la mention « au fil », comportant également les notes de correction accumulées au fil de l’écriture.
  • Un dossier appelé « High level » comportant la vision d’ensemble du manuscrit, ce qui se chevauche avec le Zettelkasten, parfois de manière bordélique. Ce n’est pas parfait, mais justement, c’est l’intérêt d’employer Scrivener : l’application grandit et s’adapte à mon bordel, au lieu de me pousser dans un carcan donné. Et oui, je m’y retrouve. Toujours. Presque. Un peu.
  • Un dossier appelé « Suites » comportant des notes éparses et surtout des brouillons de scènes ultérieures déjà bien vivantes dans ma tête concernant les volumes 13 à 15 de « Les Entités farouches » (et probablement les tomes 16 à 28 puisque je vais déborder par rapport au plan initial).
  • Un dossier contenant un PDF de chaque tome publié, de façon à pouvoir m’y référer si j’ai un doute sur la couleur des cheveux de Là-Bas-Paulo ou la formulation de l’insulte préférée de Chien de Sienne.
  • Un dossier avec les briefings illustration, les croquis préliminaires, les essais de rédaction de quatrièmes de couverture, principalement parce que je ne sais pas où les mettre autrement.
  • Un petit dossier de ressources utiles (inspirations ou éléments de worldbuilding spécifiques relatifs à l’univers plus vaste où se déroule la saga « Les Entités farouches », nommé Panégyrique).

Concernant le manuscrit en cours :

Même si je planifie mes histoires assez précisément, « Les Entités farouches » comporte beaucoup trop de personnages pour qu’il me soit possible de tout structurer avant l’écriture. Les détails des scènes, la dynamique effective de l’action va beaucoup influencer la construction finale, et ça, je ne l’ai qu’en parcourant réellement le chemin de la narration. Du coup :

Il y a ce que je suis en train d’écrire (dans cet exemple, je suis au tout début, dans le chapitre 1 de l’Acte I). Chaque scène mentionne le nom du personnage point de vue (ici M pour Marianne). Je pourrais employer les mots-clés ou les étiquettes de Scrivener, mais je trouve plus simple de le mentionner en toutes lettres. Cela me permet aussi d’expérimenter avec des points de vue plus inhabituels et ponctuels si l’envie me prend sans avoir à me plonger dans de la configuration.

Chaque scène (et parfois le chapitre, voire le fil narratif) comporte systématiquement deux fichiers :

  • Go back file : les notes prises en cours d’écriture sur ce que j’aurais pu faire de mieux à la réflexion, ou bien sur les questions que je me pose. « Ai-je bien rendu le mystère de la belle Zéphyr ? Ne me suis-je pas emmêlé les pinceaux sur la chronologie ? Vérifier si le début n’est pas un peu chiant. » Et ainsi de suite : j’écris rapidement, en doutant le moins possible, et en laissant au recul de la correction le soin de resserrer les boulons, de juger si mes craintes sont fondées. La plupart du temps, non. Mais ça me rassure de me laisser une note à moi-même, la crainte est capturée, et j’avance sans me laisser paralyser.
  • Cutting floor : Quand je coupe, quand je remanie un paragraphe ou que je vire une idée potentielle, j’ai toujours peur de me tromper. Dans 99% des cas, là encore, non, et je n’en aurai jamais plus besoin, mais du coup au lieu de la supprimer, je la colle dans ce fichier, où elle ne sera pas perdue : là encore, ce n’est pas tant un besoin réel qu’une question de tranquillité. Et pour la fois sur cent où je pars la repêcher, ça ne coûte pas cher.

Évidemment, aucun de ces fichiers ne font partie de la compilation finale, ce qui me permet de continuer à estimer correctement la taille de mon manuscrit, quel que soit le volume de notes (il y a une case à décocher dans l’inspecteur pour les fichiers concernés, voir ci-contre). Une fois la scène terminée, go back file et cutting floor passent dans les notes de correction, classés en fonction de l’emplacement de la scène. Quand le manuscrit sera fini, je les reprendrai et les comparerai avec l’effet produit par le premier jet, pour corriger alors si nécessaire.

Enfin, parce qu’à mesure qu’on s’approche d’une scène, les idées se condensent et prennent forme, je note globalement la suite de ma structure, avec les scènes déjà bien calées comme ici la suivante avec le roi Ernest ; ainsi que les chapitres déjà construits mais dont la place n’est pas encore tout à fait claire (comme le « Z » avec ici les personnages Izigoing, Zomig et Martabac), le tout pouvant se déplacer à mesure que le tracé de l’écriture élucide les choses. Pour davantage de clarté, je repère les scènes « à faire » d’une étiquette rouge et les notes pures (hors compilation) d’une étiquette bleue (pour les voir dans le classeur, c’est dans le menu Présentation > Afficher les étiquettes dans > Classeur). Ça m’est spécialement précieux quand je dépasse le million de signes, que j’ai l’équivalents de post-its dans tous les sens et que je choisis d’écrire plusieurs scènes du même fil narratif de suite, créant l’équivalent de trous à remplir dans la structure.

Une fois tous ces passages écrits, les notes afférentes iront elles aussi dans le dossier « au fil ». Il est presque certain que je ne les regarderai plus jamais, mais là aussi, elles sont au chaud, si besoin.

La supériorité absolue de Scrivener (sur, par exemple, Ulysses) est sa flexibilité totale. Rares sont les apps d’écriture à donner à la fois une vision d’ensemble aussi complète de son récit (il est aisé de dérouler et refermer les dossiers dans l’exemple ci-dessus) ainsi qu’une totale ouverture quant à la manière de structurer. Le fait que chaque document puisse avoir des sous-documents est spécialement précieux pour le travail de détail ; la différence dossier / document est finalement purement cosmétique. N’hésitez pas à en user et abuser.

Si je devais écrire une série fleuve comme l’exemple pris ici, je pourrais ainsi vous dire d’expérience que Scrivener gère sans aucun problème un fichier projet de plus d’1 Go, créé six ans plus tôt, incluant plus de 2000 documents pesant 15 millions de signes. Mais bien sûr, tout cela serait purement théorique. Je ne suis pas assez inconscient pour me lancer dans un truc pareil. (« Les Entités farouches » ? RLY ?)

2022-07-01T09:29:30+02:00lundi 4 juillet 2022|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

On parle de l’Ouest Hurlant dans le podcast Spoilers !

Juste à temps avant le festival qui, rappelez-vous bien, a lieu ce week-end à Rennes : Marie Kergoat, du Laboratoire des Imaginaires qui porte l’événement, et moi-même sommes allés parler de l’Ouest Hurlant dans le podcast Spoilers ! Avec une super affiche digne du prochain blockbuster de l’été :

Marie explique en détail la construction d’un tel projet et sa philosophie, je parle liens avec les communautés de l’imaginaire, au carrefour édition / recherche universitaire / grand public. Avec aussi des bouts sur la narration et même la fin de « Game of Thrones », parce que je ne suis pas sortable. Merci à Briac Picart-Hellec et Guillaume Genest pour leur invitation et cet entretien !

➡️ Écouter l’épisode de Spoilers spécial sur L’Ouest Hurlant

2022-04-25T17:43:57+02:00mercredi 27 avril 2022|Entretiens|Commentaires fermés sur On parle de l’Ouest Hurlant dans le podcast Spoilers !

Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

L’astrolabe est la première coopérative du livre française ! 

Basée à Rennes, elle est structurée en 3 pôles : une maison d’édition engagée, envers ses auteurs comme dans ses publications, une librairie coopérative et un incubateur qui a pour but d’aider à une meilleure diffusion du livre sur le territoire.

1. Une maison d’édition engagée […]

2. Une librairie coopérative

Ouverte à toutes et tous, cette librairie semi-généraliste conciliera aussi bien les goûts de ses libraires que celles de ses sociétaires. Elle proposera un espace de coworking ainsi qu’un espace de convivialité avec thé, café et boissons fraîches. L’ouverture de la librairie aura lieu en deux temps :

– 16 avril 2022 : ouverture d’une librairie éphémère au Timbre de Maurepas ;

– 12 novembre 2022 : ouverture de la librairie dans ses locaux définitifs, 20 place Lucie et Raymond Aubrac.

3. Un incubateur de projets liés au livre

Un nom excellent pour une librairie qui aura évidemment des accointances avec l’imaginaire vu le cursus des fondateurs (la même équipe que les éditions Argyll), mais pas seulement ; il s’agira d’inviter les sociétaires du lieu à s’approprier programmation et commercialisation pour faire connaître, pourquoi pas, des œuvres fétiches et méconnues. Le projet s’est lancé sur la base d’un financement participatif qui, à l’heure où j’écris, a financé son premier palier alors qu’il reste plus d’un mois à courir ; mais que cela ne vous empêche pas de contribuer ! Car, en plus de la satisfaction de participer à un projet intégré et novateur, il y a de nouveaux paliers à débloquer comme la réalisation d’un espace de coworking (pouvoir aller bosser dans une librairie, c’est quand même la grosse classe). Et il y a quantité de contreparties uniques à la clé pour vos généreuses contributions :

  • Boissons à vie dans la librairie ! (ouais)
  • Des livres Argyll, voire l’intégrale jusqu’à maintenant !
  • Et surtout, toute une sélection d’ateliers d’écriture et de conférences proposées par Xavier Dollo, Estelle Faye, Camille Leboulanger, David Meulemans… 

… et mon humble pomme, sur l’organisation en solitaire pour les projets créatifs. Lesquels ont inévitablement deux versants : l’opérationnel, qui a été beaucoup étudié avec entres autres toute la mouvance Getting Things Done, mais aussi la gestion de la connaissance, beaucoup plus difficile à systématiser dans le domaine créatif, mais pour lequel le Zettelkasten donne quantité de clés. Comment se donner un peu de logique et de sérénité mentale quand on jongle avec quantité de rôles de vie différents, et réussir à avancer sur les œuvres qui nous tiennent à cœur sans avoir l’impression de repartir de zéro à chaque session : j’explore ça au quotidien littéralement pour survivre depuis plus de vingt ans et arriver à être moi-même productif à travers les difficultés inhérentes aux métiers de création, les blessures à la main, les pandémies et j’en passe.

La conférence durera deux heures et demie, entre présentation et conversation à bâtons rompus, pour un maximum de 25 places.

➡️ Allez consulter la page de l’Astrolabe, explorer tous les ateliers proposés, et réservez vos places avant que toutes les contreparties ne disparaissent !

2022-04-07T00:19:04+02:00mercredi 6 avril 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

Aeon Timeline v3 est disponible, et ça a l’air assez génial

Aeon Timeline, application recommandée pour gérer des frises chronologiques, vient de sortir sa version 3, et les changements paraissent d’envergure. La v2 du logiciel laissait affleurer la base de données sous-jacente (une chronologie n’est jamais qu’une base de données ordonnée selon le temps), mais cette v3 semble d’être approfondie en système relationnel complexe, permettant de visualiser ses informations de manière extrêmement poussée et inventive. Et le logiciel se synchronise apparemment de façon transparente à Scrivener, dans les deux sens en plus.

Ce que je trouve très alléchant, c’est que cette approche permet comme toujours de construire non seulement la chronologie des événements d’un récit, mais qu’elle semble permettre de planifier carrément celui-ci dans l’application, du chapitre jusqu’à, peut-être, le temps de la scène.

Aeon Timeline est un logiciel simple à prendre en main (n’importe qui peut faire une chronologie avec) mais dont la puissance nécessite un investissement certain (pour prendre en main ce moteur sous-jacent de base de données et le plier à ses besoins). J’avoue que cela fait une éternité que je veux réaliser cet investissement, mais… le temps et les bouquins à rendre, vous voyez ? Mais là, cette nouvelle version semble offrir ce qu’on n’avait pas forcément demandé, mais qu’il serait drôlement cool d’avoir : d’outil spécialisé dans un rôle bien précis, Aeon Timeline est peut-être devenu un outil surpuissant dans un domaine où on ne l’attendait pas, et qui, en plus, se trouve faire des frises chronologiques en passant.

➡️ Le site d’Aeon Timeline (disponible sur Mac, Windows et iOS avec un achat unique pour un an de mises à jour).

2021-10-03T17:36:32+02:00jeudi 7 octobre 2021|Geekeries, Technique d'écriture|16 Commentaires

De l’émergence des idées à leur structuration (Geekriture 06)

L’une des forces du Zettelkasten est de ne pas imposer d’ordre a priori, en permettant simplement une exploration libre de ses idées et de ses recherches, et, à travers le tissage constant de liens et d’analogies, de voir les idées et les structures émerger par constellations et reflets d’intérêts. Mais évidemment, si l’on peut avoir une vision d’ensemble de ses notes ou fiches quand il en existe quelques dizaines, quand l’on dépasse la centaine voire, quand on atteint le chiffre vertigineux de 90000 comme dans le cas de Luhmann, la vision d’ensemble est impossible.

À un moment, il faut arriver à rassembler tout ça, à se donner des points d’entrée dans sa collection de notes, au risque de retomber dans le syndrome Evernote : une vaste boîte noire où l’on jette des pensées, mais dont on ne ressort jamais rien. Un Zettelkasten, un système de gestion du savoir doit vivre ; Luhmann lui-même qualifiait son système de « partenaire dans une conversation ».

➡️ … l’article Geekriture du mois traite de L’émergence des idées et de leur structuration, à lire sur ActuSF.

2021-06-17T10:48:32+02:00mercredi 23 juin 2021|Geekriture|2 Commentaires

Un compendium d’émojis pour indiquer le degré d’élaboration des idées

J’aime les émojis. D’une part parce que c’est standard et que c’est beaucoup plus pratique pour indiquer son humeur que les anciens codes de smileys où se mêlaient les version occidentales :) et asiatiques ^^. Mais aussi parce que, pour constituer des repères visuels dans des notes, c’est suprêmement pratique ; plutôt que d’écrire « idée : », il est beaucoup plus clair (en tout cas à mes yeux, notamment dans le millier de pages de notes que représente tout le travail d’architecture autour de « Les Dieux sauvages ») d’avoir le symbole 💡. En plus, pour retrouver ses « idées », il suffit de rechercher le caractère 💡 dans l’ensemble des notes, plutôt le mot « idée » qui peut être ambigu (fait-on référence à vos idées, ou à celles de vos personnages qui font partie de l’histoire ?). En d’autres termes, les émojis permettent de différencier ce qui se réfère à l’architecture de la réflexion du contenu de la réflexion elle-même. (Doit y avoir un mot pour désigner ça qui contient « diégétique » quelque part.)

Si l’idée vous intrigue et que vous débarquez dans le concept, il faut que je vous renvoie à deux articles préliminaires :

Des degrés de certitude dans l’écriture (avec des émojis) : la base du système, qui rejoint Geekriture 02 – l’échec de la to-do list pour écrire : la création n’est pas un flux de tâches mais un affinement de certitudes ; les émojis sont un système simple et élégant pour garder la trace de la « confiance » que l’on accorde à une idée ou une possibilité narrative. (C’est développé aussi dans Comment écrire de la fiction ?)

Comment taper des émojis au clavier et pourquoi diantre vouloir faire un truc pareil : un usage intense de ces petits symboles nécessite une manière rapide de les entrer sans briser le rythme de frappe ; cet article explique comment en utilisant les outils d’expansion de texte.

Au fil du temps, j’ai donc composé mon propre compendium d’émojis indiquant le statut de mes idées, les différentes entités fréquemment rencontrées dans un récit, les fonctions narratives, etc. Évidemment, ce n’est que mon système, mais peut-être trouverez-vous ici des… idées (heh) pour nourrir votre approche et articuler votre réflexion sans être paralysé·e par la complexité de la tâche que représente l’écriture d’un livre ou d’une saga. Je m’en sers chaque jour, et les raccourcis clavier qui leur sont liés sont devenus seconde nature.

Évidemment, ces symboles sont des marqueurs vivants : une idée 💡 peut devenir une hypothèse ➡️ avant d’être finalement écartée ❌. C’est toujours la réalisation de l’écriture elle-même qui décide du statut final des choses, et c’est une fois une œuvre finie qu’elle devient 📚 et qu’elle fixe ses ❗️et engendre de nouvelles ❓. Les étapes de ce parcours (idée / hypothèse / je veux / je vois etc.) sont aussi développés dans Comment écrire de la fiction ?, ce qui vous montre bien que je travaille vraiment comme ça, ce qui me vaut peut-être, je ne sais pas, d’être fou à lier.

Degrés de certitude et statut

❓ Question gênante à élucider
🖋 À creuser ou rechercher (facilement décidable avec un peu de réflexion, ou sera réglé par des recherches simples)
💡 Idée (possibilité)
👁 Je vois (élément servi par le Mystère, sonnant vrai, autour duquel construire)
👉 Je veux : désir, envie, intention
➡️ Hypothèse (construction théorique d’un pan narratif)
❗️ Il faut que (nécessité)
⛔️ Il ne faut pas que (nécessité négative)
📚 Canon (impossible à contredire)
😃 Oui !
〰️ Serait bien que… 
🤔 Éthéré (idée probablement trop éloignée du cœur du projet)
❌ Abandonné, mauvaise piste, contredit (choix d’une piste différente)
😐 Bof, pas convaincu
🙁 Bleh (j’aimerais éviter)
🔦 Recherches à faire
🧐 Réflexions, brainstorm
🗑 Déprécié : note devenue inutile et archivée
🗄 Archivé (n’est plus pertinent)
☢️ Problème à résoudre (de construction, trou de scénario, etc.)
✅ Fait, écrit, vu

Se combine, par exemple :
💡📄 Idée de scène
➡️📄 Scène probable
✅🗒 Fragment intégré

Éléments de fiction

📖 Récit (saga, roman, nouvelle, haiku : une unité narrative indépendante sans a priori de taille)
🏗 Structuration (plan global, mise en ordre)
🧵 Fil narratif
🪡 Péripétie
📄 Scène
🗒 Fragment
🔭 Laisse entendre, annonce (foreshadowing)
🥀 Déflore (anti-foreshadowing : vend la mèche)
🪝 Hameçon, accroche pour développements dans d’autres récits
🎁 Promesse
💰 Paiement
📁 Thème
📝 Note / fiche
👤 Personnage
✝️ Mort
👁‍🗨 Occasion dramatique ou illustrative (qui montre par l’exemple, bon show, don’t tell)

Zettelkasten / organisation de notes

🗺 Cartographie du savoir (MOC, soit Map Of Content, ou NAV, Négociation Avec la Vérité)
🏗 Structuration, outline, plan
⭐️ Favori
🌱 Graine (à développer)
🌿 Fiche sempervirente (Zettel au sens du Zettelkasten)

2021-04-23T11:09:23+02:00jeudi 29 avril 2021|Technique d'écriture|3 Commentaires

Faire émerger les idées et le savoir en toute liberté (Geekriture 04)

Bon, après tant de teasing, il est grand temps de parler un peu de cette méthode Zettelkasten qui agite tellement les cercles de productivité depuis deux ou trois ans ; qui a vu la naissance d’une myriade de nouvelles applications de prise de notes ; qui se fonde sur un paradigme à la fois révolutionnaire et très ancien, l’hypertexte. Mais il fallait d’abord replacer le décor, et notamment rappeler une notion fondamentale de la création, à savoir qu’il s’agit moins d’un flux de réalisation (j’ai une liste de choses à faire à peu près séquentielle, j’en abats les éléments un à un) que d’émergence (la réalisation s’affine elle-même à chaque session de travail jusqu’à complétion) – voir Geekriture 02, l’échec de la to-do list pour écrire

➡️ … l’article Geekriture du mois expose (enfin) les fondements de la méthode Zettelkasten, à lire sur ActuSF.

2021-04-15T11:12:56+02:00mercredi 21 avril 2021|Geekriture|3 Commentaires

Approche systématique et productivité dans l’écriture de fiction (podcast « Assez parlé ! »)

Si vous ne le saviez pas, ajoutez-le à votre liste : l’école d’écriture Les Mots a un podcast, intitulé Assez parlé ! et où les auteurs reviennent sur leur parcours et, surtout, leur approche et ce qui leur tient à cœur dans celle-ci.

J’ai eu le grand plaisir de me soumettre à la question pour l’épisode 16, autour notamment des approches du flow, des liens entre productivité et créativité, de l’organisation personnelle, le tout lié évidemment à l’écriture de textes de fiction dont on soit content avec le moins de douleur possible. C’est aussi l’occasion de lever un peu le voile sur Comment écrire de la fiction ? ! (Ce titre est rigolo, il me permet d’écrire en toute impunité des phrases avec des ponctuations improbables.)

Un immense merci à Lauren Malka qui crée et réalise l’émission pour son travail proprement colossal de production et pour avoir extrait d’un entretien de plus d’une heure une substantifique moelle. (Et je mesure l’envergure de la tâche, je sais combien je peux divaguer. Vous ne savez pas dans Procrastination combien je m’auto-insulte parfois quand je produis ma voix en me priant d’arriver au fait, par pitié.)

Lionel Davoust raconte la première fois qu’il a été fasciné par le pouvoir magique de l’écriture. Il revient sur toutes les embûches et surtout, il partage avec nous quelques uns des outils, découverts au fil de ses recherches et rencontres, qui lui ont permis de renouer avec cette passion et d’en faire son métier. 

Comment un biologiste marin, spécialiste des cétacés, devient-il écrivain à temps (archi-)plein ? Par quel virage à 180 degrés un jeune homme d’une vingtaine d’années décide-t-il d’abandonner une prometteuse carrière de chercheur scientifique pour se consacrer entièrement à l’invention de mondes futuristes dans le genre littéraire qu’on appelle “l’imaginaire” ? Lionel Davoust, auteur d’une trentaine de nouvelles, de près de dix livres de science fiction (dont trois sagas !) et lauréat du prix Imaginales en 2009 (avec “L’Île close”) n’est pas devenu écrivain du jour au lendemain. En bon biologiste, il a calculé sa trajectoire, étudié les plans, mesuré les risques avant de « plonger ».

Dans cet épisode, il raconte la première fois qu’il a été fasciné par le pouvoir magique de l’écriture. Il revient sur toutes les embûches qui, adolescent, l’ont empêché de retrouver ce super-pouvoir auquel il avait goûté dans l’enfance. Et surtout, il partage avec nous quelques uns des outils, découverts au fil de ses recherches et rencontres, qui lui ont permis de renouer avec cette passion et d’en faire son métier. Grand lecteur d’essais théoriques signés par des écrivains, chercheurs, psychiatres américains, hongrois, canadiens… sur la productivité, le développement de la créativité et sur l’apprentissage technique de l’écriture, Lionel Davoust livre ici des conseils précis pour s’organiser, mener à terme ses projets mais aussi pour libérer la partie du cerveau qui doit se consacrer au “flow” de l’écriture.

Quelques références à noter :

– “Flow” (En anglais : « Flow : The Psychology of Optimal Experience ».dans lequel Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue hongrois (dont nous écorchons le nom dans l’épisode !) décrit l’état psychologique de grand bonheur dans lequel on se trouve lorsque l’on plonge entièrement dans une activité (Editions Harper and Row, New York)

– «S’organiser pour réussir” (“Getting things done”) sous titré “L’art de l’efficacité sans stress” de David Allen (théoricien américain de la productivité) qui délivre des conseils pour accomplir ses missions, s’acquitter de sa charge de travail sans se laisser déborder par elle (Leduc S. éditions)

– “Ecriture. Mémoire d’un métier”, livre incontournable de Stephen King sur l’art d’écrire

Les mois qui viennent, Lionel Davoust publiera deux livres auxquels il tient beaucoup : le cinquième et dernier tome de sa série de fantasy épique intitulée “Les Dieux sauvages” (éditions Critic). Et un essai réunissant ses conseils d’écriture : “Comment écrire de la fiction ?”, à paraître aux éditions Argyll en mai 2021.

A la fin de l’épisode, Lionel Davoust vous lance un défi et vous propose un rendez-vous (à ne pas louper) !

2021-04-15T11:15:06+02:00lundi 19 avril 2021|Entretiens, Technique d'écriture|2 Commentaires

Comment un sociologue allemand a publié 70 ouvrages sans jamais avoir l’impression de bosser (Geekriture 03)

Désolé pour le titre à la Buzzfeed, mais ça s’imposait quand même…

Né à Lunebourg en Allemagne, Niklas Luhmann (1927-1998) est fils de brasseur. Dans les années 1960, après des études de droit, il est fonctionnaire au tribunal de sa ville. Il n’est pas spécialement passionné par sa carrière dans l’administration, mais les horaires fixes de son métier lui laissent le loisir de s’adonner à sa vraie passion – lire de la philosophie et de la sociologie.

Sauf qu’après un temps certain à prendre des notes en marge pour le pur plaisir intellectuel, il s’aperçoit d’un problème auquel nous avons toutes et tous été confrontés. Il lit, parvient peut-être à des compréhensions et des illuminations sur le moment, mais il n’en fait rien. C’est quand même dommage… 

➡️ … l’article Geekriture du mois traite ENFIN (depuis le temps que je vous en parle) de la méthode Zettelkasten, à lire sur ActuSF.

2021-03-20T12:29:55+01:00mardi 23 mars 2021|Geekriture|Commentaires fermés sur Comment un sociologue allemand a publié 70 ouvrages sans jamais avoir l’impression de bosser (Geekriture 03)
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