Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’écriture sans jamais oser le demander (table ronde aux Imaginales 2024)

Conformément à la tradition, le podcast ActuSF a mis en ligne les tables rondes et les conférences des Imaginales 2024 – merci à toute l’équipe (soit dit en passant, le site est une mine d’or avec des captations remontant à des années). J’ai eu le plaisir de partager un plateau avec Julia Richard et Pascal Godbillon sur les questions / réponses aux jeunes auteur·ices en 2024, où l’on parle de formations, d’édition, de patience et d’artisanat. Merci à Jolan C. Bertrand pour la super modération ! C’est écoutable dans votre lecteur préféré, sur cette page ou même juste ci-dessous :

2024-08-02T02:33:38+02:00lundi 5 août 2024|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’écriture sans jamais oser le demander (table ronde aux Imaginales 2024)

Quelle app pour ses notes (PKM) en 2024 ? Bear notes ou Obsidian.

Okay, ça fait une éternité absolue (par opposition à l’éternité relative) que je promets de parler d’applications de notes, pour construire sa base de connaissances, son journal, ses illuminations sur la vie, l’univers et le reste, j’ai longtemps été un utilisateur acharné d’Evernote mais l’application s’est perdue (en plus de ne pas offrir de chiffrement de bout en bout, ce qui me semble impensable en 2024), j’ai exploré le sujet de long en large, ouvert des comptes d’essai et de bêta-test chez absolument tout le monde (Notion, Onenote, Roam, Tana, Standard Notes, Craft, The Archive, Capacities, Reflect, Logseq, Anytype, Amplenote et j’en passe, j’ai tout, je dis bien tout essayé) et il est venu, le temps des cathédrales.

Qu’est-ce qu’on utilise comme app pour noter ses idées, les construire et les conserver ?

Avec un pareil sujet, j’ai fini par me faire une raison : il est impossible de recommander une application ultime qui convienne à tout le monde, à la fois en raison des différences de mode de travail et des plate-formes. Il va donc être question de deux, les meilleures dans leurs genres respectifs, couvrant le meilleur des fonctionnalités que l’on recherche.

Les fonctionnalités nécessaires

À mon sens, une application de gestion de la connaissance (PKM, comme on dit dans les cercles initiés, pour Personal Knowledge Management) doit présenter a minima les fonctionnalités suivantes :

Une expérience utilisateur (UX) réfléchie et fluide pour permettre de penser rapidement et efficacement. Cela inclut entre autres : des raccourcis clavier nombreux, une interface minimisant le nombre d’interactions pour arriver à la commande désirée, la possibilité de travailler simplement sur plusieurs documents en parallèle. Pouvoir automatiser des tâches est un bonus.

Une application « local first« . On veut pouvoir travailler dans n’importe quelle condition avec l’Internet qu’on a (ou qu’on n’a pas), que ce soit sur ses notes ou ses attachements. (Cela exclut notoirement Notion et Craft.)

Une application soucieuse de la vie privée. Une solution de synchronisation chiffrée de bout en bout est idéale.

La possibilité de relier ses notes entre elles. Les liens entre fiches et documents sont indispensables pour construire une base de connaissances puissante (voir la série Geekriture) et l’on veut pouvoir inventorier les liens pointant vers un document donné (backlinks).

Des options de formatage avancées, notamment les tableaux.

Un format de document ouvert ou au moins une facilité d’export de ses données, on rédigera idéalement en Markdown, ou au moins, il sera possible d’extraire ses données sous ce format. Les applications vont et viennent ; on parle de gérer une base de savoir censée durer sa vie entière, ce qui dépasse la longévité moyenne des outils informatiques.

Une application fonctionnelle sur mobile. Les idées frappent à tout moment et généralement quand on n’a que son téléphone avec soi : il faut pouvoir au minimum capturer ses idées sur mobile.

Ne pas casser le compte en banque.

Bear et Obsidian

Bear et Obsidian sont les deux applications qui recoupent au maximum ces fonctions de façon la mieux fichue avec le moins de désagréments dans les autres domaines, mais elles s’inscrivent dans deux philosophies relativement opposées, en plus de ne pas forcément être disponible partout.

Bear est l’application des minimalistes (ou des personnes faciles à distraire) dans l’écosystème Apple

Si vous êtes sous Windows et/ou Android, arrêtez-vous là, prenez Obsidian.

Bear est une application puissante mais avec une idée très claire de ce qu’elle est, et n’est pas. Vous obtenez un jeu de fonctionnalités abouti, mais rien de plus. N’espérez pas avoir de dossiers, tout fonctionne par tags ; ne cherchez pas de représentation visible de vos liens ou de géolocalisation de vos notes, ça ne sera jamais dedans. Dans Bear, on note vite (une des meilleurs UX du marché), joliment (l’app est une joie à utiliser) et on se réjouit de la myriade de petits détails bien pensés qui en font un bonheur à l’emploi, mais on accepte que c’est une app volontairement limitée pour réduire l’éventail des fonctionnalités et empêcher le bricolage à l’infini. Dans Bear, on choisit un thème, une poignée d’options typographiques, et puis on bosse. Point.

Ce que Bear fait très bien :

  • UX fantastique (c’est beau, rapide, efficace).
  • App mobile avancée, réactive et agréable.
  • Système de classement par tags ultra rapide pour organiser ses notes.
  • Grande simplicité dans la gestion des pièces jointes (images, PDF etc.)
  • La recherche fouille aussi dans vos pièces jointes.

Ce que Bear fait moins bien :

  • Pas de fonctions avancées (graphe, géolocalisation). Si vous avez tendance à tout paramétrer aux petits oignons pendant des heures, croyez-moi, c’est un atout… vous n’avez pas l’excuse de travailler sur votre outil au lieu de dans votre outil. (Voir les risques d’Obsidian.)
  • Pas de lien à des paragraphes ou blocs de texte (seulement à des titres, ce qui peut suffire) ni de transclusion. (Si vous ne savez pas ce que c’est, vous n’en avez pas besoin.)
  • La synchro se fait sur votre propre espace iCloud sans être chiffrée de bout en bout, mais pour moi, c’est suffisant.
  • Système de multifenêtrage un peu bizarre, nécessitant un petit temps d’apprentissage.

Obsidian est un environnement numérique pour la pensée

Par contraste, Obsidian fait tout, mais alors, absolument tout. Et c’est son plus gros piège : on peut le transformer en quasiment n’importe quoi, ce qui est intimidant, et égare le ou la novice.

À la base, Obsidian est un éditeur de fichiers Markdown gérant des liens et un graphe de connaissances. Point. Mais Obsidian est personnalisable dans ses moindres aspects (jusqu’à la position des commandes de l’interface), et présente un écosystème de près de 2000 plugins allant du petit truc pratique (ajouter un raccourci clavier) à la transformation complète de l’application (intégrer une solution de gestion de projets). Beaucoup imitée, Obsidian bénéficie aujourd’hui d’une communauté ultra dédiée, de développeurs assez géniaux et d’une éthique assez unique à notre époque.

Ce qu’Obsidian fait très bien :

  • Obsidian est de loin la meilleure app pour faire incuber ses idées. Tout est reliable, visualisable sous forme de graphe, il est possible d’intégrer des bouts de notes à d’autres (transclusion), ou des requêtes dynamiques, rien que son jeu de fonctionnalités de base est ultra puissant.
  • Obsidian est bâti sur des formats entièrement ouverts (un paquet de fichiers sur votre disque) et se synchronise avec chiffrement de bout en bout.
  • L’écosystème de plugins permet d’ajouter à peu près n’importe quelle fonction. Si vous vous demandez : « Obsidian peut-il faire ça ? », la réponse est oui1. La vraie question sera comment (et c’est là que les ennuis peuvent commencer, voir ci-dessous).

Ce qu’Obsidian fait moins bien :

  • L’app mobile est utilisable, mais un peu lourdingue. C’est pas idéal pour la capture rapide (même si l’équipe travaille dessus).
  • L’app est basée sur le framework Electron : cela signifie que quasiment aucun outil système ne fonctionne dedans (agaçant notamment sous macOS).
  • Plus vous personnalisez Obsidian, plus vous courez le risque que vos ajouts ou plugins cassent avec une mise à jour future, ce qui peut vous pousser à une maintenance malvenue et agaçante (et à éplucher les forums / Discord officiels).

Rapides conseils de survie pour vivre Obsidian sainement

  • Préférez un thème d’interface extrêmement bien suivi et développé pour éviter les migraines (acceptez d’utiliser le thème de base ou bien Minimal, développé par le CEO de la boîte).
  • N’ajoutez un plugin que si vous avez un réel besoin de la fonctionnalité associée, et prenez le temps de le maîtriser avant d’ajouter le suivant. (Limite leur prolifération extrêmement néfaste.)
  • Tenez-vous à distance des vidéos YouTube qui vous expliquent comment le transformer en tableau de bord intégré de votre existence. Vous y viendrez plus tard si nécessaire.

Comment choisir ?

Au final, si vous avez suivi ce qui précède, vous verrez clairement deux écoles.

Déjà, de base, si vous êtes sous Windows et/ou Android, c’est Obsidian. On l’a dit.

Ensuite. Si vous avez une forte tendance à la distraction et à l’obsession pour tout paramétrer au poil, préférez Bear. Vraiment. Vous allez passer des heures à bricoler Obsidian pour voir vos modifications casser progressivement au fil des mois. Faites tout de suite le deuil dudit bricolage et prenez l’outil qui vous empêche de faire ça. Oui, c’est absolument du vécu. (Après quatre ans d’oscillations constantes et d’allers-retours entre les deux, j’ai fini par me fixer sur Bear précisément pour cette raison.)

Si vous n’avez pas de tendance obsessionnelle au paramétrage, que vous voulez juste prendre des notes puissantes en Markdown avec peut-être une poignée de fonctionnalités choisies et que vous n’avez pas besoin d’une app mobile parfaite, Obsidian vous réjouira. On ne fait pas mieux dans cette catégorie.

À vous les studios : Bear | Obsidian

  1. On y trouve entre autres un lecteur de podcasts et un moteur de bases de données.
2024-07-28T02:31:05+02:00mercredi 31 juillet 2024|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

« Si vous ne descendez pas vous aussi dans l’arène vous faire botter les fesses, votre avis ne m’intéresse pas »

L’autre jour, entraîné par un lien malencontreux, j’ai fait le truc qu’il ne faut absolument jamais, jamais faire parce que c’est très dangereux – non, pas mettre les doigts dans la prise – non, pas manger les jolis champignons rouges – non, pas emmêler ma cravate1 dans un ventilateur – mais, pour la créativité et le moral, c’est à peu près aussi mortel : je me suis perdu sur quelques chroniques idiotes de mes bouquins. Notez bien que je ne dis pas négatives, je dis idiotes. Il existe des tas de chroniques négatives intelligentes et/ou constructives et/ou qui reconnaissent quand la rencontre ne s’est pas faite pour des raisons purement personnelles et font la part des choses avec les qualités du travail et ça, on serre la paluche de la personne en disant : ben oui, absolument, bien sûr, buvons un coup. (Ça commence en coulisses, soit dit en passant, par le travail avec les bêta lecteurs et sa direction éditoriale : sachez, mes amis, que les livres n’apparaissent pas de rien, ils ont la forme qu’ils ont parce qu’il y a eu des passes de correction avec des équipes, donc les choix qui s’y trouvent ont en général été tous soigneusement soupesés, on s’efforce de maîtriser ce qu’il y a dedans et pourquoi.)

Peu importe qu’elles soient une poignée perdues dans – j’ai cette chance, merci mille fois, auguste lectorat, surtout quand on se coince bêtement la cravate dans une prise de champignons rouges – une majorité positive, voire très positives ; hélas le cerveau (surtout quand il neurodiverge) a, sur l’instant, tendance à se focaliser sur ça au détriment du reste (surtout, bis, quand on bosse depuis des années sur un projet colossal qui avance par centimètres malgré les heures investies quotidiennement et qu’il faut combattre le syndrome de l’imposteur à l’arme nucléaire).

C’est absolument ridicule. Je suis parfaitement au courant. Alors, dans ces cas-là, je repense autant que possible dans ces cas-là Elizabeth Gilbert dans Big Magic avant de baisser la tête et de me remettre au taf.

Que ma mésaventure, donc – manger une prise de courant en emmêlant mes champignons rouges dans une cravate – puisse éventuellement servir à d’autres qui tombent sur cette page (« Et ces traces, un jour, un autre être affligé, / Voguant sur l’Océan solennel de la vie, / Pauvre frère en misère, et seul et naufragé, / En les voyant, Peut-être aura plus d’énergie. » – Longfellow).

Parce que, justement, une autre source peut faire du bien dans ces moments-là, et c’est Brené Brown, qui propose une approche très saine et ouverte pour affronter ce genre de critique (elle mentionne que dans son cas, évidemment, on s’en est pris à son physique, parce qu’Internet est rempli de cons) :

  • Réserver toujours une place dans son Colisée mental à ces critiques idiotes, parce qu’elles sont inévitables, donc autant reconnaître leur présence ;
  • Mais leur répondre : je vous entends, je vous vois, mais si vous ne descendez pas vous aussi dans l’arène vous faire botter les fesses, votre avis n’entre pas en ligne de compte.

Perso, j’aurais dit « j’en ai rien à carrer », mais c’est parce que j’adore secrètement utiliser des gros mots devant des publics de cadres.

Prenez soin de vous.

  1. C’est là qu’on sait que je ne suis qu’un bonimenteur, la dernière fois que j’ai porté une cravate remonte au XXe siècle.
2024-07-24T02:23:33+02:00mercredi 24 juillet 2024|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : Typinator, l’expansion de texte à la vitesse de la lumière

Okay, je vous ai fait l’article avec TextExpander pendant des années, et donc chanté les louanges de l’expansion de texte : tout ce qui permet de taper du texte plus vite est une bénédiction, surtout quand on écrit, mais pas seulement. Nous passons nos vies à écrire ne serait-ce que des mails, nos claviers sont un mode d’interaction majeure de nos vies modernes, donc gagner du temps et de l’efficacité, c’est bien. J’ai longtemps promu TextExpander, mais ses performances de plus en plus mauvaises + sa formule absurde sur abonnement m’ont incité à chercher une autre solution.

Et celle-ci existe : elle est non seulement extrêmement rapide (beaucoup plus que TextExpander), mais ne requiert pas d’abonnement (MIRACLE), et c’est Typinator (sur Mac uniquement).

C’est pas sexy, hein ? C’est parce qu’il faut que je vous en cause.

En deux mots (enfin, un peu plus, sauf si vous utilisez l’expansion de texte), l’expansion de texte permet de taper une courte abréviation qui devient étendue en une expression au choix : par exemple, mon propre catalogue transforme ci-précédemment la chaîne « p.ex » en « par exemple ».

Avec l’expansion de texte, on peut1… 

Taper rapidement les mots fréquents :

  • jms → jamais
  • tps → temps
  • zk → Zettelkasten
  • prc → procrastination
  • dc → dranaclase…

Taper ses titres de livres et nouvelles qui reviennent tout le temps, surtout si on a la bonne idée d’en faire à rallonge :

Insérer d’un coup les liens qu’on emploie tout le temps :

Taper les formules de politesse courantes :

  • bcdt → Bien cordialement
  • vdisp → je reste à votre disposition
  • saldis → Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de mes salutations distinguées…

Taper simplement des caractères spéciaux et symboles pratiques :

  • -> donne →
  • => donne ⇒
  • et ça marche aussi avec les émojis : ee:) donne 🙂
  • eeid donne 💡
  • ee? donne ❓…

Insérer rapidement des macros comme la date et l’heure :

  • sdd insère la date au format année-mois-jour (2024-07-14)
  • hhh insère l’heure au format heure:minutes (13h39)
  • !z insère un timestamp pour repérer un document de manière unique au format date + heure-minutes (202407141349) (capital dans certaines approches du Zettelkasten)

Gérer la typographie des applications qui ne connaissent pas les règles françaises :

  • " donne « » (guillemets à chevrons prêts à l’emploi)
  • !! donne espace insécable + ! (conformément aux règles)
  • -- donne – (tiret semi-cadratin)…

Faciliter l’entrée du balisage Markdown :

  • mkl donne []()
  • mkfn crée [^] (lien vers une note de bas de page, fn pour « footnote »)
  • mkcd crée un bloc de code prêt à l’emploi, sauts de ligne inclus…

Créer des macros pour automatiser la création de texte : Il est très simple de créer des textes à trous pour des messages-type où l’on va remplir les champs à la volée (par exemple « cher Monsieur / chère Madame ») et taper automatiquement la touche tabulation pour changer de champ à la volée, permettant par exemple de pré-remplir un mail standard.

Attends, mais on ne peut pas déjà faire ça avec les remplacements de texte du système ? Non. En tout cas, pas aussi bien. Les macros sont impossibles, mais surtout, il est impossible de forcer l’outil système à différencier l’emploi des majuscules et minuscules, ce qui est capital pour moi si j’écris vdf pour désigner le Verrou du Fleuve, la ville de Loered, dans le cours d’une narration, ou bien Vdf, Le Verrou du Fleuve, le titre de livre, tome 2 de la saga « Les Dieux sauvages ».

La beauté de la chose par comparaison avec les outils du type intégrés, par exemple, à Word, c’est que c’est un outil qui fonctionne partout sur le système, donc ça marche aussi dans Scrivener, Slack, Mail, Obsidian… et qu’il est possible très simplement de synchroniser son répertoire d’abréviations entre machines en plaçant le fichier dans un répertoire cloud quelconque. En gros, on détermine ses abréviations une fois pour toutes. C’est un outil tellement puissant et utile qu’il m’empêche de voir l’iPad comme une machine sérieuse, car cette intégration profonde est impossible sous iOS et me ralentit clairement quand elle est absente.

Typinator est le meilleur outil du genre que j’ai pu tester (c’est le plus rapide, de très loin) avec un modèle économique donc respectueux de l’utilisateur (un achat une fois pour toutes, avec des mises à jour majeures payantes). Et c’est pour cela qu’il rejoint la boîte à outils de l’écrivain.

➡️ Découvrir Typinator (démo gratuite, lien affilié)

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Tous les exemples viennent de mon propre catalogue.
2024-07-14T06:57:54+02:00lundi 15 juillet 2024|Best Of, Technique d'écriture|3 Commentaires

De l’écriture à la patinoire

Reçu cette question récemment :

J’ai fini la lecture de votre livre, il m’est d’une précieuse aide pour tenter d’écrire. C’était drôle et bien expliqué, merci, vraiment. […] je souhaitais aussi vous posez une question dont je n’ai pas trouvé la réponse, ni sur votre site, ni sur internet. 

Est-ce qu’on peut écrire une partie un point de vue en narration externe aligné strict à un temps de narration présent (car je trouve que ça colle avec mon perso mais j’ai cru comprendre que c’était moins usité/conseillé quand on débute) et repasser à un temps de narration au passé plus classique pour les autres points de vue? 

Ou faut-il le même temps de narration pour tous et faire un choix?

Déjà, merci beaucoup pour Comment écrire de la fiction ; ravi que cela ait pu être utile – et drôle (mon but était : avec toutes les empoignades autour de la technique d’écriture, si vous n’êtes pas d’accord avec moi, au moins, je vous aurai fait glousser bêtement).

Excellente question et, pour celle-ci et en fait plein d’autres, il me faut faire un détour par l’improvisation théâtrale.

L’impro a été formalisée au tournant des années 80 par un petit groupe d’expérimentateur·irces sur cette forme nouvelle, dont un certain Robert Gravel, qui a documenté et écrit deux courts bouquins sur le sujet (avec Jean-Marc Lavergne, sobrement intitulés Impro I et Impro II). Et à un moment, il parle de la patinoire et de sa codification.

L’impro, dans sa forme codifiée au Québec, ne se pratique pas sur une scène, mais une patinoire, laquelle est directement inspirée de la patinoire du hockey sur glace, un muret d’un mètre de haut environ qui entoure la zone de jeu :

On pourrait penser que parce que, haha, c’est des Québecois, ils ont fait un truc en lien avec le hockey, regardez comme c’est drôle. Sauf que peut-être, mais pas seulement. Gravel explique (de mémoire) que la patinoire a un effet particulier sur la discipline. Elle coupe la silhouette du joueur en deux, ce qui le réduit presque à une marionette grotesque, et c’est le cas en effet si la personne ne donne pas tout à son jeu : la patinoire ajoute une difficulté supplémentaire qui pardonne peu. En revanche, avec quelqu’un qui se consacre intégralement à son jeu, qui a à la fois les bonnes idées et la compétence théâtrale, la patinoire disparaît totalement et n’a plus aucune importance.

Soit : la contrainte aiguise le danger de la discipline chez ceux et celles qui n’ont pas la compétence et/ou l’engagement dans leur jeu. Mais quand la magie opère, la contrainte est transcendée.

J’imagine que vous voyez où je veux en venir. Un chapitre de Comment écrire de la fiction ? s’intitule « Tout est possible, tant que c’est bien fait ». C’est la réponse à la question posée comme à la situation de la patinoire : sortir des codes, ajouter une contrainte inhabituelle (un muret d’un mètre de haut, un changement de temps de narration ou – c’est souvent la question analogue – un changement de focalisation dans le choral, passer du « il/elle » au « je »), c’est courir le risque de « briser le rêve de la fiction » cher à John Gardner. C’est s’ajouter une occasion supplémentaire de se prendre les pieds dans le tapis et d’avoir l’air d’une marionnette grotesque ; que l’artifice révèle l’artificialité.

Mais si ça marche, bon dieu, ça marche, et la contrainte devient sublimée, le jeu / l’œuvre s’appuient dessus et la transforment en force, la transcendent au lieu d’être limités par elle.

Tout est possible tant que c’est bien fait.

De manière générale, je pense, à ce titre, qu’il faut faire confiance à son sentiment, son envie, ses tripes. Si la forme que tout cela dicte est inhabituelle, inusitée, peu importe, c’est la forme qu’il faut. Il est toujours possible de voir ensuite si c’est pertinent / si la contrainte est transcendée. Et si ce n’est pas le cas, de corriger en fonction ; car, contrairement à l’impro, l’écriture n’est pas un art de représentation. On a une infinité de chances d’y arriver du premier coup.

2024-06-24T02:42:48+02:00lundi 24 juin 2024|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Vous écrivez dans des apps en ligne à vos risques et périls

Un peu plus tôt cette année, une autrice a relaté une mésaventure assez glacante : ses livres en cours d’écriture et de bêta-lecture avaient été signalés comme « inappropriés » par Google Docs, la rendant incapable de partager ses documents dans son cercle.

Au risque de rabâcher, vos créations figurent parmi les choses les plus précieuses de votre existence. Elles sont beaucoup trop importantes pour être confiées à un service en ligne, en tout cas qui ne soient pas chiffré de bout en bout. K. Renee écrit de la romance épicée, déclenchant probablement la méfiance du robot, qui ignore la destination des publics, la nuance, la différence entre fiction et réalité. Je reçois toujours de loin en loin des proposition de test d’application d’écriture, mais si la chose est en ligne, c’est une disqualification directe.

Je veux pouvoir écrire ce que je veux, avec les maladresses, biais, bêtises, errances, érotismes, et même potentiellement déviances qui président à la recherche artistique sans craindre un regard sur l’épaule. (Je veux pouvoir écrire hors ligne, aussi.) L’écriture n’est pas un art de représentation : la phase de correction vient juger et parfaire ce qui doit l’être après coup, après que les erreurs ont été commises. Et tout cela se fait en local, ou chiffré dans le cas d’une synchro via le cloud ; ne pas le faire, comme le montre la mésaventure de K. Renee, pose un risque certes faible, mais toujours présent – et désastreux s’il se déclenche.

Car, comme le dit l’adage : le cloud n’existe pas. C’est juste l’ordinateur de quelqu’un d’autre.

2024-05-28T16:38:23+02:00mardi 28 mai 2024|Best Of, Technique d'écriture|1 Commentaire

La combinatoire des « Intelligences Artificielles » et la création artistique humaine n’ont rien à voir (et il faut arrêter avec ça)

Les grands modèles de langage (LLMs), appelés communément Intelligences Artificielles, véhiculent évidemment un certain nombre de fantasmes (récemment, dans la série de télé-réalité The Circle, l’un des « candidats » était en fait une IA – et je trouve vertigineux d’être seulement en train d’écrire cette phrase tranquillou bilou), mais aussi de notions qu’on va poliment appeler des conneries, véhiculées par des techbros et reprises aveuglément par des nigauds, que désamorcer prendra(it) plusieurs articles, et si j’ai le courage j’irai, mais pour l’instant, aujourd’hui :

Cette idée répandue que, au bout du compte, la création artistique humaine n’aurait rien de spécial, car l’inspiration venue des œuvres rencontrées au cours de la vie et les entrants d’un modèle de langage sont finalement de même nature : la recombinatoire.

Fucking bullshit.

D’abord, un rappel extrêmement rapide de la manière dont fonctionne un LLM : après avoir été nourri d’une colossale quantité de textes, le modèle apprend statistiquement à enchaîner les mots selon des probabilités correspondant à ce qu’il a vu dans son dataset. Par exemple, après un sujet tend à venir un verbe, puis tend à venir un complément (je schématise). La question qu’on pose au modèle, plus le contexte éventuel qu’on lui donne (le prompt) va pondérer le modèle de manière à orienter sa réponse de façon cohérente avec la demande de l’utilisateur·ice. Il ne s’agit pas d’écrire quelque chose de vrai, mais quelque chose qui soit statistiquement vraisemblable dans le contexte donné (d’où les hallucinations et inventions).

De façon fondamentale, il fait de la combinatoire à partir de ce qu’il a reçu, un peu à la manière de « La bibliothèque de Babel » de Borges. Il ne peut rien sortir qu’il ne lui ait été entré.

De ce fonctionnement, les techbros assènent qu’au final, la création artistique est identique : un humain reçoit un certain nombre d’inspirations dans sa vie, il est exposé à des œuvres, et recompose la sienne à partir de ce qui est venu avant lui. C’est la vieille idée (tout aussi fallacieuse, tout cas dans son application étroite, mais un seul combat à la fois) que « tout est remix ». Donc, la création humaine n’a rien d’original, les LLMs feront aussi bien, et l’activité créatrice en soi n’est pas originale non plus. (Venez greffer par-dessus le discours ahurissant que les créateur·ices sont des « privilégiés » et vous avez le tableau complet de la bêtise technique tonneau 2024.)

Again, fucking bullshit, et voici pourquoi.

Les gens ne recrachent pas, ni ne recombinent les entrants, ils les métabolisent. Ils les évaluent en permanence et les digèrent à l’aune de leur propre vie, et c’est ce regard qui préside à la composition d’une création. Et c’est ça qui compte. Même si l’on prend l’approche la plus réductionniste du cerveau et de l’existence (un point de vue bien triste, mais admettons ici), en postulant que nous fonctionnons exactement comme des LLMs (notre vision se construit strictement sur des entrants, sans réflexion intrinsèque, ce qui est sans aucun doute faux), nous avons une vie entière où puiser. Les LLM n’ont rien de cela. Nous vivons constamment des expériences, à chaque instant, qui nous nourrissent consciemment et inconsciemment, qui interagissent avec nos ambitions, rêves, peines et traumas – avec notre chair même –, ce qui alimente notre point de vue et, au final, se retrouve injecté dans notre travail, en partie à notre insu, d’ailleurs – et diffracté, en outre, par le prisme d’un autre personnage dans le cas de la fiction.

Tout ça, ça s’appelle bêtement vivre.

Parce que, ce qui compte dans une œuvre, ce n’est pas l’idée, c’est l’exécution. Prenez l’intrigue la plus vieille du monde – « le garçon rencontre la fille, la fille meurt » – et vous faites Tristan et Yseult jusqu’à West Side Story ainsi que les variations inverses comme Titanic. Personne n’achète une idée. Les idées, tout le monde s’en fout. C’est l’exécution sincère et personnelle d’une idée qui compose une œuvre. Et elle est nécessairement unique car elle s’enracine dans la personnalité du créateur·ice1, et donc elle est nécessairement originale.

Comme on dit dans l’écriture : « peut-être que tout a déjà été écrit, mais pas par toi. » Dans la création, c’est la réelle chose qui compte. C’est cette personnalité du regard qui va toucher le public. Malgré les aspects fondamentaux communs de l’expérience humaine, personne n’a la même vie, personne n’a le même regard. (On en parle tout le temps dans Procrastination.)

Plus un film est japonais, plus il est universel.

Akira Kurosawa

Par contraste, les LLMs ne peuvent recomposer que ce qu’on leur donne, sans recul, sans introspection, sans expérience – sans cœur.

Donc, réveillez-moi quand on leur filera un corps faillible et qu’il traverseront deuils, ruptures, vieillissement, euphories, extases, plaisirs à l’échelle d’une existence entière, et que cela informe leur vision2. Mais dans l’intervalle, ça n’a bon dieu de rien à voir et faut arrêter avec ces conneries.

Bref. Si l’aspect technique vous intéresse, je pose au passage cette vidéo de Bertrand Serlet (ancien VP d’Apple), assez ardue mais qui entre dans le détail technique du fonctionnement des LLMs, et qui montre la fondamentale différence avec l’expérience humaine.

  1. Soit dit en passant, c’est l’un des piliers philosophiques du droit d’auteur à l’Européenne, qui remonte à Kant et sa théorie de la personnalité.
  2. Soit, au rythme où vont les choses, quelque part comme le 25 septembre prochain, j’imagine.
2024-04-26T18:08:28+02:00lundi 6 mai 2024|Best Of, Humeurs aqueuses, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La combinatoire des « Intelligences Artificielles » et la création artistique humaine n’ont rien à voir (et il faut arrêter avec ça)

De l’usage des tirets d’incise comme marque de rythme

Tout récemment reçu ceci, ce qui fait extrêmement plaisir, pas seulement pour les bouquins mais parce que quelqu’un s’en est rendu compte, et aime :

En lisant Port d’âmes (que j’ai adoré!) et Comment écrire de la fiction (un vrai phare dans la purée de pois de l’écriture de mon roman) j’ai remarqué que tu utilises régulièrement des tirets en fin de phrase – un peu comme pour préciser la pensée mais sans faire une autre phrase. C’est la première fois que je remarque cette façon de procéder et elle me plaît beaucoup. Seulement, j’ai quelque difficulté à tirer de mes observations une règle claire d’utilisation (même si j’imagine qu’il n’existe pas de règle précise à ce sujet).

A l’occasion d’un article de blog, pourrais-tu expliquer comment tu procèdes? Comment fais-tu le choix de mettre, ou pas, des tirets en fin de phrase? D’où tires-tu cet usage?

Absolument. (Au cas où, pour voir ce dont il est question, voici un petit bout de Port d’Âmes).

Effectivement, il ne me semble pas que ce soit tellement courant en français. Pour ma part, très clairement : j’ai piqué ça à l’anglais, où c’est très répandu. En anglais, l’usage du point-virgule en narration est un petit peu plus rare qu’en français ; on tend à employer à la place un tiret, ce qui déborde sur un effet plus vaste de coupure. Ce genre de truc est ultra fréquent :

He turned around – and there she was.

Or, en français, on utilise le tiret principalement pour l’incise. Juste au-dessus du passage précédent, on trouve ça :

Qui est là l’usage « strict » du tiret d’incise en français, fonctionnant par paires, un peu comme des parenthèses, et formant une proposition isolée du reste du texte1.

Sauf que ça se complique. En français, le deuxième tiret d’incise est omis s’il se trouve en fin de phrase ou de proposition ; pour être clair, on l’omet s’il est suivi d’un point-virgule, point d’exclamation ou d’interrogation. En toute rigueur (et nonobstant les erreurs typographiques que ça représente), les extraits précédents pourraient s’écrire de la sorte :

On ne venait pas à la Cité franche sans raison – fût-ce seulement le souhait de se perdre –.

Une femme seule – en fuite, peut-être ? –.

C’est absolument faux mais vous voyez l’idée. La phrase se termine-t-elle parce que le second tiret est absorbé par le point ? Ou bien s’agit-il d’une rupture à l’anglaise ?

Aha. Qui sait ? Ce n’est pas à moi de vous le dire. Et c’est une grande partie du truc.

Je joue volontairement sur un mélange entre les conventions des deux langues dans mon propre travail. En français, le tiret marque conventionnellement une rupture forte – presque davantage que le point-virgule. (See ? I did it again.) Mais en l’employant avec la libéralité de l’anglais, je m’arroge un marqueur de rythme supplémentaire et différent ; l’effet d’un changement soudain de direction, et pourtant dans la continuité de ce qui précède (le tiret d’incise marque à la fois une précision et une coupure puisqu’on insère autre chose dans le flux linéaire de la phrase). Je m’offre littéralement un signe typographique supplémentaire aux règles relativement floues (puisque partiellement importées d’ailleurs), m’octroyant donc de la liberté, qui peut tantôt marquer une coupure sémantique plus nette que le point-virgule, une rupture pour un effet de théâtre – et bim ! –, tantôt au contraire une précision finalement douce dans le flux du texte – un peu comme ici en revanche.

Ça a en plus un intérêt fondamental dans ce métier : l’effet repose partiellement sur l’interprétation du lecteur·ice, ce qui le pousse à l’investir et donc à s’approprier / habite le récit. Ce qui est le cœur de toute narration.

Et surtout, et c’est ma raison première d’en faire usage, cela crée une illusion de superposition, de recoupement. Je cause dans Comment écrire de la fiction ? du problème que représente le tesseract de la fiction (en deux mots, la littérature est une forme strictement linéaire – on lit toujours phrase à phrase – alors que le théâtre de la fiction est multidimensionnel – sensorium, action – et une des grandes difficultés de notre art consiste à « compresser » cette multidimensionnalité dans la linéarité du langage). Le tiret me permet une « tricherie » – une illusion, certes, mais on en retire l’impression d’une bousculade, que les parties de la phrase se superposent en partie parce que le tiret induit en principe une retenue pour une respiration.

Reprenez l’exemple anglais :

He turned around – and there she was.

Il se retourne, avec une intention initiale – quand soudain, tiret ! Changement. Préparation subtile d’une microseconde, retenue du souffle, on sait qu’autre chose se prépare mais pas encore quoi ; le personnage le sent peut-être déjà intuitivement, du coin du regard, mais pas encore, et d’un coup – il la voit. (Remarquez comme je l’ai refait ici, en plus étalé.) Surprise, glissement, mais le souffle peut reprendre ; cet espace génère (à ma sensibilité en tout cas) une superposition mentale des deux parties de la phrase et contribue énormément à déployer la multidimensionnalité du théâtre mental de la littérature.

Un peu cet effet-là si on essayait de se la jouer Maison des feuilles.

En tout cas, c’est mon ressenti, alors c’est ce que je fais.

Y a-t-il des règles ? Pas vraiment que je sache. À partir du moment où l’on fait bien la part des choses entre le véritable tiret d’incise français et cette espèce de tiret de rythme, auquel cas pour ma part j’importe les règles de l’anglais, où cela se comporte plus ou moins comme un gros point-virgule2. Je plaisante souvent en disant que les auteur·ices ne font pas de faute de français, ils font progresser la langue ; le premier qui refuse qu’on s’octroie d’être un peu créatif avec la typo d’une manière non-intrusive pour se donner un outil supplémentaire puissant et évocateur, je l’assomme avec l’intégrale de Danielewski.

Et il est donc très important de préciser qu’on est d’accord que je ne prétends pas avoir inventé ça, ni avoir été le premier à l’importer ainsi. On trouve des citations qui en font usage partout dans la littérature française. Mais je trouve intéressant qu’une brève recherche ne fasse pas du tout apparaître cet usage dans les sites grand public du français en France, alors qu’il est cité systématiquement dans tous les sites québécois (lequel est au contact quotidien de l’anglais), y compris les moins techniques. (Voici par exemple ici, et .) (Faudrait que je fouille dans mon Grévisse, mais il est actuellement dans un carton à 17000 km.)

Il faudrait enfin parler du tiret de fin de phrase ou de paragraphe, qui représente clairement un emprunt visuel à une typographie très moderne, dans le but de marquer une rupture immédiate, une destruction de phrase pour marquer la surprise, l’ébahissement ou l’horreur – quand le point d’exclamation ne suffit pas, parce qu’il permet de terminer la pensée ! Alors que là… ça monte… que va-t-il se passer ? Et, d’un coup – 

Je repose mon cas.

  1. Et d’ailleurs, dans le premier extrait, a-t-on affaire à deux phrases interrompues ou à une seule grosse incise ? À vous de voir.
  2. Sachant que la typographie anglaise n’impose pas d’espace avant les signes doubles au contraire du français – words flow like this; as, they do, here –, je me demande si cet usage du tiret n’a pas émergé d’un besoin de marquer une coupure visuelle plus nette par rapport à la virgule, alors qu’en français, l’espace insécable marque plus clairement la différence ; on le constate juste ici.
2024-04-20T10:08:12+02:00mercredi 24 avril 2024|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Comment relayer automatiquement vos articles sur Bluesky

J’adore Bluesky. Vraiment. C’est tout ce qu’un réseau « social » aurait dû offrir depuis le jour maudit où ils sont apparus sur Terre. Dégager les fâcheux est merveilleusement simple et radical, la vue chronologique empêche toute course à l’engagement, au like, au post viral, et s’il ne se passe rien, il ne se passe rien. C’est Twitter quand c’était rigolo, avec l’esprit des débuts du Net, et une modération efficace entre les mains de l’utilisateur·ice. Pour mémoire, c’est ouvert à tout le monde depuis quelque temps.

Un seul défaut : la jeunesse du réseau implique qu’il est difficile d’y automatiser en particulier le relais de ses articles ou des nouvelles de son site. Le protocole le permet en théorie, mais pour l’instant, je n’ai trouvé aucun plugin WordPress qui fonctionne. J’ai un temps fonctionné avec un service docker tournant sur mon Synology, mais la fiabilité était trop aléatoire à mon goût.

Mais j’ai enfin une solution qui marche : le service DLVR.it. C’est un genre d’IFTTT ou de Zapier limité aux réseaux. Dans les faits :

  • Vous récupérez l’adresse du flux RSS de votre site ;
  • Vous générez un mot de passe spécifique pour application dans l’interface de Bluesky ;
  • Vous dites à DLVR.it de relayer l’un à l’autre.

C’est tout simple, ça fonctionne, c’est gratuit, et on peut même raisonnablement personnaliser l’aperçu des liens. Je n’ai pas d’affiliation sur ce coup-là, je suis juste heureux de partager, parce que, encore une fois, Bluesky, c’est vachement bien.

➡️ DLVR.it

2024-02-26T07:23:59+01:00mercredi 28 février 2024|Best Of, Lifehacking|Commentaires fermés sur Comment relayer automatiquement vos articles sur Bluesky

L’Alphasmart, ancienne alternative low-tech aux Freewrite

J’attends toujours une réponse satisfaisante du support technique d’Astrohaus concernant leur changement de disposition clavier non documenté sur les Freewrite, et ça s’annonce mal (le premier retour prétend que c’est dans les notes de version – non – et évacue totalement la question. Avant de les incendier ici en cas de fin de non-recevoir, je vais insister).

Dans l’intervalle, auguste lectorat, si tu es intéressé par le concept d’une machine à écrire sans distraction, je porte à ta connaissance l’existence des Alphasmart (à ne pas confondre avec l’Alpha, de la même compagnie qui fabrique les Freewrite, et a racheté la marque déposée). La compagnie a coulé dans les années 2000, mais on trouve encore quantité de leurs machines sur eBay entre 60 et 150€ selon le modèle et l’état. (Soit, bien sûr, une fraction du prix d’une Freewrite.)

Plus basique que cette machine, tu meurs : c’est un clavier relié à un écran LCD de quelques lignes. Aucune connexion au nuage, aucune manière d’expédier les documents de façon moderne : on transfère les textes en la branchant en USB sur un ordinateur, en ouvrant un traitement de texte, et en pressant le bouton Send. La machine retape alors l’intégralité du travail tel un clavier automatique. C’est littéralement l’orgue de barbarie du traitement de texte, mais ça assure leur compatibilité avec les machines d’aujourd’hui (et du futur). Enfin, les piles qui l’alimentent fonctionnent apparemment pendant des mois et elles sont bâties comme des tanks.

Le problème, pour un utilisateur francophone, c’est que les Alphasmart ne peuvent pas se passer en clavier AZERTY (il semble exister des manipulations ésotériques en ligne, mais ça me semble très peu documenté). Néanmoins, quantité d’anglophones ne jurent que par l’Alphasmart, qui forme une alternative excellent marché aux Freewrite. Il faut juste accepter d’apprendre le QWERTY (ou le DVORAK). Je sais, c’est pas idéal.

Mais bon, contrairement aux Freewrite, on ne risque pas de changer la disposition du clavier ni ajouter un service d’abonnement d’un seul coup, hein ?

2024-01-29T01:22:41+01:00lundi 29 janvier 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur L’Alphasmart, ancienne alternative low-tech aux Freewrite
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