Un million de signes pour La Succession des Âges

Parce que bon, au stade où on en est, fêter 300 000 ou 600 000, ça devient trivial. (À un moment, tuez-moi)

Les esprits affûtés que vous êtes auront peut-être remarqué que un million, c’est la moitié de deux (jusqu’ici on est d’accord), et que la barre de progrès du livre n’affiche pas 50%. Comment que quoi ? J’ai un algorithme personnel d’une opacité digne de PageRank qui mélange le volume du manuscrit à là où j’en suis dans l’histoire, et qui s’appelle : le Doigt Mouillé (patent pending). En vrai, dans mon calcul de progression, je surestime encore la taille du livre avec une vague louche. Je voudrais reprendre pas mal de choses à terme sur ce premier million, mais c’est le second qui va m’aiguiller pour ce faire. Niveau progression absolue, j’approche des 50%. Par rapport à l’histoire, c’est legit.

C’est parti pour le suite.

2021-07-22T17:24:48+02:00jeudi 29 juillet 2021|Journal|10 Commentaires

Les yeux à leur place

L’Oscar de la décision sexiste de la semaine est remporté par la Fédération européenne de handball, qui vient de sanctionner l’équipe de beach handball norvégienne d’une amende de 1500 € parce que, scandale, elles ont osé porter un short plutôt qu’un bas de bikini qui leur couvre au maximum 10 cm des fesses (ah oui mais c’est dans le règlement international, que voulez-vous qu’on vous dise).

(Erreur dans la légende du post, c’est bien de beach handball dont on parle.)

À un moment, hein, ça va se voir, le male gaze. Même si quelqu’un de normalement constitué saisira immédiatement l’aspect tant discriminatoire que complètement con d’une telle décision, décortiquons-la deux secondes. La tenue correcte de l’athlète sur le terrain, l’étiquette de l’uniforme pour le respect de la discipline, OK, je veux bien, mais franchement, qu’on ose soutenir que les tenues des athlètes ci-dessus manquent de respect à qui que ce soit ? Personnellement, alors que je n’ai rien contre les jolies filles en maillot dans l’absolu, je trouve ça surtout méga malaise, la tenue officielle imposée. Imposée : c’est tout le nœud du problème.

Évidemment, y en a pour chouiner en râlant que ça devient interdit de mater de jolies filles. Alors, un petit enfonçage de portes ouvertes : le beach handball, le but, rappelez-moi, c’est de la compétition sportive, ou bien c’est mater des jolies filles pour satisfaire le regard masculin ? Non parce que là, d’un coup, on peut se poser la question de la finalité du truc, vous comprenez.

Personne n’interdit à personne l’activité du plaisir esthétique scopique (visuel) (et d’ailleurs, il est grand temps que l’on diversifie ça ; la fiction cinéma / télé actuelle s’y emploie – heureusement pour la santé mentale collective de notre espèce qu’on commence à montrer aussi des corps masculins sympas à regarder, et aussi, mais c’est un autre sujet, des corps de tous horizons un peu plus proches de la normale courante), mais – et j’arrive encore une fois pas à croire que je doive écrire ça – il y a des contextes pour ça, où se situe la notion centrale de consentement. Les athlètes disent qu’elles « se sentaient nues » dans la tenue obligatoire, et franchement, on les comprend : il est où, le bien-fondé de la règle ? C’est un match sportif ou un défilé de Victoria’s Secret ? Si elles étaient OK pour la tenue courte, pas de problème, more power to them ; en revanche, ce genre de règlement ne devrait juste pas imposer la surface de peau qu’on doit voir, surtout dans ces zones-là (et encore une fois, voyez mon expression ahurie devant le fait de devoir taper ça en 2021).

À tous les mecs en chien qui râlent : comprenez que vous IMPOSEZ votre regard comme une relation de pouvoir basée sur la possession (c’est la fondation du male gaze) et ça n’est juste pas tolérable. Personne ne vous interdit dans l’absolu de regarder, de désirer, de fantasmer, voire d’avoir des relations de pouvoir dans l’intimité, de réifier vos partenaires si c’est votre truc, mais juste, vous faites ça avec les gens qui sont d’accord et qui ont les mêmes trips que vous. Ou qui n’ont pas de problème pour se montrer ; tout ça existe, le monde est vaste.

Juste, pas au cours d’un match de beach handball, bande de braques à bras.

2021-07-28T16:30:14+02:00mardi 27 juillet 2021|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Pleinement vacciné

Et voilà, ma semaine est passée. Liberté et sérénité !

Faites-vous vacciner, bon dieu. La Cour Européenne des Droits de l’Homme dit elle-même que la vaccination obligatoire est une nécessité dans une société démocratique. Il est ubuesque qu’on « laisse le choix » sur un dossier aussi grave par crainte de froisser des croyances antivax totalement absurdes ou des « sensibilités ». Tout cela n’a strictement aucun fondement scientifique. Ce qui en a en revanche bel et bien, ce sont les QUATRE MILLIONS de morts (et ce n’est hélas pas fini), les vies détruites par la crise économique, l’impact des restrictions sur la santé mentale collective.

Je ne cesse de penser à tous les pays qui cherchent des doses qu’ils n’arrivent pas à avoir. Ici, globalement, nous en avons, maintenant. En plein milieu d’une pandémie, la vaccination obligatoire ne semble même pas être une question de bon sens, mais de survie.

2021-07-22T17:24:44+02:00lundi 26 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Pleinement vacciné

Les transcriptions de Procrastination avancent

Juste une petite piqûre de rappel : après la prise en charge par Symphonie et l’Atelier perché de la réalisation de transcriptions pour Procrastination, celles-ci commencent à arriver en masse sur Elbakin.net. Elles apparaissent sur le site sur la page de chaque épisode, par exemple ici le s01e06, sur les temps de narration.

Les volontaires continuent à être au taquet et à travailler sur la fin de la saison 1 ; si vous souhaitiez une version accessible du podcast, elle avance donc et se trouve mise en ligne peu à peu. Encore merci à elles et eux, et à l’équipe d’Elbakin pour la mise en ligne !

2021-07-14T18:12:32+02:00mercredi 21 juillet 2021|Juste parce que c'est cool|1 Commentaire

This website will self-destruct

Non, pas celui-ci, hein, celui-là.

À la base, ça pourrait être juste une expérience des premiers temps d’Internet comme il y en a eu tant (vous vous rappelez le Million Dollar Homepage ?) : ce site web s’autodétruira si personne n’y poste rien en l’espace de 24h. Les messages sont anonymes, et les visiteurs et vistrices peuvent en lire au hasard en pressant sur un bouton.

Ce qui représenterait donc un concept un peu bateau sur Internet en 2021 prend un tour en réalité étrangement touchant, surtout par les temps qui courent. Dans un moment d’errance, j’ai appuyé sur ce bouton en m’attendant à ce que tous les égouts d’Internet me sautent au visage, mais non. Bon, il y a bien quelques messages avec des pénis en ASCII art, mais c’est une minorité ; l’immense majorité (ou alors j’ai juste eu de la chance) des billets d’une ou deux phrases sont des bouteilles à la mer, des expressions de craintes profondes, ou des messages d’encouragement à son prochain.

C’est tout, hein. Rien de révolutionnaire. Juste, au final, beaucoup d’humanité. Ce qui montre que les gens, quand ils sont vraiment anonymes, quand ils n’ont rien à prouver à personne comme sur ces foutus réseaux, peuvent juste se laisser aller à admettre ce qui les anime vraiment, le plus haut comme le plus bas, et ça montre combien, sacré bon dieu, on aurait toutes et tous bien besoin d’une thérapie collective.

Bisous.

2021-07-14T18:11:58+02:00mardi 20 juillet 2021|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur This website will self-destruct

Il n’y a qu’une seule bonne raison de ne pas se faire vacciner

Et c’est : si vous avez une contre-indication médicale très, très spécifique qui vous place déjà dans quantité de situations à risques depuis le début de votre vie (et c’est sacrément emmerdant, et vous le savez, et vous aimeriez justement bien pouvoir avoir des vaccins, parce que vous comprenez mieux que personne la bénédiction qu’ils représentent).

Autrement, si vous êtes en mesure de vous faire vacciner contre le Covid, vous devez le faire. « Oui mais… » NON. « Mais imaginons que… » NON NON. « Non mais et si… » TUT TUT NON DÉSOLÉ MAIS QUE DALLE.

Il n’y a pas de conspiration, pas de machination mondiale, pas de puce 5G, et vous faites tous les jours des trucs un million de fois plus risqués que prendre un vaccin contre le Covid (surtout concernant une maladie qui circule énormément et qui peut, genre, vous tuer ?). Dans les mots de Linus Torvalds (connu pour ses coups de gueule, mais pour une fois qu’il en pousse un à bon escient, ça vaut le coup de le signaler) :

Les vaccins ont sauvé les vies de dizaines de millions de personnes. […]

Ne vous imaginez pas tranquille et bien au chaud parce que les cas de Covid ont grandement chuté autour de vous. Oui, toutes les personnes vaccinées de votre entourage vous protègeront, mais s’il y a une autre vague, potentiellement due à un variant bien plus transmissible, vous et votre famille encourrez un risque largement supérieur aux personnes vaccinées, tout cela à cause de votre ignorance et de votre mésinformation.

Vaccinez-vous. Arrêtez de croire les mensonges des antivax.

Ne pas se vacciner, c’est en plus mettre en danger les personnes qui ne peuvent être vaccinées pour diverses raisons d’intolérance ou qui sont immunodéprimées, et qui ne vous ont fucking rien demandé – non seulement vous risquez, encore davantage avec le variant Delta, de développer une forme grave et fatale de la maladie, mais vous pouvez la transmettre autour de vous, vous conduisant, indirectement, à peut-être tuer quelqu’un.

Si, à l’heure actuelle, vous refusez de vous vacciner et qu’en conséquence vous le chopez (et que vous développez une forme grave et que vous y restez), déjà, c’est vraiment très con. Mais ça, c’est littéralement criminel.

Les cas ont décru récemment avec la combinaison des mesures d’isolement mais aussi avec la croissance de la vaccination. Si vous croyez le contraire, ma foi, ouvrez un journal scientifique au lieu de Facebook où « quelqu’un qui sait » vous assure que « quelqu’un qui travaille à l’hôpital de Plan-de-Cuques » a juré sous le sceau du secret que le vaccin allait vous transformer en jaune d’œuf. Nous avons la chance en Occident d’avoir des doses, et y en a encore pour faire la fine bouche ! Si c’est pas du first world problem, ça, bon dieu.

Il y a des rendez-vous partout en ce moment. Vous pouvez vous faire vacciner sur votre lieu de vacances. C’est gratuit. Si vous êtes en mesure de le faire, vaccinez-vous ; si vous ne le faites pas, franchement, à ce stade, vous faites le choix délibéré de vous mettre en danger comme de mettre en danger autrui, et ça commence à devenir difficile de trouver de la compassion.

Vivez, et faites vivre les gens autour de vous, connus ou inconnus.

Ce. N’est. Pas. Compliqué.

2021-07-08T10:48:54+02:00lundi 12 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Il n’y a qu’une seule bonne raison de ne pas se faire vacciner

Stéphane M. est écarté de ses fonctions

Selon les mots de Mediapart ; lire aussi l’article d’Actualitté et la brève d’Elbakin.net, qui sont en accès libre.

C’est une grande victoire pour les victimes, et un signal fort, profondément réjouissant, que non, on ne tolérera pas davantage ce genre de comportements dans l’édition ; que les professionnels doivent se comporter en tant que tels et que, surtout, les gens de façon générale doivent se comporter, oserais-je dire – avec humanité et respect ?

Tous ceux (parce que ce sont dans leur vaste majorité des « ceux ») qui déplorent aujourd’hui la victoire d’une « vindicte populaire » (les chevaliers de forums et de réseaux courageusement cachés derrière leurs pseudos) sont à côté de la plaque pour beaucoup trop de raisons, mais essayons quand même.

Tout d’abord, comme dit la dernière fois, le système est lourdement biaisé contre la parole des victimes ; si l’on tient à s’indigner de l’absence d’intervention de la justice dans cette histoire (même si c’est fallacieux, voir le second point), qu’on s’indigne donc de l’absence d’intervention de la justice dans toutes les histoires de ce genre, et de son inaction (ou impuissance, éventuellement, selon les cas et la manière dont on veut le voir). En d’autres termes, elle n’intervient pour ainsi dire jamais, et c’est ça le vrai problème de fond, dont le cas Stéphane M. représente hélas un symptôme parmi bien d’autres ; dans la situation encore actuelle des institutions, seul un privilégié peut clamer confortablement à la présomption d’innocence et l’appel de la justice, car il demeure un biais bien commode – les deux demeurent, encore, en faveur du privilège.

En outre, l’article de Mediapart révèle des pressions internes à l’entreprise pour faire changer les choses, sans rapport avec une quelconque « vindicte populaire ». Le 30 avril, le comité social et économique de l’entreprise votait, à plus des deux tiers, une résolution exprimant son soutien aux victimes de harcèlement, mais c’est le silence que Stéphane M. a choisi. En d’autres termes : les forces du changement étaient déjà à l’œuvre en interne ; l’indignation publique et les démarches des autrices ont favorisé un mouvement désiré au sein de Bragelonne même.

La « terreur » qui saisit certains espaces de parole est mystérieuse au sujet des affaires de ce genre (« on peut plus rien dire, plus rien faire ! » – et vous voudriez dire et faire quoi, exactement ?) car un truc n’est pourtant pas bien difficile à comprendre dans toutes ces histoires : il s’agit juste, qui qu’on soit, de se comporter décemment avec les gens. Et plus encore quand on est dans une situation d’autorité professionnelle. Soyez décents, c’est tout ce qui vous est demandé ; soyez-le et vous n’aurez rien à craindre, car c’est avant tout la somme de ses actes qui dessine quelqu’un, à l’instar du cas présent. Paraît même qu’on appelle ça le karma.

2021-07-07T15:26:29+02:00mercredi 7 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Stéphane M. est écarté de ses fonctions

Qu’est-ce, vraiment, qu’un dératé ?

Les dictionnaires (et l’immédiateté de ceux présents dans Antidote, merci Alfred) forment évidemment une mine sans fin de réjouissances et d’ébahissements divers et variés sur le langage et l’humanité.

Vous connaissez l’expression « courir comme un dératé ». Mais qu’est-ce qu’un dératé ?

JE HEIN COMMENT QUOI

Quelles arcanes ténébreuses président donc parfois aux superstitions de notre espèce ?

Wikipédia nous apprend que l’on imaginait un lien entre les points de côté et la rate. Sauf qu’on imaginait qu’on imaginait ça, parce qu’en réalité, l’expression ne s’installe qu’au XVIIIe siècle.

Okayyyy.

2021-06-23T10:47:56+02:00mercredi 7 juillet 2021|Juste parce que c'est cool|5 Commentaires

La vente aux enchères de la convention française de SF 2020

La 48ème convention française de science-fiction se tiendra cette année à Valbonne en août ; et à l’occasion, l’organisation rassemble une véritable mémoire de souvenirs et de récits drôles ou émouvants sur les petits et grands événements du milieu, comme la naissance du prix Versins.

Affiche Zariel

On m’a gentiment proposé d’y aller de mon souvenir, alors voici – autour d’un moment épique de la vente aux enchères lors de la convention d’Orléans en 2020 :

Tout le monde a des manquements dans sa vie, mais j’en ai deux qui sont étrangement liés : ne pas avoir participé davantage aux conventions françaises de SF (habitant souvent trop loin et restant chroniquement surchargé de boulot), et ne pas avoir postulé au Juste Prix.

… la suite est à lire sur le site de la convention !

2021-06-05T10:23:13+02:00lundi 21 juin 2021|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur La vente aux enchères de la convention française de SF 2020

Camille Leboulanger sur Alain Damasio et le privilège de la création

J’avais raté cet article de Camille Leboulanger et c’est bien dommage car il est à la fois d’une concision et d’une pertinence parfaites :

Dans une interview parue 02 avril dernier dans la revue Livres Hebdo, Alain Damasio, questionné à propos de ses relations aux « difficultés rencontrées par des auteurs », donnait la réponse suivante :

« Je ne me sens pas touché en raison du corporatisme que cela représente. D’abord, il y a tellement d’autres secteurs dans la merde et qu’il faut mieux aider. En second, je pense que nous produisons trop. Certains écrivent sans avoir la nécessité vitale de le faire. À un moment donné, même si on est très brillant, on ne se renouvelle pas assez. Je n’ai pas envie de défendre tout ça, ce n’est pas prioritaire. Pouvoir créer est un privilège. » […]

Alain Damasio, dans cette intervention, paraît donc considérer son travail comme essentiellement différent de celui de la majorité des autres auteurs, comme de tous les autres travailleurs. Ce faisant, il personnalise, incarne (involontairement, on le souhaite, à défaut de l’espérer vraiment) le mythe libéral du créateur mystique, hors des choses matérielles de ce monde, rentier que pousse une inspiration mystique.

Alors, pouvoir créer est-il un privilège ? Les auteurs légitimes sont-ils des êtres essentiellement différents des autres êtres humains ? Cette position, en tout cas, semble bien peu compatible avec les valeurs humanistes qu’Alain Damasio se targue de représenter.

Graissage de mon fait, car c’est exactement ce qui, pour le dire poliment, me fait fumer les narines dans les interventions récentes d’Alain Damasio1.

Tout l’article vaut votre lecture (encore une fois, il est rapide) ; la démonstration est brillante et limpide. Et elle est calme et civile, ce dont, en toute honnêteté, je n’aurais pas forcément été capable.

  1. En fait, pas si récentes, puisque je râlais déjà il y a trois ans.
2021-06-21T09:14:29+02:00jeudi 17 juin 2021|Juste parce que c'est cool, Le monde du livre|2 Commentaires
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