Protection des données, la pomme de discorde des DRM (4)

Nous avons parlé des fonctionnalités, du débat liseuse ou tablette, vient maintenant le choix du fabricant et de la boutique. Or, choisir son modèle de liseuse ou de tablette, il me semble, est étroitement lié à une prise de position que chaque consommateur devrait adopter en son âme et conscience, et c’est pour cela que je ne peux recommander de modèle de précis. Cette prise de position est, j’ai nommé : confort contre ouverture, et c’est le débat des DRM (Digital Rights Management).

Qu’est-ce qu’un DRM ?

Internet a rendu l’échange de données quasi-instantané, le piratage de biens culturels est légion et taille des croupières dans l’économie de la création, entraînant quantité de répercussions néfastes pour la société, en particulier une réduction des prises de risque financiers et donc une contraction de la diversité de l’offre. Pour tenter de contrecarrer cela, les fabricants ont créé les DRM. Ceux-ci sont un excellent cas d’école d’enfer animé de bonnes intentions.

L’intention : faire en sorte que le seul le consommateur ayant légalement acheté un bien culturel puisse en profiter, ce qui va de soi dans le cas d’un support physique (si j’ai acheté un livre, mon voisin ne peut pas le lire en même temps que moi, ou alors nous sommes très très proches sur le canapé et dans ce cas il vaut mieux avoir une bouteille de champagne au frais et Norah Jones en fond sonore). L’enfer : il arrive tristement fréquemment que le consommateur légitime ne puisse tout simplement pas profiter de son achat tant les méthodes de protection sont compliquées ou même dysfonctionnelles (ce qui rend le piratage d’autant plus séduisant : non seulement on ne paie pas, mais ça marche…).

D’autre part, les DRM soulèvent tout un tas de problèmes de consommation débordant sur l’éthique.

  • Si je perds ma liseuse avec mes certificats de lecture dessus, il n’est pas garanti que je puisse re-télécharger mes fichiers sur la nouvelle et les faire fonctionner.
  • Si j’ai besoin du feu vert du fournisseur de contenu pour profiter de ma bibliothèque, que se passe-t-il si celui-ci fait faillite ? Cela signifie-t-il qu’en l’absence de fournisseur pour donner le feu vert, ma bibliothèque restera verrouillée à jamais ?
  • Que se passe-t-il si le fournisseur m’accuse à tort d’avoir violé ses conditions d’utilisation ? Les erreurs arrivent, et je peux me trouver avec un compte bloqué – donc pas d’accès à mes achats – sans moyen de recours. C’est arrivé récemment et les débuts du Kindle ont été rendus célèbres par le retrait des achats de 1984 (en plus !) des liseuses des acheteurs.
  • Quelqu’un, quelque part, sait ce que j’ai acheté, ce que je lis, ce qui est un peu inconfortable. Apple est connu pour appliquer une censure très bien-pensante sur son offre d’applications et de même de couvertures de livres ; censure et littérature vont très mal ensemble. Quis custodiet ipsos custodiet ?

Après, pour être juste, il convient d’ajouter deux points :

  • Si les DRM sont bien faits, ils sont transparents pour le consommateur et l’association à un compte nominatif permet de retrouver toute sa bibliothèque sans problème sur les terminaux compatibles, et de récupérer les fichiers si l’un d’eux est volé. J’ai testé chez Amazon, et ça marche très bien.
  • Un DRM, ça se, ahem, contourne. ATTENTION JUDGE DREDD a dit la loi c’est lui mais surtout contourner une mesure de protection est illégal et entraîner des amendes peines de prison poursuites à la Starsky et Hutch amputation des doigts de pied descente en enfer. Mais c’est possible de le faire si l’on n’a pas confiance envers le fournisseur de contenu. Un mot cependant : c’est contraignant, compliqué, et un pis-aller, car, pour 1 consommateur qui déplombe ses livres, 99 ne le font pas. Si vous êtes farouchement anti-DRM, acheter chez un fabricant qui s’en sert puis déverrouiller le contenu ensuite est contradictoire, car vous donnez quand même votre argent – et approuvez – ce mode de protection des données.

Ceci étant dit, nous pouvons arriver au choix de la machine. Et là, deux écoles s’affrontent, lesquelles découlent directement, à mon sens, de votre attitude vis-à-vis des DRM.

Un choix philosophique

Soit vous achetez la liseuse (ou la tablette) d’un fabricant possédant sa boutique en ligne. En gros, un iPad (Apple), un Kindle (Amazon), une Kobo (Fnac). Ces appareils sont souvent bon marché (sauf Apple, mais les zélotes d’Apple tirent une incompréhensible fierté du fait d’acheter plus cher), parce que derrière, implicitement, vous vous « enchaînez » à la boutique de ce fabricant, dont l’accès est facile et immédiat depuis votre terminal. On peut le voir comme un avantage (l’achat est d’une facilité déconcertante, testé chez Amazon), ou une restriction (et si je veux lire autre chose ?). Bien sûr, ces appareils « propriétaires » peuvent lire d’autres formats, comme le PDF ou le .doc mais l’achat chez un commerçant sera toujours plus facile en allant sur la boutique pour laquelle l’appareil est prévu. (Mentionnons le Kindle qui est curieusement incapable de lire nativement l’ePub, pourtant le format standard de livrels libres…)

Sinon, vous achetez une liseuse « autre » (Sony en fait d’excellentes). Celle-ci sera compatible et généralement optimisée pour les formats libres, mais vous risquez (à moins de déplomber les fichiers – ce qui est MAL, ne le faites pas OU VOUS BRÛLEREZ EN ENFER) d’avoir pas mal de soucis quand il s’agira d’acheter chez les commerçants qui verrouillent leurs fichiers avec des formats propriétaires (Amazon et Apple). Heureusement, de plus en plus de libraires indépendants proposent des solutions différentes et de plus en plus d’éditeurs travaillent avec eux en plus des géants de la grande distribution.

Maintenant que tout cela est dit, comment choisir ? Ce sera la conclusion pour demain. Quant à toi, auguste lectorat, quelle est ton attitude vis-à-vis des DRM ? Mal nécessaire, avantage pratique, Grand Satan à brûler sur l’autel de l’EFF ? 

2012-12-17T09:01:04+01:00lundi 17 décembre 2012|Geekeries|15 Commentaires

Liseuse, tablette, quoi t’est-ce, que prends-je ? (3)

Retrouvez les précédents articles de cette série : Introduction, nécessité ou non d’un livre électronique

Hier, nous discutions de l’intérêt du livre électronique (livrel) ; aujourd’hui, nous allons parler du matos en soi et des deux supports rois de la lecture sur support informatique, la tablette, et la liseuse, une distinction souvent mal comprise.

La tablette (qui n’est pas du chocolat)

Une tablette, c’est facile à définir. Vous voyez un smartphone ? Vous voyez un ordinateur portable ? C’est le chaînon manquant entre les deux. Une tablette fait souvent fonctionner un système d’exploitation hérité du monde mobile (Android, iOS, maintenant Windows 8) et en récupère la polyvalence des applications (Internet, bureautique, courriel, jeux…) ainsi que l’autonomie et la simplicité d’usage. Là-dessus, on peut, comme sur un smartphone ou un ordinateur, importer et lire des fichiers numériques, ainsi qu’installer les applications de lecture propriétaires des grandes librairies numériques (Kindle). Une tablette est donc un appareil polyvalent mais assez cher (quelques centaines d’euros), équipée d’un écran classique, ce qui, dans l’optique de la lecture, n’est pas le plus agréable. En résumé, avec une tablette, on fait plein de trucs, dont lire.

La liseuse (qui n’est pas une lampe)

Au contraire, la liseuse est un appareil avant tout destiné à la lecture. À cette fin, elle est équipée, non pas d’un écran, mais d’encre électronique, et ça fait vraiment toute la différence. L’encre électronique est visuellement identique à une page imprimée ; des billes microscopiques bicolores insérées dans l’épaisseur du support se disposent de manière à composer la page consultée, à la manière de gouttes d’encre que l’on pourrait réagencer comme on le souhaite. Le résultat équivaut au confort du papier, il est même supérieur, tant l’« impression » est fine. On n’a pas le désagrément de la luminosité du rétroéclairage comme sur un écran classique ; cela se lit parfaitement en plein soleil – en contrepartie, si la clarté ambiante est basse, il faudra une lampe d’appoint (une… liseuse). Exactement comme avec du papier. Si le but est avant tout de lire, il faut une liseuse, pas de doute là-dessus. En plus, elles sont bien moins chères que les tablettes (on commence à voir des modèles à moins de 100 euros). Certaines commencent à importer des fonctionnalités des tablettes – lecteur de musique, navigateur Internet, applications de prise de notes – mais c’est un luxe.

Tactile ou pas tactile ?

Les liseuses se déclinent de plus en plus en modèles d’entrée de gamme, non tactiles, et modèles avancés, tactiles. Il apparaît que le tactile reste un luxe superflu si le simple but est de lire : tourner les pages d’un bouton et naviguer dans les menus d’un curseur n’est guère plus inconfortable que de le faire au doigt. On pourra en revanche se poser la question dans le cas de la prise de notes. Prendre des notes avec une liseuse non tactile et sans clavier équivaut à lire Guerre et Paix en le recopiant à la main. C’est tellement fastidieux qu’on approche de l’impossible. Si vous désirez pouvoir griffonner dans la marge tout ce que vous inspire votre lecture ou que vous souhaitez prendre des notes sur l’intégrale de Michelet pour votre agreg’, alors un modèle tactile (ou doté d’un stylet) pourra s’imposer.

Jusqu’ici, nous ne sommes toujours pas entrés dans ce qu’on pourrait considérer comme le vif du sujet : les fabricants. Ce sera le sujet de lundi, avec le nœud du problème : les DRM. Quant à toi, auguste lectorat, qu’est-ce qui te fait envie entre les deux approches ?

2014-08-30T16:35:31+02:00vendredi 14 décembre 2012|Le monde du livre|8 Commentaires

Une liseuse ? Mais pourquoi, en fait ? (2)

Oh, mais comme c’est bien fait, c’est exactement la dernière phrase de l’article précédent ! On dirait qu’une intelligence supérieure est à l’œuvre.

Bon, OK. Tout le monde parle du livre électronique, vous vous dites « Ben faudrait p’tet que j’my mette, non ? Après y aura plus que ça et moi avec mes yeux et mes lunettes j’pourrai pu lire Guillaume Musso. » Qu’est-ce donc à dire que ce truc ?

Alors déjà, non, vous n’êtes pas obligé(e) de passer au livre électronique. (Serait temps que l’Académie Française nous ponde un terme bien laid pour remplacer ebook, tiens. Dans la veine de leurs créations précédentes, je suppose qu’ils instaureront ibouque. Par conséquent, j’instaure céans le terme livrel, par calque sur les excellents courriels et pourriels québecois, et parce que j’en ai marre de taper livre électronique.)

Donc. Non, vous n’êtes pas obligé(e) de passer au livrel. Le papier a encore de beaux jours devant lui et je doute qu’il soit remplacé un jour, ce qui est également l’avis d’Umberto Eco (c’est la classe). En revanche, c’est une nouvelle manière d’apprécier la lecture, d’en profiter partout, c’est drôlement pratique pour les ouvrages techniques.

Quels sont donc les avantages du livrel ? Faisons une liste à puce, Power Point-like.

  • Ultra léger et petit. Ca tient dans un sac féminin, une sacoche de cadre sup’, un baise en ville, une poche d’anorak. Alors qu’un bouquin est pesant et s’écorne (et donc, on le laisse à la maison), un livrel se fourre partout, s’oublie merveilleusement bien, ce qui permet de le ressortir dans un moment de creux pour croquer une ou deux pages. (D’ailleurs, je me demande si le fait que la lecture soit majoritairement féminine aujourd’hui a puisse être corrélé avec le fait que ces foutus grand formats de 3 kilos et demi ne peuvent rentrer que dans un sac à main.)
  • Toute une bibliothèque dans la poche. Conséquence de ce qui précède.
  • Confort de lecture. Que ce soit sur liseuse ou tablette, on a affaire à du caractère généré par l’électronique, donc « parfait », contrairement aux erreurs d’impression de poches de mauvaise qualité. Ecrit trop petit ? Augmentez la taille des caractères. La police vous déplaît ? Passez en Old English pour une petite touche gothique qui fera sensation (et vous niquera les yeux en deux heures.) (Le débat liseuse ou tablette fera l’objet d’une entrée à part, demain.)
  • Dictionnaires embarqués. Et ça, c’est le méga pied, encore plus si vous lisez en langue étrangère. Les livrels modernes sont fournis avec d’imposants dicos qui vous permettent d’obtenir la définition d’un mot d’un simple clic. Plus besoin de sortir l’Universalis de Papa.
  • Annotations et surlignements. Pour les fétichistes du livre (j’en fais partie) qui refusent ne serait-ce que de corner une page, c’est une merveille. Une citation vous a plu ? Surlignez-la et retrouvez-la d’un claquement de doigts. Le fichier n’aura pas mal.
  • Place gagnée. Ben ouais, mine de rien, quand on lit beaucoup, les bouquins, ça prend de la place. Si vous ne tenez pas spécialement à l’objet papier (roman de gare, livre de poche), le livrel est votre ami : zéro place, à part sur le disque dur.
  • Monstrueuse offre gratuite. Tout le domaine public, en gros, disponible sur des sites comme le Projet Gutenberg ou la BNF. Vous voulez relire Les Trois Mousquetaires ou tout Victor Hugo ? C’est là, votre seul investissement sera l’appareil.
  • Maintenant, tout de suite. Vive la culture de l’immédiat instaurée par le Net. Vous voulez un livre, là ? Achetez-le en ligne, cinq minutes plus tard, il est chez vous.
  • Périodiques et articles. La presse est disponible sur nombre de livrels. Cela permet de recevoir facilement, à moindre coût, vos supports préférés, ou même de vous faire votre propre revue de presse à partir d’articles glanés sur le Net ; tout cela sans encombrer les étagères de vos toilettes.

Maintenant, ce n’est pas magique non plus.

  • Ca ne se consulte pas pareil. Eh bien, oui. Le papier a un énorme avantage : c’est un objet mécanique sur lequel tout le contenu est disponible. C’est idiot, mais un livre, ça se feuillette. Un livrel, non. Parcourir un fichier et retrouver un passage qu’on n’a pas repéré au préalable, c’est la croix et la bannière. Difficile de picorer un extrait, mais surtout d’avoir une vision d’ensemble du volume que l’on a entre les mains. Pour de la fiction, c’est un moindre mal.
  • Pas de batterie, pas de gloire. Les batteries modernes tiennent bien la charge, mais quand même, c’est à signaler.
  • Pas sexy. Et c’est un geek qui le dit. Mais un livrel, qu’on le veuille ou non, qu’Apple brevette toutes les formes géométriques du monde pour faire la pige à Samsung, le livre est charnel, a été vivant, sent la vieille maison, a une jolie image parfois en relief en couverture, se range sur une étagère et s’admire. Le livrel, c’est juste un bout de plastique perfectionné qu’on changera dans deux ans parce qu’une nouvelle version sera sortie.
  • Offre incomplète. Vous n’aurez pas tous les livres de la Terre en électronique. Même dans dix ans, il va falloir un travail de numérisation titanesque (et qui constitue un colossal enjeu économique, n’est-ce pas, Google).
  • Facilité d’emploi sous réserve. Formats, Wi-Fi, connectivité, réseaux sociaux, incompatibilités, boutiques propriétaires, DRM, le monde du livrel a hérité des joies de l’informatique. Même si les concepteurs ont fait des prouesses d’ergonomie pour rendre ça utilisable par tata Cunégonde, le livrel instaure des soucis potentiels que le papier ne pose jamais.
  • La question des DRM. Parmi ces problèmes, celui-là mentionne un point à part. Pour limiter le piratage – et pour enchaîner le consommateur à un écosystème économique – les fichiers sont protégés contre la copie, mais parfois tellement bien qu’ils sont aussi protégés contre leur usage légitime… Le débat est si vaste qu’il méritera lui aussi son entrée.

Que retenir de tout ça ? En gros, qu’un livrel est un complément du papier, mais un sacré complément, immédiat, léger, documenté et disponible un peu partout. Personnellement, je m’en sers pour lire des articles récupérés un peu partout, des textes quand je fais de la direction d’ouvrage, des essais en anglais dont je ne veux pas qu’ils m’encombrent et, question fiction, pour lire du domaine public et en langue étrangère (les tarifs étant très intéressants, puisque libérés des frais de port et souvent inférieurs au poche).

Voilà donc pourquoi. Te sens-tu concerné par ces usages, ô auguste lectorat, ou bien voues-tu le livrel aux gémonies ? (Ca doit pas être un nom facile à porter. Vous imaginez, dans la rue ? « Hé, Gémonie ! »)

(Demain, nous parlerons machine : liseuse, tablette, quoi t’est-ce, que prends-je ?)

2012-12-13T10:20:50+01:00jeudi 13 décembre 2012|Geekeries|40 Commentaires

Noël arrive, paix heureuse, achetons tous des liseuses (1)

Nous nous levons à l’heure où l’aube blanchit la campagne et rougit les pommettes, de suspects personnages avinés et victimes d’obésité morbide secouent des cloches en faisant ho ho ho, bref c’est l’époque du chiffre d’affaires : Nowel. Et j’ai reçu en rapide succession des messages de camarades et proches formulant tous la même question : « toi qui as forcément étudié la question, j’offre quelle liseuse à Noël ? »

Ahem.

Non, j’ai pas étudié la question. Du moins, pas en mode guide d’achat pour éliminer scrupuleusement un à un tous les modèles candidats jusqu’à brandir le LD Seal of Approval sur ce modèle, c’est çui-là qu’il faut, la quadrature du cercle. En revanche, j’ai étudié comment ça marche, je m’en sers, j’essaie de suivre à quelle sauce les commerçants veulent manger les auteurs et donc les lecteurs. Je voudrais également en profiter pour établir quelques notions de base sur le sujet, faire des articles qui pourront servir de référence plus tard.

Donc, pour cinq articles (ouais, cinq !), on va causer livre électronique et aide à l’achat, mais pas comme un guide Fnac : on va parler principes et fonctionnement, les points auxquels prendre garde. Et après, auguste lectorat, comme tu es la Communauté la Plus Cool du Net (vainqueur du prix Lionel Davoust 2012 de la Communauté la Plus Cool du Net), tu feras ton choix comme tu l’entends, en fonction de ce qui se sera dit. Par ailleurs, ce qui se reflète ici est le résultat de mon expérience et ma vision (voir les caveats d’usage).

Un fil de discussion est déjà né sur mon mur Facebook autour de la question ; pour cette série d’articles, je te demande, auguste lectorat, de t’aider toi-même. Vous avez certainement des bonnes ou mauvaises expériences, des réactions à ce qui se dira : donnez-vous vos bons plans, vos recommandations, de manière à ce qu’on en sorte tous grandis (enlarge your IQ).

Demain, on lance les hostilités avec la question fondamentale : une liseuse ? Mais pourquoi, en fait ? 

2012-12-08T16:00:06+01:00mercredi 12 décembre 2012|Geekeries|13 Commentaires

Stupeur et absurdité : de l’influence et son inutilité

Alors voilà. Je suis à la fois stupéfait et mort de lolz. Vous vous rappelez l’article sur Facebook qui est devenu viral ?

Un mois après, voilà où on en est.

(Pris sur eBuzzing, ex-Wikio.) Je vous passe le “1e du top blogs littérature” “1e du top blogs culture” etc.

HA HA HA.

“HA HA HA” non pas par morgue ou par fausse humilité, mais HA HA HA parce que mes stats, je les vois, je les connais. Me trouver sandwiché entre Korben et Gizmodo est absolument surréaliste et je sais parfaitement que tout cela n’est qu’un effet de distorsion dû au fait que j’ai un article devenu viral (mais qui, c’est heureux et sympathique, m’a permis de rencontrer de nouveaux lecteurs et abonnés, et c’est bien tout ce qui compte). Je dis HA HA HA parce que, dans tout cet eldorado mal compris qu’est le ouèbe 2.0, on essaie à tout prix de vendre de l’influence, du référencement, et surtout les outils numériques qui permettent de quantifier si tu es un Mec Qui Sait, donc un mec qu’on écoute, donc un mec qui vend. 

HA HA HA.

Me concernant, de deux choses l’une :

  • Je suis ainsi au sommet du classement à cause d’un effet de distorsion ponctuel dû à un article viral. Je vais très certainement retomber très vite à la place qui m’est due, c’est-à-dire la 652423 ème (ou peu s’en faut, au bout d’un moment on ne compte plus les dizaines).
  • Tout le monde est dans un mouchoir de poche. C’est-à-dire que 500 blogs reçoivent en moyenne cent visites par entrée et que ces classements ne bougent pas parce qu’on est 500 ex-aequo. Corollaire : vu que mes chiffres, je les ai, je les donne, ils ne sont pas faramineux (mais quand même pas dégueulasses), ça veut donc dire qu’on est tous avec des chiffres pas faramineux et que les visites annoncées par les grands sites, c’est comme les chiffres de vente en littérature : tout le monde ment. Ça veut dire qu’on blogue tous pour cent personnes en moyenne. Ça veut dire que tout cela est d’une vaste inutilité dans la quête du mythique “buzz” qui est censé faire de nous des influencers, des trend-setters, des mecs qui créent de la valeur.

HA HA HA.

Une chance que je ne blogue pas pour être un de ces affreux anglicismes, mais pour tenir mon bar, encore et comme toujours (et la preuve que je n’en ai rien à carrer de ces chiffres : je fais ce genre d’entrée). Parce que la vérité, l’important, ce n’est pas d’être un type qui influence, c’est de construire une communauté, du lien, une maison où les visiteurs se sentent bien. J’ai un aveu à te faire, auguste lectorat : je sais pertinemment que tu ne viens pas ici pour mon actualité. Les articles où je parle de mes infos sont, de très loin, les moins visités. Tu t’en fous, mais ça me va. Je ne blogue pas pour te vendre des livres ; si ça arrive, c’est cool, et j’aime quand même bien ça, mais je me suis toujours promis de bannir le gavage publicitaire. Non, tu viens là parce que tu as envie, et c’est bien la seule raison qui vaille. 

Alors, d’après eBuzzing, je suis un influent, maintenant. Je comprends pourquoi la fin du monde arrive, tiens. Scoop : ça ne fait absolument pas vendre de livres. Mais pas du tout. L’influence est un miroir aux alouettes. Ce n’est pas parce qu’on vous écoute qu’on vous achète, qu’on agit, que vous avez subitement un succès éditorial. Tout ça, c’est des conneries, et dans ces temps où l’on ne jure que par la page Facebook, l’auto-promotion, le Klout et autres métriques d’influence, il me semble important de coller un bon gros coup de masse dans le magasin de porcelaine. C’est. Des. Conneries. 

Soyez sur Internet parce que ça vous éclate, bordel de merde, et parlez avec les gens qui vous correspondent. Disséminez votre message, mais n’espérez pas les fifteen seconds of fame. Vous serez très, très déçu. Alors arrêtez d’acheter du SEO, des rêves de succès, du community management orienté sur la vente finale. Parce que ça ne sert à rien – du moins, pas à grand-chose, question retour sur investissement en termes de temps et d’énergie. Pire : c’est un gros mensonge spéculatif, semblable à celui qui a conduit à l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000. Sauf que ce n’est pas un krach boursier qu’on risque, mais un krach nerveux.

Les seuls à vraiment faire fortune, ce sont les mecs qui font les plate-formes, les outils d’analyse à la Klout, les consultants SEO, Zuckerberg et autres, parce qu’ils ont réussi à vous faire croire qu’ils étaient indispensables. C’est comme la vente pyramidale ou les méthodes miracle pour gagner beaucoup d’argent sans bouger de chez soi. C’est un système auto-alimenté, c’est tout. Et c’est marrant, parce que c’était le sujet de l’une de mes toutes premières entrées de blog, il y a plus de six ans. Mutatis mutandis, feta salakis. 

Moi ? Hey, moi, je suis mort de rire et tout sauf déçu, comme l’est un barman avec ses habitués et ses nouveaux visiteurs occasionnels et pour qui, d’un coup, c’est Noël parce qu’il y a les TransMusicales qui passent dans sa rue. La communauté existe, elle est cool et ouverte : ça, ça me semble réussi, et c’est ce qui compte.

Alors, rock on, auguste lectorat ! 

2018-12-19T07:11:02+01:00mardi 11 décembre 2012|Expériences en temps réel|16 Commentaires

Bordeaux, c’est toujours bon

Et donc, comme le pressentais par avance vendredi, Bordeaux a été un excellent moment, comme la dernière fois. Je me suis retrouvé à parler pendant plus de deux heures – en comptant la petite discussion “off” sur le trajet pour le compte d’un atelier d’écriture – ce qui est très agréable pour moi, et très mauvais pour mon ego, parce que, hey, ça n’arrange pas l’amour que j’ai du son de ma voix. Merci à tous ceux qui sont venus, (re)venus depuis la dernière fois, à Florence tout particulièrement pour l’organisation, ainsi qu’à Natacha et Jean-Michel, pour les passionantes discussions du soir et aux étudiants, Héloïse, Camille, Sophie, Amandine et Romain, pour leurs questions pertinentes qui m’ont fait dire “ouch” plusieurs fois avant de réfléchir à ce que je pouvais avoir d’intelligent à dire. J’espère ne pas avoir été trop filandreux, notamment à la question “Est-ce que vous subissez Internet ou en tirez des bénéfices” ; un peu des deux, comme tout créateur, mais cela aurait demandé une dissert’ de quatre heures, thèse antithèse synthèse, avec correction par Locke et McLuhan à la sortie. J’espère aussi ne pas avoir fait trop peur. La littérature, c’est vivant, ça saigne, ça bouge et ça respire, nous-mêmes ne comprenons pas toujours ce que nous faisons et d’heureux hasards de narration naissent de notre disponibilité au monde. La seule vraie compréhension qui compte, c’est la sienne propre ; elle est une banderille de torero, elle consiste à dire : “et toi ? et toi ? et toi ?” Si elle dit “et moi ! et moi ! et moi !” comme le fait trop souvent la littérature blanche nombriliste, personnellement, je trouve qu’on s’emmerde. Nous sommes tous des passagers sur le vaste navire de l’existence. Alea jacta est. Gloria sic transit. Merci de ne pas nourrir les girafes.

Cela a aussi été pour moi l’occasion d’une première : une lecture de Léviathan (dans La Nuit, le duel de Masha). Cela faisait longtemps que je voulais faire entendre la voix de l’Ombre telle que je l’entends. Tout l’entretien devrait avoir été filmé ; je répercuterai l’information.

Petite vue de la Garonne (merci à Florence, encore, pour la promenade) un peu pourrie (la faute au portable) mais ce genre de petit souvenir permet d’ancrer les moments dans la mémoire.

Merci encore à tous et à la prochaine, j’espère ! 

2012-12-11T09:28:23+01:00lundi 10 décembre 2012|Journal|4 Commentaires

En vadrouille

En ce moment, je dois me trouver dans un train entre Bordeaux et la Bretagne, revenant d’une intervention dont je doute pas qu’elle aura été très agréable, étant déjà venu en ces lieux en début d’année ; je poste du passé (mélodie oppressante et voix caverneuse) grâce à la possibilité de poster en différé (en fait ça va, l’assistance pousse un soupir de soulagement). Bref message donc, car, en toute franchise, je me fissure un peu sous la charge de travail, tel un bloc de marbre grec contemplant le passage des éons. (Ouais, tant qu’à donner dans la métaphore, autant se servir correctement). L’écriture avance, mais j’ai beaucoup d’autres engagements en-dehors de ça, persos et pros, et tout mener de front commence à être complexe. Mes excuses pour mes sempiternels retards de mail (surtout), je lis toujours tout, c’est me poser quelques minutes pour répondre qui constitue hélas un problème. De manière générale, pour arrêter de décevoir mon monde, je risque de publier encore quelques annonces de service comme celle de lundi afin de clarifier mon jeu, de conserver un peu de santé mentale et de rendre à l’écriture l’espace qu’elle réclame. En résumé : Merci ! Mes excuses ! 

Ça n’empêche pas que je voudrais faire quelques articles de fond pour la semaine prochaine, mais je ne dis pas quoi comment sur quoi, parce que j’ai vérifié la malédiction qui pèse sur ce blog : quand je promets un article, tout conspire à m’empêcher de le faire. Donc, motus.

Mais comme je t’aime, auguste lectorat, je ne vais pas te laisser en plan sans une bonne petite rasade de particules gamma. Bon week-end ! 

2012-12-05T19:18:39+01:00vendredi 7 décembre 2012|Journal|4 Commentaires

Entretien chez Itinéraire-Bis

Après 2000 ans et quelques de littérature, je me demande qui je suis pour écrire des livres et penser que ça va intéresser quelqu’un un jour. Il faut arriver à ce mélange bizarre d’égocentrisme et d’humilité ; on le fait parce qu’on en a envie, et si ça touche quelqu’un, tant mieux, c’est quand même le but du jeu. Mais tout cela n’est que littérature, qui est à la fois la chose la plus importante du monde, et la moins importante du monde. C’est presque secondaire par rapport à tout ce qui se passe de tragique dans le monde, mais, à côté de ça, c’est ce qui fait de l’humanité ce qu’elle est.

Autre entretien réalisé au cours des Utopiales, cette fois par les Chemins de Traverse, très sympathique association rennaise d’écriture (qui propose des ateliers sérieux et de qualité : j’ai participé à quelques séances et j’en garde un très bon souvenir). Nous discutons beaucoup d’écriture, donc, du numéro de funambule requis par le roman, entre contrôle et lâcher-prise, mais cela ne nous empêche pas d’évoquer en détail également les origines des Voies de la Main Gauche et la Main Droite dans la tradition initiatique, ainsi que du rôle de la littérature en général.

C’est sur cette page, sachant que vous y trouverez également des entretiens avec Laurent Queyssi, Jérôme Noirez et une compte-rendu d’une rencontre avec Javier Negrete.

2012-12-05T18:51:34+01:00jeudi 6 décembre 2012|Entretiens|5 Commentaires

“Fragments d’une fantasy antique” dans la Tête en l’Ere

“Lionel Davoust (mon chouchou !) « Faisabilité et intérêt zootechnique de la métamorphose de masse » aborde avec le coté scientifique qu’on lui connait le problème de faim dans le monde. […] Humour, précision scientifique sont les moteurs de cette très belle courte nouvelle. […] Un recueil de nouvelles à ne pas rater empreint d’érudition abordable par tous […] Merci donc à David K. Nouvel et sa bande de doux dingues pour cet exercice extrêmement divertissant et enrichissant.”

Une très belle chronique de Tyrannosaurus Imperium sur cette anthologie, où figure “Intérêts et faisabilité zootechniques de la métamorphose de masse” (merci pour l’avis enthousiaste !), à lire dans La Tête en l’Ere n°21, téléchargeable gratuitement en PDF ici.

 

2012-12-05T17:01:00+01:00mercredi 5 décembre 2012|Revue de presse|Commentaires fermés sur “Fragments d’une fantasy antique” dans la Tête en l’Ere

À Bordeaux jeudi : intervention écriture et cinéma

Salut à toi, Bordeaux ! L’orque débarque boire ton vin pour une rencontre jeudi 7 décembre (ce jeudi-là, oui oui) autour de l’écriture et du cinéma, principalement à travers “L’Île close” (et les réécritures du mythe arthurien) et Léviathan (son lien avec l’écriture cinématographique américaine). C’est à 15h30 à l’auditorium de la maison des étudiants (plan).

J’avais eu le plaisir de faire déjà un déplacement là-bas en début d’année et j’en garde un excellent souvenir malgré quelques malédictions de la SNCF. Le débat sera animé par les étudiants, alors ne les laissez pas seuls face à moi, venez nombreux ! Plus d’infos ici.

2012-12-04T10:06:00+01:00mardi 4 décembre 2012|À ne pas manquer|4 Commentaires
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